papyrus n° 16

publicité
OSIRIS
Réseau-Ville-Hôpital pour le V.I.H.
Présidente:
Mme M.F. BOUVET
Secrétaire :
Mme S. LOUIS
Vice-Présidente :
Mme le Dr H. MASSON
Vice-Président :
Mr J.Y. KERGUTUIL
PAPYRUS N°16
Sommaire
1) Des nouvelles d’OSIRIS
P.3
2) Compte Rendu du Conseil d’Administration d’OSIRIS
P.4
3) Journée du 26 janvier 2001 : « Les psy et le VIH »
P.6
4) Flash Info
P.9
5) Les groupes pharmaceutiques contre les pays les plus touchés
P.10
par le sida ou le droit à la propriété intellectuelle contre le droit
aux soins
6) Les jeunes et la sexualité
P.13
JUIN 2001
Edito
Le monde de la lutte contre le VIH est en effervescence depuis plusieurs mois :
abandon de la prévention des risques
reprise de la contamination dans les pays occidentaux
mortalité galopante dans l’Hémisphère Sud
Il y a 5 ans nous disions :
« Si les malades sont du Sud (90 % des contaminations) les médicaments sont
au Nord ».
Des pays entiers d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est
maintenant sont dévastés par la pandémie.
Traiter, soigner…c’est le défi des pays en voie de développement car c’est un des
droits fondamentaux de chaque être humain : être soigné.
Comme le disait le Docteur LACOUR dans le précédent édito du Papyrus n° 15, les
conduites à risques sont de retour, le VIH a encore de belles années devant lui, le sida n’est
plus à la mode mais le virus, lui, ne connaît ni répit, ni frontière.
La lutte contre le virus ne doit, elle aussi, ne connaître ni répit, ni frontière :
« Importer les médicaments anti-rétroviraux ou mourir… il faudra choisir » : tel est le
défi des Pays en voie de développement en lutte contre le lobbying des grands groupes
pharmaceutiques Internationaux.
C. STRENTZ commente pour nous le procès de Pretoria du 5 mars 2001 et sa
chute…
OSIRIS a procédé à son Assemblée Générale le 11 janvier 2001, un bureau
provisoire a été élu avec pour mission un renouvellement rapide de ce bureau.
Le conseil d’administration du 14 mai a élu un nouveau bureau qui a lui-même élu
un nouveau président. Après avoir été coordinatrice d’OSIRIS pendant 6 ans et avoir repris
une partie de mes activités après une longue absence, j’ai le plaisir de vous annoncer mon
élection à ce poste de Présidence.
Céline STRENTZ qui m’avait remplacée comme psychologue pendant cette absence
a pris durant 6 mois le relais de la coordination, elle laisse ce poste pour travailler au sein de
l’UMIT à St Germain en Laye avec nos collègues qui luttent contre le VIH.
Un grand merci de la part de toute l’équipe à Céline pour la qualité de son travail, de
sa présence et de son écoute et bonne chance pour sa prise de fonction.
Un grand merci aussi au Dr LACOUR pour ces 2 ans _ de présidence. Tous ont
apprécié sa disponibilité de Président, sa présence malgré ses nombreuses activités et ses
compétences liées à l’expérience. Peut être pourrait-il devenir Président Honoraire, lui qui suit
OSIRIS avec beaucoup d’attention depuis sa création ? Il veut continuer à soutenir le Réseau
dans ses choix, ses hésitations, ses doutes mais aussi dans son enthousiasme malgré la baisse
générale d’intérêt pour la lutte contre le VIH : le réseau doit savoir rester en « veille » car
l’épidémie peut toujours reflamber.
M.F. BOUVET
Présidente,Psychologue
Les nouvelles d’OSIRIS
Depuis la dernière parution de Papyrus, OSIRIS a déménagé. En effet, depuis sa
création, le Réseau partageait au CHI le bureau 513 avec la Consultation de la Douleur. Nous
avons profité de l’aménagement du bureau de Marie Françoise BOUVET au Centre Clinique
de Psychothérapie, face au CHI Poissy, pour nous équiper de nouveaux matériels plus
confortables et plus performants.
