abc revue générale Ann Biol Clin 2004, 62 : 379-93 Intérêt clinique de l’étude de la cristallurie M. Daudon1 P. Jungers2 B. Lacour1 1 Laboratoire de biochimie A, Département de néphrologie, Groupe hospitalier Necker-enfants malades, Paris [email protected] Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. 2 Résumé. La cristallurie est un marqueur de la sursaturation des urines qui s’observe en urines normales ou pathologiques. Cependant, la nature et les caractéristiques de la cristallurie sont souvent révélatrices d’anomalies biochimiques ou de pathologies qui peuvent être aisément dépistées ou surveillées par son analyse. Matériel et méthode. En pratique clinique, l’examen de la cristallurie peut être réalisé par microscopie optique à polarisation en cellule de type Malassez sur la première urine du réveil ou une urine fraîchement émise à jeun. Le prélèvement doit être conservé à 37 °C ou à température ambiante et examiné dans les deux heures pour avoir toute sa signification clinique. Résultats et discussion. La cristallurie s’interprète en fonction de différents critères qui sont : 1) la nature chimique pour les espèces particulières comme par exemple la struvite, l’urate d’ammonium, la cystine, la dihydroxyadénine, la xanthine ou les médicaments ; 2) la nature cristalline pour les espèces courantes comme les oxalates de calcium, les phosphates de calcium ou les acides uriques ; 3) la forme des cristaux (oxalates de calcium) ; 4) leur taille (oxalates de calcium) ; 5) leur abondance (oxalates de calcium, phosphates de calcium, acides uriques, cystine) ; 6) leur agrégation (oxalates de calcium) ; 7) leur fréquence, jugée sur des prélèvements sériés qui trouvent leur intérêt dans le suivi clinique des patients. Parmi les oxalates de calcium, la whewellite est un marqueur des hyperoxaluries (oxalate > 0,3 mmol/L) ; son abondance oriente vers des hyperoxaluries majeures d’origine génétique ou absorptive (nombre de cristaux > 200/mm3). La weddellite est généralement un simple marqueur d’hypercalciurie de concentration (calciurie > 3,8 mmol/L), mais la forme des cristaux (faciès dodécaédrique) oriente vers des hypercalciuries majeures (calciurie > 6 mmol/L) alors que leur taille élevée (≥ 35 µm) traduit en plus l’existence d’une hyperoxalurie. Le calcul du volume cristallin global appliqué à l’oxalate de calcium ou à la cystine est un outil de surveillance clinique très utile pour la prise en charge des hyperoxaluries primaires et des cystinuries. Enfin, une fréquence de cristallurie supérieure à 50 % sur une série d’urines du réveil est, chez tout lithiasique, le marqueur d’un risque élevé de récidive de la maladie lithiasique. Conclusion. L’étude de la cristallurie est un examen indispensable dans le dépistage et le suivi des pathologies à fort pouvoir cristallogène génératrices de lithiase ou d’altération de la fonction rénale. Mots clés : cristallurie, volume cristallin, calcul urinaire, oxalate de calcium, cystine Article reçu le 4 février 2004, accepté le 29 mars 2004 Tirés à part : M. Daudon Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Summary. Crystalluria is a marker of urine supersaturation present in both normal and pathological conditions. Indeed, nature and characteristics of the spontaneous crystalluria are of clinical interest for detecting and following biological disorders involved in renal diseases. Method. Crystalluria examination should preferably be performed on first morning urine or fresh fasting voiding samples by polarised microscopy in a Malassez cell. Urine samples must be stored at 37°C or at room temperature and examined within two hours following voiding. Results and discussion. Crystalluria should be interpreted according to various criteria: 1) chemical nature of crystals for abnormal crystals such as struvite, ammonium urate, cystine, dihydroxyadenine, xanthine or drugs; 2) crystalline phase of common chemical species as calcium oxalates, 379 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. revue générale calcium phosphates and uric acids; 3) crystal morphology (calcium oxalates); 4) crystal size (calcium oxalates); 5) crystal abundance (calcium oxalates, calcium phosphates, uric acids, cystine); 6) crystal aggregation (calcium oxalates); 7) frequency of crystalluria assessed on serial first morning urine samples, a very useful tool for long-term surveillance of patients. Within calcium oxalate crystalluria, presence of whewellite is a marker of elevated oxalate concentration (urine oxalate > 0.3 mmol/L); a crystal number > 200/mm3 is highly suggestive of heavy hyperoxaluria of genetic or absorptive origin. Predominant weddellite crystalluria is most often indicative of an excessive urine calcium concentration (> 3.8 mmol/L); a dodecahedric aspect of the crystals is a marker for heavy hypercalciuria (> 6 mmol/L) while an increased crystal size (≥ 35 µm) is indicative of simultaneous hypercalciuria and hyperoxaluria. Calculation of the global crystal volume, especially when applied to calcium oxalates or cystine, is a clinically useful tool for the monitoring of patients suffering from primary hyperoxaluria or cystinuria. Lastly, presence of crystalluria in more than 50% of serial first voided morning urine samples is in our experience the most reliable biological marker for detecting the risk of stone recurrence in lithiasic patients. Conclusion. Crystalluria examination is an essential laboratory test for detecting and following pathological conditions, which may induce renal stone disease or alter kidney function due to urine crystals. Key words: crystalluria, crystal volume, urolithiasis, calcium oxalate, cystine Les urines représentent un milieu sursaturé en permanence vis-à-vis d’une ou de plusieurs espèces cristallines. En première analyse, il n’est donc pas anormal qu’elles puissent contenir des cristaux, si bien que l’étude de la cristallurie est considérée par certains auteurs comme un examen sans intérêt clinique [1]. En réalité, la cristallurie traduit une rupture d’équilibre entre deux catégories de substances, d’une part les promoteurs et, d’autre part, les inhibiteurs de la cristallisation. Les premiers représentent le moteur de la formation des cristaux : ce sont les substances dont la concentration urinaire excessive, c’est-àdire supérieure à leur produit de solubilité dans l’urine, les conduit à cristalliser. Les seconds sont constitués de substances de faible ou de haut poids moléculaire dont les propriétés physico-chimiques permettent de s’opposer à une ou plusieurs étapes du processus de cristallisation. La rupture d’équilibre peut être due à un excès de concentration des promoteurs, à un défaut de concentration des inhibiteurs ou encore à une altération de leur structure moléculaire [2]. Une modification de l’état d’ionisation, tant des promoteurs que des inhibiteurs, en particulier sous l’influence du pH des urines, joue également un rôle essentiel dans la rupture d’équilibre, de même que dans sa restauration, ce qui est à la base du traitement médical de plusieurs pathologies lithiasiques. Enfin, comme l’ont bien montré certains auteurs, les caractéristiques de la cristallurie peuvent être différentes chez les sujets à risque de faire des calculs comparativement aux sujets témoins [3, 4]. 