1 Table des matières 1 . Introduction....................................................................................................................................4 2 . Cadre théorique..............................................................................................................................6 2.1 Le saut écart.............................................................................................................................7 2.2 Étirement musculaire et souplesse :.........................................................................................8 2.2.1 Définition :........................................................................................................................8 2.2.2 Facteurs neurophysiologiques :.........................................................................................8 2.2.2.1 Le réflexe myotatique...............................................................................................8 2.2.2.2 Le réflexe myotatique inverse : .............................................................................10 2.2.2.3 La boucle gamma....................................................................................................10 2.2.3 Facteurs anatomiques :...................................................................................................11 2.2.3.1 Les articulations.......................................................................................................11 2.2.3.2 Les muscles.............................................................................................................13 2.3 Effets des étirements sur la performance :.............................................................................14 2.3.1 Effets négatifs..................................................................................................................14 2.3.2 Effets positifs.................................................................................................................15 2.4 Techniques d'étirement :.........................................................................................................16 2.4.1 Étirements dynamiques actifs :.......................................................................................16 2.4.2 Étirements statiques passifs :..........................................................................................17 2.4.3 Relation entre les étirements dynamique actifs et statiques passifs................................17 2.5 Problématique et hypothèse :..................................................................................................18 3 .Protocole........................................................................................................................................19 3.1 Méthode..................................................................................................................................19 3.1.1 Sujets...............................................................................................................................19 3.1.2 Le dispositif matériel......................................................................................................19 3.2 Variables étudiées....................................................................................................................20 3.2.1 Variables indépendantes..................................................................................................19 3.2.2 Variables dépendantes.....................................................................................................19 3.2.3 Analyses statistiques.......................................................................................................19 3.3 Le protocole............................................................................................................................20 3.3.1 L'échauffement général...................................................................................................21 3.3.2 Protocole passif statique..................................................................................................22 3.3.3 Protocole dynamique actif..............................................................................................22 2 3.4 Résultats....................................................................................................................23 3.4.1 Effets du type d'étirement sur l'angle d'écart....................................................24 3.4.2 Effets du type d'étirement sur la vitesse de battement des jambes ..................24 3.4.2.1 Vitesse de la jambe avant..........................................................................24 3.4.2.2 Vitesse de la jambe arrière........................................................................25 3.4.3 Relation entre la vitesse des jambes et angle du saut écart...............................26 4 .Discussion.......................................................................................................................26 4.1 Relation entre angle et vitesse..................................................................................26 4.2 Relation entre l'angle du grand écart et celui du saut écart......................................27 4.3 Augmentation de l'angle et jugement en gymnastique artistique féminine..............28 5 .Conclusion et perspectives..............................................................................................29 6 .Bibliographie...................................................................................................................30 7 .Sites internet consultés :..................................................................................................32 8 .Annexes :.........................................................................................................................33 3 Introduction « Les activités gymniques sont des activités de production ou de reproduction de formes techniques corporelles, seul ou à plusieurs, avec ou sans engins. Ces formes sont présentées au travers d’un enchaînement (d’actions et/ou d’éléments) destiné à être vu et jugé en fonction d’un code explicite. » (Delannet & Beuzelin, 1988) Cette activité de production de formes corporelles se déroule dans un environnement stable représenté par des agrès. Le geste doit être automatisé et affiné afin d'être le plus proche possible de la perfection. Il y a peu d'adaptabilité à avoir par rapport au milieu. De plus, la gymnastique est jugée à partir de normes de notation présentées dans le code édité par la fédération internationale de gymnastique. Ce code de pointage sanctionne toutes les fautes observées lors de l’exécution du gymnaste. La pratique de la gymnastique nécessite de la force, de la coordination et surtout de la souplesse. En effet, les éléments obligent les gymnastes à chercher de grandes amplitudes articulaires afin d'avoir les gestes les plus amples possibles. C'est dans les éléments