Centre Hospitalier St Jacques de Saint-Céré - Journal n° 33
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ALCOOL ET GROSSESSE
UNE REALITE PEU CONNUE, IGNOREE OU DENIEE DES PROFESSIONNELS
Chaque jour en France naissent :
-2 enfants porteurs de la forme sévère du Syndrome d’alcoolisation, soit 600 enfants par an
-20 enfants fragilisés par l’alcool durant la grossesse avec des répercussions toute leur vie, soit 7000/an
La majorité des femmes ignorent encore les véritables risques que la
consommation d’alcool fait courir au bébé. Il n’y a pas de consommation
anodine. Un « petit » apéro, un bon vin ou du champagne sont tout aussi
nocif qu’une consommation de mauvaise bière.
L’alcool est une petite molécule, l’éthanol, hydrophile et lipophile. Cela signi-
fie que, dès l’absorption, elle franchit rapidement les différentes membranes
cellulaires, donc le placenta. L’éthanol va se fixer en priorité sur les graisses.
La principale réserve de lipides, donc de graisses, du fœtus est son cerveau.
Quelque soit l’âge de la grossesse, le cerveau du fœtus est comme une
éponge qui s’imbibe d’alcool. De plus l’alcool, au premier trimestre de la
grossesse a un effet tératogène important. Il y a donc des risques de malfor-
mations. (Voir le tableau). Le risque est grand car la femme ne se sait pas
forcément encore enceinte.
La cuite unique, la soirée
barbecue bien arrosée, le
binge drinking des jeunes
filles (se saouler le plus vite
possible) sont extrêmement
dangereux. Mais la consom-
mation quotidienne d’un
verre de bon vin, s’il
« protège les artères » selon
le « bon » sens populaire
fait également courir des
risques à l’enfant.
Dans sa forme grave, le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF) associe
-un retard de croissance (avec des risque de mort in utero)
-des malformations (visage, cœur, reins, yeux, squelette…)
-et surtout une atteinte cérébrale avec des troubles cognitifs (perception, langage, compréhension,
réflexion…) et des troubles comportementaux.
Le plus souvent cependant, les troubles sont moins sévères. Mais l’atteinte cérébrale se traduit néanmoins
par des troubles de deux ordres .Les premiers sont cognitifs, sources d’échecs scolaires et limitant l’accès
à l’emploi. Les seconds sont des troubles du comportement et des aptitudes sociales dues à des difficultés
à interpréter les relations de causes à effets, une impulsivité excessive… source d’une exclusion sociale.
Les difficultés s’exprimant souvent plusieurs années après la naissance, elles sont rarement corrélées avec
l’alcoolisation de la maman durant sa grossesse.
Un dépistage permettrait une prise en charge précoce de ces enfants avec des résultats permettant de
maintenir l’enfant dans un parcours scolaire ordinaire. Il n’y a pas de petite dose sans risque. Ce n’est pas
la dépendance qui induit ces pathologies mais le produit alcool. Le danger est majeur les premiers mois,
lorsque la femme ne se sait pas encore enceinte. L’alcool n’est pas seulement un problème de pauvreté et
de marginalisation. 87% des femmes ayant consommé de l’alcool pendant la grossesse ont un niveau d’é-
tudes supérieures. Il n’est jamais trop tard pour s’arrêter de consommer de l’alcool pendant la grossesse.
La reprise de la croissance et du développement cérébral du fœtus est évidente à l’échographie.
UN MEDICAMENT AYANT LES MEMES EFFETS SECONDAIRES SERAIT DEPUIS LONGTEMPS RETIRE DU MARCHE
Les Sages-femmes du Centre de Périnatalité