Le mot crise est communément perçu négative-
ment. Pourtant, ces périodes d’éclat sont utiles
pour vivifier les sentiments amoureux, du
moment où elles débouchent sur la résolution
d’une tension et l’amélioration de la dynamique
relationnelle du couple.
Les crises apparaissent lorsque l’entretien de
la relation amoureuse n’a pas été effectué avec
suffisamment de soin et de régularité. Lorsque
les exaspérations et les rancœurs des partenai-
res ne peuvent pas être évacuées, elles
s’accumulent et finissent par s’exprimer bruta-
lement. Le processus est comparable en cela
à une maladie : elle est le résultat d’un dés-
équilibre antérieur et sa forme manifeste
(l’infection, la douleur, etc.) n’est que le signe
perceptible d’une lutte pour évacuer les agents
pathogènes et rétablir l’ordre.
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Surmonter les crises
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Les crises sont utiles pour vivifier
les sentiments amoureux, du moment
où elles débouchent sur la résolution
d’une tension et l’amélioration
de la dynamique relationnelle.
Les crises sont donc utiles, à condition de
pouvoir résoudre les conflits sous-jacents. Mais
attention, tous les conflits conjugaux ne peu-
vent pas être résolus. Certains, appelés conflits
insolubles, relèvent de problèmes permanents.
On estime qu’ils représentent près de 70 % des
sujets de discorde au sein des couples7.
Les conflits insolubles se développent sur des
thèmes de mésentente qui accompagnent le
couple durant toute son existence puisqu’ils
résultent de différences de personnalité, par
exemple : le désir d’une famille nombreuse de
l’un et le refus de l’autre ; des différences de
valeur pour l’éducation des enfants (discipline
de fer, autonomie, etc.) ; des fréquences
incompatibles de rapports sexuels ; l’apparte-
nance religieuse ou culturelle de chacun ; le
caractère plutôt méticuleux et perfectionniste
de l’un opposé à la souplesse et au laisser-aller
de l’autre ; le niveau de tolérance différent quant
au désordre et à la saleté ; la personnalité plutôt
extravertie et encline à rencontrer du monde de
l’un face à l’introversion et au désir de se retrou-
ver seuls (cocooning) de l’autre ; etc.
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7Cette problématique est traitée par John Gottman et Nan Silver, Les couples heureux ont leurs
secrets, Pocket, 2006.
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Ces problèmes permanents n’ont que peu de
chances d’être résolus. Par contre, cela ne
signifie pas pour autant qu’ils soient source
de malheur pour les partenaires. Le tout est
d’apprendre à les mettre en perspective et, si
possible, d’arriver à en rire afin qu’ils n’enva-
hissent pas l’existence. Du moment où chacun
fait un effort pour s’accommoder de ces diffé-
rences, qu’il n’en fait pas une sempiternelle
occasion de reproches, de critiques ou de plain-
tes, qu’il cherche la conciliation plutôt que la
bataille, qu’il renonce à vouloir transformer
l’autre et à imposer son point de vue comme le
seul valable, les problèmes permanents ne
représentent plus forcément d’écueils pour
l’harmonie du couple. Mais, dans le cas
contraire, ces frictions auront probablement rai-
son de la relation : à force d’être inlassablement
ressassées, elles vont générer agacements, irrita-
tions et frustrations, entraînant des sentiments
de solitude, de rejet et de blessure. Le secret est
donc d’en parler de façon détendue, d’en plai-
santer même et, surtout, de ne pas les taire ou
d’en faire l’occasion de disputes.
Dans la vie de couple, il y a heureusement
aussi des problèmes que l’on peut résoudre :
toutes les petites broutilles du quotidien qui
peuvent être améliorées avec un effort de part
et d’autre, comme la répartition des tâches
ménagères, la synchronisation des emplois du
temps, la manière de tenir un budget, etc. Pour
cela, il est cependant nécessaire de disposer de
96
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compétences de communication développées
en dispute.
Il est nécessaire de disposer
de compétences de communication
développées en dispute.
La dispute est un art ou une sorte de sport.
Comme tel, il obéit à des règles qu’il est impé-
ratif de respecter. Sinon, cela ouvre la porte
aux insatisfactions et violences de toutes sortes.
C’est un peu comme à la boxe : si l’on ne suit
pas les règles, le combat tourne rapidement à
un jeu de massacre.
Il existe deux règles élémentaires à respecter
afin que les disputes restent constructives, en
plus de l’utilisation des outils de communica-
tion déjà présentés (l’écoute active et les
messages-je).
Première règle : les disputes servent à com-
muniquer les problèmes et à trouver des
solutions. Elles ne visent, en aucun cas, à rem-
porter la partie au détriment de l’autre. Comme
elles ne visent pas la victoire à tout prix, elles
n’usent pas de moyens déloyaux, c’est-à-dire de
coups bas : toucher l’interlocuteur exprès là où
il est plus sensible ou vulnérable, là où ça fait mal
(« De toute façon, avec une mère dépressive,
comment veux-tu être optimiste ! ») ; l’humi-
lier, le dévaloriser, le rabaisser (« Même un
enfant sait ça ! ») ; se moquer de lui ouverte-
ment, le mépriser (« Madame je sais tout… ») ;
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etc. Au contraire, le respect et la courtoisie doi-
vent toujours être de mise.
Deuxième règle : une bonne dispute porte
sur un seul objet. En d’autres termes, il faut se
concentrer sur une seule difficulté à la fois,
chercher à régler les malentendus un par un. Le
dérapage survient lorsqu’à un différend s’ajou-
tent d’autres sujets de litige. La dispute n’est
pas faite pour « vider son sac », mais au
contraire pour trouver des solutions à un pro-
blème. Il faut par conséquent ne traiter qu’un
seul problème à la fois.
Une fois la discussion entamée, les partenai-
res auront avantage à s’inspirer des éléments
suivants : plutôt que d’amorcer le dialogue en
accablant l’autre de sarcasmes et en démolis-
sant toutes ses suggestions, il vaut mieux
écouter son point de vue et exprimer le sien de
façon calme et positive. Il a en effet été établi
que, dans plus de 95 % des cas, une discussion
se termine sur le même ton que celui sur
lequel elle a commencé, d’où l’intérêt à soi-
gner l’entrée en matière. Ce conseil s’adresse
particulièrement aux femmes, puisque ce sont
elles qui, le plus souvent, initient les discus-
sions sur les problèmes conjugaux.
Ensuite, il s’agit d’être attentif aux tentati-
ves de rapprochement, qui servent à stopper
l’escalade lorsque les choses tournent mal :
faire une pause, donner et accepter des excu-
ses, admettre ses torts, esquisser un geste
d’affection, utiliser l’humour. De même, les
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