Nous avons organisé ce grand bureau afin d’avoir, d’une part, un espace pour les
consultations psychologiques et les réunions avec les intervenants et, d’autre part, un espace
secrétariat plus grand et plus convivial.
Nous tenons à votre disposition de la documentation variée et mise à jour sur le
SIDA, les Accidents d’Exposition au Sang et les MST, la toxicomanie etc…
L’équipe d’OSIRIS sera heureuse de vous recevoir au 2 ème étage du CCP pour toutes
informations et renseignements.
Le secrétariat est ouvert :
-
Le mardi de 9h00 à 13h30 (Poste :5313)
-
Le jeudi de 9h00 à 17h00 (Poste : 5332)
poste 5332)
le vendredi de 9h00 à 17h00 ( le matin au poste 5313 et l’après midi au
Vous pouvez donc nous joindre ces jours là au 01.39.27.53.32 ou laisser un message
sur le répondeur afin que nous vous recontactions dès réception du message mais vous pouvez
aussi appeler le standard de l’hôpital et demander à faire biper le 5332.pour nous joindre
rapidement.
Nous tenons à vous informer du départ de Céline STRENTZ, Coordinatrice du
Réseau Ville Hôpital pour le poste de psychologue à l’UMIT sur le site de St Germain en
Laye, elle travaillera avec nos collèges de St Germain qui luttent contre le VIH. Le poste de
coordinatrice est vacant et vous pouvez contacter OSIRIS pour consulter le profil de poste.
Equipe OSIRIS
3
Compte-rendu du
Conseil d’Administration
du 14 mai 2001
ETAIENT PRESENTS :
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
Ø
M. LACOUR – Chef de Service Psychiatrie Secteur IV – Président
S. LOUIS – Surveillante Chef en Psychiatrie – Vice-Présidente
H. MASSON – Praticien Hospitalier, Médecine Interne
F. CORDONNIER – Médecin Libéral
M.F BOUVET – Psychologue secteur IV et Médecine Interne
J.Y KERGUTUIL – Infirmier Libéral
C. STRENTZ – Coordinatrice
A.M. HERBAULT – Surveillante 5ème D, Médecine Interne
E. CHABIN – Biologiste Ville-Hôpital
M. FOUQUE – Assistante Sociale Hospitalière
J. COLAS – Kinésithérapeute Libéral
I. MORGANTI – Secrétaire Médicale IFSI
M. AUCHERES – Secrétaire Médicale – Trésorière OSIRIS
AVAIENT DONNE POUVOIR :
Ø Mme GINDRE – Pharmacienne (pouvoir donné à Mlle AUCHERES)
Ø Mme SUZMAN - (pouvoir donné à Mr COLAS)
Ø Mme VERCAMBRE – Educatrice Spécialisée (pouvoir donné à Mme
LOUIS)
Ø Mr STRENTZ – Comptable (pouvoir donné à Mme STRENTZ)
Le quorum étant atteint, Monsieur le Docteur Michel LACOUR, Président, ouvre la séance.
4
A la dernière Assemblée Générale d’OSIRIS du 11 janvier 2001, il avait été convenu
qu’un Conseil d’Administration aurait lieu 6 mois plus tard afin de renouveler le Bureau et de
discuter de l’avenir d’OSIRIS.
En raison des projets actuels de l’association, l’équipe d’OSIRIS a décidé de
continuer et a donc procédé à l’élection d’un nouveau Bureau où professions libérales et
hospitalières sont représentées dans une meilleure parité.
Election du Bureau :
- Présidente :
Madame Marie Françoise BOUVET
Psychologue Psychiatrie secteur IV et Médecine Interne
- Secrétaire Générale :
Madame Sylvianne LOUIS
Surveillante Chef en Psychiatrie
- Vice- Présidente :
Madame le Docteur Hélène MASSON
Praticien Hospitalier Médecine Interne
- Vice-Président :
Monsieur Jean-Yves KERGUTUIL
Infirmier Libéral
- Trésorier :
Monsieur Christophe STRENTZ
Comptable
- Trésorière Adjointe
Mademoiselle Myriam AUCHERES
Secrétaire Médicale
Tous les membres du Bureau ont été élus à l’unanimité.
