MAPAR 2013
582
Paradoxalement la mortalité peropératoire a été progressivement réduite à
la fraction marginale même pour ces patients à hauts risques, et c’est presque
entièrement en péri-opératoire que vont se produire les causes de ces décès.
1. CAUSE DES DÉCÈS PÉRI-OPÉRATOIRE
Les causes immédiates de décès péri-opératoires sont presque toujours
des case mix de patients lourds et fragiles décompensant parce que mal ou
insuffisamment évalués avant chirurgie et/ou mal surveillés et pris en charge
après la chirurgie.
Une étude Américaine de 2008 évalue sur 27970 actes chirurgicaux le taux
d’EIG (Evènement Indésirable Grave) à 2,11 % de tous les patients hospitalisés
après chirurgie et comparé à 1,45 % pour les patients chirurgicaux en ambula-
toire [3]. On voit bien là le poids des chirurgies plus lourdes et des comorbidités
sur le risque d’erreur médicale.
Une autre étude, encore plus récente et plus proche (2013, UK [4]) nous
donne une analyse plus qualitative des causes. Elle procède par observations
systématiques et journalières des patients en postopératoire effectuées par
deux chirurgiens travaillant indépendamment, avec prise de notes sur tous les
événements anormaux. Résultats : 50 patients inclus observés au total 659 jours
en postopératoire. 256 problèmes ont été identifiés dans les soins, dont 85 %
étaient évitables, et 51 % ont eu des conséquences sur les patients (mais à des
degrés variés). Les problèmes les plus fréquents étaient relatifs aux traitements
médicamenteux (prescription et administration), les lignes de perfusions, les
redons, et le contrôle de la douleur. Les non-respects de protocoles étaient
présents dans 57 % des EIG évitables. Les problèmes de communication,
responsables de retard de prise en charge et de coordination déficiente entre
anesthésistes, chirurgiens et autres professionnels étaient présents dans 51 % de
tous les EIG. Ces problèmes de communication sont de deux natures : d’une part
des problèmes de transmissions d’information entre professionnels, médecins,
paramédicaux, laboratoire et imagerie, dans le parcours du patient pour assurer
la continuité des soins [5], avec une vulnérabilité surajoutée le WE, la nuit et
l’été [6], et d’autre part une répartition des tâches insuffisamment précisée entre
chirurgiens et anesthésistes pour savoir qui fait quoi en postopératoire jusqu’à
quand, particulièrement à risque sur la reprise des traitements personnels des
patients et les prophylaxies anticoagulantes et anti-infectieuses.
Les aspects financiers de la Non qualité en postopératoire commencent
aussi à être évalués. Une première estimation [7] a été réalisée en France en
2011 sur la base de l’étude des PSIs (Patient Safety indicators) les plus utilisés
dans le monde (et bientôt adoptés par la France) :
• Escarre de décubitus.
• Corps étranger oublié pendant une procédure de soins.
• Infection liée aux soins médicaux (infection sur cathéter vasculaire).
• Désordre physiologique et métabolique postopératoire.
• Embolie pulmonaire et thrombose veineuse profonde postopératoire.
• Septicémie postopératoire.
• Difficulté technique lors d’une procédure de soins - Lacération ou piqûre
accidentelle au cours d’un soin.