MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 93 ses Surmonter les cri Le mot crise est communément perçu négativement. Pourtant, ces périodes d’éclat sont utiles pour vivifier les sentiments amoureux, du moment où elles débouchent sur la résolution d’une tension et l’amélioration de la dynamique relationnelle du couple. Les crises apparaissent lorsque l’entretien de la relation amoureuse n’a pas été effectué avec suffisamment de soin et de régularité. Lorsque les exaspérations et les rancœurs des partenaires ne peuvent pas être évacuées, elles s’accumulent et finissent par s’exprimer brutalement. Le processus est comparable en cela à une maladie : elle est le résultat d’un déséquilibre antérieur et sa forme manifeste (l’infection, la douleur, etc.) n’est que le signe perceptible d’une lutte pour évacuer les agents pathogènes et rétablir l’ordre. 93 MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 94 Les crises sont utiles pour vivifier les sentiments amoureux, du moment où elles débouchent sur la résolution d’une tension et l’amélioration de la dynamique relationnelle. 94 Les crises sont donc utiles, à condition de pouvoir résoudre les conflits sous-jacents. Mais attention, tous les conflits conjugaux ne peuvent pas être résolus. Certains, appelés conflits insolubles, relèvent de problèmes permanents. On estime qu’ils représentent près de 70 % des sujets de discorde au sein des couples7. Les conflits insolubles se développent sur des thèmes de mésentente qui accompagnent le couple durant toute son existence puisqu’ils résultent de différences de personnalité, par exemple : le désir d’une famille nombreuse de l’un et le refus de l’autre ; des différences de valeur pour l’éducation des enfants (discipline de fer, autonomie, etc.) ; des fréquences incompatibles de rapports sexuels ; l’appartenance religieuse ou culturelle de chacun ; le caractère plutôt méticuleux et perfectionniste de l’un opposé à la souplesse et au laisser-aller de l’autre ; le niveau de tolérance différent quant au désordre et à la saleté ; la personnalité plutôt extravertie et encline à rencontrer du monde de l’un face à l’introversion et au désir de se retrouver seuls (cocooning) de l’autre ; etc. 7 Cette problématique est traitée par John Gottman et Nan Silver, Les couples heureux ont leurs secrets, Pocket, 2006. MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 96 Ces problèmes permanents n’ont que peu de chances d’être résolus. Par contre, cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient source de malheur pour les partenaires. Le tout est d’apprendre à les mettre en perspective et, si possible, d’arriver à en rire afin qu’ils n’envahissent pas l’existence. Du moment où chacun fait un effort pour s’accommoder de ces diffé96 rences, qu’il n’en fait pas une sempiternelle occasion de reproches, de critiques ou de plaintes, qu’il cherche la conciliation plutôt que la bataille, qu’il renonce à vouloir transformer l’autre et à imposer son point de vue comme le seul valable, les problèmes permanents ne représentent plus forcément d’écueils pour l’harmonie du couple. Mais, dans le cas contraire, ces frictions auront probablement raison de la relation : à force d’être inlassablement ressassées, elles vont générer agacements, irritations et frustrations, entraînant des sentiments de solitude, de rejet et de blessure. Le secret est donc d’en parler de façon détendue, d’en plaisanter même et, surtout, de ne pas les taire ou d’en faire l’occasion de disputes. Dans la vie de couple, il y a heureusement aussi des problèmes que l’on peut résoudre : toutes les petites broutilles du quotidien qui peuvent être améliorées avec un effort de part et d’autre, comme la répartition des tâches ménagères, la synchronisation des emplois du temps, la manière de tenir un budget, etc. Pour cela, il est cependant nécessaire de disposer de MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 97 compétences de communication développées en dispute. Il est nécessaire de disposer de compétences de communication développées en dispute. La dispute est un art ou une sorte de sport. Comme tel, il obéit à des règles qu’il est impératif de respecter. Sinon, cela ouvre la porte aux insatisfactions et violences de toutes sortes. C’est un peu comme à la boxe : si l’on ne suit pas les règles, le combat tourne rapidement à un jeu de massacre. Il existe deux règles élémentaires à respecter afin que les disputes restent constructives, en plus de l’utilisation des outils