La séance est levée à 13h30
5
Journée du 26 janvier 2001 :
« Les Psy et le VIH »
En ce début d'année, de siècle et de millénaire, il peut être intéressant et important
que cette question soit posée : "Les psy et le VIH : Enjeux actuels", et cela pour plusieurs
raisons :
- pour se réconforter entre professionnels "psy" qui travaillent chacun de leur côté;
- pour une réflexion sur l'évolution de nos pratiques;
- enfin pour mesurer et réaffirmer l'importance du "psychique" alors même qu'un
grand espoir est né des trithérapies et que de nouvelles questions se posent.
Ainsi, cette journée, très riche d’un point de vue théorique et clinique, m'a pour ma
part beaucoup redynamisée.
Il est donc impossible de vous redonner toute la densité des thèmes abordés et je ne
vous rendrai compte ici que de quelques points qui ont été marquants pour moi.
J'ai été très sensible à l'intervention de M. A. ABELHAUSER1 qui a retracé et
analysé 'l'histoire culturelle" du VIH dans notre société.
Le docteur P. RAGER2 a abordé la question très délicate des interactions
médicamenteuses entre psychotropes et traitements du VIH.
Ainsi, on observe que l'interaction maladie infectieuse- troubles psychologiques ou
psychiatriques - médicaments pose des problèmes complexes, tant au niveau de l'évaluation
diagnostique que du traitement :
- problème des conséquences psychologiques d'une maladie grave et chronique
- problème de l'interférence de la maladie avec un trouble de la personnalité ou
un trouble mental déclaré antérieur ;
- problème de l'atteinte neurologique du système nerveux central par le VIH et
des troubles psychologiques et comportementaux induits par cette atteinte ;
- problème des troubles psychologiques iatrogènes induits par les médicaments
visant à traiter le VIH, l'hépatite C éventuellement associée, ou d'autres pathologies
comorbides. En effet, de nombreux médicaments utilisés dans le traitement de l'infection à
VIH sont susceptibles d'induire des troubles psychologiques et psychiatriques.
Par ailleurs, il existe des interférences pharmacocinétiques entre certains
médicaments psychotropes et certains médicaments antirétroviraux (en particulier, les
antiprotéases).
1
Psychanalyste (Service de Médecine interne du Pr. J.-F. Delfraissy, CHU Bicêtre), Professeur Des Universités,
Directeur du Département de Psychologie de l'Université de Rennes II.
2
Psychiatre - Centre Hospitalier Ch. Perrens - Bordeaux
6
Le docteur RAGER explique que c'est au niveau du foie, station d‘épuration de
l'organisme que vont être métabolisés en vue de leur élimination les médicaments
antirétroviraux et les médicaments psychotropes, avec des phénomènes de potentialisation,
d'inhibition, de compétition qui vont influer sur la disponibilité réelle du médicament ingéré et
donc sur son efficacité ; ce qui amène à appliquer des règles de prudence et à déconseiller
certaines associations.
Dans ce contexte, une équipe pluridisciplinaire associant l'infectiologue, le
psychiatre et le psychologue peut ou doit tenter de répondre à ces différents niveaux
d'interactions somato-psychiques.
OSIRIS tient à votre disposition un tableau récapitulatif des interactions entre
médicaments, tableau que le Dr RAGER nous a confraternellement fait parvenir.
Madame A. LEVY3 nous a permis de nous interroger sur: "la question de
l'observance est-elle toujours d'actualité ?"
Ainsi, la question de l’observance ou de la compliance, ou de l'adhésion au
traitement, est devenue cruciale depuis environ quatre ans avec l'arrivée des trithérapies, et a
des enjeux considérables : médicaux (les médecins d'abord impuissants devant la mort rapide
de leurs patients puis retrouvant un certain pouvoir avec les nouveaux médicaments), sociaux
(de par les difficultés de suivre le traitement au travail et la potentialisation traitement/
précarité), psychologiques (prendre soin de soi, accepter de se soigner=accepter que l'on soit
malade...), éthiques, etc... En outre, la question de l'observance met l'accent sur la "relation"
du médecin et du patient et au-delà sur les rapports de la médecine et de la psychologie.