380 Considérée sous ses différents aspects, la cristallurie apparaît donc comme un phénomène complexe dont la variabilité et les caractéristiques peuvent justifier une étude aux retombées cliniques particulièrement utiles en termes de diagnostic étiologique et de prise en charge des patients. Choix du prélèvement L’étude de la cristallurie spontanée ne peut se faire, pour être cliniquement significative, que sur des urines fraîchement émises : premières urines du réveil, particulièrement intéressantes chez les patients lithiasiques parce qu’elles sont souvent les plus concentrées, ou urines fraîches émises à jeun au laboratoire. Dans tous les cas, il est important que l’urine soit recueillie directement dans le flacon qui sera analysé pour éviter la perte de cristaux par transvasement et que l’analyse soit réalisée dans le minimum de temps. En effet, en raison de la sursaturation des urines qui favorise leur cristallisation in vitro, l’examen doit être pratiqué le plus rapidement possible, sachant que la nature et les caractéristiques de la cristallurie ne sont pas uniquement le reflet du déséquilibre promoteurs-inhibiteurs au niveau rénal, mais également le reflet de ce déséquilibre au niveau vésical, compte tenu du temps de séjour plus ou moins prolongé des urines dans la vessie. Dans l’idéal, les urines devraient être gardées à 37 °C jusqu’à l’analyse [5]. En pratique, la conservation à temAnn Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Cristallurie pérature ambiante, plus aisée pour les patients comme pour les laboratoires, n’altère pas significativement les résultats si le prélèvement n’est pas conservé durablement au-dessous de 20 °C et si l’examen est réalisé dans les deux heures [6]. En revanche, sauf cas particuliers, une cristallurie n’a pas d’intérêt clinique lorsqu’elle est observée sur une urine conservée à + 4 °C, car la conservation des urines au froid augmente considérablement la fréquence, le nombre et la taille des cristaux aussi bien chez les patients lithiasiques que chez les témoins. En pratique clinique courante, la cristallurie observée sur des urines conservées à température ambiante pendant moins de 2 heures est un excellent marqueur du risque potentiel de lithogenèse et de récidive lithiasique [7]. Les techniques d’analyse De nombreuses techniques d’analyse ont été publiées, reposant parfois sur l’utilisation d’équipements inaccessibles en pratique clinique courante, comme le microscope électronique à balayage [8] ou les compteurs de particules [5]. Divers protocoles ont été appliqués à l’étude des cristalluries reposant sur la filtration des urines [5, 8, 9], leur évaporation [10] ou leur centrifugation [9, 11]. Dans le cadre de la recherche clinique, ces différentes techniques ont apporté des informations très utiles sur la compréhension des phénomènes impliqués dans la formation des cristaux et des calculs et sur les caractéristiques physicochimiques des cristaux, ainsi que sur les différences entre sujets normaux et lithiasiques. Cependant, nombre de ces protocoles et méthodes sont inapplicables à la pratique clinique en raison du coût des équipements nécessaires ou de la complexité des procédures. En routine, l’examen en microscopie optique, à condition que le microscope soit équipé de la polarisation, est la technique la plus aisée et la plus informative. Elle est utilisable par tous les laboratoires qui pratiquent en routine l’examen microscopique des urines [11]. Protocole d’étude standard Le prélèvement doit être traité dès réception au laboratoire. La mesure du pH à 0,1 unité près, au pH-mètre ou à l’aide de papiers indicateurs à double échelle colorée, devrait être accompagnée, si l’examen concerne un patient lithiasique, d’une mesure de la densité urinaire [12]. Celle-ci constitue un examen particulièrement utile pour juger de la bonne répartition des apports hydriques chez un patient lithiasique. En effet, un malade qui s’efforce, sur les conseils de son médecin, d’avoir une diurèse quotidienne d’au moins 2 litres par jour, et dont la densité des urines du réveil est supérieure ou égale à 1 020, répartit mal ses boissons sur le nycthémère et s’expose à la réciAnn Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 dive lithiasique pendant la nuit. Réalisée au moyen d’un densimètre ou d’une bandelette réactive, cette détermination est donc très importante pour juger du degré de dilution des urines et peut constituer un moyen d’autosurveillance pour le patient entre deux analyses d’urines par le laboratoire. Cela lui permet d’ajuster ses apports hydriques sur la densité de ses urines et donc de mieux les répartir, l’objectif étant d’avoir une densité urinaire inférieure à 1 012 dans la journée et au moins inférieure à 1 015 sur l’urine du réveil. Toutefois, lorsque l’on utilise une bandelette, la densité lue doit être corrigée en fonction de la valeur du pH [13]. La seconde étape de l’analyse de la cristallurie est l’étude microscopique qualitative et quantitative des éléments figurés et des cristaux. Étant donné que les urines normales peuvent contenir des cristaux, souvent en faible proportion, il est souhaitable de désensibiliser l’examen, ce qui améliore sa spécificité. Pour cela, on examine l’urine après homogénéisation par retournement et non après centrifugation. La procédure la plus facilement applicable en routine consiste à examiner l’urine ainsi homogénéisée à l’aide d’un microscope à