Arithmétique
Robert Rolland et Patrick Soubeyrand
24 juillet 2008
1 Divisibilité dans Z
1.1 Définition
Définition 1.1 Soit aet bdeux éléments de Z. On dit que aest divisible par bou
encore que aest un multiple de b, s’il existe un élément kde Ztel que a=kb.
Dans ce cas on note b|apour " bdivise a".
Exemples: 3 divise 18, -13 divise 39, -4 divise -16, 7 ne divise pas 22.
1.2 Diviseurs d’un entier
La divisibilité est associée à la relation d’inclusion. Si on note D(a)l’ensemble
des diviseurs d’un entier a, on a l’équivalence suivante :
a|b⇔ D(a)⊂ D(b).
On a aussi les propriétés immédiates suivantes :
i)pour tout adans Z,1|a, 1|a, a |a, a|a.
tout entier a des diviseurs ( au moins deux : 1 et -1).
ii)cas où a= 0 : pour tout entier b,0 = 0 ·b, donc b|0.
tout entier divise 0, donc D(0) = Z. En particulier 0|0.
iii)si 0|aalors a=k·0. Or k·0 = 0 donc a= 0.
0 ne divise que 0.
iv)si a6= 0 et si b|aalors il existe ktel que a=kb et k6= 0. Donc |a|=
|k|
|{z}
1
·|b| ≥ |b|, i.e. −|a| ≤ b≤ |a|.
tout entier non nul admet un nombre fini de diviseurs.
Exemple: D(12) = {−12,6,4,3,2,1,1,2,3,4,6,12}.
1
1.3 La propriété-clé
Proposition 1.2 Si un nombre divise aet balors il divise toute combinaison li-
néaire (en abrégé C.L.) ua +vb (uet vdans Z) de aet b. En particulier il divise
la somme et la différence de aet b.
Preuve. Soit a,b,ctrois entiers tels que c|aet c|b.
Il existe k1Ztel que a=k1cet il existe k2Ztel que b=k2c.
Donc ua +vb = (uk1+vk2)
|{z }
Z
c, et donc c|ua +vb.
Applications :
1) Soit un entier a. Quels sont les diviseurs communs à aet a+ 1 ?
La différence de ces deux nombres est 1, qui a pour seuls diviseurs 1 et -1.
Donc, pour tout a, les diviseurs communs à aet a+ 1 sont 1 et -1.
2) Montrer par récurrence que, pour tout nN,9n2nest divisible par 7.
- On a 9020= 0 qui est divisible par 7.
- Supposons 9n2ndivisible par 7. Alors 9n+1 2n+1 = 9n×92n×2 =
9n×(7 + 2) 2n×2 = 9n×7 + (9n2n)×2.Or 9n2nest divisible par
7 (H.R.), donc 9n+1 2n+1 est divisible par 7, puisqu’il est C.L. à coefficients
entiers de deux nombres divisibles par 7.
1.4 Autres propriétés
i)c|bet b|aimplique c|a.
ii)a|bet b|aimplique |a|=|b|.
iii)ac |ab et a6= 0 implique c|b.
Preuve. Pour ii):b=k1aet a=k2b.
- si aou best nul, alors forcément l’autre l’est aussi.
- sinon, ab =k1k2ab, donc k1k2= 1, donc k1et k2divisent 1, donc |k1|=|k2|= 1
et donc |a|=|b|.
2 La division euclidienne dans Z
2.1 Théorème
Théorème 2.1 Soit aun entier et bun naturel non nul. Il existe un unique couple
d’entiers (q, r)tels que
a=bq +r
rest soumis à la condition
0r < b.
2
Faire la division euclidienne de apar bconsiste à déterminer qet rappelés res-
pectivement le quotient et le reste de la division euclidienne.
Lorsque bdivise a,qest le quotient exact de apar bet r= 0.
Preuve du Théorème : on doit prouver, d’une part l’existence, et d’autre part
l’unicité, du couple (q, r).
Existence (de qet r).