De son côté, Monsieur D. GROSSHANS4 pose une question cruciale "quelle place
pour les non-observants dans nos structures?" Ainsi, au travers du récit de deux vignettes
cliniques, il nous a invité à nous interroger sur ce qu'est l'observance. Ainsi, la définition du
patient observant n'apparaît pas aisée et celle du patient non-observant encore moins. En
dehors des bénéfices directs pour le patient, d'autres enjeux sont présents, tels que l'intégration
sociale, la lutte contre la morbidité et la mortalité, enjeux de santé publique, d'économie de
santé, mais aussi perception subjective du rôle du médecin et du soignant.
Il n'existe donc pas de patient non-observant type.
Alors, quelle place peut être donnée par une équipe soignante à des patients qui
refusent explicitement ou implicitement les traitements ?
Donner une place au patient implique que l'équipe peut reconnaître les enjeux
subjectifs conscients ou inconscients que le traitement représente pour tel ou tel patient ; car
se traiter c'est reconnaître que l'on est malade. L'observance ou la non-observance découle
donc de l'histoire personnelle de chacun. Or Monsieur D. GROSSHANS nous rappelle que
"poser l'acte médical au seul regard de l'efficacité du traitement est la réduction insupportable
pour le patient de son statut de personne à celui d'objet de soins."
3
Psychologue clinicienne (Service de Médecine interne de Professur P. Galanaud; CHU Antoine Béclère),
ingénieur d'études à l'Université de Paris XI
4
Psychologue clinicien - CISIH - CHU Strasbourg
7
Jean-Michel VERDAME5 est ensuite intervenu sur les liens qui existent entre le
vécu dépressif et l'observance. Il rappelle ainsi le traumatisme et les sentiments dépressifs qui
peuvent résulter de l'annonce de la séropositivité. Pour lui, la prise de médicaments s'inscrit
dans le rapport entre la coloration dépressive du moment et le rapport à soi et aux autres.
Ce traumatisme ravive des conflits inconscients et le sentiment de culpabilité,
notamment par rapport à la sexualité du sujet mais dans le même temps, cette annonce aliène
le sujet au monde de la médecine et au médecin lui-même, ce qui réactive, par là même, la
relation aux imagos parentales archaïques dans la tonalité de l'abandon et/ou de l'emprise.
Il résume ainsi la dialectique dans laquelle se trouve chaque patient par rapport à sa
prise de traitement: "Une stratégie impossible et obligée. Accepter l'inacceptable et faire de
l'obligation un choix ; prendre des médicaments sans se faire prendre, s'affirmer dans le secret
de l'intime et non de l'occulte, faire passer la répétition du côté d"Eros, sans déni des forces
mortifères, accepter l'appui de celui qui écoute sans se mettre sous son emprise pour in fine,
ne pas oublier ses médicaments tout en oubliant que l'on est malade, tels nous apparaissent les
paradoxes à affronter."
Michèle MAURIS6 a ensuite fait un rapide résumé de l'étude faite au CHU de
Strasbourg par rapport aux lipodystrophies : "Paroles autour d'un bilan". L'analyse clinique
des résultats fait apparaître une réelle souffrance par rapport à ce symptôme secondaire mais
pour cette étude le préjudice subi ne remet pas en cause la poursuite du traitement. Il apparaît
néanmoins que la plainte du patient doit être entendue et les recherches doivent être
poursuivies afin d'éviter ces effets.
Richard SALICRU7 a enfin fait une intervention très riche sur les conséquences
psychiques de la contamination sexuelle par le virus du Sida. Il nous invite à prendre du recul
par rapport à l'urgence et à mesurer le caractère "sexuellement transmissible" du virus VIH. Il
rapproche ainsi la scène de contamination d’un traumatisme sexuel au sens freudien du terme.
