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COMPTE-RENDU PARTIEL DE LA JOURNEE DE TRAVAIL :
« ENTRE DECROCHAGE ET PHOBIE SCOLAIRE A L’ADOLESCENCE »
organisée par la Nouvelle FORGE le 19/11/10 au Château des Rochers à NOGENT sur Oise
Intervention de Monsieur C. BOELDIEU, psychologue clinicien libéral à Senlis,
correspondant de réussite éducative.
« Clinique et psychopathologie entre décrochage et phobie scolaire »
L’Ecole est un lieu anxiogène qui provoque :

des stress positifs = aller au delà de ses performances, mobiliser toutes ses aptitudes

des stress négatifs = tout ce qui est subi
L'école est un lieu privilégié d’expression et d‘observation des manifestations d’anxiété et
des troubles.
Phobie ou refus scolaire ?
Dès 1913 Jung évoque le refus névrotique
1932 Broodwin parle d’école buissonnière par un besoin impérieux de retourner chez soi
1941 Johnson propose la phobie sociale
1977 Leibovici parle de névrose invalidante de l’enfance, d’ensemble de symptômes
regroupés en syndrôme
Ajuriaguerra parle d’enfant qui, pour des raisons irrationnelles, refuse d’aller à l’école et
manifeste une réaction de panique.
Berg évoque un sévère bouleversement affectif.
Les symptômes sont variables et intéressent différents registres : émotionnel, somatique,
cognitif et comportemental :
- émotionnel : anxiété, tristesse, retrait affectif, irritabilité, agressivité... ;
- somatique : céphalée, insomnie, fatigue, troubles digestifs, cardiovasculaires ou
respiratoires ;
- cognitif : difficulté de concentration et d'attention, troubles de la mémoire à court terme,
intrusions de pensées, baisse d'efficience scolaire ;
- comportemental : opposition, fugue, inhibition sociale, isolement, acte délictueux, abus de
médicaments, tabac, alcool, drogues, comportement suicidaire ;
Selon la classification internationale des maladies (CIM 10), seule la présence d’au moins
cinq de ces symptômes peut permettre de poser le diagnostic.
Le mode d'installation des crises varie en fonction de l’âge : brutal chez l'enfant, progressif
chez l'adolescent.
PSYCHOPATHOLOGIE :

Besoin d'ascension sociale = transfert des parents sur la réussite de leur enfant.

Névrose du couple parental = mère phobique ; absence de père.

Parents malades, mère dépressive.

Parents trop indulgents ou exigeants, insatisfaits.

Inadaptation entre les attentes des parents et les capacités de l'enfant.

Surprotection parentale.

Perception hostile du monde par les parents.
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TROUBLES ANXIEUX :
- Anxiété généralisée = adolescent constamment inquiet
- Phobie sociale : l'éducation se fait vers le retrait social et scolaire = dépression, anorexie,
boulimie...Amplification des difficultés, besoin de réassurance.
Se traduit dans :

les situations de prestations ou de performance sous le regard d'autrui ;

les situations de contacts, d'échanges ;

les situations où il faut s'affirmer.
L’origine de ces troubles est parfois traumatiques : violences, racket, dévalorisation.
- Anxiété de séparation : augmentation des troubles somatiques

refus de se rendre à l'école masqué par des plaintes somatiques ;

surinvestissement d'un enseignant ;

visites fréquentes à l'infirmerie ;

parents solidaires d'un enfant considéré comme fragile.
- Anxiété de performance :

adolescent surinvesti et perfectionniste ;

réaction excessive aux remarques des enseignants ;

efforts scolaires démesurés.
- Agoraphobie, avec ou sans crise de panique :

trouble panique, crise d'angoisse, spasmophilie ;

période de malaise brutal, d'anxiété intense, nettement délimitée (CIM 10)

peur de sortir chez soi avec crises de panique (→ le faire respirer dans le coude pour
réduire l’oxygénation en respirant du CO2 )

incapacité à tenir ses engagements ;

peur de perdre le contrôle de soi.
- Troubles obsessionnels compulsifs (T.O.C) :

adolescent ritualisant tous ses actes ;

envahissement par des pensées obsessionnelles qui entravent le fonctionnement
scolaire ;

se sentir responsable des conséquences de ses interventions (conjurations)
Pour contrer les TOC, petit truc proposé : la boîte à TOC = écrire sur un papier le TOC à
supprimer et le placer dans la boite à TOC (ex : 50 fois « allumer et éteindre »).
L’E.I.P. : enfant intellectuellement précoce
Alfred Binet (avec M. Simon) a réalisé une échelle psychométrique (de mesure de
l’intelligence) basée sur la moyenne des réponses apportées par des enfants du même âge (
Étude sur les aptitudes cognitives de l'enfant).
Il peut y avoir un décalage entre l'intelligence et l'affectivité. C’este le cas des enfants
surdoués au niveau conceptuel. Par exemple, à 5 ans, l’enfant précoce voudra être
archéologue ou paléontologue... L'enfant précoce est toujours immature et présentera toujours
cette dysharmonie (= décalage) entre son niveau de performances intellectuelles et son
affectivité. Cette dyssynchronie cognitive s’accompagne d’un ennui scolaire et de difficultés
d’adaptation sociale.
Notion de diagnostic différentiel (= ne pas confondre les différents symptômes)
Exemple :
- Le syndrome de claustration à domicile (au Japon : hikikomori) : enfant incapable de
vivre en société ;
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-
Les addictions ;
Les addictions aux jeux en ligne (ex : 7h/ jr pendant 3 ans)
Troubles des apprentissages (dyspraxie, dysorthographie) ;
Troubles oppositionnels.
L'école initie à la vraie vie. Elle est un facteur d’anxiété, mais aussi de réussite. Les enfants
phobiques évoluent pour 1/3 avec des troubles mentaux, pour 1/3 avec des troubles de la
personnalité, et 1/3 d'entre eux évoluent favorablement.
Mme MARTIN : professeur à l'annexe médico-pédagogique de la clinique G. HEUYER,
lycée C. Monet à PARIS.
APPROCHE PEDAGOGIQUE DE LA PHOBIE SCOLAIRE :
En quoi l'adaptation des dispositifs pédagogiques peut contribuer à la prise en charge des
élèves présentant une phobie scolaire ?
1) LES CARACTERISTIQUES PEDAGOGIQUES SPECIFIQUES AUX PHOBIES
SCOLAIRES - La phobie scolaire et ses stratégies d'évitement portent sur :

