greenshield.ca À QUOI SERT VRAIMENT CE MÉDICAMENT? L'EMPLOI NON CONFORME AUGMENTE Quand les membres d'un régime se voient prescrire un médicament, ils supposent que celui-ci a été testé et approuvé pour traiter l'affection dont ils sont l'objet. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas, puisque les médicaments se prescrivent aussi pour un emploi non conforme à l'étiquette. Lorsque Santé Canada approuve la mise en vente d’un médicament, l’approbation précise, entre autres choses : la population à qui le médicament peut être prescrit, la ou les indications visées par le médicament et la ou les doses pouvant être administrées. On utilise l’expression « emploi non conforme à l’étiquette » pour désigner l’utilisation d’un médicament à des fins autres que celles figurant dans les conditions d’approbation du produit1. » NUISIBLE OU UTILE? ÇA DÉPEND… La plupart des membres d'un régime n'ont aucune idée que leur médecin leur a prescrit un médicament dont l'emploi est non conforme. Il arrive même que le médecin ne le sache pas. Mais est-ce nécessairement nuisible? Dans certains cas, comme pour le traitement d'un cancer, la prescription d'un médicament non conforme est monnaie courante. (Nous parlons des médicaments dont l'emploi est non conforme à l'étiquette et prescrits dans les cas de cancer à la rubrique Derrière le comptoir, en page 5.) Cela dit, une utilisation non conforme présente aussi des risques. RISQUES : EFFICACITÉ ET INNOCUITÉ Même si la prescription de médicaments dont l'emploi est non conforme est relativement rare pour la plupart des affections, une étude des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), publiée dans Archives of Internal Medicine, révèle que 11 % des ordonnances au Canada concernent un emploi non conforme, soit une ordonnance sur neuf, et pour 79 % de ces ordonnances, l'utilisation appropriée « n'est pas appuyée par de solides preuves scientifiques ». L'étude a aussi mis en lumière le fait que plusieurs médicaments sont essentiellement prescrits pour un emploi non conforme2. Prenons la quinine, par exemple. Ce médicament antipaludique est prescrit, dans 99 % des cas, pour un emploi non conforme, à savoir des douleurs nocturnes dans les jambes, sans preuve scientifique à l'appui. Cela pourrait ne pas être bien grave en soi, sauf que la quinine est associée à d'importants effets indésirables3. Du point de vue de l'innocuité, il est important de se demander à qui sont prescrits des médicaments à l'emploi non conforme. Il s'agit souvent de femmes enceintes, d'enfants et de personnes âgées, des groupes qui ne font habituellement pas partie des essais cliniques en raison des risques éventuels. L'absence d'essais pour ces groupes signifie que les effets des médicaments, dans leur cas, qu'ils soient positifs ou négatifs, ne sont pas complètement connus. Le manque de preuves ne signifie pas qu'un médicament est dangereux ou manque d'efficacité, mais plutôt que l'action de ces médicaments sur les personnes de ce groupe ne sera peut-être pas la même que chez les sujets ayant fait l'objet des essais traditionnels. AVANTAGES DE L'EMPLOI NON CONFORME Il faut savoir par contre que l'emploi non conforme peut avoir des effets positifs. Il permet aux médecins de personnaliser le traitement de patients pour lesquels les options thérapeutiques traditionnelles ne donnent pas de résultats; il participe aussi au traitement de maladies rares et de certains types de cancers pour lesquels il n'y a guère UNE d'autres options. L'emploi non conforme d'un médicament donné peut se révéler à terme sûr et efficace. Et parfois il s'avère plus novateur que l'usage initial approuvé. La loi n'interdit pas aux médecins de prescrire des médicaments dont l'emploi est non conforme; toutefois, les compagnies pharmaceutiques n'ont pas le droit d'en faire la promotion. C'est souvent