gymniques que l'amplitude est la plus importante. Ils sont différents des éléments acrobatiques et prennent en compte l'ensemble des sauts et des pivots. Dans notre cadre c'est les sauts qui nous intéressent. Le code de pointage exige que les gymnastes réalisent ces sauts avec un écart de 180°. Le manque d'écart est immédiatement pénalisé par un retrait de points ou par la non reconnaissance de l'élément (0°-20° en moins = - 0,10 points, 20°-45° en moins = -0,30 et si l'écart manque de plus de 45° = -0,30 + élément non reconnu). A partir d'un niveau interrégional, le règlement technique pour la construction des enchaînements demande la présence de ce saut à deux agrès. A la poutre il est exigé un saut écart antéropostérieur de 180°. Au sol sa présence doit être dans une série gymnique d'au moins deux éléments différents avec un appel un pied et un saut écart antéropostérieur de 180°. Chaque exigence de règlement technique réalisée est gratifiée de 0,5 points sur la note de départ plus la valeur de l'élément c'est à dire qu'un saut correctement réalisé apporte 0,6 point supplémentaire à l'athlète. Lors des palmarès, l'écart entre les gymnastes n'est souvent que de quelques dixièmes. La réalisation et la réussite du saut écart est donc indispensable à la réalisation d'un mouvement et d'une performance en gymnastique. 4 La préparation du saut écart nécessite un échauffement et la pratique d'étirements avant sa réalisation. Cet élément nécessite en plus de la souplesse, de la force et de la vitesse. Or certains travaux montrent que la pratique des étirements avant la réalisation d'une performance de force ou de vitesse diminue ces dernières. La pratique d'étirements, qu'ils soient passifs ou dynamiques est déconseillée dans la littérature scientifique actuelle. Cependant les grandes amplitudes articulaires nécessaires à la pratique de la gymnastique demande tout de même l'exécution d'étirements à la fin de l'échauffement afin de pouvoir aller en toute sécurité dans les positions recherchées (Cometti, 2004). La réalisation d'étirements lors de l'échauffement en gymnastique devient ainsi une nécessité car les amplitudes articulaires recherchées dans les mouvements peuvent provoquer des blessures au niveau musculaire si l’athlète n’est pas correctement préparé. Il faut cependant que la technique utilisée ait un effet inhibiteur moindre sur les autres facteurs de la performance. Dans ce contexte, de recherche d'amplitude maximale tout en conservant la force et la vitesse, elles aussi nécessaire à la réalisation d'un mouvement de gymnastique, se pose la question du type d'étirement à exécuter. Dans la littérature, les étirements dynamiques semblent être les plus efficaces. Une étude réalisée (McMillian & coll., 2006) sur 30 élèves de l'académie militaire des États-Unis (16 hommes et 14 femmes) montre la plus grande efficacité du dynamique par rapport au statique. L'expérimentation est effectuée sur 3 jours consécutifs et contient 3 types de protocoles d'échauffement de 10 minutes chacun : passif, dynamiques et sans échauffement. Ces 3 échauffements sont suivis de test de forces et d'agilités. Les résultats obtenus après le T-drill, le lancer de medecine-ball et le quintuple bond donnent des différences significatives entre l'échauffement dynamique et les deux autres protocoles (passif et aucun échauffement) sur les deux premiers tests ainsi qu'entre les trois échauffements sur le quintuple bond. La réalisation d'une technique dynamique semble donc conseillée. C'est par ailleurs ce type d'étirements qui est préconisé pour l'apprentissage du saut écart (i.e., Memento des activités gymniques, 2003) et c'est cette technique qui est souvent utilisée lors de la préparation à ce saut. De plus, les étirements passifs et dynamiques sont les plus présents lors de l'échauffement général en gymnastique. En effet, après une activation cardiorespiratoire, articulaire et musculaire les gymnastes effectuent des battements puis des maintiens en grand écart pour finir l’échauffement. Au moment des compétitions nous avons une préparation d’une heure. Elle contient un échauffement général puis un passage 5 sur tous les agrès. Le temps très court est surtout centré sur la préparation acrobatique et ne permet pas toujours de préparation spécifique au saut écart. De ce fait, il peut être intéressant de savoir si les grands écarts et donc les étirements passifs que l'on réalise en fin d'échauffement diminuent l’angle lors de la réalisation du saut écart. L'objectif de notre travail sera de montrer que la réalisation d’étirements dynamiques permet d'effectuer un meilleur saut écart que l'utilisation d'une technique passive. 6 Cadre théorique Le saut écart Le saut écart est un saut gymnique qui consiste à réaliser un écart antéro-postérieur dans les airs de manière dynamique suite à une impulsion jambe. Le départ et la réception du saut se font jambes serrées. Un battement rapide de la jambe avant et de la jambe arrière permet de réaliser l'écart. Puis les jambes se resserrent avant la réception au sol ou sur la poutre. L'angle d'écart de jambe doit être de 180° pour qu'il n'y ait aucune pénalité sur l'exécution. Lors de l'exécution de cet élément de nombreux muscles des membres inférieurs sont mis en action. Ces contractions se font à grande vitesse de manière à réaliser les battements de jambes le plus rapidement possible et ceux pour avoir le temps d'atteindre l'écart maximal et de resserrer les jambes dans le laps de temps très court qu'est le temps de vol. L'action commence par une impulsion jambe, sa réalisation est permise par une contraction concentrique des triceps suraux, des quadriceps et des grands fessiers. Une fois que les pieds ont décollé du sol, l'écart de jambe se réalise grâce à une contraction concentrique du psoas-iliaque et du droit antérieur. Cette contraction concentrique permet le battement de la jambe avant. Au même moment, le grand fessier et les ischio-jambiers se contractent dans le même régime afin de permettre le battement de la jambe arrière. Enfin, la réception se fait par une contraction excentrique des triceps suraux, des quadriceps et des grands fessiers (i.e., Memento des activités gymniques, 2003). Dans notre étude, c'est essentiellement la phase d'écartement des jambes, c'est à dire les contractions du psoasiliaque, du droit antérieur pour la jambe avant et les ischio-jambiers et le grand fessier pour la jambe arrière qui nous interresse. Figure 1: saut écart, source http://www.tumblr.com/tagged/anastasia-belova 7 Étirement musculaire et souplesse : Définition : La réalisation du saut nécessite une grande souplesse et son travail se fait grâce à des étirements musculaires. Ces deux notions ont été définies dans la littérature scientifique. Les étirements musculaires visent, lors d'un exercice à amener petit à petit le muscle à son allongement maximum. Ils permettent d'améliorer la mobilité articulaire. Elle peut se définir comme « la capacité et la propriété qu’a le sportif d’exécuter, par luimême