polarisation après transfert à l’aide d’une pipette dans une cellule de type Malassez ou équivalent. L’examen microscopique doit inclure une étude cytologique comprenant une numération des érythrocytes, leucocytes et cellules épithéliales. Doivent aussi être mentionnées la présence, l’abondance (semi-quantitative) et la nature des cylindres éventuels, ainsi que la présence de mucus, de bactéries et de levures. L’étude des cristaux comporte une recherche et une identification de toutes les espèces cristallines présentes ; une numération et une détermination des tailles moyenne et maximale des cristaux par espèce (pour les granulations, une estimation semiquantitative est suffisante) ; enfin, une numération séparée des agrégats (définis comme l’association d’au moins trois cristaux), ainsi qu’une détermination de leurs tailles moyenne et maximale. La numération des agrégats est sans objet pour les espèces qui précipitent sous forme de granulations. En revanche, elle est très importante pour les espèces qui peuvent donner lieu à une estimation du volume cristallin global utilisé dans certaines indications cliniques. Cas particuliers Dans le cadre d’un diagnostic primitif d’anomalie génétique cristallogène (déficit en adénine phosphoribosyltransférase ou cystinurie congénitale par exemple) ou d’une recherche de cristallisation médicamenteuse à l’origine d’une insuffisance rénale aiguë, on peut recourir à la centrifugation de l’urine car, dans ces cas particuliers, la détection et l’identification des cristaux spécifiques sont plus importantes que leur numération. 381 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. revue générale Paramètres calculés Une fois les paramètres de la cristallurie recueillis, il est possible de calculer différents marqueurs du profil cristallogène qui ont un intérêt dans la surveillance clinique des malades. Les deux principaux sont le taux d’agrégation (nombre d’agrégats × 100)/(nombre de cristaux isolés + nombre d’agrégats) et le volume cristallin global (VCG). Le premier permet de juger des potentialités antiagrégantes des urines, qui sont parfois fortement déficientes chez certains malades lithiasiques [12, 14]. Le second paramètre a prouvé son intérêt dans la prise en charge médicale des malades atteints d’hyperoxalurie primaire [15] et dans la cystinurie congénitale [16]. Le VCG peut être estimé à partir de l’examen microscopique des cristaux sur un prélèvement homogénéisé et déposé en cellule de Malassez. Pour les laboratoires qui disposent de l’équipement nécessaire, il peut aussi être déterminé à l’aide de compteurs de particules comme cela a été proposé dans plusieurs études [5, 17]. Critères d’interprétation de la cristallurie De nombreux travaux ont montré que la cristallurie est fréquente chez le sujet normal comme chez le patient lithiasique, même si sa fréquence et, souvent, son abondance sont plus élevées chez ce dernier [8, 9, 11, 18]. L’interprétation clinique de la cristallurie doit intégrer différents critères qui peuvent ne s’appliquer qu’à certaines espèces cristallines. Ces critères sont les suivants : nature chimique des cristaux, nature cristalline, faciès cristallin, abondance de la cristallurie, taille des cristaux, taux d’agrégation, fréquence de la cristallurie. L’utilisation de ces critères implique au préalable une reconnaissance des cristaux observés selon leurs caractéristiques morphologiques et leur aspect en lumière polarisée, sachant que le pH de l’urine doit aussi être considéré. Les planches de cristaux jointes en Annexe (pages 389 à 392) aideront à cette identification qui peut aussi s’appuyer sur les photographies contenues dans différents ouvrages publiés antérieurement [11, 19, 20] ou des documents accessibles sur le réseau internet [21]. Nature chimique Au plan diagnostique, certains cristaux sont significatifs du fait de leur simple présence, indépendamment de toute autre considération qualitative ou quantitative. C’est le cas des cristaux de : – cystine, qui révèlent une cystinurie congénitale par anomalie du transporteur rénal BAT (broad-scope aminoacid transporter) assurant la réabsorption tubulaire proximale de la cystine et des aminoacides dibasiques. La maladie 382 résulte soit d’une mutation du gène SLC3A1 localisé sur le chromosome 2, qui code pour une sous-unité (rBAT) du transporteur, soit d’une mutation du gène SLC7A9 sur le chromosome 19 codant pour BAT. Certains patients peuvent être hétérozygotes doubles par mutation simultanée des deux gènes. Ils développent alors une lithiase cystinique comme les sujets homozygotes pour chaque mutation ; – dihydroxyadénine, qui résultent d’un déficit homozygote, plus rarement hétérozygote en adénine phosphoribosyltransférase par mutation du gène APRT localisé sur le chromosome 16 ; – sels de l’acide orotique, qui s’observent dans les rares déficits en orotate phosphoribosyltransférase et orotidylate décarboxylase ; – xanthine, que l’on peut observer dans les déficits homozygotes en xanthine déshydrogénase ou au cours du traitement des syndromes de Lesch-Nyhan par des doses excessives d’allopurinol ; – leucine, qui peuvent être rencontrés dans les leucinoses et la maladie de Hartnup ; – tyrosine, qui peuvent accompagner une tyrosinose ou certaines pathologies hépatiques graves ; – struvite, qui résultent de l’uréolyse observée dans les infections urinaires par des micro-organismes possesseurs d’une uréase dont certains, comme Ureaplasma urealyticum ou Corynebacterium urealyticum, restent souvent méconnus faute d’avoir utilisé des conditions de culture appropriées. Il est utile de se rappeler que la simple présence de cristaux de struvite associée à un pH élevé des urines représente un critère suffisant pour affirmer l’existence d’une infection par un micro-organisme uréasique. D’un point de vue clinique, le caractère uréasique d’un germe isolé des urines devrait être systématiquement précisé sur le compte rendu bactériologique étant donné l’implication particulière de ces germes dans les lithiases urinaires d’origine infectieuse et le développement de pyélonéphrites chroniques pouvant conduire à l’insuffisance rénale ; – urate d’ammonium, qui traduisent une hyperuricurie associée à une hyperammoniurie et qui, selon le pH de l’urine, orientent soit vers une infection urinaire à germes uréasiques soit vers des diarrhées infectieuses