Ainsi, les difficultés d'observance et de prévention sont liées à ce traumatisme secondaire et à
toute la complexité du psychisme humain.
Voilà donc un aperçu de la richesse tant clinique que théorique de cette journée. Il
faut noter l'importance de ces rencontres pour le partage et l'ouverture à de nouvelles pistes de
réflexion que le travail dans l'isolement ne permet pas.
C. STRENTZ
Psychologue
5
Psychiatre - Groupe d'Aide Psychologique et Sociale- Bordeaux
Psychologue - CISIH - CHU Strasbourg
7
Psychanalyste-psychologue clinicien- Hôpital A. Grégoire- St Denis
6
8
Flash Info
L’épidémie du VIH en France
Au 31 décembre 1999 : 21 000 à 23 000 personnes sont atteintes du sida.
Depuis 1981, nombre total de décès : entre 35 000 et 38 500.
En 1998, 700 décès par an par sida.
En 1999, 600 décès par an par sida.
Pour les cas de sida déclaré, la contamination hétérosexuelle est la plus fréquente depuis
1997.
Au second semestre 1999, la moitié des patients découvre sa séropositivité au diagnostic
de sida.
9
Les groupes pharmaceutiques
contre les pays les plus touchés
par le sida ou le droit
à la propriété intellectuelle
contre le droit aux soins
Doit-on appliquer les règles du commerce international pour défendre à tout prix les
brevets sur les médicaments et les droits de commercialisation exclusifs des grands
laboratoires? Ou bien, au contraire, les gouvernements doivent-ils privilégier la fourniture de
traitements bon marché plutôt que les bénéfices des grandes entreprises? Voici une des
questions, sinon la question qui se trouve au centre des conflits entre l'industrie
pharmaceutique et certains pays du Tiers Monde, qui tentent de trouver des solutions à
l'épidémie du sida.
Ainsi, il nous a semblé intéressant de résumer dans cet article ce que nous avons pu
lire ici et là ces derniers temps à propos du procès intenté par 39 firmes pharmaceutiques au
gouvernement sud-africain pour l'empêcher d'appliquer une loi sur les médicaments
génériques, qui entraînerait une baisse des prix des traitements anti-sida. En effet, le
laboratoire indien CIPLA a proposé à l'Afrique du Sud de lui fournir 8 des 15 médicaments
anti-VIH pour 600 dollars par patient par an pour une trithérapie au lieu de 10000 à 15000
dollars au prix américain.
Ce procès est un symbole pour tous les pays pauvres. Il8 s'est ouvert le 7 mars 2001
devant la Haute Cour de Pretoria, capitale d’Afrique du Sud ( pays qui compte 4,2 millions de
personnes séropositives, le chiffre le plus élevé du monde) avant d'être ajourné au 18 avril par
le président du tribunal, qui veut faire admettre aux débats une ONG qui défend la violation
possible des brevets en cas de graves urgences. Le gouvernement sud-africain est poursuivi
pour une loi de 1997 qui facilite notamment l'accès aux traitements antisida. Cette loi que
l'industrie juge contraire au droit des brevets, autorise la fabrication et l'importation des
médicaments génériques, moins onéreux que ceux produits par les laboratoires privés. Elle
n'est jamais entrée en vigueur en raison d'une procédure judiciaire engagée par des groupes
pharmaceutiques.
8
Le Monde du 7 mars 2001
10
Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter le temps jusqu'au 25
novembre 1997, Nelson Mandela, alors Président de la République d'Afrique du Sud, apposait
sa signature sur la loi d'amendement sur les médicaments, votée moins d'un mois plus tôt, le
31 octobre 1997. Ce texte contenait 4 dispositions principales. La première était le principe de
la substitution par un médicament générique pour les molécules dont le brevet de 20 ans est
arrivé à expiration (c'est-à-dire contourner le monopole dont bénéficient les détenteurs des
brevets). La deuxième mesure était la mise sur pied d'un comité pour la fixation, dans la
transparence, des prix des médicaments. Troisième innovation, contenue dans l'article 15c de
la loi, la possibilité d'effectuer des importations parallèles ( c'est-à-dire de ne pas acheter les
médicaments au prix fort à une multinationale, mais ailleurs à un moindre coût). Enfin, la loi
de 1997 introduisait le recours à des appels d'offres internationaux lancés par l'Etat sudafricain pour ses approvisionnements en médicaments.
