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Homélie du jeudi 5 mai 2016
Jeudi de l’Ascension
(Le style oral a été conservé)
Par le Frère Jean
Cher frères et sœurs,
Nous célébrons en ce jour la solennité de l’Ascension du Seigneur.
Cette solennité nous rappelait St Bernard dans une lecture de l’office divin ce matin :
« Cette solennité est glorieuse et j’oserais même le dire : joyeuse !
L’Ascension, poursuit Bernard, qui donne au Christ une gloire unique nous comble d’une joie singulière. Après avoir
montré qu’Il est le Seigneur de la terre, de la mer et des enfers, Il ne lui restait plus qu’à trouver des signes semblables et
même plus convaincants qu’Il est aussi le Seigneur des puissances célestes. »
Par l’Ascension du Christ, l’humanité du verbe de Dieu est introduite au sein de la vie trinitaire et ainsi elle
devient l’instrument de la sanctification de tous les hommes.
L’histoire Sainte ne se termine pas avec le nouveau Testament, elle ne sera achevée qu’à la Parousie c’està-dire lors du retour glorieux du Christ. L’histoire qui va de l’Ascension du Christ jusqu’à sa Parousie et
que St Luc appelle : « Le temps des païens »,
C’est le temps que nous vivons aujourd’hui ; c’est le temps de l’Église.
Nous vivons, frères et sœurs, dans un monde où le Verbe de Dieu, le Christ glorieux opère au milieu de
nous, continue d’opérer au milieu de nous des œuvres divines ; celles-ci continuent dans le temps de
l’Église, les grandes œuvres de l’ancien et du nouveau Testament. Il y a une histoire profane qui est celle
des grandes œuvres de l’homme mais les œuvres de Dieu sont infiniment plus grandes encore et plus
merveilleuses.
Si les œuvres de l’homme attestent ce que peut l’homme -et il peut de grandes et de belles et de bonnes
choses- les œuvres de Dieu attestent ce que peut Dieu, ce que fait Dieu, ce que dit Dieu.
Le chrétien doit avoir le sens de cette hiérarchie des valeurs, de cette hiérarchie de ce que Blaise Pascal
appelait « Les ordres » ; il restera toujours vrai selon Pascal que les grandeurs de la sainteté, c’est-à-dire les
œuvres proprement divines, dépassent infiniment les grandeurs des corps et les grandeurs des esprits. Ceci
ne veut pas dire que ces dernières, les œuvres de l’homme, ne sont pas importantes, mais comme le disait
Charles Péguy :
« Il n’est pas nécessaire de rabaisser Sévère pour exalter Polyeucte »
Autrement dit le christianisme n’a pas besoin de dépouiller l’homme pour exalter Dieu ; au contraire !
Plus l’homme nous parait grand, plus nous comprenons combien Dieu est grand, mais il restera toujours
vrai que les grandeurs de la sainteté et de la charité l’emportent infiniment sur les grandeurs des corps et
des esprits.
Tous les actes humains, les plus grands et les plus nobles soient-ils, ont un caractère de relativité ; le
propre du christianisme est de contester cette prétention de vouloir qu’un acte ne soit valable que s’il est
absolu et d’affirmer qu’il y a de mystique que de Dieu.
Cette solennité de l’Ascension vient plutôt nous redire qu’avec l’entrée du Christ dans la gloire, c’est toute
notre humanité -avec toute sa pesanteur mais aussi toute sa noblesse- notre humanité sauvée, rachetée par
la mort et la résurrection de Jésus, c’est cette humanité-là qui entre aujourd’hui dans la joie de Dieu. Jésus
rappelle à ses apôtres dans l’Évangile que nous venons de proclamer qu’Il accomplit ce qui était annoncé
dans l’Écriture, à savoir les souffrances du Messie, sa Résurrection d’entre les morts et la conversion
proclamée en son Nom pour le pardon des péchés.
Les œuvres proprement humaines, frères et sœurs, reçoivent de la Résurrection du Christ et de son
exaltation une transcendance qu’elles ne connaissent pas par elles-mêmes. Autrement dit : uni au Christ
par le Baptême et donc racheté du péché, l’homme reçoit une grandeur, une dignité incomparable :
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, dit un psaume, le fils d’un homme que tu en
prennes souci »
Eh bien Dieu prend souci de l’homme ! Il en a tellement pris souci qu’Il est mort sur une croix pour lui et
qu’Il l’entraine dans les cieux à sa suite.
Oui, l’homme a une dignité incomparable parce que Dieu s’est fait homme, le Verbe s’est fait chair.
L’homme -homme et femme- a rappelé le Concile Vatican II est le seul être parmi les créatures du monde
visible que Dieu créateur ait voulu pour lui-même ;
« S’incliner devant la majesté divine, écrit encore st Bernard, c’est la plus haute victoire. »
Que cette joyeuse solennité, frères et sœurs, affermisse en nous le sens de la majesté de Dieu et de la
grandeur de notre vocation de liturge de la majesté de Dieu en ce monde,
Amen, Alléluia !
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