par l'entremise de leurs collègues ou à partir de leur propre expérience que les médecins trouvent d'autres traitements appropriés. Bien des médicaments prescrits pour une indication non conforme sont sur le marché depuis longtemps, ce qui veut dire qu’ils permettent un champ plus large d’expérimentation et ouvrent la voie à la découverte de nouvelles indications4. (De plus, dans le cas des médicaments plus anciens, il n'y a pas d'intérêt à entreprendre de nouveaux essais cliniques puisque leur brevet a expiré.) Pour l'instant, le Canada n'a aucun moyen d'assurer le suivi ni de surveiller l'emploi non conforme des médicaments prescrits. On a récemment demandé à Santé Canada de surveiller cette pratique en mettant en correspondance les dossiers médicaux des patients et les dossiers d'ordonnance. Pour y parvenir, il faudrait la participation des provinces et des territoires. Le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie a récemment publié un rapport qui contient un certain nombre de recommandations destinées à faciliter la collecte et l'analyse d'information sur les avantages et les risques de la prescription de médicaments dont l'emploi est non conforme à l'étiquette. Toutefois, rien n'indique qu'une initiative de suivi ou d'évaluation de ces médicaments sera instaurée sous peu. PRENONS QUELQUES EXEMPLES DE MÉDICAMENTS DONT L'EMPLOI N'EST PAS TOUJOURS CONFORME À L'ÉTIQUETTE : MÉDICAMENTS CONTRE LE TROUBLE D'HYPERACTIVITÉ AVEC DÉFICIT DE L'ATTENTION (THADA) Des stimulants, comme Adderall et Ritalin, sont couramment prescrits pour traiter des enfants (et parfois des adultes) présentant un THADA et sont considérés comme sûrs et efficaces. Toutefois, ces stimulants font partie d'une catégorie à risque élevé d'abus si leur utilisation n'est pas conforme à l'étiquette. Aux États-Unis et au Canada, de plus en plus d'étudiants, au niveau collégial et universitaire, prennent ces médicaments pour améliorer leur concentration. Il s'agit là d'un problème croissant. Les médicaments contre le THAD sont loin d'être inoffensifs. Ils appartiennent à la même catégorie que les méthamphétamines et la cocaïne; ils créent une dépendance et s'accompagnent d'effets secondaires comme l'insomnie, l'agitation et l'augmentation du rythme cardiaque. De plus, on n'a pas démontré de corrélation entre la prise de ces médicaments et l'amélioration des notes5. OXYCONTIN Voici un autre médicament dont le potentiel de non-conformité est élevé. OxyContin est un analgésique efficace quand il est utilisé comme il se doit pour « le soulagement de la douleur modérée à intense exigeant l'emploi continu d'une préparation analgésique opiacée pendant au moins plusieurs jours6 ». Ce médicament n'était pas prévu pour les patients souffrant de « douleurs légères, intermittentes ou de courte durée qui peuvent être prises en charge par d'autres analgésiques7 » ni « pour la prise en charge des douleurs aiguës8 ». Il aurait fallu le prescrire uniquement selon les indications établies, soit pour les affections qui exigent une maîtrise de la douleur pendant une période continue, entre autres dans le cas d'un cancer. Toutefois, de nombreux médecins y ont eu recours comme analgésique courant. Ce qui fait qu'il est maintenant prescrit pour un grand éventail d'affections, dans des quantités croissantes. En 2012, OxyContin a été remplacé par OxyNeo, une version du médicament moins sujette à une surconsommation, bien que Santé Canada ait approuvé des versions génériques d'OxyContin. QU'EN EST-IL DE VOTRE RÉGIME DE REMBOURSEMENT DES MÉDICAMENTS? Même si bien des médicaments dont l'emploi n'est pas conforme ont des effets bénins et peuvent être parfois utiles, les assureurs et les promoteurs de régime devraient s'inquiéter du fait qu'ils paient alors un médicament qui peut être soit inefficace soit nuisible ou qui pourrait être remplacé