Génériques aspects réglementaires Pr Claire LE JEUNNE Chef du Service de Médecine interne Hôtel Dieu Ex vice présidente de la CT Des dépenses de santé en progression constante • Dans la plupart des pays de l’OCDE, les dépenses de santé croissent à un rythme important. • Ces dépenses de santé vont continuer d’augmenter du fait du vieillissement de la population et de l’importance des pathologies à traiter. • Dans ce contexte économique, l’Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM) a fixé son taux de progression des dépenses de santé à 2,8% pour 2010 au lieu de 3,7% en 2009. et à 2% en 2011 Des mesures pour maîtriser ces dépenses et inciter au développement des génériques 1. agir sur l’offre : • par le biais d’une politique sur les prix, • par le biais des taux de remboursement, • par la prise en charge de nouveaux médicaments 2. agir sur la demande en incitant : • les médecins à prescrire en génériques, • les pharmaciens à dispenser des génériques • les patients à demander la délivrance de médicaments génériques Conséquences 1. Le médicament est la variable d’ajustement 2. les génériques au premier plan des mesures économiques de réduction – des coûts de santé publique – spécialement des systèmes de SS Définition • L’article L5121 du Code de Santé Publique définit le médicament générique comme devant répondre à 3 critères : • avoir la même composition qualitative et quantitative en principes actifs que le médicament de référence; • avoir la même forme pharmaceutique que le médicament de référence ; • avoir démontré sa bioéquivalence avec la spécialité de référence par des études de biodisponibilité appropriées. • La spécialité de référence et les spécialités qui en sont génériques constituent un groupe générique ». Histoire du générique en France • Avril 1996 : Définition légale du médicament générique • Mars 1997 : Texte officiel fixant les normes des génériques par rapport aux princeps • Juillet 1998 : Création du Répertoire actualisé de l’AFSSAPS • Juin 1999 : Instauration d’un droit de substitution pour les pharmaciens • Juin 2002 : Accord entre les médecins et la CNAMTS revalorisant la consultation en contrepartie d’un engagement des médecins à rédiger 25 % des ordonnances en médicaments génériques Histoire du générique (2) • Octobre 2003 → TFR, Tarif forfaitaire de responsabilité prévoyant le remboursement à hauteur du prix des génériques de certains médicaments • Avril 2004 → Transposition de la définition européenne du générique • Mai 2004 → Inscription accélérée au Répertoire • Janvier 2006 → Accord UNCAM/Pharmaciens fixant l’objectif de substitution à 70 % • Octobre 2006 → Accord Tiers payant contre Génériques Histoire du générique (3) • Décembre 2006 → Accord UNCAM/Pharmaciens fixant l’objectif de substitution à 75% • Décembre 2007 → à 80 % • Décembre 2008 → à 82 % • Janvier 2008 → Introduction des objectifs de prescription des médecins dans la loi de Financement de la Sécurité Sociale de 2008 • Avril 2009 → Signature des premiers CAPI (contrat d’application des pratiques individuelles) • Décembre 2009 → Accord UNCAM/Pharmaciens fixant l’objectif de substitution à 80 % Quasi-génériques Arrêté du 9 mars 2011, publié au JO du 18 mars, les dispositions de l’article 59 de la LFSS 2011sont traduites réglementairement. la marge applicable aux spécialités se présentant sous une forme pharmaceutique orale à libération modifiée ≠ de celle de la spécialité de référence inscrite au répertoire des groupes génériques (« quasigénériques ») est identique à celle des spécialités génériques. Cette disposition complète celle du décret n°2011-149 du 3 février 2011 concernant les conditions d’inscription au répertoire des génériques de ces « quasi-génériques ». La commission d’AMM a d’ailleurs procédé, lors de sa séance du 3 mars à l’évaluation de ces premiers « quasi-génériques » à savoir l’ésomeprazole 2 types de procédures de demande d’AMM • les procédures communautaires :EMA utilisées lorsque le médicament est destiné à plusieurs Etats membres de la Communauté européenne, • la procédure nationale : AFSSAPS destinée aux médicaments qui ne sont pas commercialisés dans plus d’un Etat membre. L’AMM pour un médicament générique reprend les données contenues dans le dossier d’enregistrement de la spécialité de référence ajoute les résultats de l’étude de bioéquivalence. Et les données de qualité pharmaceutique Composition du dossier • Dossier pharmaceutique – Origine et spécification des matières premières – Méthode de fabrication et de contrôle du produit fini – Reproductibilité de la qualité d’un lot à l’autre • Similarité du dossier à la spécialité de référence – études comparatives des compositions, des caractéristiques physico-chimiques, et pharmacotechniques La Bioéquivalence • Un médicament générique pour obtenir son AMM doit