Correction du Bac blanc PREMIERE PARTIE : CORPUS Ce corpus comprend trois textes théâtraux. Le premier est une comédie classique de Molière, Les Femmes savantes. Le deuxième est un drame romantique d’Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne. Enfin, le dernier est une pièce issue du théâtre de l’absurde, Scène à quatre d’Eugène Ionesco. Ces trois pièces sont de mouvements, de genres et de siècles différents. Elles ont néanmoins un thème commun, celui de la dispute sur scène. Nous chercherons à savoir quel est son enjeu dans ces trois textes. Nous pouvons d’ores et déjà définir deux axes : le premier réunit les pièces de Molière et Musset où nous connaissons les sujets des disputes et le second où la querelle dramatique n’est pas définie car l’intrigue semble absente de cette pièce absurde. Tout d’abord, la comédie classique de Molière met en scène une dispute à propos d’une querelle littéraire autour de l’écriture d’un sonnet. Les personnages entreprennent une discussion animée autour de la qualité littéraire de ce sonnet. Les échanges sont vifs grâce à l’usage des stichomythies : « vous ?/ moi. » La même vivacité des échanges se retrouve également dans l’extrait des Caprices de Marianne où les personnages usent du registre polémique pour se provoquer sur leur véritable nature : « Et comment s’appelle ce lait merveilleux ?/ L’indifférence ». Ici le thème amoureux est détourné en véritable guerre des sexes. Enfin, ce corpus compte une œuvre où il est impossible de déterminer le sujet de la dispute. En effet, chez Ionesco les personnages s’échangent des répliques monosyllabiques, le plus souvent adverbiales sans aucune information apparente alors qu’il s’agit d’une scène d’exposition. La règle de l’in medias res est respectée, celle de l’exposition ne l’est pas du tout. L’enjeu demeure de révéler l’inanité du jeu théâtral dans une caricature outrancière d’une scène de dispute où ni les uns ni les autres ne savent de quoi il s’agit. Pour conclure, les disputes ont des enjeux variées. Elles peuvent faire rire dans la comédie. Elles correspondent à une caractéristique essentielle du jeu dramatique. Ensuite, elles peuvent amener le spectateur à une réflexion détournée voire déguisée tout en se prêtant à un sourire ironique. Enfin, les disputes peuvent aussi révéler une mise en abyme du théâtre. DEUXIEME PARTIE : DISSERTATION Problématique : Est-ce la complicité des personnages qui détermine l’enjeu d’une dispute au théâtre ? 1) Disputes pour amuser : un jeu mécanique A- Comédies classiques : couples d’amis, d’amants, d’époux, de maîtres-valets : jeu farcesque avec un usage grossier de la dispute autour d’un quiproquo comique. Comédies de Molière : Arnolphe et Agnès dans L’école des femmes, scène de quiproquo à propos du ruban, Harpagon et La Flèche dans L’Avare : coups de bâtons à propos du vol de la cassette. B- Le théâtre de l’absurde : un théâtre plus philosophique : se disputer pour accoucher d’une réflexion sur le théâtre. 1 Anti-pièce d’Ionesco : Scène à quatre : caricature de la dispute, querelle autour d’un sujet qui parait puéril sans que le spectateur l’objet de la dispute. Ici, uniquement le mécanisme de la dispute qui importe pour faire de l’anti-théâtre. C- L’Ironie : affrontement polémique autour d’une thèse implicite Drame romantique Les Caprices de Marianne de Musset : Polémique autour du jeu de l’amour courtois et du rôle de l’homme et de la femme dans ces démonstrations de séduction. 2) Conflits où s’opposent des idées plus que des personnages A- Thème politique : le destin et la mort comme enjeux de dilemme pouvant provoquer un affrontement Tragédie : Antigone d’Anouilh : Antigone affronte son oncle, roi de Thèbes pour défendre l’honneur de son frère. Le thème de la résistance pénètre le discours théâtral en substance. Il s’agit d’une réécriture où le contexte d’écriture compte beaucoup dans la réception de cette œuvre (1944) Théâtre politique de l’après-guerre : Les Justes d’Albert Camus (1949). Groupe de soviétiques révolutionnaires qui préparent un attentat, tuer le grand Duc de Moscou. Un des personnages n’a pu se résoudre à lancer la bombe car les neveux de Grand Duc se trouvaient près de lui. Refusant de tuer des innocents, les révolutionnaires se disputent à propos de leur engagement. B- La tyrannie au cœur du théâtre symboliste : les défauts humains représentés comme des allégories théâtrales Ubu Roi d’Alfred Jarry : les disputes sans aucun sens du Père Ubu et de sa femme, Mère Ubu, nouvellement nommés Roi et Reine d’une monarchie prise par la force. Le couple infernal présente tous les défauts de la perfidie. L’Abus de pouvoir est mis en scène à travaux ces deux personnages absurdes. DEUXIEME PARTIE : COMMENTAIRE Problématique : Comment cette de dispute génère-t-elle un double discours su le jeu des apparences ? 1) Une joute verbale A- Un duel d’images : nourrice de Coelio// Roses du Bengale, métaphores filées. Figures péjoratives « mamelle », « lait qu’est le vôtre » B- Ironie : Critique d’Octave réduit en ambassadeur et interprète du constat d’échec : question rhétorique niée formulée comme une antiphrase : « qui pourrait ne pas réussir avec ambassadeur tel que vous ? ». Marianne se montre piquante pour mieux le tourner en ridicule. 2 C- la meilleure défense, c’est l’attaque : question crédule d’Octave : « en vérité ? ». N’a pas perçu l’antithèse de Marianne. Elle joue sur la vision superficielle qu’Octave a des femmes : « je les apprenne à ma perruche ». Se présente comme l’antithèse d’une femme de salon. Il s’agit là d’une pensée féministe. 2) Mensonge et vérité : le théâtre dans le théâtre A- fausse conversation : fausses informations donc fausse réponse : « moi qui allais l’aimer. » Il s’agit d’un simulacre de conversation. Les échanges sont vifs, on note les stichomythies « Raillez ! Raillez ! nous ne vous craignons plus. » La figure récurrente de cet échange demeure l’antiphrase : « quel dommage ! » B- Litote amoureuse ? « Moi qui allais l’aimer » qui est le COD véritable du verbe « aimer » : Coelio ou Octave. Si nous lisons « Qui ne pourrait réussir avec un ambassadeur tel que vous ? » au premier degré. Ici, jeu de séductrice. Reprend les formules courtoises pour mieux se moquer mais ne pas se dévoiler. Est-ce une libertine ? une séductrice ? Une prude ? C- Une scène de comédie : opposition du masculin et du féminin dans une véritable guerre des sexes. Marianne n’est pas comme toutes les autres femmes : « Sans épine et sans parfum » métaphore établie comme une antiphrase du cliché poétique. De même alors qu’il devrait être question de lettres d’amour, Marianne ironise autour des « harangues » d’Octave. 3