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Inde Thrombopénie avec Plasmodium vivax et P. falciparum
doi: 10.1684/mst.2013.0191
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S
ur plus de un milliard d’individus vivant en Inde,
1,78 million font chaque année un accès de paludisme,
dont 53 % sont dus à Plasmodium vivax, 47 % à P. falciparum
et 0,2 % à une infestation mixte, avec un taux de mortalité
de 0,8 %, soit environ 15 000 décès par an. De nombreuses
études ont été réalisées sur la thrombopénie qui accompagne
P. falciparum, mais peu ont été effectuées avec P. vivax. Une
étude a été entreprise à l’hôpital Kasturba, à Manipal, dans le
district de Karnataka (Inde), chez tous les patients ayant un
paludisme confirmé. La thrombopénie était considérée comme
sévère avec moins de 50 000 plaquettes/mm3 et modérée entre
50 000 et 100 000 plaquettes/mm3. Les critères cliniques et
biologiques de gravité du paludisme étaient ceux de l’OMS. Ont
été retenus 120 patients dont 86 % de sexe masculin, d’âge
moyen 39 ans, 62 % ayant entre 20 et 40 ans. P. vivax a été
identifié chez 46 % des patients et P. falciparum chez 35 % des
sujets ayant une forme non sévère et 18 % de ceux avec une
forme sévère, ainsi que dans un de forme mixte. Aucune
complication n’est survenue avec P. vivax. Le taux moyen de
plaquettes a été de 94 000/mm3 chez les patients atteints de
P. vivax, de 100 000/mm3 chez les patients atteints d’une forme
peu grave de P. falciparum (pas de différence significative
dans ces deux cas) et de 43 000/mm3 chez les patients atteints
de paludisme sévère. Enfin, le cas d’infestation mixte n’avait
que 18 000 plaquettes/mm3. Il y avait une relation inverse entre
le pourcentage d’hématies infectées et la valeur des plaquettes.
Parmi trente-six patients ayant une thrombopénie inférieure
à 50 000 plaquettes, deux ont eu une épistaxis, un une
hémoptysie et un autre une hématurie. Aucun patient ayant
plus de 50 000 plaquettes/mm3 n’a présenté de troubles
hémorragiques. Par ailleurs, les patients ayant plusieurs
organes atteints (poumon, rein, foie) avaient un taux de
plaquettes plus bas que ceux qui n’avaient qu’un seul organe
atteint (K Saravu et al., Ann Trop Med Parasitol 2011; 105:
593-8). Les patients atteints de P. vivax présentaient tous un
certain degré de thrombopénie (recoupant les résultats de
plusieurs études, qui rapportent une incidence de la thrombopénie située entre 72 et 86 % chez ces sujets), quelques-uns
étant descendus à moins de 10 000 plaquettes/mm3. La plupart
des auteurs ont trouvé une corrélation entre la thrombopénie et
la gravité du paludisme. Si l’on tient compte des organes
atteints, les patients avec une insuffisance rénale avaient une
thrombopénie plus sévère que ceux dont la fonction rénale
était normale. Dans l’ensemble des patients, la thrombopénie
a été retrouvée chez 88 % des patients infestés par P. vivax et
par 89 % de ceux infestés par P. falciparum. Il faut donc tenir
compte de cette perturbation sanguine au cours des accès de
paludisme à P. vivax. &
P. Bourée
Vietnam Stratégie de lutte contre la lèpre
L
es programmes de lutte contre la lèpre sont bien structurés
au Vietnam : initiés au sein du département de dermatologie
de l’Hôpital national, ils sont ensuite relayés dans les hôpitaux
régionaux et les centres de santé publique. Ces programmes
suivent les recommandations de l’OMS. Le nombre de patients
sous polychimiothérapie est passé de 5 277 en 1995 à 318 en 2010.
Dans la même période, le nombre de nouveaux cas dépistés
est passé de 2 591 à 359, et le taux de patients dépistés avec une
invalidité due à la lèpre est passé de 30,07 % à 18,4 % (de 8,7 %
à 3,9 % chez les enfants de moins de 15 ans). Les formes
multibacillaires chez les femmes ont oscillé entre 60 % et 70 %.
Ces taux encore importants seraient dus à une prédisposition
génétique dans la population vietnamienne. L’analyse détaillée
par région montre que la prévalence est surtout élevée dans la
région des hauts plateaux du centre, et nettement plus faible
dans la région de Hanoı̈. Ces chiffres peuvent être comparés avec
la grande diversité de ceux notés dans d’autres pays tropicaux,
concernant les patients multibacillaires :
– en Afrique : de 19 % (Cameroun) à 91 % (Kenya),
– en Amérique : de 38 % (Bolivie) à 78 % (Mexique),
– en Asie : de 44 % (Bangladesh) à 82 % (Indonésie),
– en Méditerranée : de 30 % (Somalie) à 89 % (Égypte),
158
– dans le Pacifique : de 58 % (Micronésie) à 90 % (Philippines).
La lutte contre la lèpre, au Vietnam, est basée sur trois
niveaux :
– stratégie de couverture : prise en charge globale des
nouveaux cas dans tous les niveaux de centres de soins,
– stratégie fragmentée : concentration des efforts sur les zones
à risque,
– stratégie focalisée : effort de contrôle sur l’environnement
d’un cas détecté.
Actuellement, il n’y a plus de stratégie de couverture au
Vietnam ; la stratégie fragmentée est encore appliquée dans
quinze provinces et la stratégie focalisée dans quarante-huit
(Nguyen Van Thuc et al., Bull Ass Lepr Lang Fr 2013; 28: 5-8).
