Actualités Inde Thrombopénie avec Plasmodium vivax et P. falciparum doi: 10.1684/mst.2013.0191 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 04/06/2017. S ur plus de un milliard d’individus vivant en Inde, 1,78 million font chaque année un accès de paludisme, dont 53 % sont dus à Plasmodium vivax, 47 % à P. falciparum et 0,2 % à une infestation mixte, avec un taux de mortalité de 0,8 %, soit environ 15 000 décès par an. De nombreuses études ont été réalisées sur la thrombopénie qui accompagne P. falciparum, mais peu ont été effectuées avec P. vivax. Une étude a été entreprise à l’hôpital Kasturba, à Manipal, dans le district de Karnataka (Inde), chez tous les patients ayant un paludisme confirmé. La thrombopénie était considérée comme sévère avec moins de 50 000 plaquettes/mm3 et modérée entre 50 000 et 100 000 plaquettes/mm3. Les critères cliniques et biologiques de gravité du paludisme étaient ceux de l’OMS. Ont été retenus 120 patients dont 86 % de sexe masculin, d’âge moyen 39 ans, 62 % ayant entre 20 et 40 ans. P. vivax a été identifié chez 46 % des patients et P. falciparum chez 35 % des sujets ayant une forme non sévère et 18 % de ceux avec une forme sévère, ainsi que dans un de forme mixte. Aucune complication n’est survenue avec P. vivax. Le taux moyen de plaquettes a été de 94 000/mm3 chez les patients atteints de P. vivax, de 100 000/mm3 chez les patients atteints d’une forme peu grave de P. falciparum (pas de différence significative dans ces deux cas) et de 43 000/mm3 chez les patients atteints de paludisme sévère. Enfin, le cas d’infestation mixte n’avait que 18 000 plaquettes/mm3. Il y avait une relation inverse entre le pourcentage d’hématies infectées et la valeur des plaquettes. Parmi trente-six patients ayant une thrombopénie inférieure à 50 000 plaquettes, deux ont eu une épistaxis, un une hémoptysie et un autre une hématurie. Aucun patient ayant plus de 50 000 plaquettes/mm3 n’a présenté de troubles hémorragiques. Par ailleurs, les patients ayant plusieurs organes atteints (poumon, rein, foie) avaient un taux de plaquettes plus bas que ceux qui n’avaient qu’un seul organe atteint (K Saravu et al., Ann Trop Med Parasitol 2011; 105: 593-8). Les patients atteints de P. vivax présentaient tous un certain degré de thrombopénie (recoupant les résultats de plusieurs études, qui rapportent une incidence de la thrombopénie située entre 72 et 86 % chez ces sujets), quelques-uns étant descendus à moins de 10 000 plaquettes/mm3. La plupart des auteurs ont trouvé une corrélation entre la thrombopénie et la gravité du paludisme. Si l’on tient compte des organes atteints, les patients avec une insuffisance rénale avaient une thrombopénie plus sévère que ceux dont la fonction rénale était normale. Dans l’ensemble des patients, la thrombopénie a été retrouvée chez 88 % des patients infestés par P. vivax et par 89 % de ceux infestés par P. falciparum. Il faut donc tenir compte de cette perturbation sanguine au cours des accès de paludisme à P. vivax. & P. Bourée Vietnam Stratégie de lutte contre la lèpre L es programmes de lutte contre la lèpre sont bien structurés au Vietnam : initiés au sein du département de dermatologie de l’Hôpital national, ils sont ensuite relayés dans les hôpitaux régionaux et les centres de santé publique. Ces programmes suivent les recommandations de l’OMS. Le nombre de patients sous polychimiothérapie est passé de 5 277 en 1995 à 318 en 2010. Dans la même période, le nombre de nouveaux cas dépistés est passé de 2 591 à 359, et le taux de patients dépistés avec une invalidité due à la lèpre est passé de 30,07 % à 18,4 % (de 8,7 % à 3,9 % chez les enfants de moins de 15 ans). Les formes multibacillaires chez les femmes ont oscillé entre 60 % et 70 %. Ces taux encore importants seraient dus à une prédisposition génétique dans la population vietnamienne. L’analyse détaillée par région montre que la prévalence est surtout élevée dans la région des hauts plateaux du centre, et nettement plus faible dans la région de Hanoı̈. Ces chiffres peuvent être comparés avec la grande diversité de ceux notés dans d’autres pays tropicaux, concernant les patients multibacillaires : – en Afrique : de 19 % (Cameroun) à 91 % (Kenya), – en Amérique : de 38 % (Bolivie) à 78 % (Mexique), – en Asie : de 44 % (Bangladesh) à 82 % (Indonésie), – en Méditerranée : de 30 % (Somalie) à 89 % (Égypte), 158 – dans le Pacifique : de 58 % (Micronésie) à 90 % (Philippines). La lutte contre la lèpre, au Vietnam, est basée sur trois niveaux : – stratégie de couverture : prise en charge globale des nouveaux cas dans tous les niveaux de centres de soins, – stratégie fragmentée : concentration des efforts sur les zones à risque, – stratégie focalisée : effort de contrôle sur l’environnement d’un cas détecté. Actuellement, il n’y a plus de stratégie de couverture au Vietnam ; la stratégie fragmentée est encore appliquée dans quinze provinces et la stratégie focalisée dans quarante-huit (Nguyen Van Thuc et al., Bull Ass Lepr Lang Fr 2013; 28: 5-8). Le nombre de districts avec un taux de détection nul est en augmentation constante. Au Cambodge, la tendance est la même : le nombre de nouveaux cas dépistés est passé de 2 219 en 1995 à 262 en 2010 et le taux de prévalence de 2,84/10 000 hab à 0,17/10 000. (Lai Ky, Bull Ass léprol Lang Fr 