avec perte digestive de bases et d’électrolytes chez des sujets ayant des apports insuffisants en phosphore ; – médicaments, qui compliquent un traitement aigu ou chronique à une posologie mal adaptée sans mesures de prévention du risque cristallogène. Pour toutes ces espèces, la simple présence de cristaux doit faire rechercher la cause évoquée. Dans le cadre de la prise en charge thérapeutique d’une maladie clairement identifiée, la présence des cristaux traduit une correction imparfaite du risque cristallogène, mais d’autres critères doivent alors être pris en compte pour juger, par exemple, Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Cristallurie Tableau I. Principales caractéristiques de la cristallurie et orientations étiologiques correspondantes. Nature des cristaux Weddellite Caractéristiques de la cristallurie Présence Faciès dodécaédrique des cristaux Taille des cristaux > 35 µm Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Whewellite Brushite Orthophosphates calciques (PACC, carbapatites, phosphate octocalcique{) Struvite Urate acide d’ammonium Acide urique dihydraté ou anhydre Urates amorphes complexes Cystine 2,8-dihydroxyadénine Médicaments Présence Nombre de cristaux > 200/mm3 Faciès des cristaux en navettes et hexagones étirés Volume cristallin VCaOx > 1 000 µm3/mm3 Pathologie ou anomalie associée Peu significative, sauf chez le lithiasique : hypercalciurie de concentration (> 3,8 mmol/L) Hypercalciurie majeure Hypercalciurie + hyperoxalurie ± hypocitraturie Risque majeur de lithiase Hyperoxalurie de débit ou de concentration Hyperoxalurie massive Intoxication à l’éthylène-glycol Chez le transplanté rénal, risque d’altération du greffon par cristallisation intratubulaire Présence Hypercalciurie + hyperphosphaturie ± hypocitraturie Hyperparathyroïdie primaire Nombre de cristaux > 500/mm3 Nucléation hétérogène avec la weddellite Risque majeur de lithiase calcique Présence Pas de signification clinique Précipitation abondante Acidose tubulaire, traitement alcalinisant, infection urinaire Cylindres granulaires Acidose tubulaire, traitement alcalinisant Présence Infection à germes uréasiques Si pH > 7,0 Hyperuricurie + infection à germes uréasiques ou ammoniogènes Si pH < 7,0 Hyperuricurie + diarrhées chroniques + carence phosphorée, maladie des laxatifs Si pH ≤ 5,3 Risque de lithiase urique par hyperacidité urinaire, syndrome polymétabolique Si pH > 5,3 Hyperuricurie Précipitation abondante (urine fraîche) Hyperuricurie (d’autant plus importante que le pH est plus élevé) Présence Cystinurie Risque majeur de récidive lithiasique Volume cristallin VCys > 3 000 µm3/mm3 Présence Déficit en adénine phosphoribosyltransférase Cristaux en aiguilles, en baguettes ou en lamelles Risque d’insuffisance rénale aiguë ou de lithiase agrégées de grandes dimensions (> 50 µm) du risque de récidive lithiasique. Les principales caractéristiques des cristalluries et leur signification pathologique sont résumées dans le tableau I. Nature cristalline Ce critère doit être considéré pour les espèces chimiques usuelles capables de cristalliser fréquemment dans les urines, c’est-à-dire essentiellement l’oxalate de calcium, le phosphate de calcium et l’acide urique. Différentes espèces cristallines sont connues dans les urines humaines pour chacune de ces substances. L’oxalate de calcium peut cristalliser sous forme monohydratée (whewellite ou Wh), dihydratée (weddellite ou Wd) ou trihydratée (calcium oxalate trihydrate des Anglo-Saxons ou COT). Le phosphate de calcium peut se présenter sous forme de phosphate acide de calcium dihydraté (brushite ou Br) ou d’orthophosphates calciques, carbonatés ou non, comme la carbapatite (phosphate de calcium carbonaté de formule non stœchiométrique, cristallisé dans le système hexagonal), le phosphate amorphe de calcium carbonaté, le phosphate octocalcique pentahydraté et la whitlockite (phosphate Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 mixte de calcium et magnésium hydraté). L’acide urique précipite principalement sous forme d’acide urique dihydraté ou anhydre et sous la forme d’urates amorphes complexes, qui sont en réalité une forme amorphe de l’acide urique contenant de faibles proportions de divers cations comme le sodium, l’ammonium, le potassium, le calcium ou le magnésium dans un rapport non stœchiométrique. Les urates amorphes complexes évoluent spontanément avec le temps vers l’acide urique dihydraté. Une quatrième forme, monohydratée, de l’acide urique est beaucoup plus rare. Oxalates de calcium Comme le montre la figure 1, le moteur de la cristallisation de l’oxalate de calcium est le produit molaire oxalocalcique, mais la forme cristalline sous laquelle on l’observe dans les urines est fortement dépendante du rapport molaire calcium/oxalate. La whewellite, cristallisée sous forme de cristaux ovales à centre déprimé ou en haltères est oxalo-dépendante et se forme dans des urines où la concentration en oxalate est élevée (supérieure à 383 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. revue générale 0,3 mmol/L) et le rapport molaire calcium/oxalate faible [18, 22]. Lorsque le rapport molaire calcium/oxalate est inférieur à 5 (figure 2), 94 % des cristalluries d’oxalate de calcium contiennent de la whewellite, soit pure, soit mélangée à la weddellite (1/3 des cas). La détection, dans la cristallurie, d’un seul cristal de whewellite peut donc être considérée comme un marqueur de l’hyperoxalurie. En revanche, plus rarement, la whewellite peut se présenter sous la forme de petits cristaux arrondis d’aspect annulaire ressemblant à des hématies, ces dernières étant aisément différentiables car non polarisantes. Lorsque ces cristaux sont les seules formes cristallines présentes de la whewellite, l’hyperoxalurie n’est pas systématique. Inversement, la weddellite, qu’elle se présente sous forme octaédrique ou dodécaédrique, est plutôt dépendante du calcium et se forme le plus souvent dans des urines dont la concentration en calcium est supérieure à 3,8 mmol/L [22]. La dépendance au calcium de la weddellite a été reconnue ou vérifiée dans plusieurs études récentes [23, 24]. Lorsque le rapport molaire calcium/oxalate est supérieur à 14, les cristalluries d’oxalate de calcium sont constituées à 99 % de weddellite, soit pure, soit mélangée à la whewellite (9 % des cas). L’oxalate de calcium