Si l'on veut avoir une vue globale, il faut se référer au droit international où il est
écrit que: "9Un membre pourra déroger à cette prescription (le respect des brevets) dans des
situations d'urgence nationale ou d'autres circonstances d'extrême urgence" Article 31: des
accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, dans le
cadre de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), prévoit explicitement des exceptions
à la propriété intellectuelle. Mais la mise en oeuvre de ces textes est discutée. Elle est à
l'origine des récents procès brésiliens et sud-africains.
Deux exceptions ont été prévues. La première est appelée licence obligatoire. Dans
ces cas "d'extrême urgence", un pays peut s'octroyer une licence, c'est-à-dire le droit à
produire la molécule, y compris contre la volonté du détenteur du brevet. C'est ce qu'a fait le
Brésil. Il faut toutefois respecter une procédure et des conditions précises, ce sur quoi le pays
est attaqué actuellement. La seconde exception est l'importation parallèle. Elle autorise un
pays à importer une molécule brevetée, même sans accord du propriétaire, cela afin de
profiter d'un prix plus intéressant. C'est l'objet du procès en Afrique du Sud.
D'autres pays que l'Afrique du Sud ont pris des mesures similaires. Il y a 4 ans, le
Brésil a décidé de contourner les brevets sur les médicaments contre le VIH et le sida en
autorisant des laboratoires nationaux à fabriquer des équivalents meilleur marché.
Aujourd'hui, la quasi-totalité des Brésiliens qui en ont besoin, bénéficient gratuitement de la
tri-thérapie. Le taux de mortalité des personnes séropositives ou malades du sida a été divisé
par 2, tandis que les dépenses de l'Etat étaient allégées de 400 millions de dollars. Mais le
Brésil est aujourd'hui poursuivi par l'Organisation Mondiale du Commerce, à l'initiative des
Etats Unis... Au centre de ce litige, une loi sur la santé publique qui autorise le gouvernement
brésilien à exiger des détenteurs de brevets qu'ils choisissent soit de produire les médicaments
sur place à un prix maîtrisé, soit d'autoriser un fabricant brésilien à le faire.
A la suite de l'ouverture de ce procès, le jeudi 15 mars 2001, le Parlement Européen
a adopté une résolution qui demande "l'instauration d'un système permettant aux pays en voie
de développement de se procurer dans des conditions équitables et à des prix abordables les
médicaments et vaccins nécessaires." Il a exprimé son soutien aux gouvernements de
l'Afrique du Sud et du Kenya "dans le combat que ceux-ci livrent afin d'avoir accès, en
adoptant une législation compatible avec les règles de l'OMC (Organisation Mondiale du
Commerce), aux médicaments capables de sauver des vies aux coûts les plus faibles
possibles."
9
OMC Médecins sans frontières - courrier international du 22.03.2001, numéro 538
11
Du côté de l'Onusida et de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) on se réjouit
de ces évolutions. Les négociations entamées avec les 5 plus gros producteurs de
médicaments anti-VIH n'ont abouti à des accords que dans 3 pays: 'L'Ouganda, le Rwanda et
le Sénégal. Selon l'OMS sur les 25 millions d'africains infectés par le VIH, 5 millions
devraient être traités compte tenu de leur état. Actuellement seulement 10000 reçoivent
des traitements. "Avec les nouvelles offres, ce nombre pourrait être porté à 100000, estime
D. NABARRO, assistant de la directrice générale des l'OMS. Passer de 100000 à 5 millions
est le défi suivant".10
En fait, il faut noter que les Etats Unis disposent d'un moyen encore plus efficace
que ce procès, il s'agit de sanctions applicables en vertu de "l'article spécial 301" de la loi
américaine sur le commerce. 11Sous sa menace 16 pays auraient été invités à renforcer leurs
mesures de protection des brevets. "En fait, sur la question des brevets pharmaceutiques, les
pays en voie de développement négocient avec « un revolver sur la tempe." Les brevets
constituent un contrat entre les inventeurs et le reste de la société. En récompense des risques
qu'ils ont pris, les premiers se voient accorder un monopole temporaire de 20 ans selon les
règles de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), pendant lequel ils ont le droit de
vendre leur invention au prix qu'ils auront fixé. En cas de conflit, les Etats sont chargés de
préserver l'équilibre entre bien public et monopole privé, or cet équilibre n'est pas respecté.
