26/03/13
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Agnès Bénassy-Quéré : "Les problèmes bancaires sont loin
d'être terminés dans l'UE" Votre commentaire
Un accord de principe a été trouvé le 25 mars entre le président
chypriote Nicos Anastasiades et ses bailleurs de fonds
internationaux sur le sauvetage de Chypre, qui prévoit notamment
la fermeture de la deuxième banque du pays. L'aide européenne,
d'un montant de 10 milliards d'euros, doit permettre d'éviter la
faillite immédiate de l'île. En échange, les autorités chypriotes
signeront dans les prochaines semaines avec la troïka un protocole
d'accord prévoyant des réformes structurelles, des privatisations et
une hausse de l'impôt sur les sociétés qui passera de 10 à 12,5%.
Dans un entretien à Touteleurope.eu, Agnès Bénassy-Quéré, Présidente déléguée du Conseil
d'analyse économique, revient sur cette crise bancaire inédite.
Quel regard portez-vous sur le plan adopté par Chypre et les dirigeants de
l’Union européenne, de la BCE et du FMI ?
Agnès Bénassy-Quéré : Le plan adopté pour Chypre présente deux aspects positifs. Tout
d'abord, il pose le concept de séparation entre "une bonne banque" et "une mauvaise banque"
avec l'idée d'une banque qui puisse remplir ses fonctions c’est-à-dire recevoir les dépôts et
prêter aux entreprises. C'est un point très important qui n'est d'ailleurs pas très commenté.
Ensuite, ce plan revient sur un schéma de résolution de la crise bancaire plus conforme à ce qui
est discuté depuis quelques mois au niveau européen. Il y a un ordre, c’est-à-dire que l'on
commence par les actionnaires, ensuite on se tourne vers les créanciers obligataires, et enfin on
s'attaque aux dépôts non sécurisés et on protège les dépôts assurés.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles se trouve confrontées
Chypre aujourd'hui ?
Agnès Bénassy-Quéré : La principale difficulté concerne la fuite des capitaux. Les Russes vont
retirer leurs capitaux, ce qui veut dire une réduction drastique de la taille de la banque de
Chypre et donc de l'économie chypriote. Le PIB de Chypre va alors se réduire énormément,
beaucoup plus que ce qui a été prévu, et entraîner plus de chômage.
Tant que les banques sont solvables, la Banque centrale européenne est là pour compenser la
fuite des capitaux, avec un système de refinancement et normalement l'Union monétaire est
équipée pour faire face à cette fuite. Mais que se passera-t-il si ces fuites de capitaux entraînent
une anticipation d'insolvabilité bancaire ?
L'autre problématique de ce plan concerne la dette publique. Le montant de l'aide des bailleurs
de fonds (Union européenne et Fonds monétaire international) qui s'élève à 10 milliards d'euros
est très élevé. Si le PIB diminue, ce à quoi on peut s'attendre, l'UE va avoir du mal à récupérer
son chèque. Même si ce montant est absorbable, il y a un risque de crise souveraine.
Enfin, il manque une aide à Chypre pour reconvertir son économie, soit une aide à la mobilité de
la main d'œuvre pour trouver un emploi ailleurs, soit un recours au fonds européen d'ajustement
à la mondialisation ou encore par exemple des investissements de la Banque européenne
d'investissement. L'économie chypriote marchait certes sur la tête mais il faut bien avoir
conscience que la population va souffrir et qu'il faut l'aider.
Le rôle de la BCE est-il remis en cause ?
Toute l'Europe: Actualités, vue détaillée
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