Février 2017 Diagnostic Update Numération des réticulocytes chez le chien et le chat IDEXX Diavet fournit la numération réticulocytaire à chaque demande de numération formule sanguine. Rappels physiopathologiques Jusqu’à présent, le nombre de réticulocytes était déterminé majoritairement chez les patients anémiés afin de différencier les anémies régénératives des anémies arégénératives. Cette information peut permettre d'orienter le diagnostic afin de cibler les examens complémentaires en vue de préciser l’étiologie de l’anémie. Il est à noter qu’une réticulocytose peut également s’observer chez des animaux non anémiés. Elle peut être le témoin d’une réaction physiologique transitoire ou de la réponse de la moelle osseuse à une demande accrue en globules rouges. Cette augmentation de l’activité médullaire peut s'observer pendant la phase de récupération qui suit une perte sanguine ou un processus hémolytique. Elle peut persister jusqu’à ce que l’hématocrite du patient se rétablisse. Une réticulocytose persistante chez un animal non anémié peut également être un indicateur de saignements persistants, occultes, partiellement ou totalement compensés, d’une maladie hémolytique sous-jacente ou d’un trouble responsable d'une érythrocytose primitive (polyglobulie vraie). L’identification et le traitement précoces du processus pathologique sous-jacent permettent une meilleure prise en charge du patient et de meilleurs résultats. À propos de la numération réticulocytaire Le laboratoire IDEXX propose une méthode de mesure moderne, objective et sensible pour déterminer la numération en réticulocytes, aussi bien au sein du laboratoire IDEXX qu’en clinique via les analyseurs d’hématologie IDEXX ProCyte® Dx ou IDEXX LaserCyte® Dx. Ainsi la numération absolue et le taux de réticulocytes font partie des résultats fournis à chaque demande de NFS faite au laboratoire IDEXX chez le chien ou le chat. Dans un avenir proche, les analyseurs d’hématologie IDEXX utilisés à la clinique pourront également fournir ces résultats avec chaque NFS. Puisque le taux de réticulocytes doit être corrélé au nombre total d’érythrocytes pour être interprété, aucun intervalle de référence n’est donné. La détermination de la numération réticulocytaire absolue représente la méthode la plus objective pour mesurer la capacité de la moelle osseuse à réagir face à une augmentation des besoins périphériques. C’est pourquoi, elle est fournie avec un intervalle de référence. Étiopathogénie de la réticulocytose Une réticulocytose peut être tout aussi bien le résultat d’un processus physiologique qu’un processus pathologique sousjacent. Cet article passe en revue sous forme synthétique les causes physiologiques connues de la réticulocytose, ainsi que ses principales causes pathologiques. Réticulocytose physiologique Les causes physiologiques restent encore quelque peu mystérieuses car, jusqu’à présent, la détermination de la numération réticulocytaire ne faisait pas partie des examens hématologiques de routine effectués chez les animaux non anémiés. Les réticulocytes produits par la moelle osseuse sont les précurseurs des globules rouges. La plupart d’entre eux migrent vers la rate et y restent pour terminer leur développement en érythrocytes matures. De ce fait, toute contraction splénique, quelle qu’en soit la cause, peut entraîner la libération de réticulocytes dans le courant sanguin. Une contraction splénique peut être provoquée par : une excitation ou un stress immédiat avant ou au moment de la prise de sang, un effort physique intense ou la prise de certains médicaments provoquant la libération d’adrénaline. Dans ces cas, la réticulocytose devrait être de nature transitoire et la morphologie des globules rouges devrait être normale. Quant aux autres processus responsables de réticulocytose physiologique chez l’animal, notre compréhension des mécanismes sous-jacents évoluera au fur et à mesure que nous améliorerons nos connaissances des cas de réticulocytose chez les animaux non anémiés. Réticulocytose pathologique La réticulocytose d’origine pathologique résulte, en général, d'une augmentation de la production des globules rouges dans la moelle osseuse. Celle-ci peut être secondaire à des pertes sanguines externes ou internes ou bien à une maladie hémolytique. Figure : Réticulocytes (coloration supravitale/nouveau bleu de méthylène) Si le taux d’érythrocytes perdus ou dégradés est supérieur au taux d’érythropoïèse ayant lieu dans la moelle osseuse, une anémie va alors se développer. Par contre, si ces taux sont