Cette année, 11 millions d'habitants de pays en voie de développement mourront de maladies
infectieuses que l'on sait prévenir ».
Parallèlement à ce procès et aux nombreuses voix qui s'élèvent pour défendre les
pays en voie de développement, d'autres voix critiquent la virulence du discours de certaines
associations sous prétexte que leur attitude pourrait conduire l'industrie pharmaceutique à se
désintéresser définitivement du tiers monde, en pénalisant les populations démunies ; sous
entendu, que ce procès pourrait avoir un effet pervers : les groupes pharmaceutiques, sous la
pression, abandonneraient délibérement les recherches dans certains domaines. C'est déjà le
cas pour les maladies qui ne touchent que les pays du sud, le paludisme par exemple.
Enfin12, le 19 mars 2001, on apprenait que le droit au profit était battu par le
droit à la vie Ainsi, les firmes pharmaceutiques abandonnaient leurs plaintes. Les
laboratoires avaient bien tenté de justifier leur procès, au nom du droit à pouvoir
investir dans la recherche. Mais les dépenses de publicité et de marketing atteignent en
moyenne 35% des budgets, soit le double des moyens accordés à la recherche et au
développement.
Ce procès à Pretoria devrait avoir beaucoup de répercussions: d'une part, il
renvoie les Etats à leur propre responsabilité en matière de santé publique et d'autre
part, la plainte déposée auprès de l'OMC le 1er février par les Etats-Unis contre le
Brésil, accusé «d’autoriser la production nationale de génériques », devrait trouver un
premier épilogue à l'automne.
Affaire à suivre...
C. STRENTZ
Psychologue
10
extrait du MONDE Paul Benkimoun
article de K. Watkins dans international heral tribune . courrier international du 22.03.2001
12
Christian LOSSON Libération le 19 avril 2001
11
12
Les jeunes et la sexualité
En mai 2000, suite à un travail de réflexion autour de la sexualité mené en partenariat
avec :
le Centre Social A. Malraux
la Mission Locale
les Clubs de Quartier de la commune de Poissy
les Infirmiers Scolaire des Lycées
Le Point Accueil Jeunesse
Et une étudiante en psychologie,
Un questionnaire a été élaboré afin de recenser et d’évaluer les besoins et les demandes
des jeunes concernant la sexualité. Il a été diffusé dans les lieux suivants :
Le centre social
La mission locale
La plate forme ARCHE
Les lycées, Le Corbusier, A. Bolland et Charles de Gaulle.
Les maisons de quartier (la Coudraie, Saint Exupéry et le Clos d’Arcy)
256 questionnaires ont été recueillis et ont permis d’éclaircir les attentes des jeunes.
Aujourd’hui, nous souhaiterions faire un retour auprès des jeunes et des professionnels qui
ont participé au projet.
RESULTATS
v Profil de la population
-
256 questionnaires recueillis
89 concernent les habitants de Poissy
164 concernent la population féminine
92 concernent la population masculine
âge moyen : 19,3 ans
Les femmes ont été plus nombreuses a répondre que les hommes : 64% contre 36 %
Elles sembleraient plus concernées par le sujet, plus en demande.