2013; 28: 9-12). Toutefois, les efforts de dépistage ont permis de concentrer les efforts dans l’entourage des anciens lépreux guéris. Cette décroissance de la lèpre correspond à la régression globale de la maladie dans le Médecine et Santé Tropicales, Vol. 23, N8 2 - avril-mai-juin 2013 doi: 10.1684/mst.2013.0193 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 04/06/2017. doi: 10.1684/mst.2013.0192 Actualités monde, qui comptait encore plusieurs millions de malades il y a cinquante ans, et plus que 400 000 en 2004, 300 000 en 2005 et environ 220 000 cas en 2011. Actuellement, les pays les plus touchés sont l’Inde (127 000 cas), le Brésil (34 000 cas) et l’Indonésie (20 000 cas). Avec la mise en œuvre de la stratégie mondiale renforcée, l’OMS insiste sur la prise en charge des populations situées dans des zones difficilement accessibles, la recherche des sujets contacts des anciens malades et la résorption des facteurs socioéconomiques de la maladie pour aboutir à une meilleure couverture et à une réduction encore plus importante de la prévalence de la lèpre dans le monde. & P. Bourée Cameroun Parasitoses intestinales et immunofluorescence D ans les pays tropicaux, les parasitoses intestinales sont fréquentes et représentent un gros problème de santé publique. Elles constituent en effet une grande partie de la morbidité de ces régions. Le diagnostic de ces affections est donc important. Le moyen le plus courant est l’examen parasitologique des selles, examen simple et peu onéreux mais qui nécessite un microscopiste expérimenté. De nouvelles techniques sont apparues, utiles pour le diagnostic du paludisme et de la tuberculose, qui utilisent des fluorochromes spécifiques de l’ADN et une lecture par un microscope à fluorescence à diode électroluminescente, avec une source lumineuse à 365 nm. Il était donc intéressant d’essayer d’appliquer ces techniques au diagnostic des parasitoses intestinales. Aussi une étude a-t-elle été entreprise au Cameroun (à Douala et à Njombé, en zone rurale). L’analyse a porté sur 583 échantillons de selles de patients âgés de 0 à 77 ans (295 femmes et 288 hommes), qui ont été lus avec un microscope optique ordinaire et avec un microscope à fluorescence. Avec ce dernier, les œufs d’helminthes apparaissent colorés en brun et les protozoaires (formes végétatives et kystes) en bleu, très nettement visibles. La recherche a été positive chez 155 patients (soit 26,6 %), dont 14,7 % à Douala et 39,2 % à Njombé, ce qui était prévisible. L’espèce parasitaire prédominante était Schistosoma mansoni (13 %) à Djombé et Entamœba histolytica (10 %) à Douala. L’infestation était plus importante chez les enfants de 6 à 10 ans (57 %) et plus élevée chez les garçons (43 %) que chez les filles (13 %). Le monoparasitisme a été observé à Douala et le polyparasitisme à Djombé, en raison des mauvaises conditions d’hygiène et du manque d’accès à l’eau potable. La spécificité de la lecture a été équivalente avec les deux techniques, mais la sensibilité en microscopie à fluorescence a été moins bonne que celle du microscope optique. Par ailleurs, la comparaison avec des études antérieures a montré un déclin du parasitisme : 35,7 % en 2008 contre 26 % dans l’étude actuelle (Lehman et al., Med Af Noire 2012; 59: 377-85). La prévalence des ascaris et celle des trichocéphales ont très nettement diminué, passant de 65 % et 47 %, respectivement, en 2003, à 4 % et 1,8 %, montrant ainsi l’efficacité des campagnes de déparasitage de masse. Ce travail confirme la diminution de la prévalence des parasitoses intestinales au Cameroun. En outre, il montre l’intérêt du microscope à fluorescence, qui fait apparaı̂tre plus nettement les œufs même si la sensibilité est un peu moindre que celle du microscope optique ordinaire. En outre, le coût de ce microscope limite sa diffusion dans les petites structures de brousse. & P. Bourée Chine Listériose materno-fœtale et nosocomiale L a listériose, zoonose bactérienne affectant de nombreuses espèces animales (ruminants, rongeurs, lagomorphes, volaille) et l’homme, est due à Listeria monocytogenes. La transmission de cette maladie se fait essentiellement par l’alimentation (lait, œufs, fromages au lait cru, viandes et salaisons) et le milieu extérieur (sol, eau, végétaux). La listériose se manifeste par une septicémie, une atteinte du système nerveux (méningite, encéphalite) et des infections génitales chez la femme enceinte, responsables d’avortements spontanés. La listériose congénitale est la conséquence du passage des germes par voie hématogène. La transmission Médecine et Santé Tropicales, Vol. 23, N8 2 - avril-mai-juin 2013 de la mère au fœtus s’effectue par voie digestive ou respiratoire (aspiration des germes au niveau du col utérin ou du vagin). Cette maladie est cosmopolite ; elle semble plus fréquente dans les pays industrialisés (Europe : 1 500 cas avec une mortalité d’environ 20 %, États-Unis et Canada), mais peu d’études ont été publiées sur cette affection en Chine. Chez l’animal, la maladie se manifeste souvent par des avortements (le placenta et les lochies contiennent de nombreux germes et sont très contaminants), des troubles neurologiques ou une septicémie d’évolution mortelle. En cours de grossesse, la maladie se manifeste par un syndrome fébrile pseudogrippal, avec parfois 159