ou avec l’aide de forces extérieures, des mouvements de grande amplitude faisant jouer une ou plusieurs articulations » (Weineck, 2003) La souplesse est une capacité physique, elle peut se définir comme « la capacité d’accomplir des gestes avec la plus grande amplitude, que ce soit de façon active ou passive » (Manno, 1992). Cet auteur propose une classification des capacités physiques. Pour lui, la souplesse est une « capacité intermédiaire » car elle est limitée par des facteurs anatomiques et des facteurs neurophysiologiques. Facteurs neurophysiologiques : La contraction et le relâchement des muscles sont contrôlés par des réflexes. Les deux réflexes qui jouent un rôle important dans la régulation de la contraction et donc dans la pratique d'étirements sont le réflexe myotatique et le réflexe myotatique inverse. Un réflexe peut être défini comme un mouvement, une contraction involontaire et automatique en réponse à un stimulus. La plupart des réflexes est innée et ne peuvent pas être contrôlés par la volonté. Le réflexe myotatique Le réflexe myotatique est un réflexe d'étirement. Il se traduit par une augmentation de la contraction du muscle en réponse à l'étirement de ce dernier. Il permet à ce dernier de revenir à sa longueur initiale lorsque l'étirement est trop fort. C'est un réflexe mono synaptique. Il est à l'origine du maintien du tonus musculaire. 8 C'est un arc réflexe régulant la longueur. Le muscle est composé de récepteurs sensibles à l'étirement. La détection du changement de longueur quel qu'il soit est ressentie par le fuseau neuromusculaire. Ce fuseau est un mécano-récepteur, les fibres musculaires qui le constitue sont en parallèle des autres fibres. Il transmet l'information sur le niveau d'étirement au système nerveux central. L'influx nerveux arrive dans le motoneurone alpha ceci provoque une dépolarisation et déclenche un potentiel d'action qui va contracter le muscle (Alter, 1996). Par exemple, lorsque le muscle est étiré comme lors de l'étirement du quadriceps avec un coup sur le tendon patellaire (Foster, 1876), les fuseaux neuromusculaires le détectent et créent un influx nerveux plus ou moins important. Une fois à la moelle épinière, le message nerveux passe dans le nerf moteur par une synapse. Ce message se propage jusqu'aux terminaisons motrices et déclenche la contraction réflexe du quadriceps (Figure 2) Dans la recherche d'assouplissement et donc d'un gain d'amplitude, nous recherchons à minimiser au maximum l'action de ce réflexe. En effet, son intervention limite l'augmentation de l'amplitude du mouvement lors de l'étirement en contractant le muscles. Afin de diminuer son intervention, il faut que l'assouplissement soit lent et progressif afin de ne pas provoquer cette contraction car l'intensité du réflexe dépend de l'intensité de la stimulation. Figure 2 : Le réflexe myotatique. Source : http://www.medecine.unige.ch 9 Le réflexe myotatique inverse : Le réflexe myotatique inverse prend naissance dans les organes tendineux de Golgi qui se situent à la jonction musculo-tendineuse. Ils informent le système nerveux central sur l’état de tension du muscle. Ces organes sont constitués de fibres collagènes qui s'étendent entre le tendon et les fibres musculaires. Le réflexe myotatique inverse intervient quand la tension sur le muscle est importante. Le degré d’excitation des récepteurs augmente avec l'étirement, il déclenche le réflexe. L'influx nerveux va dans la moelle épinière puis passe dans un inter-neurone qui va inhiber le motoneurone alpha (Massion, 1997). Cette inter-neurone envoie un message nerveux qui provoque le relâchement du muscle étiré (Figure 3). C'est un réflexe d'inhibition de la contraction musculaire. Contrairement au réflexe myotatique, c'est un réflexe polysynaptique. Il protège le muscle lorsque des tensions trop importantes lui sont appliquées. Figure 3: le réflexe myotatique inverse. Source:http://www.medecine.unige.ch La boucle gamma Elle constitue le point de départ du réflexe myotatique. La boucle gamma peut être contrôlée par la volonté car elle n'est que sous le contrôle du centre supérieur. Il peut donc y avoir un relâchement musculaire par la volonté pour faciliter l'étirement. Cette boucle a pour départ les extrémités contractiles des fuseaux neuromusculaires qui contiennent des fibres nerveuses motrices : les motoneurones gamma. Ces motoneurones gamma ont pour rôle d'étirer les fibres du fuseau. 10 L'utilisation de la boucle gamma permet, lors d'un travail d'assouplissement d'améliorer la relaxation et donc l'amplitude en faisant chuter volontairement le tonus musculaire avec des expirations longues. Facteurs anatomiques : Les articulations La mobilité articulaire, c'est la faculté des articulations à permettre les mouvements de rotation prévus. Elle est génétique et dépend de la forme des os et des surfaces articulaires. Chaque articulation de notre corps permet un certain nombre de mouvements qui sont naturels. La mobilité articulaire détermine l'amplitude de ces mouvements. La souplesse de chacune de nos articulations n'est pas identique. Celle-ci, comme la mobilité articulaire est déterminée génétiquement et doit impérativement être respectée. Chaque articulation possède des structures destinées à sa stabilisation. Dans certaines articulations, des ménisques comme pour les genoux ou des bourrelets pour les épaules sont là pour renforcer la stabilité de l'ensemble de l'articulation. La classification des articulations se fait sur deux plan : structural (caractéristiques anatomiques) et fonctionnel (type de mouvement). La classification structurale repose sur la présence ou non d'une cavité articulaire et le type de tissus conjonctif qui unit les os. La fonctionnelle se base sur l'amplitude des mouvements (Tortora et Derrickson, 2009). – Les synarthroses (immobiles) : Il n'y a presque aucun mouvement possible. Ces articulation sont aussi appelées fibreuses dans la classification fonctionnelle. Elles sont redécouvertes par des fines couches de tissus ou de cartilages, on parle de sutures ou de synchondroses. C'est par exemple le cas de la suture coronale entre l'os pariétal et l'os frontal. – Les amphiarthroses (semi-mobiles) : Elles permettent peu de mouvements.Se sont des articulations de types cartilagineuses le plus souvent. Elles sont nommées syndesmoses quand une articulation ou deux os sont reliés soit part un ligament soit par une membrane interosseuse et symphyses quand l'union se fait par du tissu conjonctif élastique. C'est par exemple l'articulation entre le radius et l'ulna. – Les diarthroses (mobiles) :Elles permettent le plus grand nombre de mouvements. 