13
La tranche d’âge la plus représentée correspond à celle des 18/25 ans : (30%) suivie par
les moins de 16 ans (23%)
v Demande d’information
Par ordre de priorité les demandes d’information pour toute la population concerne :
les abus sexuels (16%)
les maladies sexuellement transmissibles (15,5%)
l’IVG (13%)
la relation sexuelle (12%)
la ménopause (11,2%)
la contraception et accouchement (8,75% et 8,3%)
la grossesse et la puberté (7,7% et 7,5%)
-
au niveau de la population féminine
abus sexuel
MST
IVG
relation sexuelle et ménopause
grossesse et accouchement
contraception
puberté
-
au niveau de la population masculine
MST
abus sexuel
relations sexuelles et IVG
puberté et contraception
ménopause
accouchement
grossesse
v Moyens à mettre en œuvre
Par ordre de priorité
14
-
pour l’ensemble de la population
mise à disposition de documentation et brochures (21,9%)
cellule d’écoute (16,3%)
mini conférence (15,7%)
planning familial (13,4%)
autres interlocuteurs (11,5%)
Si l’on réunit les moyens où l’échange et l’écoute sont de mise (groupe de parole, cellule
d’écoute et mini conférence), cela représente 53%.
L’échange et le dialogue semblent primer sur l’information, documentation.
-
pour la population féminine :
groupe de parole (22,5%)
brochures (18%)
mini conférence et planning familial
autres interlocuteurs
-
pour la population masculine :
brochures (32%)
groupe de parole et mini conférence (35%)
cellule d’écoute
planning
autres interlocuteurs
Ce qui ressort de manière globale, c’est un besoin et une demande de pouvoir échanger,
parler de la sexualité que ce soit en groupe ou en individuel.
La demande de dialogue est importante et relayée par une demande d’information écrite.
Pour les garçons, il semble qu’ils préfèrent s’exprimer sur la sexualité en groupe et moins
en individuel.
Par rapport aux propositions initiales, certains jeunes ont exprimé le besoin d’aborder et
que soit abordé dans la relation sexuelle :
-
-
les notions de plaisir et de jouissance seul ou à deux
comment comprendre l’attirance, le désir ou le dégoût vis à vis de l’autre (odeurs
corporelles)
la question du désir et des sentiments amoureux préoccupent les jeunes.
le premier rapport sexuel et la douleur ressentie
la violence subie
les déviances sexuelles.
15
D’autres jeunes aimeraient être informés sur le SIDA non pas simplement en terme de
prévention mais bien en terme de : « qu’est ce que cette maladie ? ».
Certains souhaitent que la sexualité ne soit pas un sujet tabou car c’est une « chose
essentielle de la vie ». Il y a aussi une demande de mixité concernant l’information et le
dialogue sur le sujet.
La relation sexuelle demande donc à être abordée sur le versant « technique » mais bien
plus sur le versant affectif.
Les jeunes demandent à ce que la sexualité soit abordée beaucoup plus tôt et parlée
librement.
CONCLUSION
Les jeunes ont une attente indéniable par rapport à ce sujet délicat à aborder pour les
adultes.
Les structures qui délivrent des informations sont trop peu connues des jeunes.
Le questionnaire a été favorablement accepté et voir même attendu.
Cependant, les réponses obtenues ne concernent qu’un faible échantillonnage mais elles
devraient cependant nous permettre de mettre en place des actions répondant aux attentes des
jeunes qui ont répondu à ce questionnaire.
Au regard des disponibilités des différents partenaires impliqués dans ce projet, la mise en
place d’actions s’avère possible mais nécessite du temps et de la réflexion.
Pas d’inquiétude : persévérance et patience sont de rigueur pour mener à bien ce projet.
Nous sommes en train de réfléchir à la mise en place de groupes de parole et d’échange en
direction des jeunes en insertion professionnelle et des jeunes scolarisés dans les
établissements secondaires. Cette réflexion s’effectue en partenariat avec OSIRIS, sollicité en
février 2001.
Une co-animation entre le PAJ et OSIRIS est envisagée pour ces groupes de parole.
Oriane DE FENOYLE, Psychologue
Lydie ROSSIGNOL, Conseillère à la Mission Locale
16
Téléchargement