Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005
Les processus de formation
des calculs impliquent l’hy-
percalciurie, l’hyperoxalurie,
l’hyperuricurie et mais aussi l’hypoci-
traturie et les anomalies de pH uri-
naire. Ces facteurs sont influencés
par les apports hydriques et la nutri-
tion ainsi que par le métabolisme
propre des sujets.
Modifications biochimiques
Le risque de lithiase est lié à des
modifications biochimiques uri-
naires qui peuvent être induites par
des comportements nutritionnels
inadaptés aux besoins de l’orga-
nisme chez les sujets qui sont pro-
bablement génétiquement prédis-
posés. L’hyperabsorption digestive
de nutriments ou l’excès d’excrétion
urinaire des substances cristalli-
sables comme le calcium, l’oxalate
ou l’acide urique, ou encore un
défaut en citrate, concourent à la
sursaturation des urines : la forma-
tion de cristaux s’accrochant à l’épi-
thélium urinaire constitue un point
de départ de calcul.
À noter que les sujets lithiasiques
ont tendance à présenter un index
de masse corporelle plus élevé que
la population générale, ce qui va
dans le sens du rôle de la consom-
mation trop abondante en graisses
et en sucres raffinés dans cette
pathologie. Par ailleurs, les patients
lithiasiques ont souvent une diurèse
insuffisante, d’où une augmentation
des solutés urinaires. Les calculs les
plus fréquents sont composés
d’oxalate de calcium soit oxalo-
dépendants soit dépendants du cal-
cium, viennent ensuite les calculs de
phosphates calciques et les
calculs d’acide urique (plus souvent
identifiés chez l’homme).
Le rôle de la nutrition
Que faut-il savoir sur les facteurs de
risque nutritionnels directs et indi-
rects ? Les apports excessifs de cal-
cium peuvent entraîner l’hyper-
calciurie, retrouvée chez 35 à 65 %
des patients lithiasiques (dans la
moitié des cas elle est d’origine dié-
tétique). Il y a un problème aussi en
cas d’apports calciques faibles car
l’oxalate alimentaire n’est pas suffi-
samment fixé par le calcium dans
l’intestin et il est donc absorbé en
plus grande quantité, ce qui favorise
une hyperoxalurie. L’objectif nutri-
tionnel est donc de normaliser les
apports de calcium entre 800 et
1 000 mg/jour, sans oublier le sta-
tut vitaminique D.
L’oxalate est apporté par de nom-
breux aliments (cacao, oseille, épi-
nards, persil etc.) mais il est aussi
synthétisé dans l’organisme à partir
des précurseurs tels que la
vitamine C, les sucres et les aminoa-
cides (cette synthèse serait aug-
mentée en cas de carence en vita-
mine B6). L’absorption digestive de
l’oxalate dépend du contenu ali-
mentaire en calcium, en magné-
sium, en fibres et en lipides. À pro-
pos de la vitamine C, une étude
épidémiologique a suggéré que les
sujets en consommant plus de 1 g
par jour ont un risque accru de
lithiase. En tous cas, les apports
excessifs d’acide ascorbique sous
forme de comprimés sont décon-
seillés ; en revanche la restriction ne
concerne pas les fruits qui apportent
simultanément du citrate.
On sait que le citrate joue un rôle
essentiel dans le métabolisme éner-
gétique et dans l’équilibre acido-
basique, et qu’il a des propriétés
inhibitrices de l’agrégation cristalline
de l’oxalate de calcium. C’est dire
que l’hypocitraturie peut avoir des
effets lithogènes. Alors que les
apports excessifs de protéines ani-
males augmentent une charge acide
et entraînent une hypocitraturie, les
fruits riches en citrate (agrumes,
fruits rouges) sont, par contre, consi-
dérés comme des nutriments utiles
dans la prévention des lithiases cal-
ciques et uriques. Quant aux calculs
d’acide urique, ils sont liés à l’hyper-
uricurie, surtout lorsque le pH des
urines est acide et responsable
d’une sursaturation de purines ou de
phosphates. En présence d’un excès
de sodium, l’acide urique peut éga-
lement cristalliser sous forme d’urate
de sodium. Par ailleurs le régime
riche en sel majore la calciurie et
réduit la citraturie, tandis que les
légumes et fruits apportant le potas-
sium diminuent le risque de lithiase
rénale. Enfin, les sucres d’absorption
rapide augmentent la calciurie par
diminution de la réabsorption tubu-
laire du calcium sous l’effet de l’insu-
line. Ainsi la prévention du risque de
lithiase repose sur des règles sui-
vantes : veiller à avoir les apports
hydriques suffisants tous en les
répartissant correctement sur le nyc-
thémère (le risque de cristallisation
augmente avec la densité des urines
laquelle est plus élevée au réveil),
avec un objectif de diurèse de 2 et
2,5 litres par jour. De plus, il faut lut-
ter contre l’excès de poids, éviter les
boissons sucrés et limiter le chocolat,
normaliser les apports de protéines
animales (environ 1 g/kg/j) et de
calcium (800-1 000 mg/j), aug-
menter la consommation de légu-
mes et de fruits.
LC
Journées de nutrition pratique Dietecom 2005
>> DOSSIER
La prévalence de la lithiase urinaire ne cesse d’augmenter dans les pays industrialisés.
Elle est estimée entre 8 à 15 % de la population générale, et selon les données de l’étu-
de SUVIMAX, 10 % des adultes de 45 à 60 ans ont eu au moins un épisode lithiasique.
Environ 5 % des patients ont une forme multirécidivante de lithiase susceptible d’en-
traîner une altération de la fonction rénale.
Lithiases urinaires
La place des facteurs nutritionnels
NUTRITION 29
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