11 Toutes les articulations mobiles sont des articulations synoviales. Dans les articulations sinoviales, les ligaments maintiennent solidement l'articulation en place. L'articulation forme une cavité articulaire. L'extrémité des os est composée de cartilage hyalin qui évite leur usure . De plus ils sont recouverts de liquide synovial qui facilite les glissements entre eux en réduisant notamment la friction en lubrifiant l'articulation. C'est le cas de l'articulation de la hanche (Figure 4). Figure 4 : articulation coxo-fémorale, source :http://www.docteuraimard.com Dans notre cas c'est l'articulation de la hanche qui nous intéresse le plus. La hanche ou articulation coxo-fémorale permet la jonction entre le tronc et le membre inférieure. Cette articulation concerne l'os coxal et le fémur. Elle est très stable du fait de l'emboitement important du fémur dans la cotyle. Elle est entourée par de nombreux muscles puissants (les quadriceps, les ischios-jambier, les adducteurs, les abducteurs) et des ligaments. La hanche peut être mobilisée dans tous les sens. Elle peut donc avoir des mouvements différents : la flexion, l'extension, l'abduction, l'adduction et la rotation interne et externe. Lors du saut écart les mouvements utilisés sont la flexion de la hanche pour la jambe avant et l'extension de la hanche pour la jambe arrière. L'amplitude moyenne de flexion de la hanche est de 90° genou tendu et 120° genou fléchit (figure 5). Pour l'extension, l'amplitude est bien plus faible avec jambe tendue10° (Ferré et Leroux, 2009) (Figure 6). 12 Figure 5 : angle d'extension de la hanche Figure 6 : angle de flexion de la hanche source :http://entrainement-sportif.fr Les muscles Le tissu musculaire est l'un des tissus les plus présent dans le corps humain. Il possède une capacité contractile qui permet à l'individu de se mouvoir. Nous pouvons compter plus de six cents muscles. Nous possédons trois types de muscles : squelettiques, lisses et cardiaques. Ce sont les muscles squelettiques qui sont à l'origine du mouvement. Ils recouvrent les os et s'y attachent. Les muscles possèdent plusieurs propriétés qui lui permettent d'être à l'origine du mouvement.(Seguy,1984) : – Contractilité : la stimulation du muscle permet sa contraction. C'est cette propriété qui est à l'origine du rôle moteur. – Extensibilité : le relâchement des fibres musculaires permet aux muscles de s'étirer. – Elasticité : c'est la capacité du muscle à reprendre sa longueur initiale après qu'il est subit une tension. – Excitabilité : c'est la capacité du muscle à réagir lors d'une stimulation. Le muscle squelettique est essentiellement composé de fibres musculaires. Elles sont les plus longues de l'organisme. Ces cellules sont capables de se contracter sous l'effet de stimulus. Les fibres sont composées de nombreuses myofibrilles. Elles sont allongées et cylindriques (figure7). Ce sont les éléments contractiles de la fibre musculaire. Elles sont composées d'une alternance de bandes claires et sombres. 13 Figure 7:anatomie du muscle squelettique, Image adaptée de McGraw, Jean-Christophe Dominique, 2009 Il y a plusieurs structures qui sont touchées par les étirements. Selon Proske et Morgan en 1999, ces structures sont : – le tissu conjonctif : c'est le tendon et tous les éléments élastiques qui entourent le muscle (Huijing, 1994). Le tissu conjonctif comprend tout ce qui entoure les fibres musculaires, les enveloppes musculaires, les aponévroses et le tendon. Trois couches de tissus conjonctif concernent le muscle : l'épimysium autour du muscle, le périmysium autour des faisceaux et l'endomysium qui entoure les myocytes. – La titine :c'est une protéine qui est destinée à ramener le sarcomère dans sa position de référence après un allongement. Elle permet aussi de maintenir l'alignement entre la myosine et l'actine. – les ponts d'actine-myosine : les ponts d'actine-myosines sont à l'origine de la tension sur le muscle. Lorsque un pont se défait un autre se reforme. C'est la base du tonus musculaire. Effets des étirements sur la performance : Effets négatifs De nombreux scientifiques se sont penchés sur les effets qu'ont les étirements sur la performance. Les résultats de leurs recherches montrent que l'étirement musculaire diminue la performance dans plusieurs domaines dont la force et la vitesse. La littérature scientifique montrent que la force, la vitesse et la détente diminuent 14 quand des étirements sont réalisés lors de l'échauffement. Ainsi, la réalisation de 15 minutes d'étirements des fléchisseurs et des extenseurs de la hanche en alternance avec des sprints de 40m augmente le temps de course de 0,14s sur cette distance ( Wieman & Klee, 2000). La pratique des étirements avant un exercice de vitesse provoque une diminution de la performance. L'effet observé sur la vitesse est aussi présent sur d'autres facteurs. La force est diminuée par des étirements avant la réalisation de la performance . Leur pratique prolongée sur un muscle diminue l’activation et la force contractile. Ainsi, trente minutes d'étirement passif maximal sur un muscle diminue de 25% sa force. Cette diminution est encore présente une heure après. C'est la force contractile que l'on récupère le moins vite (Fowles et coll., 2000). Les effets de diminution de la force après la réalisation d'étirements statiques s'observent aussi à la suite d'une technique dynamique. En effet, Kokkonen et coll en 1998 réalise deux protocoles consistant en la réalisation d'étirements passifs pour le premier et d'étirements dynamiques pour le second. La réalisation de ces deux échauffements est suivie à chaque fois d’un test à une répétition maximale appliquée aux muscles extenseurs et fléchisseurs du genou. Ce test montre une diminution des performances de force maximale lors de la réalisation des deux protocoles par rapport au groupe témoin qui n'a réalisé aucun étirement. Après avoir vu les effets néfastes que des étirements, qu'ils soient dynamiques ou passifs ont sur la performance, nous pouvons dire que les étirements à l'échauffement avant la réalisation d'une épreuve de force ou de vitesse sont fortement déconseillés. Effets positifs Contrairement aux effets négatifs des étirements qui sont visibles à court terme, les effets positifs sont plutôt visibles à long terme. Handel et coll. (1997), ont mis en place un protocole d'étirement pour mettre en avant les effets positifs des étirements sur les muscles. Ce protocole consiste en la réalisation de 10 minutes d'étirement de type contracté relâché, trois fois par semaine pendant huit semaines. Le travail se fait sur les muscles extenseurs et fléchisseurs de la jambe de façon unilatérale. L'autre jambe sert de témoin de l'évolution. Ils ont observés chez les sujets une augmentation de la souplesse active et passive jusqu'à 6,3 ° (Tableau 1), du moment de force jusqu'à 21,6% et de la production de travail musculaire jusqu'à 12,9%. 