par un médicament à meilleur prix et dont l'emploi est DEUX étayé par des preuves cliniques. Les médecins sont libres de prescrire les médicaments qui, à leur avis, correspondent le mieux aux intérêts de leurs patients. À l'heure actuelle, nous n'avons aucun moyen d'assurer un suivi ou une surveillance des médicaments dont l'emploi est non conforme, puisque ni GSC ni les pharmaciens ne peuvent dire avec certitude pourquoi un médicament plutôt qu'un autre a été prescrit, sauf s'il s'agit d'un médicament qui exige une autorisation spéciale. L'exigence d'une autorisation spéciale permettrait de repérer les cas où un médicament donné est souvent prescrit pour un emploi non conforme et de s'assurer qu'il est utilisé pour les raisons indiquées. Par exemple, l'une des nombreuses indications de Botox consiste à réduire la transpiration axillaire excessive. Chez GSC, notre exigence d'une autorisation spéciale et notre procédure d'évaluation nous permettent de repérer un emploi non conforme éventuel et d'éviter que le produit soit utilisé pour traiter une transpiration excessive dans d'autres parties du corps ou à des fins cosmétiques. De plus, nous saisissons les règles dans le système AdvantageMC pour essayer de prévenir certaines utilisations non conformes. Gardasil, par exemple, est un vaccin indiqué pour les personnes de sexe féminin, de 9 à 45 ans, et celles de sexe masculin, de 9 à 26 ans, dans la prévention des infections causées par le papillomavirus, associé à différents types de cancers. L'efficacité de ce produit n'a pas été évaluée chez les femmes de plus de 45 ans, ni chez les hommes de plus de 26 ans. Résultat : l'utilisation de ce médicament dans cette population serait non conforme10. Comme nos règles sont enregistrées dans le système Advantage, nous sommes certains que Gardasil ne sera remboursé que pour les groupes d'âge pour lesquels le traitement est efficace, ce qui élimine les possibilités d'utilisation non conforme. Sources : 1,3 Les produits pharmaceutiques sur ordonnance au Canada : emploi non conforme à l'étiquette, Comité sénatorial permanent des affaires sociales, sciences et technologie, janvier 2014; http://www.parl.gc.ca/Content/SEN/Committee/412/soci/rep/rep05jan14-f.pdf 2,4 Drug, Patient, and Physician Characteristics Associated With Off-label Prescribing in Primary Care, Journal of American Medical Association, janvier 2012; archinte.jamanetwork.com/article.aspx?doi=10.1001/archinternmed.2012.340&etoc#Abstract 5 Attention-deficit hyperactivity disorder (ADHD) stimulant medications as cognitive enhancers, Frontiers in Neuroscience, mai 2013. Consulté en juin 2013, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3666055/ 6-8 Apotex, Inc., monographie de produit : Apo-Oxycodone CR, rév. en novembre 2012, http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodpharma/index-fra.php 9 Allergan, Inc., monographie de produit : BotoxMD, octobre 2013, http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodpharma/index-fra.php 10 Merck Canada, Inc., monographie de produit : GardasilMD, mai 2013, http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodpharma/index-fra.php L'expertise de GSC en matière de réduction des coûts En tant que gestionnaire de régime de garanties-médicaments, GSC met constamment au point des moyens novateurs pour aider les membres des régimes à réaliser des économies sur les demandes de règlement sans pour autant compromettre les soins dont ceux-ci ont besoin. Perspective sur les prescriptions est l'endroit par excellence pour présenter certains de nos plus importants programmes de gestion des coûts. POLITIQUE SUR LES COMPOSÉS Les composés sont des médicaments que l'on ne trouve pas sur les tablettes des pharmacies; ils doivent être préparés par un pharmacien, que la préparation soit orale, topique (crèmes ou onguents) ou injectable. Les