2.3 Une équation diophantienne
La détermination des constantes d’approximation nécessite l’étude des solutions entières positives de l’équa-
tion
m2+m2
1+m2
2= 3mm1m2(1)
A des permutations près, on peut supposer m≥m1≥m2. Les valeurs de mqui apparaissent ici sont appelées
les nombres de Markoff.
Si deux des nombres m, m1, m2sont égaux, alors les solutions sont les solutions triviales (1,1,1) et (2,1,1).
Sinon m, m1, m2sont distincts.
On montre que chacune des solutions non-triviales fournit trois solutions distinctes (m0, m1, m2),(m, m0
1, m2),
(m, m1, m0
2)où
m0= 3m1m2−m, m0
1= 3mm2−m1, m0
2= 3mm1−m2
et que l’on obtient en répétant ce procédé toutes les solutions. Parmi ces trois solutions, l’une d’entre elles a un
maximum inférieur à la solution "génératrice" alors que les deux autres ont un maximum strictement supérieur,
c’est pourquoi on représente les solutions par un arbre binaire appelé arbre de Markoff. Il est alors facile de
programmer un algorithme donnant les triplets solutions jusqu’au niveau n(voir Annexes).
On montre par induction que les entiers m, m1, m2sont premiers entre eux deux à deux.
2.4 La théorie de Markoff classique
Définition. Soient m, m1, m2des entiers positifs solutions de l’équation (1) avec m≥m1≥m2.
Comme pgcd(m1, m)=1,m1est un générateur de Z/mZ, donc il existe k∈[|0, m −1|]tel que m1k≡m2(m).
On a aussi m2k≡ −m1(m), donc k2≡ −1 (m). On note alors ll’entier défini par k2+ 1 = lm.
On appelle forme de Markoff Fmassociée au nombre de Markoff mle trinôme définie par
mFm(x, y) = mx2+ (3m−2k)x+ (l−3k)
Son discriminant est 9m2−4>0,Fmpossède donc deux racines, ces racines étant de plus équivalentes. On
note θmune de ses racines.
Théorème. Soit αun irrationnel.
(i) Si γ(α)>1
3alors αest équivalent à une racine de Fm, où Fmest une forme de Markoff.
(ii) Réciproquement si αest équivalent à une racine de Fmalors γ(α) = 1
r9−4
m2
>1
3et l’inéquation
α−p
q
<γ(α)
q2a une infinité de solutions.
(iii) Il existe une infinité de réels non-équivalents tels que γ(α) = 1
3.
Ce théorème réalise donc une amélioration du théorème de Hurwitz. Si on note (mk)k∈N, la suite ordonnée
des nombres de Markoff, le théorème affirme que ∀n∈N∀α∈R\Qα(θk)k∈[|0,n−1|]⇒γ(α)≤1
r9−4
m2
n
(ie
l’inégalité
α−p
q
<1
r9−4
m2
n
1
q2a une infinité de solutions) et cette majoration est optimale pour l’ensemble
des irrationnels privé des classes d’équivalence de (θk)k∈[|0,n−1|]puisque γ(θn) = 1
r9−4
m2
n
.
2.5 Le spectre de Markoff - Aspects non abordés
La théorie de Markoff classique étudiée ici nous montre donc l’existence de constantes d’approximation dans
l’intervalle h1
3,1
√5i. Je me suis alors demandé si l’on pouvait trouvé des constantes d’approximation en dehors
de cet intervalle. On sait bien sûr que 0et une constante d’approximation pour tout nombre approchable à un
ordre s > 2. Mais qu’en est-il pour les nombres de l’intervalle 0,1
3?
Pour éclaircir mes questions, je suis rentré en contact avec le département théorie des nombres de l’Institut
Fourier de Grenoble. Les chercheurs m’ont affirmé que beaucoup de questions se posent encore sur la répartition
du spectre de Markoff et les résultats sur les constantes inférieures restent lacunaires. Ils m’ont alors orienté
vers Serge Perrine qui a soutenu une thèse sur le sujet en 1988 et a réalisé une synthèse sur l’état contemporain
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