15 Tableau 1 : Augmentation de l'amplitude de mouvements de l'articulation du genou réalisé de manière active et passive après une travail en contracté relâché (moyennes degrés), d'après Handel & coll, 1997. Ce gain d'amplitude permis par les étirements est important dans la gymnastique et surtout dans les sauts dont la réalisation nécessite une amplitude maximale lors de leurs réalisations. L'amplitude devient même un facteur de la performance car plus elle est grande moins les pertes de points sont importantes. Les étirements ont aussi un effet sur le relâchement musculaires (Guissard et coll, 1988). Selon eux, l'excitabilité des muscles diminue avec l'augmentation de l'amplitude de l'étirement (figure8). Figure8 : Évolution de l'excitabilité des motoneurones en fonction de l'amptitude, (d'après Guissard et coll, 1988) Techniques d'étirement : Les étirements dynamiques et statiques sont fondamentalement différents du fait qu'il y ait des mouvements d'élan ou non qui permettent d'arriver à la plus grande amplitude articulaire. Il existe de nombreuses techniques d'étirements comme le statique, le dynamique, le statique actifs, le contracté relâché ou les étirements balistiques ( Dellal, 2008) . Il faut faire une distinction entre différents types de travail de la souplesse. La présence d'une contraction musculaire consiste en un travail actif. A l'inverse, l'absence de contraction est un travail passif. Lorsque nous utilisons le poids du corps ou une aide extérieure pour augmenter l'amplitude nous travaillons en souplesse passive. Il faut aussi 16 distinguer la souplesse statique et dynamique. La différence se fait sur la présence ou l'absence d'un mouvement d'élan. Les battements très utilisés en gymnastique sont des mouvements d'étirements dynamiques. (Prevost, 2002). Étirements dynamiques actifs : Les étirements dynamiques sont réalisés par à coups. Ils consistent à donner des mouvements d’élan au membre pour qu'il arrive dans une position qui produit un étirement du muscle. Ce type d'étirement comprend une contraction volontaire des muscles car il est de type actif (Alter,1996). La tension maximale sur le muscle est atteinte à la fin du mouvement de battement, la force d'inertie du membre augmente aussi l'étirement. Les battements, les balancés de bras ou encore les talons fesses sont considérés comme des étirements dynamiques. C'est un type d’étirement qui amène le muscle dans des situations de tension qui se rapprochent de la pratique sportive. Les étirements dynamiques sont très utiles dans la phase finale de l’échauffement. Ils permettent de continuer à augmenter la température musculaire et donc de préparer le muscle à l’effort. Leur réalisation est cependant plus risquée que celle des étirements statiques. Les mouvements par a-coups peuvent provoquer des lésions musculaires. Ce type d'étirement développe une grande vitesse, il est nécessaire de maîtriser cette vitesse pour ne pas se blesser. Étirements statiques passifs : L'étirement est effectué par l'action d'une force externe sur le muscle allongé par la flexion d'un partie du corps, la pesanteur ou l'action d'une personne externe. Il consiste à maintenir une position un temps donné sans contraction musculaire (Alter, 1996). Il est relativement long entre 10 secondes et plusieurs minutes. Ce type d'étirement est utilisé pour la récupération sous une forme courte et participe à un gain d'amplitude pour les plus longs. Cette méthode d'étirement consiste à prendre une position articulaire correcte qui va provoquer un étirement. Cet étirement doit être progressif et le plus lent possible pour éviter l'intervention du réflexe myotatique. Il faut aller jusqu'à un seuil de tension légère sans arriver à un seuil de douleur trop élevé puis maintenir pendant 10 secondes au minimum car après 10 secondes la tension musculaire diminue. Le temps de maintien idéal 17 pour ce type d'étirement se situe entre 15 et 30 secondes. Dans ce type d'étirement passif, il y a une mise en tension des muscles, des tendons et des capsules articulaires. Nous recherchons la chute du tonus musculaire afin de permettre un étirement maximal. Le plus souvent c'est le propre poids de l'athlète qui permet l'étirement. Mais il est aussi possible d'exercer une force extérieure pour aider à réaliser l'étirement. Relation entre les étirements dynamique actifs et statiques passifs La souplesse passive est la souplesse dynamique, ne sont pas de même amplitude. En effet, lors de l'exécution d'un étirement passif, l'amplitude est supérieure à celle d'un mouvement exécuté de manière dynamique. La différence d'amplitude entre les deux types d'étirements est la réserve de mobilité (Frey, 1977). Cette réserve montre la marge de progression possible lors de la réalisation de ce mouvement. L'atteinte de la même souplesse lors d'un travail actif et dynamique est possible à condition de travailler de manière dynamique afin de renforcer le muscle agoniste et de permettre un étirement de l'antagoniste. Problématique et hypothèse : Le saut écart est un élément qui mélange souplesse, force et vitesse. C'est une réalisation purement dynamique d'un élément de souplesse (le grand écart antéropostérieur). Il nécessite la contraction rapide de différents muscles des membres inférieurs (i.e. Grand fessier, psoas iliaque, quadriceps et ischio-jambiers). Afin d'avoir la réalisation optimale de l'élément, il faut trouver le bon compromis entre souplesse pour atteindre l'écart exigé à 180° et vitesse et force de contraction qui permettent de réaliser l'écart de manière dynamique. Or, nous avons vu que selon la littérature scientifique (Wieman & Klee, 2000, Fowles et coll, 2000, Kokonen, 1998), les étirements ont des effets négatifs sur la vitesse et la force de contraction. Leur utilisation durant l'échauffement en est même très fortement remise en question. Mais l'utilisation d'amplitudes articulaires extrêmes lors de la réalisation d'élément gymnique rend leur présence indispensable à la réalisation d'une performance en gymnastique. Par conséquent, notre objectif est de trouver la technique d'étirement qui, entre le statique passif et le dynamique actif diminue le moins les performances de force et de 18 vitesse. Cette technique, sera celle qui permettra d'atteindre l'écart de jambe le plus important avec la plus grande efficacité. Les étirements dynamiques mis en place sous la forme de battement avant la réalisation du saut écart sont-ils plus efficaces qu'un travail d'étirements statiques passifs, c'est à dire permettent-ils une plus grande amplitude du mouvement ? La réalisation de ce protocole expérimental doit permettre la mise en place d'un échauffement plus efficace pour le saut écart. Le travail dynamique semble être le plus proche de l'élément car il provoque des contractions musculaires similaires à celles recherchées lors de l'exécution. Les étirements passifs provoquent quant à eux une chute du tonus musculaire qui privilégie l'amplitude du geste mais diminue l'efficacité des contractions. Ainsi, Nous formulons l'hypothèse que les étirements dynamiques actifs permettent d'accéder à une plus grande amplitude de mouvements que des étirements statiques passifs lors de la préparation à la réalisation du saut écart. Protocole Méthode Sujets Le protocole est réalisé sur 8 gymnastes de niveau inter-régional. Elles s'entraînent en moyenne 6,4 heures (±0,97) par semaine. Chacune de ces gymnastes doit avoir un saut avec un écart de 180° dans son mouvement de compétition. Ceci est le cas dans les imposés pour les plus jeunes et dans le libre pour les plus âgés. Elles ont eu connaissance du protocole et ont donné leur consentement. Le dispositif matériel Ce protocole nécessite peu de matériel. Nous plaçons un repère (caisse de 63 cm de haut) près de la gymnaste afin d'avoir une mesure de référence à rentrer dans le logiciel pour effectuer les relevés de vitesse. Une caméra est utilisée pour filmer les sauts, cette caméra est celle d'un portable Nokia E5 caméra de 5 mégapixels. Le logiciel utilisé pour les mesures est kinovéa. 