Un «contrat thérapeutique» est passé entre le
thérapeute et le patient ; il définit les objectifs de la
thérapie et le déroulement global des séances. Une
désensibilisation systématique est mise en œuvre.
Il s’agit d’une technique qui vise à modifier un
comportement inadapté (par exemple, le fait d’évi-
ter la situation déclenchant la crise). Dans un premier
temps, il fait avec son patient une liste hiérarchique
des situations angoissantes. Dans un deuxième temps,
il suggère au patient une situation agréable, calme,
relaxante (« Vous êtes au coin du feu, en train de
lire un bon livre. Votre chat ronronne à côté de vous.
Dehors, la neige tombe, mais vous êtes conforta-
blement installé, bien au chaud »). Alors le théra-
peute demande au patient d’imaginer la situation
la moins angoissante de la liste qu’ils ont établie
ensemble. Après environ 20 secondes, le patient est
invité à ne plus y penser et à exprimer son niveau
d’angoisse. Puis il se relaxe pendant environ 20
secondes. Une deuxième présentation de la même
situation est faite pendant environ 20 secondes,
suivie d’une relaxation. Et ainsi de suite…
Quand l’angoisse a diminué de moitié, le théra-
peute demande d’imaginer une situation un peu plus
anxiogène. En procédant de cette façon, le patient
parvient à affronter – en pensée – la situation la
plus angoissante. C’est un peu de cette façon qu’agit
un allergologue qui cherche à désensibiliser un
patient allergique au pollen ou aux poils de chat:
il administre des doses de plus en plus fortes d’ex-
traits de la substance à laquelle le patient est aller-
gique, afin que celui-ci s’y habitue peu à peu. Ici,
on augmente progressivement la « dose d’angoisse ».
Lorsque le patient parvient à affronter (toujours
par la pensée) les scènes qu’il considère comme les
plus angoissantes, le thérapeute lui demande de se
mettre en situation: il doit aborder, dans la vie de
tous les jours des « tâches » de la vie courante qui
l’angoissent, en commençant par les situations les
moins anxiogènes de la liste dressée avec le théra-
peute. Le thérapeute explique à son patient les diffé-
rentes étapes de la thérapie, et lui demande d’ob-
server ses réactions pour chacune des situations
qui conduisent à un évitement. Il doit « coter » son
angoisse de 0 à 10 dans les situations difficiles.
Une immunisation progressive
contre la phobie
Tout au long de la prise en charge, le thérapeute
donne à son patient de nombreuses informations
concernant les phobies, notamment des explications
sur les mécanismes psychophysiologiques du phéno-
mène d’angoisse. Ainsi, plusieurs facteurs partici-
pent à l’apparition de troubles phobiques. D’abord,
des facteurs biologiques : les phobies résultent, pour
la plupart, d’un instinct ancestral de survie : c’est
parce qu’ils menaçaient la survie de nos ancêtres
que nous craignons aujourd’hui les animaux préda-
teurs. C’est aussi le cas des situations associées à des
dangers potentiels, telles que l’obscurité, du vide,
les lieux inconnus. Ces peurs ont été justifiées à un
moment ou à un autre de l’histoire de l’homme, et
ont lui permis de s’adapter à un environnement
parfois hostile. Les schémas de danger sont innés,
et ne nécessitent aucun apprentissage (les ethno-
logues parlent de « mémoire collective »). Face à une
situation donnée, un comportement automatique
de survie refait surface, entraînant angoisse intense
et évitement, ce qui explique le caractère irration-
nel de la phobie. C’est le contexte (social ou psycho-
logique) qui fait émerger le schéma de danger, aujour-
d’hui anachronique et inadapté.
La phobie fait aussi intervenir des facteurs
psychologiques. Elle est avivée par une expérience
désagréable, un traumatisme (par exemple un acci-
dent de voiture, un malaise dans un lieu public,
etc.). Pourtant, chez bon nombre de patients, la
phobie est apparue sans expérience «traumati-
sante». Qui plus est, un même évènement ne
déclenche pas une phobie chez toutes les personnes
qui y assistent. Ainsi, ce que l’on nomme le condi-
tionnement, bien que fréquent, n’est pas indis-
pensable à la survenue d’une phobie.
Enfin, le contexte social peut jouer un rôle
important dans la genèse d’une phobie. L’enfant
apprend un grand nombre de comportements
auprès de ses parents. Ainsi, si un petit garçon ou
une petite fille voit son père ou sa mère avoir une
réaction inadaptée face à telle ou telle situation
(par exemple, se réfugier sous le lit en cas d’orage),
il aura tendance à reproduire ce comportement
dans le même type de situation. Le comportement
a son importance, mais le discours et les mimiques
aussi. Ainsi, les commentaires («Fais attention, tu
vas tomber!»), les anecdotes («Tu sais que le fils
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L
es phobies sont innombrables, et leurs noms souvent barbares. On en
a répertorié plus d’une vingtaine, parmi les plus fréquentes, mais tout
objet peut devenir le facteur déclenchant d’une phobie.
Phobie des araignées : arachnophobie
Phobie des armes blanches : machairophobie
Phobie des voyages en avion : aérodromophobie
Phobie du cancer : cancérophobie
Phobie des chats : ailourophobie
Phobie des chiens : cynophobie
Phobie de la constipation : apopathodiaphulatophobie
Phobie des courants d’air : aérophobie
Phobie de la douleur : algophobie
Phobie de l’eau : hydrophobie
Phobie des éclairs : astrapéphobie
Phobie des grands espaces découverts : agoraphobie
Phobie des espaces fermés et étroits : claustrophobie
Phobie des étrangers : xénophobie
Phobie des hauteurs : acrophobie
Phobie des maladies : nosophobie
Phobie de la nuit : nyctophobie
Phobie des oiseaux : ornithophobie
Phobie des orages, des tempêtes : cheimophobie
Phobie du tonnerre : bronthémophobie
Phobie des objets pointus, des pointes : achmophobie
Phobie de rougir en public : éreuthophobie
Phobie du sommeil : hypnophobie
Phobie des souris : musophobie
Phobie des voyages en train : sidérodromophobie
À chaque objet, sa phobie