avoir effectué des études de bioéquivalence sur un groupe de 12 à 36 volontaires sains. • Ces études consistent à comparer l’ AUC des 2 produits et leurs principales caractéristiques pharmacocinétiques • Si l’intervalle de confiance (ratio princeps/générique) est compris entre 85% à 125%, alors la bioéquivalence est démontrée. • Cette variabilité de – 20% / +25% est reconnue en raison du caractère aléatoire des tests sur l’homme. l’article L. 5121-1 5° du Code considère • les ≠ formes pharmaceutiques orales à LI comme une même forme pharmaceutique. • De même, les ≠ sels, esters, éthers, isomères, mélanges d'isomères, complexes ou dérivés d'un principe actif sont considérés comme un même principe actif, • sauf s'ils présentent des propriétés sensiblement ≠ au regard de la sécurité ou de l'efficacité d'une substance active autorisée doivent être apportées. • Dans ce cas, des informations supplémentaires fournissant la preuve de la sécurité et de l'efficacité des différents sels, esters ou dérivés d'une substance active autorisée doivent être apportées. • la définition du médicament générique admet qu’un médicament sous forme comprimé puisse être générique sous forme de gélule, pourvu que la bioéquivalence soit démontrée. • Enfin, la composition en excipients peut être différente, à condition que ceci n’affecte pas la bioéquivalence. • générique peut ne pas être la copie conforme du princeps en termes de – forme, couleur, taille, – ce qui peut être source de confusion. • Toutefois, ce risque de confusion peut être minimisé par un circuit adapté de prescription et de dispensation des génériques. Sécurité- Contrôle Qualité • Depuis 1999, l’AFSSAPS produit un document annuel présentant les résultats des contrôles sur les médicaments génériques, dans le cadre d’un programme « EvaluationInspection-Contrôles ». • Au cours de cette période, 2 389 spécialités ont été contrôlées, dont 491 princeps et 1 851 génériques • Les contrôles ont été effectués dans 3 contextes : – contrôle systématique des produits inscrits au répertoire, – contrôle motivés (alerte, incident….) et – test de dissolution (notamment pour les formes LP) →Le bilan cumulé des contrôles réalisés depuis 1999 sur les spécialités des groupes génériques est publié chaque année dans le rapport de l’AFSSAPS. Pharmacovigilance • Les obligations en matière de PHV s’imposent également aux firmes • Peuvent faire l’objet d’un PGR ex : burprénorphine, alendronates • En pratique la PHV des génériques n’est pas si facile Inscription au Répertoire des génériques • présente dans un même groupe générique, les spécialités princeps et leurs génériques définis par le même principe actif et même dosage. • est établi et actualisé par l’AFSSAPS • garantit à l’utilisateur une efficacité thérapeutique rigoureusement identique. • Les spécialités génériques inscrites sont les seules opposables en termes de substitution par le pharmacien Accès au remboursement • Le SMR des médicaments génériques est le même que celui du princeps • L’ASMR est obligatoirement de 5 : pas d’amélioration du Service médical Rendu • Le prix est obligatoirement plus bas de l’ordre de 20 à 30% moins cher que le princeps – Accord prix volume Le droit de substitution des pharmaciens • accordé aux pharmaciens en 1999 par la loi de financement de la Sécurité Sociale • Il permet aux pharmaciens de délivrer un autre médicament que celui qui a été prescrit par le médecin, dans le cadre exclusif du groupe générique mentionné dans le Répertoire de l’AFSSAPS. Trois conditions de substitution • Pas de mention manuscrite « NS » sur l’ordonnance du prescripteur L’opposition du prescripteur ne peut s’appliquer que pour des raisons particulières tenant au patient. • Sont substituables uniquement les spécialités inscrites au Répertoire des groupes génériques approuvés par l’AFSSAPS • La substitution ne doit pas entrainer pour l’Assurance maladie une dépense supérieure à celle qu’aurait entraînée la délivrance de la spécialité générique la plus chère du même groupe pour l’assurance maladie. Conclusion Bénéfices Des économies substantielles réalisées La prescription en DCI Protection contre les contrefaçons Inconvenients -Relations complexes avec pharmacien SS patients -Publications remettant en cause la bioéquivalence -Aggravation de l’observance -Arrêt de la recherche industrielle Il faut rester prudent avec le concept, car la santé est un domaine à part, où les principes de sécurité et de précaution doivent avoir un rôle prépondérant. Or en matière de génériques, ils semblent avoir cédé le pas aux enjeux économiques. C’est particulièrement net au travers de toutes les incitations en faveur qui sont uniquement d’ordre pécuniaire subvention des médecins, primes à la substitution pour les pharmaciens, retour sur investissement pour les industriels…