19 Variables étudiées Variables indépendantes Le type d'étirement change à chaque protocole. Après l'échauffement général qui est le même dans les deux expérimentations, les sujets réalisent deux types d'étirements : – statiques dans le premier protocole – dynamiques dans le second Variables dépendantes L'angle d'écart lors de la réalisation du saut ainsi que les vitesses des jambes avant et arrière lors de la réalisation du saut sont les variables dépendantes. Analyses statistiques Le nombre de gymnaste ayant participé à cette expérience est de huit. Nous choisissons un risque de 5% pour vérifier la significativité des données. Nous allons tester deux hypothèses. La première hypothèse est H0 « il n'y a pas de différence significative entre les variables observées ». La seconde est H2 « il y a une différence significative entre les variables observées ». Avec une population plus importante, nous aurions du vérifier la normalité de la distribution et l'homogénéité des valeurs pour pouvoir effectuer un test T student pour données appariées. Mais le faible nombre de sujet nous oblige à prendre un test nonparamétrique. Le test de Mann-Whitney a été utilisé pour la comparaison des moyennes. Les tests non-paramétriques sont moins puissants et donc les résultats seront moins précis. Nous avons utilisé le logiciel Mini-tab pour les analyses statistiques. Nous effectuons aussi un test de corrélation afin de voir s'il y a une relation entre la vitesse et l'angle d'écart du saut. Le protocole Le protocole consiste à réaliser une séquence de 5 minutes d'étirements passifs statiques après un échauffement général de 10 minutes. Puis nous filmons la réalisation d'un saut écart. Une semaine plus tard, nous réalisons le même échauffement général mais suivi de 5 minutes d'étirements dynamiques actifs puis nous filmons à nouveau un saut. 20 L'échauffement général La réalisation des deux protocoles est précédé d'un échauffement général qui est exactement le même pour les deux types d'étirements. Cet échauffement est d'une durée de 10 minutes et comprend une activation cardio-respiratoire, une mobilisation articulaire par divers déplacements, un échauffement spécifique. – activation cardio-respiratoire : Cette première partie de l'échauffement comprend une alternance de gammes de course après trois minutes de course dans la salle. Elle a une durée de 5 minutes. Les exercices s'effectuent dans la diagonale du praticable et les gymnastes trottinent sur les longueurs. Cet échauffement comprend des montées de genoux, des talons fesses, des courses jambes tendues en avant et en arrière, des courses arrières, et différents types de bondissements (1 ou 2 pieds). – Échauffement articulaire : La seconde partie de l'échauffement correspond à une mobilisation articulaire. Cette mobilisation est permise par différents déplacements. Cet échauffement articulaire se fait de haut en bas. Chaque exercice s'effectue sur une traversée de diagonale du praticable. La mobilisation des articulations commence par des tours de tête, puis des cercles de bras en effectuant en même temps des pas chassés. Pour la mobilisation des poignets les gymnastes traversent ensuite le praticable en marchant en fermeture avec des rotations de poignets et une traversée en quadrupèdie le ventre orienté vers le plafond. Enfin pour mobiliser les articulations et les muscles des jambes elles effectuent une traversée en flexion extension, une en marche accroupie et enfin une dernière en saut accroupi. – Échauffement spécifique : La dernière partie de l'échauffement consiste en une suite d'exercices et d'éléments de bases en gymnastique. Elle commence par des diagonales de praticable en roulades avant et roulades arrière enchaînées sans arrêt. Puis un travail sur les roulades avant avec différentes façon de se relever : sans les mains, en fermeture jambes tendues et en passage grand écart. Après cela il s'agit de faire des appuis tendus renversés (ATR), puis ATR avec une impulsion épaules. Les derniers exercices consistent en une évolution de la roue jusqu'à la rondade. 21 Protocole passif statique Après avoir réaliser l'échauffement de 10 minutes les gymnastes passent aux étirements. La première session du protocole consiste à faire du statique passif. Chaque position est maintenue 30 secondes par côté. Il y a cinq étirements dans ce protocole. Ils concernent les muscles mis en action lors du saut écart (tableau 2) Tableau 2 : étirements statiques passifs dessin Se placer sur le genou de la jambe Étirement des arrière fléchie à un angle de 90°. La ischiojambe avant est tendue, le dos est droit. jambiers Se pencher sur la jambe avant Étirement du grand fessier Couché sur le dos une jambe tendue. Ramener une jambe vers la poitrine. Laisser le bassin collé au sol Couché sur le ventre, une jambe tendue, Étirement du l'autre fléchie. Ramener le talon sur la quadriceps fesse. Si il n'y à pas d'étirement soulever légèrement le genou Réaliser un grand écart, le talon de la Grand écart jambe arrière vers le haut et le talon de la jambe avant tourné vers le bas. Répétitions Maintenir 30 secondes par jambe chaque position Durée 5 minutes Situation Se placer en fente basse, la jambe avant Étirement du fléchie, arrière tendue. Le pied de la psoas iliaque jambe avant est en avant du genou. et du Soulever le genoux et pousser le bassin quadriceps vers le sol Objectifs Après avoir réalisé l'ensemble des étirements chaque participante réalise un saut écart qui sera filmé. Protocole dynamique actif Lors d'une autre séance de test, nous effectuons le même échauffement de quinze minutes puis les sujets pratiquent des étirements dynamiques actifs. Cela consiste à faire des battements de jambes. Ces mouvements provoquent des contractions musculaires très proches de celles qui ont lieu au moment du saut écart. Il y a cinq exercices de battements, ils se réalisent à vide ou avec une résistance élastique (tableau 3). 