BMCTTM – FACTEURS DE VARIABILITE DE LA REPONSE AUX TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX (4) -
Pharmacogénétique
On a ici l'exemple d'un déficit enzymatique d'origine génétique qui à l'état normal ne parle pas (l'individu vit
normalement) mais si l'individu est exposé aux fèves ou à certains médicaments il va avoir des effets
indésirables (plus ou moins importants). La source de variabilité peut donc diminuer l'efficacité d'un
phénomène mais peut aussi être à l'origine d'une toxicité.
II. Cas clinique n° 1 :
Un patient de 62 ans (antécédent de cancer) était fatigué depuis trois jours : fatigue, dyspnée, fièvre et toux
(encombrement respiratoire). On lui fait une radio et une gazométrie, à l'examen on trouve :
-Pneumopathie bilatérale inférieure (infection pulmonaire)
-PaO2 : 56 mmHg et normocapnique (= taux normal de PCO2)
Après un lavage broncho-alvéolaire, on trouve des mycoses dans le liquide bronchique.
Le traitement prescrit correspond à de la Ceftriaxone (antibiotique de la famille de la pénicilline),
clarithromycine (antibiotique macrolide), voriconazole (imidazolée, agent antifongique), codéine (molécule
extraite de l'opium ayant des propriétés morphiniques assez faibles mais elle est ici utilisée comme antitussif).
Aggravation à J4 de l'hospitalisation :
-Coma (Glasgow 6 → Intubation, ventilation)
-Hypoxémie (sa quantité d'oxygène dans le sang a encore baissé), hypercapnie sous O2
-Créatininémie (182 µmol/L→ cette valeur augmentée traduit une insuffisance rénale).
On injecte de la naloxone qui est un antidote de la morphine et on observe une amélioration très rapide avec
une meilleure respiration.
La codéine est un antitussif dérivé du pavot. Elle est chimiquement différente de la morphine, mais elles ont des
propriétés communes (par exemple lutter contre la toux). La codéine va être éliminée dans le foie par deux
voies enzymatiques :
-La voie du CYP3A4 qui est très majoritaire → Dégradation de la codéine en norcodéine et en codéine-
6-glucuronide avec une élimination dans les urines.
-Une voie annexe d'élimination par le CYP2D6 qui transforme la codéine en morphine.
Normalement, on transforme très peu de codéine en morphine, l'effet sédatif ressentit pour la codéine est donc
beaucoup plus faible (10 fois moins important) que si on prenait de la morphine.
Pourquoi le patient s'est-il retrouvé avec une quantité anormalement importante de morphine ? Et pourquoi
celle-ci a-t-elle abouti à une dépression respiratoire ?
Parmi les médicaments donnés, deux inhibent le cytochrome 3A4. La codéine a donc été éliminée par la voie du
CYP2D6 et transformée en morphine. Cette morphine va être éliminé sous forme conjuguée et l'insuffisance
rénale (qui s'est déclarée suite aux conséquences de l'infection notamment) va entraîner une perte de
l'élimination de la morphine-6-glucuronide. Or la morphine-6-glucuronide a une activité morphinique. Le
patient a donc fait une overdose avec de la codéine !!!
Nous ne somme pas tous porteurs du même cytochrome CYP2D6, certains ont un CYP2D6 qui ne fonctionne
pas ou quasiment pas (inefficace sur la codéine), d'autres un CYP2D6 qui est normal et enfin certains ont un
CYP2D6 très performant (super efficace ou métabolisme utltra rapide comme c'était le cas du patient, l'effet est
alors immédiat et les effets indésirables sont aussi rapidement ressentis). Notre patient présente une mutation
génétique sur le CYP 2D6 qui fait qu'il est beaucoup plus actif que dans la population normale.
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