Séminaire de philosophie
et mathématiques
DIRK VAN DALEN
L’identité en mathématiques constructives
Séminaire de Philosophie et Mathématiques, 1989, fascicule 2
« L’identité en mathématiques constructives », p. 1-16
<http://www.numdam.org/item?id=SPHM_1989___2_A1_0>
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L'IDENTITE
EN
MATHEMATIQUES CONSTRUCTIVES
D.
VAN
DALEN
Il
y a deux aspects de la théorie de lidentite un aspect
philosophique
et un aspect technique. Les deux aspects sont intimement
liés.
C
est une des faiblesses de la pratique classique que
1
usage de la
logique
classique obscurcit les distinctions raffinées.
Je décrirai simultanément les
effets
du point de vue classique
et constructif. Remarquons d abord que les doctrines de
Frege,
concernant
les
notions de référence et identité sont parfaitements acceptables pour les
constructivistes. Enfin, il s agit des objets mathématiques qu'on veut
décrire
en un langage mathématique, et "sens" et "référence sont
aussi
fondamentaux qu en cas de la théorie classique. Je considère les
mathématiques constructives comme une discipline comme
tous
les
autres
-et pas en le
sens
de Brouwer comme un phénomène
sans
langage.
Cependant, la théorie constructiviste de dénotation et
sens
est
plus ésotérique, parce que lintroduction de être construit ajoute un
caractère modal. Par conséquence, les considérations de
Kripke
sur
Naming
and Necessity sont applicables ici.
Les
objets mathématiques constructivistes sont des choses
construites, soit par des hommes comme processus mental, soit par des
machines
abstraits
ou non.
On
peut rappeler des détails historiques : pour Kronecker et
Bishop
les nombres
naturels
sont donnés auparavant, pour Brouwer les
nombres
naturels
sont créés par lhomme lui-même, et en plus l'homme
fait
encore des objets
abstraits
comme "suite de choix" et "espèces"
(ensembles).
Des
propriétés des objets mathématiques sont constatées par
des moyens
effectifs,
en généra! ce sont des constructions. Par exemple :
on
obtient lidentite de 7 et 5 + 2 en faisant une construction qui ajoute 5
et 2 et qui compare le
résultat
avec 7.
-
1 -
En
général on ne sait pas auparavant qu'une construction
réussit, en particulier on ne sait pas toujours si l'objet qu'on veut
construire existe ou non. Si on calcule l'inverse d un nombre
réel;
donné
par une suite de Cauchy ai, a2, a3, a^ la construction es simple : on
construit la suite ai
1,a22,...
en prenant (H - 1 . Sans aucune condition
cela
ne conduira pas à une suite de Cauchy.
Alors,
il n'est pas certain que
a 1 existe.
Résumons
encore les modes principaux de construction des
objets
mathématiques.
1.
Construction
des
nombres
naturels,
soit par des actes mentaux, soit
par une méthode
objective
comme l'itération des barres
(comme
en
théorie
des algorithmes, ou chez récole Russe de
Markov
ou comme le
fait
M.
Lorenzen),
soit par une machine éventuellement abstraite, comme
machine de
Turing).
2.
Constructions des objets discrets combinatoires,
comme
triplets
de
nombres naturels, nombres rationels, triangles, graphes
finis,
etc. Tous
ces
objets peuvent être codés
dans
les nombres naturels, telles que létude
des objets discrets
(finis)
pouvant être réduits à létude des nombres
naturels.
3.
Construction
des
objets
infinis
et plus ou moins abstraits.
3a.
Les
suites
de nombres naturels données par une loi.
Alors
on
donne une loi, c est une prescription
finie
qui détermine pour chaque n
un nombre an.
C
est
dans
le sens d
Emile
Borel.
Le
paradigme, bien entendu est l'exemple des suites récursives. Ils
fournissent les études détaillées des problèmes d indécidabilité.
3b.
Les suites de choix des nombres naturels. Ces suites sont données
par une information incomplète c'est-à-dire il n'y a aucune prescription
algorithmique
ou mécanique pour générer les nombres an.
-
2 -
3c.
Les
sous
ensembles d'ensemble des nombres naturels
3d.
Itérations
de 3a. 3b. 3c, en particulier des ojbets de types
finis.
