pérature ambiante, plus aisée pour les patients comme
pour les laboratoires, n’altère pas significativement les ré-
sultats si le prélèvement n’est pas conservé durablement
au-dessous de 20 °C et si l’examen est réalisé dans les
deux heures [6]. En revanche, sauf cas particuliers, une
cristallurie n’a pas d’intérêt clinique lorsqu’elle est obser-
vée sur une urine conservée à + 4 °C, car la conservation
des urines au froid augmente considérablement la fré-
quence, le nombre et la taille des cristaux aussi bien chez
les patients lithiasiques que chez les témoins.
En pratique clinique courante, la cristallurie observée sur
des urines conservées à température ambiante pendant
moins de 2 heures est un excellent marqueur du risque
potentiel de lithogenèse et de récidive lithiasique [7].
Les techniques d’analyse
De nombreuses techniques d’analyse ont été publiées, re-
posant parfois sur l’utilisation d’équipements inaccessi-
bles en pratique clinique courante, comme le microscope
électronique à balayage [8] ou les compteurs de particules
[5]. Divers protocoles ont été appliqués à l’étude des cris-
talluries reposant sur la filtration des urines [5, 8, 9], leur
évaporation [10] ou leur centrifugation [9, 11]. Dans le
cadre de la recherche clinique, ces différentes techniques
ont apporté des informations très utiles sur la compréhen-
sion des phénomènes impliqués dans la formation des cris-
taux et des calculs et sur les caractéristiques physico-
chimiques des cristaux, ainsi que sur les différences entre
sujets normaux et lithiasiques. Cependant, nombre de ces
protocoles et méthodes sont inapplicables à la pratique
clinique en raison du coût des équipements nécessaires ou
de la complexité des procédures.
En routine, l’examen en microscopie optique, à condition
que le microscope soit équipé de la polarisation, est la
technique la plus aisée et la plus informative. Elle est
utilisable par tous les laboratoires qui pratiquent en rou-
tine l’examen microscopique des urines [11].
Protocole d’étude standard
Le prélèvement doit être traité dès réception au labora-
toire. La mesure du pH à 0,1 unité près, au pH-mètre ou à
l’aide de papiers indicateurs à double échelle colorée, de-
vrait être accompagnée, si l’examen concerne un patient
lithiasique, d’une mesure de la densité urinaire [12].
Celle-ci constitue un examen particulièrement utile pour
juger de la bonne répartition des apports hydriques chez
un patient lithiasique. En effet, un malade qui s’efforce,
sur les conseils de son médecin, d’avoir une diurèse quoti-
dienne d’au moins 2 litres par jour, et dont la densité des
urines du réveil est supérieure ou égale à 1 020, répartit
mal ses boissons sur le nycthémère et s’expose à la réci-
dive lithiasique pendant la nuit. Réalisée au moyen d’un
densimètre ou d’une bandelette réactive, cette détermina-
tion est donc très importante pour juger du degré de dilu-
tion des urines et peut constituer un moyen d’autosur-
veillance pour le patient entre deux analyses d’urines par
le laboratoire. Cela lui permet d’ajuster ses apports hydri-
ques sur la densité de ses urines et donc de mieux les
répartir, l’objectif étant d’avoir une densité urinaire infé-
rieure à 1 012 dans la journée et au moins inférieure à
1 015 sur l’urine du réveil. Toutefois, lorsque l’on utilise
une bandelette, la densité lue doit être corrigée en fonction
de la valeur du pH [13].
La seconde étape de l’analyse de la cristallurie est l’étude
microscopique qualitative et quantitative des éléments fi-
gurés et des cristaux. Étant donné que les urines normales
peuvent contenir des cristaux, souvent en faible propor-
tion, il est souhaitable de désensibiliser l’examen, ce qui
améliore sa spécificité. Pour cela, on examine l’urine après
homogénéisation par retournement et non après centrifu-
gation. La procédure la plus facilement applicable en rou-
tine consiste à examiner l’urine ainsi homogénéisée à
l’aide d’un microscope à polarisation après transfert à
l’aide d’une pipette dans une cellule de type Malassez ou
équivalent.
L’examen microscopique doit inclure une étude cytologi-
que comprenant une numération des érythrocytes, leuco-
cytes et cellules épithéliales. Doivent aussi être mention-
nées la présence, l’abondance (semi-quantitative) et la
nature des cylindres éventuels, ainsi que la présence de
mucus, de bactéries et de levures. L’étude des cristaux
comporte une recherche et une identification de toutes les
espèces cristallines présentes ; une numération et une dé-
termination des tailles moyenne et maximale des cristaux
par espèce (pour les granulations, une estimation semi-
quantitative est suffisante) ; enfin, une numération séparée
des agrégats (définis comme l’association d’au moins trois
cristaux), ainsi qu’une détermination de leurs tailles
moyenne et maximale. La numération des agrégats est
sans objet pour les espèces qui précipitent sous forme de
granulations. En revanche, elle est très importante pour les
espèces qui peuvent donner lieu à une estimation du vo-
lume cristallin global utilisé dans certaines indications cli-
niques.
Cas particuliers
Dans le cadre d’un diagnostic primitif d’anomalie généti-
que cristallogène (déficit en adénine phosphoribosyltrans-
férase ou cystinurie congénitale par exemple) ou d’une
recherche de cristallisation médicamenteuse à l’origine
d’une insuffisance rénale aiguë, on peut recourir à la cen-
trifugation de l’urine car, dans ces cas particuliers, la détec-
tion et l’identification des cristaux spécifiques sont plus
importantes que leur numération.
Cristallurie
Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 381
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017.