identiques ou si le nombre d’érythrocytes formés dépasse le nombre d’érythrocytes dégradés ou perdus, aucune anémie ne sera décelée. Les maladies responsables d’une érythrocytose primitive (ou polyglobulie vraie) peuvent également engendrer une réticulocytose. La valeur de la numération érythrocytaire et/ ou de l’hématocrite peuvent se situer à la limite supérieure de l’intervalle de référence et même au-dessus chez certains patient. Lors de polycythémie manifeste, ces valeurs dépassent en général l’intervalle de référence. ■ Saignements Les pertes sanguines ont souvent pour origine : un traumatisme, un ulcère gastro-intestinal, une thrombocytopénie, une coagulopathie, une thrombopathie, une néoplasie ou une infestation parasitaire. Si l’animal est anémié, l’identification de la cause des saignements ne s’accompagne en général d’aucune difficulté diagnostique. Toutefois, les hémorragies de faible ampleur, en particulier au niveau du tube digestif et, plus rarement, de l’appareil urinaire peuvent ne pas être détectées. Si elles n’entraînent pas d’épuisement des réserves tissulaires en fer, la numération réticulocytaire peut apparaître potentiellement élevée avec un hématocrite restant dans l’intervalle de référence. Dans ce cas, avant que l’anémie ne se développe, il est possible d’observer une réticulocytose ainsi que certaines anomalies de la morphologie des érythrocytes telles la microcytose ou l’hypochromatophilie. ■ Troubles de l’hémolyse (anémies hémolytiques) La destruction des hématies par hémolyse peut être secondaire à des maladies à médiation immune, des lésions mécaniques ou oxydatives des érythrocytes ou des troubles métaboliques, qui s’accompagnent d’une plus grande fragilité des globules rouges. Ces anémies hémolytiques peuvent également être engendrées par des infections, y compris des maladies vectorielles, ainsi que par des maladies héréditaires qui entraînent une diminution de la durée de vie des érythrocytes, et enfin par diverses autres maladies. Beaucoup de ces pathologies s’accompagnent d’anomalies morphologiques des hématies qu’il est possible d'observer à l’examen microscopique d’un frottis sanguin, comme par exemple : des sphérocytes lors de maladies à médiation immune, des corps de Heinz lors de lésions oxydatives, des schizocytes secondaires à un processus micro-angiopathique, y compris une dirofilariose ou un hémangiosarcome, des acanthocytes lors de pathologie hépatique ou splénique etc. Il est également possible de mettre en évidence à l’examen d’un frottis sanguin des éléments cellu-laires intra-érythrocytaires tels que des Babesia ou des mycoplasmes. ■ Érythrocytose primitive (polyglobulie vraie) Une origine endocrinienne doit être recherchée en présence d'une réticulocytose associée à une numération érythrocytaire et/ou un hématocrite situés à la limite supérieure (ou légèrement au-dessus) de l'intervalle de référence. Dans ce cas, il faudra envisager une hyperthyroïdie, une acromégalie ou un hypercorticisme. La présence d’androgènes peut également stimuler l’érythropoïèse. Ainsi, tout dysfonctionnement s’accompagnant d’une hypersécrétion d’androgènes peut potentiellement provoquer une érythrocytose primitive et une réticulocytose. En présence d'une réticulocytose associée à une élévation significative de la numération érythrocytaire et de l’hématocrite, il faut commencer par envisager les causes secondaires de polycythémie (polyglobulie). Il n’est pas rare que la polycythémie soit la conséquence d’une hypoxie systémique. Elle peut également s’observer en présence d’un shunt gauche-droite, de pneumopathies, d’obstructions des voies aériennes supérieures ou à la suite d’un séjour en très haute altitude. Plus rarement, la polycythémie peut être secondaire à une néphropathie, qu’elle soit d'origine vasculaire ou tumorale, ou à d’autres tumeurs productrices d’érythropoïétine. L’élimination des causes secondaires de polycythémie permet d’établir le diagnostic de polycythémie primitive. Dans ce cas, le diagnostic le plus probable est celui de polycythémie vraie (polycythemia vera). Conseils lors de l'interprétation des résultats Chez le chien, une numération réticulocytaire >110 000/μl de sang est le reflet d’une réponse médullaire correcte à une demande en besoins périphériques augmentés. Selon le degré de l’anémie, une numération des réticulocytes inférieure à 110 000/µl peut signifier une régénération insuffisante de la moelle osseuse. Il peut s’avérer intéressant de réaliser à intervalles réguliers une NFS et de vérifier le nombre de réticulocytes