Le nombre de districts avec un taux de détection nul est en
augmentation constante. Au Cambodge, la tendance est la
même : le nombre de nouveaux cas dépistés est passé
de 2 219 en 1995 à 262 en 2010 et le taux de prévalence
de 2,84/10 000 hab à 0,17/10 000. (Lai Ky, Bull Ass léprol
Lang Fr 2013; 28: 9-12). Toutefois, les efforts de dépistage
ont permis de concentrer les efforts dans l’entourage des
anciens lépreux guéris. Cette décroissance de la lèpre
correspond à la régression globale de la maladie dans le
Médecine et Santé Tropicales, Vol. 23, N8 2 - avril-mai-juin 2013
doi:
10.1684/mst.2013.0193
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monde, qui comptait encore plusieurs millions de malades il y
a cinquante ans, et plus que 400 000 en 2004, 300 000 en
2005 et environ 220 000 cas en 2011. Actuellement, les pays
les plus touchés sont l’Inde (127 000 cas), le Brésil (34 000 cas)
et l’Indonésie (20 000 cas). Avec la mise en œuvre de la
stratégie mondiale renforcée, l’OMS insiste sur la prise en
charge des populations situées dans des zones difficilement
accessibles, la recherche des sujets contacts des anciens
malades et la résorption des facteurs socioéconomiques de la
maladie pour aboutir à une meilleure couverture et à une
réduction encore plus importante de la prévalence de la lèpre
dans le monde. &
P. Bourée
Cameroun Parasitoses intestinales et immunofluorescence
D
ans les pays tropicaux, les parasitoses intestinales sont
fréquentes et représentent un gros problème de santé
publique. Elles constituent en effet une grande partie de la
morbidité de ces régions. Le diagnostic de ces affections est
donc important. Le moyen le plus courant est l’examen
parasitologique des selles, examen simple et peu onéreux
mais qui nécessite un microscopiste expérimenté. De nouvelles
techniques sont apparues, utiles pour le diagnostic du
paludisme et de la tuberculose, qui utilisent des fluorochromes
spécifiques de l’ADN et une lecture par un microscope à
fluorescence à diode électroluminescente, avec une source
lumineuse à 365 nm. Il était donc intéressant d’essayer
d’appliquer ces techniques au diagnostic des parasitoses
intestinales. Aussi une étude a-t-elle été entreprise au Cameroun
(à Douala et à Njombé, en zone rurale). L’analyse a porté sur 583
échantillons de selles de patients âgés de 0 à 77 ans (295 femmes
et 288 hommes), qui ont été lus avec un microscope optique
ordinaire et avec un microscope à fluorescence. Avec ce
dernier, les œufs d’helminthes apparaissent colorés en brun et
les protozoaires (formes végétatives et kystes) en bleu, très
nettement visibles. La recherche a été positive chez 155 patients
(soit 26,6 %), dont 14,7 % à Douala et 39,2 % à Njombé, ce qui
était prévisible. L’espèce parasitaire prédominante était Schistosoma mansoni (13 %) à Djombé et Entamœba histolytica
(10 %) à Douala. L’infestation était plus importante chez les
enfants de 6 à 10 ans (57 %) et plus élevée chez les garçons
(43 %) que chez les filles (13 %). Le monoparasitisme a été
observé à Douala et le polyparasitisme à Djombé, en raison des
mauvaises conditions d’hygiène et du manque d’accès à l’eau
potable. La spécificité de la lecture a été équivalente avec les
deux techniques, mais la sensibilité en microscopie à
fluorescence a été moins bonne que celle du microscope
optique. Par ailleurs, la comparaison avec des études antérieures a montré un déclin du parasitisme : 35,7 % en
2008 contre 26 % dans l’étude actuelle (Lehman et al., Med
Af Noire 2012; 59: 377-85). La prévalence des ascaris et celle des
trichocéphales ont très nettement diminué, passant de 65 % et
47 %, respectivement, en 2003, à 4 % et 1,8 %, montrant ainsi
l’efficacité des campagnes de déparasitage de masse. Ce travail
confirme la diminution de la prévalence des parasitoses
intestinales au Cameroun. En outre, il montre l’intérêt du
microscope à fluorescence, qui fait apparaı̂tre plus nettement
les œufs même si la sensibilité est un peu moindre que celle du
microscope optique ordinaire. En outre, le coût de ce
microscope limite sa diffusion dans les petites structures de
brousse. &
P. Bourée
Chine Listériose materno-fœtale et nosocomiale
L
a listériose, zoonose bactérienne affectant de nombreuses
espèces animales (ruminants, rongeurs, lagomorphes,
volaille) et l’homme, est due à Listeria monocytogenes. La
transmission de cette maladie se fait essentiellement par
l’alimentation (lait, œufs, fromages au lait cru, viandes et
salaisons) et le milieu extérieur (sol, eau, végétaux). La
listériose se manifeste par une septicémie, une atteinte du
système nerveux (méningite, encéphalite) et des infections
génitales chez la femme enceinte, responsables d’avortements spontanés. La listériose congénitale est la conséquence
du passage des germes par voie hématogène. La transmission
Médecine et Santé Tropicales, Vol. 23, N8 2 - avril-mai-juin 2013
de la mère au fœtus s’effectue par voie digestive ou
respiratoire (aspiration des germes au niveau du col utérin
ou du vagin). Cette maladie est cosmopolite ; elle semble plus
fréquente dans les pays industrialisés (Europe : 1 500 cas avec
une mortalité d’environ 20 %, États-Unis et Canada), mais peu
d’études ont été publiées sur cette affection en Chine. Chez
l’animal, la maladie se manifeste souvent par des avortements (le
placenta et les lochies contiennent de nombreux germes et sont
très contaminants), des troubles neurologiques ou une septicémie d’évolution mortelle. En cours de grossesse, la maladie se
manifeste par un syndrome fébrile pseudogrippal, avec parfois
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