22 Tableau 3 : étirements dynamiques actifs Étirement dynamique Durée 5 minutes Objectifs Situation dessin Répétitions Battements allongé Au sol sur le ventre, les bras sur le côté. La jambe de terre tendue, réaliser des battements avec une jambes à amplitude maximale en gardant le bassin et l'autre jambe au sol Battements avec élastique Au sol sur le dos, la jambe de terre tendue, ramener rapidement la jambe tendue vers le sol. L'autre jambe reste au sol 10 battements de chaque jambes Au sol sur le dos en appui sur les coudes. La jambe de terre tendue, ramener rapidement la jambe tendue vers le visage. L'autre jambe reste au sol Debout, les mains sur les espaliers, bras tendus, réaliser des battements vers l'arrière jambes tendues Battements saut écart Debout, réaliser un battement avant avec une jambe et un battement arrière avec l'autre jambe 5 répétitions puis inverser les jambes Après la réalisation de la dernière série de battements, les sujets réalisent un saut écart qui sera filmé afin de réaliser les mesures. Résultats Après avoir filmé le saut écart nous avons calculé les moyennes de chacune des variables. Puis nous avons effectué le test de Mann-Whitney. Le tableau 4 présente l'ensemble des résultats de l'expérimentation avec les médianes, les écarts types et la valeur de p. Tableau 4: récapitulatif des résultats passif dynamique Vitesse jambe avant Vitesse jambe arrière Angle moyenne en ° p moyenne en m/s p moyenne en m/s p ±0,54 148,75 ±15,15 3,69 3,47 ±0,44 0,6365 0,3184 0,3184 151,75 ±16,18 3,96 3,64 ±0,52 ±0,7 23 Effets du type d'étirement sur l'angle d'écart L'échauffement suivi d'étirements statiques donne le plus souvent un écart moins important que l'échauffement dynamique (figure 9). Il n'y a qu'un seul sujet (E) dont l'angle d'écart après le premier protocole est supérieur au second. La moyenne du protocole passif est de 148,75° (±15,15) alors que pour le dynamique, elle est de 151,75° (± 16,18). Angle du saut écart 180 170 angle en degré 160 150 angle après passif angle après dynamique 140 130 120 110 100 A B C D E F G H sujets Figure 9 : différence d'angle lors du saut écart après le protocole passif et dynamique (en degré) Selon le test statistique de Test de Mann-Whitney effectué, cette différence n'est pas significative pour une seuil de significativité de 0,05 ( p= 0,6365). Nous considérons donc qu'il n'y a pas de différence entre les protocoles statiques et dynamiques en ce qui concerne l'angle d'écart. Effets du type d'étirement sur la vitesse de battement des jambes Vitesse de la jambe avant La moyenne des résultats pour la vitesse de la jambe avant est de 3,69 m/s (±0,54) pour le passif et de 3,96m/s (±0,52) en dynamique. Pourtant, lorsque l'on observe les valeurs individuelles, trois sujets ( A, D et E) soit 42,8% de la population ont une baisse de la vitesse (figure 10). Nous effectuons alors un test statistique de Mann-Whitney. Ce test ne montre pas de différence significative pour un seuil de significativité de 0,05 ( p= 0,3184). La vitesse de battement de la jambe avant est la même dans les deux protocoles. 24 Vitesse de la jambe avant 5 4,5 Vitesse max après passif Vitesse max après dynamique vitesse en m/s 4 3,5 3 2,5 A B C D E F G H sujets Figure 10 : différence de vitesse de battement de la jambe avant lors du saut écart après le protocole passif et dynamique (en m/s) Vitesse de la jambe arrière En ce qui concerne la vitesse de la jambe arrière, la moyenne des résultats pour la vitesse est de 3,47 m/s (±0,44) pour le passif et de 3,64 m/s(±0,7) pour le dynamique. Cette fois, seul 2 sujets ( A et E) soit 28,6% de la population voient une diminution de la valeur absolue de la vitesse de la jambe arrière (figure 11). Nous effectuons le même test que précédemment. Les résultats de la jambe arrière donne le même résultat (p= 0,3184). Il n'y a donc pas de différence significative entre la vitesse de la jambe arrière après le protocole passif et la vitesse après la méthode dynamique. Vitesse de la jambe arrière 5 vitesse en m/s 4,5 4 Vitesse après passif Vitesse après dynamique 3,5 3 2,5 A B C D sujets E F G H Figure 11 : différence de vitesse de battement de la jambe arrière lors du saut écart après le protocole passif et dynamique (en m/s) 25 Relation entre la vitesse des jambes et angle du saut écart Nous ne pouvons pas mettre en avant une réelle relation entre la vitesse de battements des jambes et l'angle que la gymnaste atteint en saut écart. La seule relation qui est remarquée c'est entre la vitesse de la jambe avant et l'angle après le protocole passif. Un test de corrélation nous donne un p de 0,04. Il y a donc une relation linéaire entre les deux facteurs. La vitesse de la jambe arrière n'a pas de lien avec l'écart ( p=0,831). Enfin pour le protocole dynamique, aucune relation n'existe entre le battement de la jambe avant et l'angle (p=0,234). Il en est de même pour la jambe arrière (p=0,936). Discussion L'objectif de notre étude est de montrer que les étirements dynamiques sont plus efficaces que les statiques pour la préparation du saut écart en gymnastique artistique. Ils devaient permettre d'atteindre un écart plus important car la méthode dynamique permet un travail avec des contractions musculaires proches de l'élément à réaliser. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons effectué un échauffement général suivi d'un protocole d'étirements passifs puis lors d'une séance différente le même échauffement mais avec une technique dynamique. D'après McMillian et coll. (2006), les étirements dynamiques permettent de meilleures performances en force et agilité que le statique. Les résultats de notre expérimentations tendent à montrer qu'il n'y a pas de différences significatives entre les deux protocoles et ceux aussi bien pour l'angle d'écart que pour la vitesse des jambes. Les résultats sont différents de ce que l'on attendait. Il nous reste à voir les raisons pour lesquelles les différences que McMillian et coll. (2006) ont observé sur des tests de force et d'agilité, ne se retrouvent pas sur le saut écart. En effet, le saut éart en plus d'un travail en grande amplitude nécessite de la force et de la vitesse. Relation entre angle et vitesse. Nous n'avons pas trouvé de relation entre la vitesse de battement des jambes et la vitesse. La seule relation mise en avant est celle de la vitesse de la jambe avant et de l'angle après le protocole passif. De plus la technique dynamique ne permet pas une meilleure vitesse que la dynamique et ceci aussi bien pour la jambe avant que pour la jambe arrière. 