pour apprécier l’évolution de la réponse médullaire dans le temps. Chez un chien non anémié, une numération réticulocytaire supérieure à 110 000/μl peut être considérée soit comme une réaction physiologique transitoire soit comme une réponse médullaire due à une augmentation des besoins périphériques. Mais lorsque la numération réticulocytaire persiste au-dessus de 110 000/μl, ceci peut indiquer une perte sanguine occulte, une anémie hémolytique sous-jacente ou encore une maladie responsable d’une érythrocytose primitive. De ce fait, l’étiologie exacte du résultat peut être confirmée en partie grâce à un suivi approprié du patient, notamment au moyen de NFS comprenant une numération réticulocytaire. Chez le chat, l’obtention d’une numération en réticulocytes supérieure à 50 000/μl est le reflet d’une réponse médullaire correcte à une demande en besoins périphériques augmentés. Selon le degré de l’anémie, une numération réticulocytaire inférieure à 50 000/µl peut signifier une régénération inadaptée de la moelle osseuse. Il peut s’avérer intéressant de réaliser à intervalles réguliers une NFS et de vérifier le nombre de réticulocytes pour apprécier l’évolution de la réponse médullaire dans le temps. Chez le chat non anémié, une numération réticulocytaire supérieure à 50 000/μl peut être considérée soit comme une réaction physiologique transitoire soit comme une réponse médullaire due à une augmentation des besoins périphériques. Mais lorsque la numération réticulocytaire persiste au-dessus de 50 000/μl, ceci peut indiquer une perte sanguine occulte, une anémie hémolytique sous-jacente ou encore une maladie responsable d’une érythrocytose primitive. De ce fait, l’étiologie exacte du résultat peut être confirmée en partie grâce à un suivi approprié du patient, notamment au moyen de NFS comprenant une numération réticulocytaire. Lors d’une demande d’un bilan sanguin complet auprès d’IDEXX, la numération réticulocytaire peut s’accompagner des commentaires suivants : Liste des commentaires concernant la réponse médullaire (réticulocytes/µl) : Chien Chat < 110.000 Normal si le patient n’est pas anémié < 50.000 Normal si le patient n’est pas anémié < 110.000 Insuffisant si le patient est anémié < 50.000 Insuffisant si le patient est anémié 110.000 – 150.000 Régénération médullaire faible 50.000 – 75.000 Régénération médullaire faible 150.000 – 300.000 Régénération médullaire modérée 75.000 – 175.000 Régénération médullaire modérée > 300.000 Régénération médullaire intense > 175.000 Régénération médullaire intense La numération réticulocytaire doit toujours être interprétée en relation avec la gravité de l’anémie. Étiopathogénie de la réticulocytose Cet algorithme diagnostique résume les différentes causes de réticulocytose. L’observation d’une réticulocytose peut résulter d’un processus soit physiologique soit pathologique (voir le schéma). Réticulocytose Physiologique Contraction splénique Pathologique Saignements (interne/externe) Anémies hémolytiques Érythrocytose primitive Excitation/stress Traumatismes Causes à médiation immune Causes endocriniennes Effort intense Ulcères gastro-intestinaux Lésions mécaniques Polycythémie Traitement Thrombocytopénie Lésions oxydatives Primaire Coagulopathie Causes métaboliques Secondaire Thrombopathie Causes infectieuses Néoplasie Causes héréditaires Parasites Maladies diverses Autres ? Les informations contenues dans ce document ne sont que des indications générales. Comme c’est le cas pour chaque diagnostic ou traitement, il est indispensable de se forger une opinion sur l’état médical de chaque patient, fondée sur l’anamnèse, l’examen clinique approfondi et l’interprétation des résultats de laboratoire complets. En cas de questions sur l'interprétation des résultats obtenus par notre laboratoire ou nos analyseurs d’hématologie, les conseillers techniques d’IDEXX sont à votre disposition. IDEXX Diavet AG Schlyffistr. 10 8806 Bäch SZ Suisse Tél: 044 786 90 20 Fax: 044 786 90 30 [email protected] www.idexx.ch Conseils spécialisés Dr. Cécile Rohrer Kaiser Dipl. ACVIM, ECVIM-CA Tél: 044 380 28 61 [email protected] IDEXX Diavet © 2016 IDEXX Laboratories Inc. Tous droits réservés • 1611027-1116-CH Toutes les marques déposées et enregistrées sont la propriété des laboratoires IDEXX, Inc. ou de ses filiales aux États-Unis et/ou dans d’autres pays. La politique de confidentialité du laboratoire IDEXX est disponible sur le site www.idexx.eu Ces informations ne sont données qu’à titre indicatif. 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