de communication déjà présentés (l’écoute active et les messages-je). Première règle : les disputes servent à communiquer les problèmes et à trouver des solutions. Elles ne visent, en aucun cas, à remporter la partie au détriment de l’autre. Comme elles ne visent pas la victoire à tout prix, elles n’usent pas de moyens déloyaux, c’est-à-dire de coups bas : toucher l’interlocuteur exprès là où il est plus sensible ou vulnérable, là où ça fait mal (« De toute façon, avec une mère dépressive, comment veux-tu être optimiste ! ») ; l’humilier, le dévaloriser, le rabaisser (« Même un enfant sait ça ! ») ; se moquer de lui ouvertement, le mépriser (« Madame je sais tout… ») ; 97 MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 98 etc. Au contraire, le respect et la courtoisie doivent toujours être de mise. Deuxième règle : une bonne dispute porte sur un seul objet. En d’autres termes, il faut se concentrer sur une seule difficulté à la fois, chercher à régler les malentendus un par un. Le dérapage survient lorsqu’à un différend s’ajoutent d’autres sujets de litige. La dispute n’est 98 pas faite pour « vider son sac », mais au contraire pour trouver des solutions à un problème. Il faut par conséquent ne traiter qu’un seul problème à la fois. Une fois la discussion entamée, les partenaires auront avantage à s’inspirer des éléments suivants : plutôt que d’amorcer le dialogue en accablant l’autre de sarcasmes et en démolissant toutes ses suggestions, il vaut mieux écouter son point de vue et exprimer le sien de façon calme et positive. Il a en effet été établi que, dans plus de 95 % des cas, une discussion se termine sur le même ton que celui sur lequel elle a commencé, d’où l’intérêt à soigner l’entrée en matière. Ce conseil s’adresse particulièrement aux femmes, puisque ce sont elles qui, le plus souvent, initient les discussions sur les problèmes conjugaux. Ensuite, il s’agit d’être attentif aux tentatives de rapprochement, qui servent à stopper l’escalade lorsque les choses tournent mal : faire une pause, donner et accepter des excuses, admettre ses torts, esquisser un geste d’affection, utiliser l’humour. De même, les MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 99 MEP_parents am 100 7/01/08 8:54 Page 100 paroles peuvent servir au rapprochement : « S’il te plaît, peux-tu me le dire plus gentiment ? », « Je suis inquiète quand tu t’exprimes de la sorte », « J’ai besoin d’un peu de calme pour réfléchir à tout ça », « Je peux avoir un baiser ? », « Je suis désolé », etc. Le point suivant concerne la négociation proprement dite. Chacun doit être prêt à écouter l’autre et surtout à tenir compte de ses besoins, c’est-à-dire accepter d’être influencé par lui. Les concessions réciproques sont les passerelles qui permettent d’atteindre un terrain d’entente : chacun fait des pas vers son partenaire, quitte à abandonner certaines prérogatives ou certaines envies, dans le but de trouver un accord globalement satisfaisant pour les deux. Dans cette démarche, le plus difficile est de renoncer à avoir gain de cause à tout prix, même si l’on a raison. Les concessions réciproques sont les passerelles qui permettent d’atteindre un terrain d’entente. Enfin, la tolérance envers les fautes et les manquements du partenaire est de mise. On pourrait parler de principe de courtoisie. Les conjoints oublient parfois de se parler avec respect, comme ils le feraient avec des collègues ou des amis. Les conflits font partie du quotidien des couples. Non seulement ils sont inévitables, MEP_parents am 7/01/08 8:54 Page 101 mais encore ils sont utiles afin d’améliorer la vie commune, en plus d’y ajouter une touche de piquant. Dans une certaine mesure, ils présentent un aspect stimulant. Le but n’est pourtant pas d’y trouver une solution à chaque fois. L’important est de savoir gérer les divergences sans que cela conduise à la rupture. Et bien sûr, les jeunes oreilles n’ont pas à être témoins des conflits conjugaux de leurs parents, encore moins s’ils en sont le centre. Partager mune une passion com Ce qui scelle les couples, ce sont les points communs existant entre les partenaires. Qui se ressemble s’assemble, dit l’adage populaire. Une lecture rapide des annonces des agences matrimoniales ou des sites de rencontre sur Internet le confirme. Les candidats à l’amour énoncent une liste de caractéristiques souhaitées chez le partenaire potentiel, liste qui les décrit parfaitement eux-mêmes (sexe mis à part). D’autre part, il est établi que nos amis et 101