trihydraté est beaucoup plus rare. C’est une forme réputée instable de l’oxalate de calcium qui a été observée de manière répétée dans des conditions très particulières liées à la prise d’un médicament, le Myocoril®, aujourd’hui retiré du marché, qui a longtemps été utilisé dans le traitement des artérites, de l’angor et des séquelles d’infarctus du myocarde. En dehors de ce contexte, de très rares patients lithiasiques peuvent présenter régulièrement des cristalluries de COT. Ils ont des oxaluries augmentées, mais d’amplitude très variable dont l’origine n’est pas encore bien comprise. Le COT est aussi observé, associé à la whewellite, dans la cristallurie de quelques patients présentant une hyperoxalurie primitive. La cause de la formation du COT tient vraisemblablement à la composition de l’urine, mais aucune anomalie évidente de la biochimie urinaire n’a été mise en évidence en dehors de l’hyperoxalurie et, souvent, d’une hypocitraturie. On ne peut exclure l’existence d’une anomalie structurale ou d’un déficit quantitatif de certaines macromolécules urinaires qui pourraient être impliquées dans l’inhibition de cette forme cristalline particulière de l’oxalate de calcium. Phosphates de calcium Dans le cas des phosphates calciques, la brushite se présente, au même titre que la weddellite, comme une espèce dépendante du calcium. Ces deux espèces sont d’ailleurs fréquemment associées dans les urines hypercalciuriques où elles contribuent, notamment par les processus de nucléation hétérogène, au développement de lithiases très récidivantes. La brushite se rencontre plus souvent dans des urines hypocitraturiques où le rapport calcium/citrate 384 est élevé. C’est également une espèce dépendante du pH qui se forme dans les urines de pH supérieur à 6 et, parfois, à des pH inférieurs si la concentration en calcium et en phosphate est très élevée. Quant aux orthophosphates calciques, qui se différencient mal entre eux en microscopie optique en raison de la faible dimension des cristaux, souvent inférieure à 2 micromètres, ils sont essentiellement dépendants du pH des urines. Si on peut les observer dans des urines hypercalciuriques, on les rencontre surtout au cours des acidoses tubulaires, dans les infections urinaires, notamment lorsqu’elles s’accompagnent d’une élévation du pH et au cours des traitements alcalinisants (pour lithiase urique ou cystinique par exemple). Acides uriques Toutes les formes d’acide urique sont théoriquement dépendantes du pH, c’est-à-dire qu’elles s’observent dans des urines dont le pH est inférieur à 6. Au-dessus de ce pH, l’acide urique est dissocié et présent sous forme d’urate beaucoup plus soluble. En fait, les différentes formes d’acide urique n’ont pas toutes le même comportement. Ainsi, l’acide urique dihydraté et l’acide urique anhydre sont des espèces fortement dépendantes du pH : à concentration égale en acide urique, la fréquence de la cristallurie d’acide urique dihydraté ou d’acide urique anhydre est inférieure à 1 % à pH 5,8 alors qu’elle atteint 25 % lorsque le pH s’abaisse au-dessous de 5. À l’inverse, les urates amorphes complexes sont beaucoup plus dépendants de l’uraturie. En effet, leur fréquence de précipitation passe de 1,5 % pour une uricurie de 2 mmol/L à 20 % lorsqu’elle atteint 6 mmol/L. Fréquence (%) 100 lithiasiques normaux 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 < 0,5 0,5 - < 1 1- < 1,5 1,5 - < 2 2 - < 2,5 2,5 - < 3 3 - < 3,5 3,5 - < 4 4 - < 4,5 ≥ 4,5 mmol2/L2 Figure 1. Fréquence de cristallurie oxalocalcique (ordonnée) en fonction du produit molaire oxalocalcique pCaOx (abscisse) dans les premières urines du réveil de patients lithiasiques (n = 5 600) et de sujets normaux (n = 300). Le produit molaire pCaOx est exprimé en mmol2/L2. Le seuil de 50 % a été indiqué car une fréquence de cristallurie supérieure à ce seuil chez un sujet lithiasique donné ayant fait un ou plusieurs épisodes lithiasiques l’expose à un risque majeur de récidive (voir figure 4). Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Cristallurie Faciès cristallin C’est la forme sous laquelle se présente l’espèce cristalline. Aucune étude systématique n’a été consacrée à cet aspect de la cristallurie mais, pour de rares espèces cristallines, certains faciès ont pu être rattachés à des conditions pathologiques particulières. L’exemple le plus typique est celui des cristaux de whewellite rencontrés au cours des hyperoxaluries induites par les intoxications à l’éthylèneglycol. La forme ovale à centre déprimé est remplacée par une forme en losange étroit et étiré accompagnée d’une forme hexagonale, également étroite et allongée [20, 25]. De même pour la weddellite, dont la forme commune se présente sous l’aspect de cristaux octaédriques constitués de deux pyramides aplaties accolées par leur base (aspect en « enveloppes » carrées) tandis que la fréquence des cristaux dodécaédriques, qui résultent d’un épaississement progressif de la zone de contact entre les deux pyramides, augmente avec le niveau de la calciurie. Ces derniers cristaux, tout particulièrement s’ ils sont très allongés et épais, prennent un aspect « hexagonal » au microscope. Dans les urines à calciurie normale, 5 à 10 % des cristalluries de weddellite contiennent des formes dodécaédriques ou hexagonales, cette fréquence passant à 90 % lorsque la calciurie dépasse 7 mmol/L. Dans certaines urines à forte concentration de calcium, la cristallurie peut ne comporter que des formes hexagonales. Abondance de la cristallurie Ce critère est très important, car il reflète la potentialité cristallogène d’une urine et le risque lithogène qui en découle, mais son évaluation et sa signification clinique dépendent du protocole opératoire, des paramètres retenus pour apprécier l’abondance des cristaux et de la nature de ces cristaux. Comparant la cristallurie de sujets normaux et de patients porteurs de différentes pathologies cristallogènes, Werness et al. ont bien montré que l’abondance de la cristallurie, appréciée sous la forme d’un score fondé sur le nombre de cristaux, était 2 à 4,5 fois plus élevée chez les patients que chez les témoins. Cependant, des patients atteints d’hyperparathyroïdie primaire avec ou sans lithiase avaient le même score de cristallurie, démontrant ainsi que l’abondance de la cristallurie, appréciée sur le seul nombre de cristaux, n’est pas