1. On va d’abord supposer a0et on va donner un algorithme produisant les
nombres qet r. On l’appelle l’algorithme d’Euclide pour la divisioneuclidienne :
il consiste à faire des soustractions successives.
Commençons par un exemple : a= 46 et b= 15.
46 15 = 31
31 15 = 16
16 15 = 1
Le dernier reste 1 étant < à 15, on ne peut plus faire de soustraction, donc on
voit que le reste de la division, i.e. r, vaut 1, et comme on a fait 3 soustractions,
le quotient qvaut 3. On peut remarquer qu’en ajoutant membre à membre ces 3
égalités, il vient :
46 = 15 ×3 + 1.
À présent, à la lumière de cet exemple, mettons en place l’algorithme.
Supposons que l’algorithme ait commencé à travailler, i.e. qu’il ait déjà fait un
certain nombre de soustractions. Comment progresser?
On a besoin du dernier reste et du diviseur, ainsi que d’un compteur donnant le
nombre de soustractions déjà effectuées. D’où la création de trois boîtes notées R,
Bet Q:
R B Q
Dans l’exemple, après la première soustraction, il y aurait donc dans les boîtes :
R B Q
31 15 1
3
On avance en retranchant le contenu de la boîte Bà celui de la boîte R, puis en
ajoutant 1 au "compteur" Q. Ce qui donne sur l’exemple :
R B Q
16 15 2
Quand s’arrête-t-on?
On s’arrête dès qu’on ne peut plus faire de soustraction, i.e. quand le contenu de
la boîte Rest devenu < à celui de B.
Comment initialise-t-on?
En considérant acomme le premier reste et en mettant le compteur à zéro.
R B Q
ab0
Ce qui donnerait sur l’exemple :
R B Q
46 15 0
On en déduit l’algorithme suivant :
B:= b;
R:= a;
Q:= 0 ;
tant que RBfaire
début
R:= RB;
Q:= Q+ 1 ;
fin;
Pour montrer que cet algorithme fonctionne, i.e. qu’il produit effectivement les
entiers désirés qet r, nous allons faire un raisonnement très proche du raisonne-
ment par récurrence.
4
Intéressons-nous à la quantité B×Q+Ret au reste R. Nous allons montrer
que pendant tout le déroulement de l’algorithme, on a :
B×Q+R=aet R0.
À l’initialisation,
B×Q+R=b×0 + a=aet R=a0.
Plaçons-nous à présent dans la boucle et supposons qu’à l’entrée d’un tour de
boucle on ait :
B×Q+R=aet R0.
Pendant le tour de boucle, Rva être diminué de b, tout en restant positif, puisque,
si on est dans la boucle, c’est que Rb, tandis que Qva être augmenté de 1, si
bien que B×Qva être augmenté de bet qu’en définitive la valeur de B×Q+R
restera inchangée. Comme elle valait aà l’entrée du tour de boucle, à la sortie du
même tour on aura donc encore :
B×Q+R=aet R0.
Comme, à chaque tour de boucle, on retrouve à la sortie le même résultat qu’à
l’entrée, à savoir celui de l’initialisation, on a bien montré ce qu’il fallait.
De plus, en sortie de boucle, puisque Rn’est plus Bon aura finalement,
B×Q+R=aet 0R < B.
Ainsi, l’algorithme considéré produit bien les nombres désirés, et on a donc prouvé
l’existence du couple (q, r)lorsque aest 0.
2. Il reste à examiner le cas a < 0. Puisque a > 0, on effectue la division
euclidienne de apar b, ce qui nous donne un couple (q, r)tel que :
a=bq +ravec 0r < b.
- si r= 0, alors a=bq et donc le couple (q, 0) convient.
- sinon, a=b(q)r=b(q1) + br
|{z}
r
avec 0< r< b, donc le couple
(q1, b r)convient.
Exemple: a=17 et b= 5 :
17 = 5×3+2, donc 17 = 5×(3)2 = 5×(31)+52 = 5×(4)+3.
D’où : q=4et r= 3.
Unicité (de qet r).
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