la résistance au cadre

l’épouvantail de la discipline

le contournement du travail en classe

l'évitement de l'évaluation

l'impossibilité de la bonne distance relationnelle
2) FACTEURS PEDAGOGIQUES DES PHOBIES SCOLAIRES :
- Le cadre et ses règles : l'établissement scolaire, le temps scolaire, le savoir académique.
- Le statut d'élève : les phobies du métier d'élèves ; les principes paradoxaux de
l'apprentissage ; les difficultés de construction d’un « projet de sens ».
- Processus d'évaluation permanent : la note, le passage, l'orientation
- Confusion entre compétence et performances : on est toujours plus compétent que
performant (ex : en sport).
3) FACTEURS PEDAGOGIQUES PERMATTANT DE REDUIRE LA PHOBIE SCOLAIRE
→ créer un cadre de travail instituant une sécurité pédagogique ;
→ travailler l'apprentissage autrement pour redonner du sens et revaloriser l'élève ;
→ travailler sur l'image de l'évaluateur ;
→ envisager l'examen.
Espoir et fragilité de la renégociation du sens de la scolarité.
Apprendre c'est reconnaître ses manques.
Le savoir à l'école ne peut se faire à partir de la relation à l'autre.
Etre à l'école c'est construire un projet de sens.
Accepter d'apprendre c'est aussi accepter de changer.
L'anxiété de performance est toujours présente.
Se projeter vers l'autonomie est anxiogène.
Que proposer ? Une renégociation du sens de sa scolarité singulière par une alternance de
temps collectifs et personnalisés.
Comment ? En travaillant sur les règles de jeu du temps scolaire (atouts et contraintes).
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Deux moyens : les ateliers pédagogiques et les dialogues.
- Les ateliers pédagogiques mettent en place les pistes élaborées lors des dialogues. Les
enseignants travaillent avec les psychologues et psychiatres.
Un aménagement du temps des études est mis en place : possibilité de passer le bac en deux
ans… afin de permettre au jeune de respirer et de se soigner.
Support pédagogique : en géographie, l’année scolaire est schématisée par un arbre indiquant
les concepts à acquérir, le nombre d'heures prévues et les étapes d’apprentissage.
Les élèves phobiques font souvent du zapping géographique. Ainsi, l’enseignante leur
propose trois activités de 20 minutes ou elle remanie l’heure de cours en une séquence de 15
minutes.
Comment faciliter la relation élève/professeurs?
Par rapport à un terme précis, les idées des élèves sont mises en vrac au tableau. Puis, ils
doivent rechercher les stratégies utilisées pour trouver ces connaissances. Il ne faut pas
abaisser le niveau d’exigences, mais il est possible de s’amuser et de faire des détours en
utilisant des B.D., des caricatures, des films, des romans, des revues de presse ou en partant
d'une passion, d'un loisir pour étudier. Des ateliers transversaux entre 2 matières sont réalisés
par deux enseignants. Les profs sont membres du groupe à par entière et ouvrent le débat sur
leurs propres stratégies d’apprentissage et sur leurs propres limites et erreurs. L'arbre est
utilisé pour s'auto-évaluer.
L'objectif est princpial de cette enseignante est de redonner du plaisir à apprendre.
Monsieur COSSERON, pédopsychiatre à la Maison des ados des Hauts de Seine :
La phobie scolaire, l’absentéisme scolaire, le décrochage scolaire, sont ils les signes miroirs
d’un symptôme sociétal ?
Pourquoi les enseignants sont-ils absents de cette réflexion ?
On remarque une absence de désir chez les adolescents décrocheurs.
Le décrochage est aussi le signe d’une désertification de la pensée. Ainsi, il faut réanimer la
pensée propre de l'adolescent.
L'absentéisme est-il un symptôme scolaire des difficultés de l'élève ou un signe de la crise de
l'école ?
On observe chez une désincarnation de la fonction paternelle (pas de loi ; entorses à
l’obligation scolaire) et absence d’une image maternelle suffisamment protectrice pour être
suffisamment « sécure » et pouvoir se mettre en situation d’apprentissage. Il y a un sentiment
(ou une réalité…) de manque d’amour.
L’absentéisme des élèves est aussi important que celui des profs…! (8%°)
Les enfants manquent de jeux interactifs à l'école et à la maison.
Dans les Hauts de Seine, une convention tripartite a été signée (entre le secteur de psychiatrie
infanto-juvénile, la P.J.J., et l'inspection académique). Elle officialise à une procédure pour les
ados en situation de refus de scolarité, en cas de décrochage scolaire supérieur à 7 semaines.
30% des ces jeunes n’ont plus d »établissement scolaire de référence, suite à des
déménagements, des séparations de couples ou parce qu’ils étaient arrivés en fin d’un cycle
d’enseignement. Cette convention permet de mettre en commun les solutions possibles : des
missions locale, des CIO, des CFA, des EPLE afin que les familles puissent faire un choix.
Compte rendu effectué par I. GOMES, Conseillère technique du Bassin EST - le 23/11/10
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