un marqueur suffisamment fiable du risque lithogène [8]. Dans cette même étude, Werness et al. ont constaté qu’il n’existait pas de corrélation entre la quantité de cristaux et le degré de la sursaturation urinaire vis-à-vis de l’espèce considérée. En revanche, plusieurs études, en particulier celles de Robertson, ont montré que les urines des sujets lithiasiques présentaient un nombre de cristaux ou d’agrégats de grande taille plus important que celles des sujets témoins [3], ce qui permet d’expliquer que le volume cristallin observé Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 dans les urines lithiasiques soit souvent supérieur à celui des urines normales. La plupart des auteurs [8, 11, 12, 26] ont observé que les urines, en particulier chez les lithiasiques, présentaient souvent une cristallurie mixte, composée d’au moins deux espèces chimiques différentes, par exemple oxalate et phosphate de calcium ou oxalate de calcium et acide urique. Cette observation explique probablement, du moins en partie, les résultats contradictoires entre l’abondance de la cristallurie et la sursaturation. En effet, dans une étude comparant l’abondance de la cristallurie à la sursaturation en oxalate de calcium et en phosphate de calcium, Ahlstrand et al. ont constaté qu’il existait une corrélation entre le volume cristallin des phosphates de calcium et l’AP(CaP) index, un index d’évaluation de la sursaturation en phosphate de calcium fondé sur la mesure du pH urinaire et des concentrations en calcium, phosphate et citrate des urines [27]. En revanche, ces auteurs n’ont pas observé de corrélation entre le volume cristallin des oxalates de calcium et l’AP(CaOx) index (index calculé à partir des concentrations urinaires en calcium, oxalate, magnésium et citrate proposé pour évaluer la sursaturation en oxalate de calcium) [27]. Ces résultats évoquent l’interférence des processus de nucléation hétérogène, qui sont bien connus pour favoriser la formation de cristaux à des niveaux de moindre sursaturation et qui sont souvent mis en cause pour expliquer l’augmentation de fréquence des lithiases calciques dans les pays industrialisés [28]. Ils soulignent aussi l’importance des critères d’interprétation de la cristallurie qui doivent intégrer à la fois la nature des cristaux présents, leur nombre, leur taille et, probablement aussi, leur propension à l’agrégation. Pourcentage Wh = 94 % Wd = 99 % 90 80 90 64 70 53 60 50 40 32 30 30 15 20 9 6 10 1 0 <5 entre 5 et 14 Wh Wh+Wd > 14 Ca/Ox Wd Figure 2. Influence du rapport molaire calcium/oxalate sur la formation des cristaux de whewellite et de weddellite dans les urines. Wh = whewellite ; Wd = weddellite. En ordonnée est représentée la fréquence avec laquelle sont observées les deux espèces cristallines soit isolées, soit associées, dans les urines contenant des cristaux d’oxalate de calcium. 385 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. revue générale Volume cristallin global (VCG) Le volume cristallin étudié par les différents auteurs a été déterminé à l’aide de compteurs de particules qui sont rarement disponibles dans les laboratoires qui étudient les urines. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé une estimation du volume cristallin fondée sur les paramètres de la cristallurie observée en microscopie optique [15, 16]. Il s’agit d’une approche sans doute moins précise que celle reposant sur les compteurs de particules mais qui offre l’avantage d’être aisément applicable par tous les laboratoires qui examinent des urines en microscopie optique. Elle permet de proposer au clinicien des valeurs quantifiées facilement utilisables pour adapter la prise en charge thérapeutique des patients lithiasiques en routine. Le principe en est simple. Il repose sur le fait que les cristaux ont des formes géométriques définies qui conduisent à un volume cristallin proportionnel à la taille du cristal, mais différent pour chaque forme géométrique. En tenant compte du nombre de cristaux, de la forme cristalline observée et de la taille moyenne des cristaux, mesurée à l’aide d’un réticule inclus dans l’oculaire du microscope, on peut évaluer le volume cristallin correspondant par unité de volume d’urine. 95 %) et les risques de dégradation de la fonction rénale qui touche plus de 20 % des patients [30]. Chez les lithiasiques cystiniques, le succès du traitement médical est inconstant et la récidive calculeuse observée dans la moitié des cas [31]. Cela tient à la difficulté de maîtriser la cristallurie de cystine, dont la fréquence et l’abondance ne peuvent être déduites de la seule mesure de la cystinurie. Sous traitement médical, la cristallurie peut rester longtemps absente ou de faible abondance et présenter brusquement des pics caractérisés par de nombreux et/ou volumineux cristaux de cystine coïncidant avec une baisse de diurèse et/ou du pH urinaire, avec une alimentation riche en méthionine ou la consommation excessive de certains produits comme les œufs ou le Coca-Cola. Récemment, nous avons montré qu’un volume cristallin de cystine (VCys) supérieur à 3 000 µm3/mm3, même occasionnel, représentait un facteur de risque majeur de récidive lithiasique alors que les sujets qui maintenaient en permanence le VCys au-dessous de ce seuil ne récidivaient pas leur lithiase [16]. Ces résultats rejoignent les études qui ont montré l’effet bénéfique de différents traitements sur la réduction de la cristallurie, notamment dans la lithiase calcique [8, 32]. Volume cristallin de l’oxalate de calcium (VCaOx) Appliqué à la prise en charge post-transplantation des patients présentant une hyperoxalurie primaire et ayant bénéficié d’une transplantation rénale ou hépato-rénale, ce marqueur de cristallisation a permis d’ajuster quotidiennement les mesures thérapeutiques destinées à protéger le rein transplanté contre la précipitation massive de cristaux d’oxalate de calcium libérés à partir des réserves osseuses [15]. L’étude quotidienne du VCaOx, avec l’objectif de le maintenir au-dessous de 500 µm3/mm3, a montré que les mesures thérapeutiques initialement recommandées pour la prise en charge de tels patients étaient dangereuses pour la survie du greffon. Un nouveau protocole de prise en charge, fondé sur le suivi quotidien du VCaOx a été appliqué à une quinzaine de patients et a permis dans tous les cas de préserver la fonction