En s éloignant des objets primitifs fondamentaux la relation
d
identité devient peu à peu
plus
compliquée.
Notons
que le point de départ pour chaque
école
philosophique
des mathématiques est la collection des nombres
naturels,
une collection
d
objets discrets pour laquelle on
peut
décider
L
identité. Les objets dérives
discrètement des nombres
naturels
héritent la decidabilité de lideniité
des nombres
naturels.
Si on veut comparer deux triples (ai, a2, aj) et (b|,
b2.
bj), on compare les nombres a*, bj deux à deux.
Il
est une conséquence de cela que lidentite pour les nombres
entiers, et rationnels est décidable.
Si
on
passe
des nombres
naturels
aux fonctions numériques, la
decidabilité
n est pas préservée.
En
effet,
pour des fonctions récursives la decidabilité de
lidentite des fonctions f et g
entraîne
la résolvabilité du Halting problem
de Turing. Et en cas des
suites
de choix la decidabilité est contraire au
caractère continu inhérent à la mode libre de génération.
Pour les ensembles des nombres
naturels
on rencontre une
situation
comparable. Si on pouvait décider 1 identité des ensembles
quelconques A et B, on pourrait
aussi
résoudre
toutes
les problèmes de
décisions mathématiques.
La
question
brûlante
est alors, est-ce que la
situation
avec les
objets généralisées est d une anarchie désespérée. Ou est-ce qu il y a des
propriétés convenables, quoique la
situation
soit chaotique ?
Considérons les fonctions récursives; elles
sont
données par des
instructions
concrètes, par exemple une machine de Turing. Une telle
instruction est une
suite
finie
de mots
dans
un langage quelconque.
Traditionnellement on code ces
instructions
par des nombres
naturels,
alors les
instructions
ont des propriétés semblables à ces nombres
-
3-
naturels. En particulier, quand deux instructions sont données on peut
simplement les comparer. C est-à-dire, la relation d identité pour les
instructions des fonctions récursives et décidable.
C
est une conclusion
très
importante : la matière de base qui constitue les fonctions récursives sont
les
nombres naturels. Dans la théorie des fonctions récursives on parle de
nombres de
Godel
ou indices , au lieu de constructions codés .
Ensuite
1
identité extensionnelle pour les fonctions récursives
est générée par une relation d équivalence sur les nombres
naturels
:
a ~ b si
{a}
(nj - ibj (n) pour chaque n . En mots : on identifie toutes
les
instructions qui résultent en des fonctions numériquement identiques.
Et on peut considérer les fonctions récursives comme des sous-ensembles
de
N - plus précisément, la partition induite par la relation d équivalence
donnée.
Il
se présente une généralisation naturelle : bien qu on ne peut
pas espérer que lunivers mathématique consiste d objets générés par une
méthode
effective
quelconque, les collections d objets mathématiques sont
obtenues comme ensembles quotients (ou
image)
d'un ensemble
raisonnable.
Ce
point mérite une digression : un ensemble nous paraît
fondamental quand les éléments sont reconnaissables individuellement;
par
exemple,
r ensemble des nombres
naturels
est de telle
nature
- ses
éléments sont produits individuellement et on peut décider l'identité pour
deux nombres quelconques. Un nombre
naturel
comporte toute
linformation
dont on a besoin pour le manipuler. Par contre un nombre
réel
(comme
classe d équivalence des suites de Cauchy) est insuffisant
pour déterminer
effectivement
sa propre place au milieu du continu. On
pourrait dire les nombres
naturels
sont génères immédiatement par nous
et les nombres réels sont obtenus par un processus d abstraction des suites
de
Cauchy.
Mais
qu est-ce qu on fait avec les suites infinies ?
Les
suites des nombres
naturels
sont données par nous avec
une certaine intention. C est une pièce d extra information qui confère une
sorte d individualité à la suite.
Même,
si on ne sait pas quand deux
fonctions
récursives sont numériquement identiques, on sait quand les
instructions sont identiques. Et le même s'applique aux suites de choix. Si
nous générons deux suites de choix a et b, nous savons qu'il s'agit de deux
processus individuellement distingués, quoique nous ne savons pas si les
processus de choix produisent des suites de nombres identiques.
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