26 Nous pouvons en conclure que ce n'est pas la vitesse des jambes qui permettrait une meilleure performance en saut écart. La vitesse de jambe ne jouerait donc pas un rôle aussi important que nous le pensions dans la réalisation d'un saut écart. Il faut donc trouver d'autres facteurs à améliorer pour augmenter sa performance. Relation entre l'angle du grand écart et celui du saut écart Lorsque les sujets réalisent un saut écart ne peuvent pas aller au-delà de l'angle qu'ils arrivent à atteindre en grand écart au sol. Ceci place une limite au niveau de l'angle articulaire. L'angle atteint lors du saut écart est même inférieure à celui atteint en statique (Frey, 1977). Nous pouvons distinguer 3 cas : – Lorsque l'angle atteint lors du saut écart est très proche de celui du grand écart au sol, le seul moyen d'augmenter l'angle du saut est l'amplitude de l'angle du grand écart car la réserve de mobilité (écart entre passif et dynamique) est très faible. C'est le cas chez le sujet H. Son angle de grand écart est de 180°quand celui du saut est de 174° en passif. La réserve de mobilité est faible (6°). La manière d'augmenter l'angle du saut serait d'augmenter l'angle de son grand écart avec un travail en contre haut par exemple. – Au contraire, lorsque l'angle du saut est inférieur à celui du grand écart, comme c'est le cas pour le sujet D, l'étirement dynamique permet de réduire cet écart. En effet, l'angle de grand écart du sujet D est de 180° alors que celui du saut écart après le protocole passif est de 157°. La réserve de mobilité est importante (23°). La réalisation du protocole dynamique permet d'augmenter l'écart de 11° pour atteindre 168°. Dans ce cas, l'utilisation d'une technique dynamique serait plus efficace qu'une technique passive. – Enfin, certaines gymnastes participant à l'expérimentation ont un angle de saut écart nettement inférieur à celui du grand écart. Dans ce cas la, le manque de force doit être la principale cause du faible écart de jambe. Le sujet B a un grand écart à 180° son saut écart après le passif atteint 130° quand celui après le dynamique n'est guère plus élevé avec 132°. La réserve de mobilité est élevée avec environ 50°. Ce type de sujet nécessiterait un travail de renforcement des muscles concernés dans l'écart (psoas-iliaque, droit antérieur. grand fessier et les ischio-jambiers). Ce renforcement devra s'effectuer dans les angles articulaires nécessaires. 27 La réserve de mobilité et la force joueraient alors un rôle important dans la réalisation d'un saut écart et ceci plus que la vitesse ou le type d'étirement pratiqué. Augmentation de l'angle et jugement en gymnastique artistique féminine. L'angle du saut écart est très important en gymnastique. C'est un saut qui est très vite pénalisé (Figure 12). Il n'est pas pénalisé uniquement lorsque son angle est supérieur ou égal à 180°. Pour un angle inférieur, les pénalités augmentent en fonction de la diminution de l'écart et ceci jusqu'à la non reconnaissance de l'élément. La gymnastique est une discipline qui est jugée sans système vidéo. La durée d'un saut écart est inférieure à une seconde. Il est donc difficile de dicerner des faibles différences au niveau de l'écart. Il est facile de faire la différence entre un écart à 180° et un à 160° ainsi que de voir un angle inférieure à 135°. Ces angles sont les repères essentiels pour le jugement. Mais faire la différence entre des écarts infimes comme dans nos résultats est très difficile. Figure 12: exigence concernant les éléments gymniques avec écart de jambes à 180° Même si nous avions obtenus des résultats avec une différence significative entre les deux techniques nous n'aurions pas pu affirmer que cette différence aurait pu être retranscrie dans le jugement. 28 Conclusion et perspectives Cette étude a pour objectif de mettre en avant le fait que les étirements dynamiques permettent une meilleure réalisation du saut écart qu'une technique de préparation basée sur des étirements passifs. Les étirements ont des effets néfastes sur la performance. Ils diminuent notamment les performances en vitesse (Wieman & Klee, 2000). Les différences entre les deux techniques doivent se voir au niveau de la vitesse de battement de la jambe avant et de la jambe arrière ainsi que sur l'angle de l'écart du saut. L'efficacité de la technique dynamique par rapport à la statique a déjà été mise en avant par McMillian et coll.en 2006. Cependant, au terme de cette étude, nous avons vu qu'il n'y a pas d'amélioration du saut écart avec une technique d'étirement dynamique. En effet, les tests statistiques effectués ne montrent aucune différence entre le statique et le dynamique. Cette conclusion est la même pour les vitesses de battements des jambes avant et arrière. Il n'y aurait donc pas d'incidence si les gymnastes effectuent des étirements passifs avant une compétition où elles devront réaliser des sauts écarts. De plus il faut une différence très significative pour que la technique d'étirement ait un effet sur la notation car le saut écart est très rapide et le jugement se fait au visuel et non avec un système vidéo. Nous avons également recherché une relation entre la vitesse et l'angle réalisé lors du saut. Cette relation n'a pas pu être mise en avant si ce n'est un lien entre la vitesse de la jambe avant et les angles après le protocole passif. Ce ne serait donc pas la vitesse de jambe qui serait déterminante dans la réalisation de ce saut. Les résultats obtenus nous amènent à rechercher un autre facteur de la performance pour le saut écart. Cet élément nécessitant de nombreuses contractions musculaires, c'est la force qui peut améliorer cette dernière. Il nous faudrait mettre en place un travail de renforcement musculaire qui soit en relation avec le saut. Ce travail devrait être effectué dans les angles articulaires demandés par l'élément. De plus, il faudrait associer ce travail à un gain d'amplitude au niveau de l'écart pour augmenter la réserve de mobilité des gymnastes afin qu'elles aient la plus grande marge de progression possible. Le saut écart est un élément qui peut être amélioré par un travail sur le long terme. Les techniques d'étirements utilisées dans nos protocoles visaient une amélioration sur le court terme. 29 La faible population présente dans cette expérimentation nous oblige à faire des tests non-paramétriques. Ces tests sont moins puissants que les paramétriques. Il serait donc intéressant d'effectuer à nouveau cette étude sur une population plus importante afin de voir si les résultats seraient différents. Dans l'avenir, il serait interessant de mettre en place cette technique de renforcement musculaire et de l'associer aux assouplissements afin d'améliorer les performances de chacune sur le saut écart. Cette technique pourrait être évaluée en filmant régulièrement les sauts pour mesurer les angles d'écart. De plus cette techniques pourrait être testée sur différentes populations d'âges de gymnaste afin de permettre un travail du saut êcart chez les jeunes gymnastes. En effet, ce saut est présent dès la catégorie poussine et concerne donc aussi des enfants de 7 à 9 ans. 30 Bibliographie 1. Alter MJ. Science of flexibility (2nd edition). Older edition. Human Kinetics Publishers ; 1996 2. Cometti G. Les limites du stretching pour la performance sportive. 1ère partie :« Intérêt des étirements avant et après la performance ». http://entrainementsportif.fr/stretchingfin.pdf 2002; 3. Beuzelin D, Delannet M. L’Acrosport ; une innovation en milieu scolaire. Edition Chatenay Malabry; 1988. 4. Dellal A. Stretching et activités sportives. Dans: De l’entraînement à la performance en football. Edition de Boeck 2008 p. 82 – 132. 5. Dominique JC. Amélioration du taux de greffe de cellules myogéniques pour la dystrophie musculaire de Duchenne. Surexpression du récepteur à l’IGF-1 sur des cellules humaines et utilisation du facteur de croissance MGF. Université de Laval 2009 6. Fédération française de gymnastique. 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