rénale alors que d’autres études ont rapporté des dégradations rénales plus ou moins importantes chez des patients présentant la même pathologie et ayant bénéficié de mesures thérapeutiques comparables mais sans suivi cristallurique [29]. Taille des cristaux Elle présente un intérêt pour l’oxalate de calcium. Indépendamment du volume cristallin, la taille des cristaux, de weddellite en particulier, renseigne sur le profil de l’urine où ils se sont formés. Robertson et al. ont montré que la taille moyenne des cristaux d’oxalate de calcium observés dans les urines des sujets normaux se situait autour de 7-8 µm, tandis que chez les lithiasiques récidivants, leur distribution est bimodale. Un premier pic, correspondant à la majorité des cristaux, se situe autour de 7-8 µm comme chez les témoins, tandis qu’un second pic correspond à une taille moyenne beaucoup plus élevée, voisine de 2730 µm [4]. Ces auteurs ont montré qu’après une charge orale en oxalate, ce second pic s’intensifiait et la taille moyenne des cristaux correspondant à ce pic augmentait d’environ 5 µm, illustrant ainsi le lien entre l’oxalurie et la taille des cristaux [4]. Dans notre expérience, l’analyse microscopique de plus de 15 000 urines de sujets lithiasiques a montré que la présence de cristaux de weddellite de taille supérieure à 35 microns était à la fois le marqueur de l’association de plusieurs anomalies métaboliques (hypercalciurie et hyperoxalurie avec ou sans hypocitraturie) et un indicateur de lithogenèse active, la plupart des sujets qui avaient de tels cristaux ayant récidivé leur lithiase dans les mois suivants. Volume cristallin global de la cystine (VCys) Une autre application du volume cristallin a été proposée dans le cadre du suivi clinique des patients atteints de cystinurie congénitale. Chez ces patients, la cristallurie varie considérablement en fonction de la diurèse, du pH des urines, du traitement médicamenteux et du comportement nutritionnel. Chez les patients non traités, elle est très souvent présente, voire abondante, ce qui explique la fréquence très élevée de récidive lithiasique (supérieure à 386 Taux d’agrégation Bien que rarement étudiée dans les cristalluries spontanées, l’agrégation cristalline est considérée comme l’un Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Cristallurie des principaux facteurs de la formation des calculs [14]. Quelques travaux ont comparé le taux d’agrégation des cristaux, notamment oxalocalciques, chez les sujets lithiasiques et non lithiasiques. Ces études ont conclu que le taux d’agrégation était en moyenne 2 à 3 fois plus élevé chez les lithiasiques [10-12], les agrégats étant, de surcroît, plus volumineux que chez les témoins [4, 11]. L’excès d’agrégation a été attribué principalement à l’hypocitraturie [12, 33], anomalie fréquente chez les patients lithiasiques. L’intérêt de la détermination du taux d’agrégation réside essentiellement dans l’appréciation du potentiel lithogène de l’urine et dans l’évaluation de l’efficacité des mesures thérapeutiques destinées à réduire le risque de récidive. La figure 3 montre l’influence de la citraturie sur le taux d’agrégation spontané de la weddellite dans des urines de patients lithiasiques ayant un produit pCaOx moyen, compris entre 1,5 et 2 mmol2/L2. La citraturie exerce également une influence sur d’autres paramètres de la cristallurie oxalocalcique comme le nombre ou la taille des cristaux et des agrégats (figure 3). Fréquence de la cristallurie Tous les travaux s’accordent, quel que soit le protocole d’étude, pour conclure à la plus grande fréquence de cristallurie chez les sujets lithiasiques comparativement aux sujets normaux [8, 11, 18, 32]. Cependant, cette constatation n’a jamais, jusqu’à une date récente, conduit à une attitude thérapeutique définie pour la prévention des récidives lithiasiques. Or, contrairement à l’évaluation biochimique des urines, qui laisse indosées de nombreuses substances, la cristallurie rend compte du déséquilibre entre l’ensemble des facteurs impliqués dans l’expression de la sursaturation et de l’inhibition cristalline urinaire. Comme le montre clairement la figure 1, la fréquence de la cristallurie oxalocalcique augmente proportionnellement avec le produit molaire oxalocalcique (pCaOx) aussi bien chez le patient lithiasique que chez le sujet normal. Sur une large plage de valeurs du pCaOx, la proportion d’urines contenant des cristaux pour chaque niveau de pCaOx est 2 à 3 fois plus élevée chez les lithiasiques, suggérant un déficit d’inhibition cristalline par rapport aux témoins ou une activité promotrice accrue comme l’ont suggéré d’autres auteurs [9]. Cependant, quand le produit pCaOx devient élevé, l’écart entre les deux populations diminue et lorsque sa valeur dépasse 4,5 mmol2/L2, la quasi-totalité des urines normales et lithiasiques contient des cristaux d’oxalate de calcium, illustrant ainsi les limites du pouvoir inhibiteur des urines. Indépendamment des caractéristiques de la cristallurie, la fréquence de celle-ci est un facteur prédictif de grande importance en clinique. Dans une étude préliminaire réalisée sur 1 453 urines du réveil provenant de 204 patients lithiasiques suivis pendant au moins 5 ans, nous avons comparé la fréquence de cristallurie chez 102 patients qui Nombre moyen de cristaux de weddellite Nombre moyen d’agrégats de weddellite Nombre/mm3 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Nombre/mm3 82 8 7 6 5 4 3 2 1 0 43 34 20 Citrate < 1 1-<2 2-<3 ≥3 mmol/L 35 1,8 2-<3 ≥3 mmol/L Taux d’agrégation des cristaux de weddellite 14 20 8 15 15 6 10 4 5 2 0 2-<3 10,5 10 20 1-<2 12,6 12 25 25 Citrate < 1 1-<2 2 (%) 34 30 3,7 Citrate < 1 Taille maximale des agrégats de weddellite Microns 7,1 ≥3 6,2 5 0 mmol/L Citrate < 1 1-<2 2-<3 ≥3 mmol/L Figure 3. Effet de la citraturie sur les paramètres de la cristallurie de weddellite pour un produit pCaOx moyen, compris entre 1,5 et 2 mmol2/L2. Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 387 revue générale Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. ont récidivé leur lithiase à celle de 102 sujets exempts de récidive [7]. Nos résultats ont montré que la cristallurie était significativement plus fréquente chez les sujets qui ont récidivé comparativement aux non récidivants, les sujets récidivants ayant en moyenne 2/3 des urines du réveil contenant des cristaux contre 1/3 des urines seulement pour les patients exempts de récidive (p < 0,0001). À l’échelon individuel, la présence de cristaux dans plus Pourcentage 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 91 non récidivants récidivants 52 47 16 Ap(CaOx) index > 0,9 11 S OxCa > 13 14 de la moitié des prélèvements s’est avérée être un marqueur hautement prédictif du risque clinique de récidive lithiasique : en effet, 91 % des sujets qui ont récidivé leur lithiase contre seulement 13,7 % des sujets qui n’ont pas récidivé présentaient une cristallurie dans plus de la moitié des échantillons examinés à des intervalles compris entre 15 jours et 4 mois. Le risque relatif (RR) de récidive lithiasique chez les patients ayant une cristallurie dans plus de la moitié des prélèvements par rapport aux autres patients était égal à 9,3 (IC95 % = 4,95-17,46). En d’autres termes, le fait d’avoir une cristallurie dans plus d’une urine du réveil sur deux multiplie par 9,3 le risque de faire un calcul dans les mois qui suivent. Comme le montre la figure 4, la fréquence de cristallurie est un marqueur beaucoup plus fiable de la prédiction du risque de récidive que la détermination de la sursaturation ou l’application d’indices de risque biologiques comme l’AP(CaOx) index. La surveillance des patients lithiasiques par l’examen régulier de l’urine du réveil à la recherche d’une cristallurie constitue donc actuellement le meilleur outil biologique pour la détection précoce du risque de récidive des calculs. Cristallurie + Conclusion Figure 4. Relations entre la fréquence de récidive des calculs et des valeurs élevées de l’AP(CaOx) index (> 0,9) sur plus de 50 % des urines du réveil, des valeurs élevées de la sursaturation oxalocalcique (S OxCa) (> 13) sur plus de 50 % des urines du réveil et la cristallurie présente sur plus de 50 % des urines du réveil (n = 1 825 urines de 250 patients). En ordonnée figure le pourcentage de patients dont plus de la moitié des urines examinées répondaient aux critères définis ci-dessus. Pour chaque paramètre étudié, une colonne correspond aux patients qui n’ont pas récidivé leur lithiase et une colonne représente les patients qui ont récidivé pendant la période d’observation. Pour cette étude, l’AP(CaOx) index a été calculé selon la formule proposée par Tiselius [34] : 1,9 × Ca0,84 × Ox / Cit0,22 × Mg0,12 × V1,03. Le volume V des urines n’a pas été pris en compte puisque les urines analysées étaient des mictions et que la contribution du volume à cet index est très faible. L’étude de la cristallurie spontanée représente une source essentielle d’informations pour le diagnostic étiologique et la prise en charge médicale des patients souffrant de lithiase urinaire ou de pathologies cristallines susceptibles d’avoir des conséquences délétères pour la fonction rénale. Elle devrait donc pouvoir être pratiquée dans tous les laboratoires afin de permettre une meilleure détection des facteurs de risque et un suivi plus efficace des patients atteints de lithiase urinaire, qui touche près de 10 % de la population adulte dans notre pays. Légende des planches de cristaux Les planches 1 et 2 présentent les principales morphologies des cristaux métaboliques dépendants du pH urinaire. Toutes les photographies sont prises en lumière polarisée à l’exception des photographies 7 et 15 qui montrent l’aspect des cristaux en lumière blanche. La planche 3 rassemble les principales morphologies des cristaux métaboliques dont la formation est peu dépendante du pH des urines. Toutes les photographies sont prises en lumière polarisée à l’exception des photographies 17 et 18 prises en lumière blanche. La planche 4 regroupe les cristaux d’origine médicamenteuse. Toutes les photographies sont prises en lumière polarisée à l’exception de la photographie 29 prise en lumière blanche. Les barres blanches ou noires sur chaque image représentent une longueur constante de 25 µm permettant d’apprécier la dimension des cristaux. Les intervalles de pH mentionnés au-dessous de chaque photographie correspondent aux domaines habituels de pH où peuvent être observées les formes cristallines figurant sur la photographie. Dans le cas de la figure 16, correspondant à une urine acide, le cristal sphérique de 2,8-dihydroxyadénine est totalement indépendant du pH et s’observe aussi bien à pH 5 qu’à pH 9 chez les sujets présentant un déficit en adénine phosphoribosyltransférase. En revanche, les urates morphes complexes qui accompagnent la 2,8-dihydroxyadénine sur la photographie sont dépendants du pH et s’observent sur une plage de pH comprise habituellement entre 5,0 et 6,1, rarement en dehors de cette zone. À noter que parmi les granulations, les protéines et le phosphate amorphe de calcium carbonaté ne polarisent pas. Il en est de même pour les orthophosphates calciques microcristallisés comme la carbapatite qui peut, en urine neutre ou alcaline, se présenter sous forme de granulations non polarisantes avec, parfois, quelques grains polarisants épars. En ce qui concerne les urates, les formes en granulations sont toutes polarisantes, mais la polarisation est parfois peu marquée pour les urates amorphes complexes en urine acide (visible en fond noir). 388 Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Cristallurie Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 389 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. revue générale 390 Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. Cristallurie Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 391 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. revue générale 392 Ann Biol Clin, vol. 62, n° 4, juillet-août 2004 Cristallurie Références 1. Winkens RA, Wielders JP, Degenaar CP, van Hoof JP. Calcium oxalate crystalluria, a curiosity or a diagnostical aid ? J Clin Chem Clin Biochem 1988 ; 26 : 653-4. 2. Ryall RL. The scientific basis of calcium oxalate urolithiasis. Predilection and precipitation, promotion and proscription. World J Urol 1993 ; 11 : 59-65. 3. Robertson WG, Peacock M, Nordin BEC. Calcium crystalluria in recurrent renal-stone formers. Lancet 1969 ; 2 : 21-4. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017. 4. Robertson WG, Peacock M. Calcium oxalate crystalluria and inhibitors of crystallization in recurrent renal stone-formers. 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