
284 Hélène Grelier Deneux
Τοῦ ἐν ἁγίοις πατρὸς ἡμῶν Ἰωάννου ἀρχιεπισκόπου
Κωνσταντινουπόλεως τοῦ Χρυσοστόμου εἰς τὴν ἀνάληψιν τοῦ Κυρίου
ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ.131415
Θεία τις, ὡς ἔοικεν, ἡ παροῦσα πανήγυρις τὴν τοῦ Δεσπότου κατὰ
5 τοῦ θανάτου νίκην ἀνακηρύττουσα· καὶ πρὸς αὐτὴν ἥκομεν τὴν πα-
σῶν κορωνίδα τῶν ἑορτῶν. Νῦν γὰρ τέλος εἴληφε πάσης τῆς οἰκο-
νομίας ἡμῖν τὸ κατόρθωμα· καὶ τῆς τῶν ἐπινικίων ἑορτῆς ὁ παρὼν
καιρὸς ἥκει φέρων τὰ σύμβολα. Νυνὶ γὰρ εἰς οὐρανὸν ἀνήγαγεν ὁ
Δεσπότης «τῶν ἡμετέρων σωμάτων τὴν ἀπαρχήν». Ἐπάνοδον
10 τοίνυν δεσποτικὴν ἑορτάζομεν, καθ’ ἣν πρὸς τὰ οὐράνια τὴν ἡμετέραν
φύσιν μετέστησεν. Ἀνέστησε μὲν γὰρ τὸν ἑαυτοῦ ναὸν ὁ ἐνοικήσας
Θεὸς καὶ συνήγαγεν ἑαυτῷ τὸ οἰκεῖον ἔνδυμα ὁ τὸ αἰθέριον πέλαγος
περαιωσάμενος, τῇ μὲν θείᾳ φύσει διηνεκῶς τὰ πάντα πληρῶν, τῇ δὲ
κατὰ σάρκα οἰκονομίᾳ πρότερον μὲν ὑπὸ γῆν ἐλθὼν, ὕστερον δὲ μετὰ
13. C. Baur édite l’homélie avec le titre sous lequel elle a été transmise par les
manuscrits, en se fondant essentiellement sur le Parisianus. Suppl. gr. 480, soit le plus
ancien manuscrit (VIIIe s.).
14. L’expression κορωνίδα τῶν ἑορτῶν est pour le moins rare puisque le TLG ne
recense que l’emploi dans le présent texte. Chrysostome utilise l’expression κορωνὶς τῆς
εὐλογίας (Homélie 53, 3 sur la Genèse, PG 54, 468), mais aussi Socrate, Histoire
ecclésiastique, III, 15, 7 (κορωνὶς τῆς ἀνδρίας). Dans un sens très proche de notre
homélie, Jean Damascène emploie l’expression ἡ κορωνὶς τῆς τοῦ θεοῦ λόγου
σαρκώσεως comme synonyme de τὸ τῆς θείας οἰκονομίας κεφάλαιον, dans un contexte
de célébration de la Résurrection pour expliquer le sens du sabbat (Sermo in sabbatum
sanctum 4, 2, dans Die Schriften des Johannes von Damaskos, Vol. V (Patristische Texte
und Studien, 29), Berlin, 1988, p. 122, l. 3-4). Dans cette homélie, l’ascension sert
d’argument pour prouver la coexistence des deux natures contre ceux qui verraient dans
le Christ un simple homme (ψιλὸν ἄνθρωπον), ibid., p. 128, l. 11-12. Sur la présentation
de cette fête comme point culminant de toutes les fêtes, cf. Epiphane, In Assumptionem,
PG 43, 477 C. L’ascension est à l’Économie ce qu’est la tête au corps: κόσμος τῶν
ἑορτῶν.
15. Κατόρθωμα, d’après l’analyse de L. Brottier, désigne une action parfaite, placée
au sommet des καθήκοντα, Jean Chrysostome, Sermons sur la Genèse (Sources
Chrétiennes, 433), Paris, 1998, p. 372. Il proviendrait du vocabulaire philosophique
stoïcien (cf. STOBÉE, Stoïcorum Veterum Fragmenta, III, n° 494, éd. H. VON ARNIM,
Leipzig, 1964, p. 134) et manifeste le terme ultime d’une progression. L’expression
κατόρθωμα τῆς οἰκονομίας se trouve chez MACARIOS DE MAGNÉSIE, dans un
commentaire de Mt 26, 39 (cf. Le Monogène, III, 3, 3, dans R. GOULET [éd.], Le
Monogénès. Édition critique et traduction française, II, Paris, 2003, pp. 94-95). R. Goulet
traduit κατόρθωμα τῆς οἰκονομίας par «triomphe de son Dessein». Nous ne retenons pas
cette traduction car, selon nous, le mot «triomphe» met plus en avant l’idée de succès que
l’idée d’accomplissement d’une œuvre envisagée dans tout son processus.