de déclenchement de la puberté, est en moyenne de 28 cm chez le
garçon et de 25 cm chez la fille (2). La différence de taille entre
les hommes et les femmes à l’âge adulte, en moyenne de 13 cm,
est due au fait que le pic de croissance pubertaire est plus précoce
et moins ample chez les filles que chez les garçons (1). La “pré-
adolescence”, concept relativement récent depuis que la société
a valorisé l’enfant, constitue un “phénomène de civilisation” sous-
tendu autant par des mécanismes physiologiques que par des consi-
dérations de “marketing”.
L’ADOLESCENCE, FACTEUR DE RISQUE D’ASTHME GRAVE
Les études qui analysent les facteurs de risque d’AAG
mettent en exergue l’adolescence
Martin et al. (3) ont analysé 30 cas d’AAG survenus chez des
patients âgés de moins de 15 ans (17 garçons et 13 filles). La majo-
rité (17 enfants, soit 57 %) avait entre 12 et 15 ans. Leurs princi-
pales caractéristiques étaient les suivantes : tous sauf un avaient un
asthme modéré à sévère en période intercritique (grade 3 ou 4 du
GINA) ; un sur deux était réveillé chaque nuit ; 79 % avaient une
activité physique limitée ; 25 % avaient été admis en unité de
soins intensifs et 70 % avaient été hospitalisés au cours de l’année
précédente ; 80 % des patients et de leur entourage minimisaient
la maladie, et des facteurs psychosociaux étaient présents dans
73 % des cas. L’épisode d’AAG aurait pu être évité dans une large
mesure si ces facteurs de risque avaient été identifiés et prévenus
par un traitement de fond correct, supposant une bonne éducation
de l’enfant et de sa famille (3).
Plusieurs auteurs ont précisé depuis longtemps
les facteurs de risque de l’AAG et de l’asthme sévère
Le profil des adolescents à risque de développer un AAG les expo-
sant à un décès ainsi que les symptômes prémonitoires de l’AAG
ont été précisés par plusieurs auteurs (4-6). Âgés en moyenne de
13 ans, ce sont plus souvent des garçons que des filles (sex-ratio :
2,5), atteints d’asthme persistant sévère, mais aussi de “brittle
asthma”. En règle générale, ils ont déjà été hospitalisés en unité
de soins intensifs, présentent des troubles psychologiques, et sont
issus de milieux socio-économiques défavorisés (4-6).
Selon Kaliner (7), les décès par asthme constituent un problème
autant social que médical. Aux États-Unis, au début des années
1990, le risque de décès par asthme était trois fois plus élevé chez
les adolescents asthmatiques noirs que chez les blancs (3 pour
100 000 versus 1 pour 100 000 habitants). Ce risque était encore
plus élevé chez les enfants noirs de moins de 15 ans vivant en
milieu urbain (7). Cette différence, liée à un niveau socio-écono-
mique défavorisé, a été confirmée par d’autres études plus récentes
(encadré).
L’adolescence est aussi la période où débutent les addictions
(tabac) et où s’extériorisent des troubles psychologiques, fac-
teurs également associés à la gravité et à la sévérité de l’asthme.
L’asthme est aggravé à tout âge par le tabagisme, passif ou actif.
Le tabagisme actif débute souvent à l’adolescence, précédé par
une phase d’initiation (à la préadolescence), puis d’acquisition
(le fumeur occasionnel devient régulier) et enfin de maintien, où
l’habitude est devenue un besoin (8).
Au cours de l’étude EGEA (Epidemiological Study on the Gene-
tics and Environment of Asthma, Bronchial Responsiveness and
Atopy), si le tabagisme ne semble pas capable d’induire de novo
un asthme, en revanche, la comparaison entre les asthmatiques
fumeurs habituels, les ex-fumeurs et les non-fumeurs montre que
le tabagisme est associé à une plus grande sévérité de la maladie,
laquelle se traduit alors par des symptômes plus nombreux, des
exacerbations plus fréquentes et un score de sévérité plus élevé
(9). Dans cette étude, les asthmatiques fumeurs ont eu davantage
d’épisodes de gêne respiratoire au cours de l’année écoulée (OR :
5,30 [IC95 : 1,82-15,84]), mais ils ne semblent pas modifier pour
autant leurs habitudes tabagiques : la prévalence du tabagisme
ancien et celle du tabagisme actuel sont identiques chez les adultes
asthmatiques et les adultes non asthmatiques (10).
Plusieurs études suggèrent que le tabagisme réduit la réponse aux
corticoïdes inhalés (11, 12). Chalmers et al. (12), traitant par 1 000 µg
de propionate de fluticasone 38 adultes asthmatiques (17 fumeurs
et 21 non-fumeurs) qui n’avaient jamais pris de corticoïdes inha-
lés, ont observé une augmentation plus importante du débit expi-
ratoire de pointe (DEP) matinal chez les non-fumeurs que chez les
fumeurs (27 l/mn versus –5 l/mn ; p = 0,001). Cet effet inhibiteur
Encadré. La prévalence et la sévérité de l’asthme dans les milieux
défavorisés.
Fréquence : Une étude a porté sur 14 244 asthmatiques de moins de 18 ans,
avec comme objectif principal de préciser le rôle de l’ethnie et des conditions
socio-économiques en se fondant sur le FPL (Federal Poverty Level) (1).
La fréquence de l’asthme est significativement plus élevée dans les milieux
défavorisés “non hispaniques noirs” (13,6 %) que dans les milieux “non his-
paniques blancs” (11,2 % ; p < 0,01). En revanche, elle est identique chez les
enfants “hispaniques” (10,1 %) et chez les enfants “non hispaniques blancs”
(11,2 %). L’explication est fournie par le faible niveau de vie des familles
des enfants non hispaniques noirs, qui avaient moins de la moitié du revenu
fédéral. Par ailleurs, la fréquence de l’asthme était la même chez les enfants
noirs ou blancs dont les familles avaient des ressources plus importantes (1).
Sévérité : Une autre étude (2) fondée sur les programmes d’assurance Medi-
caid dans trois États des Étas-Unis (Californie, Washington, Massachusetts)
montre que l’asthme est plus sévère chez les Noirs américains et les Latino-
Américains que chez les Blancs américains. Cette gravité était évaluée par
un score clinique (plus bas), le nombre de jours d’absentéisme scolaire
(plus élevé), et par le pourcentage d’asthmes persistants : 72 % (Noirs),
59 % (Latino-Américains), 66 % (Blancs) (p < 0,001). Après ajustement
des autres variables, la sévérité de l’asthme était corrélée à : des ressources
plus faibles (8,5 points plus bas pour un revenu inférieur à 20 000 dollars/an,
et 5,6 points plus bas pour un revenu compris entre 20 001 et 40 000 dol-
lars/an) ; une famille nombreuse ; une surface habitable réduite (2). Ces diffé-
rences sont attribuées à une mauvaise utilisation des mesures préventives du
programme Medicaid. À titre d’exemple, les Noirs et les Latino-Américains
utilisent moins les anti-inflammatoires que les Blancs (p < 0,004) et, corré-
lativement, ils utilisent plus les ß2-mimétiques de courte durée d’action
(p < 0,001) (2).
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ÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Smith LA, Hatcher-Ross JL, Wertheimer R, Kahn RS. Rethinking race/ethni-
city, income, and childhood asthma: racial/ethnic disparities concentrated
among the very poor. Public Health Rep 2005;120:109-16.
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La Lettre du Pneumologue - Volume VIII - no6 - novembre-décembre 2005