pharmaciens assemblent un certain nombre d'ingrédients en vue d'obtenir un mélange spécial répondant aux besoins particuliers d'un patient. Tout cela ressemble à une évolution novatrice et c'est souvent le cas. Parfois, cette démarche se justifie par des raisons médicales, par exemple, modifier la formulation d'un comprimé pour que celle-ci devienne liquide. Cela dit, parfois aussi, les composés sont simplement une version revisitée d'un produit qui existe déjà, à un coût supérieur. COMMENT ÇA FONCTIONNE... Conformément à la politique sur les composés de GSC, ceux-ci doivent contenir un ingrédient actif admissible en « concentration thérapeutique » dans une base admissible pour être couverts par le régime de remboursement des médicaments. Des ingrédients actifs admissibles signifient que les composés chimiques confèrent au médicament son effet thérapeutique; quant à la base admissible, elle renvoie à la substance à laquelle le produit chimique actif sera mélangé (comme une crème ou un onguent). g g Pour les produits topiques, le composé doit être constitué d'ingrédients admissibles au titre du régime. Dans le cas des autres produits, l'ingrédient actif doit être un produit admissible au titre du régime et le composé ne doit contenir aucun ingrédient non admissible. TROIS Exemple : GSC COUVRE CES COMPOSÉS… … MAIS PAS CEUX-LÀ Un composé oral liquide issu de comprimés ou de capsules en l'absence d'un équivalent liquide commercial. L'hormonothérapie substitutive « bioidentique » et les médicaments indiqués pour un usage oral mais qui sont incorporés dans des crèmes topiques. Il y a une myriade de produits commerciaux efficaces et aucune preuve que les produits composés présentent un avantage. INCIDENCE SUR VOTRE RÉGIME La politique sur les composés de GSC couvre uniquement les composés nécessaires dont l'efficacité est avérée et dont le coût est d'ordinaire moins élevé. Pour étudier l'incidence de cette politique, GSC a fait réaliser deux analyses indépendantes des demandes de règlement pour composés. La première étude a été réalisée au moyen de données sur les règlements effectués en 2007; la deuxième, au moyen de données sur les règlements de 2012. Les deux analyses ont exploré les différences entre GSC et d'autres payeurs du secteur privé canadien. Demandes de règlement pour composés Coût moyen par ordonnance de composé Augmentation du coût moyen par demande de règlement pour composé GSC 2007 35,34 $ Autres payeurs du secteur privé canadien 2012 39,12 $ 10,7 % 2007 2012 43,15 $ 54,73 $ 26,8 % Pourcentage de toutes les demandes de règlement de frais de médicaments 0,47 % 0,42 % 0,87 % 0,85 % Pourcentage du coût total des médicaments 0,24 % 0,25 % 0,55 % 0,64 % LES ÉCONOMIES Au cours de la période de cinq ans, le coût moyen par ordonnance de composé a augmenté de 10,7 % pour GSC, contre 26,8 % pour les autres assureurs sur le marché. Pour GSC, le coût moyen par ordonnance de composé est bien moindre que celui de la concurrence. De plus, le nombre d'ordonnances en pourcentage du nombre total de demandes de règlement est aussi plus faible que pour nos concurrents (0,42 % de toutes les demandes de règlement pour GSC contre 0,85 % pour la concurrence). Ces tendances positives observées dans le volume d'affaires de GSC remontent à l'introduction de notre Politique sur les composés, qui garantit que seuls des composés répondant à une exigence thérapeutique sont couverts par le régime de remboursement des médicaments. QUATRE LE DERRIÈRE COMPTOIR LES RÉGIMES DE REMBOURSEMENT DES MÉDICAMENTS EXPLIQUÉS Dans chaque numéro de Perspective sur les prescriptions, nous rencontrons un membre de notre équipe de pharmaciens et nous lui posons des questions sur un sujet d'actualité. Pour ce numéro, nous avons discuté avec la pharmacienne Cheryl Bielicz, de GSC, des ordonnances pour des médicaments dont l'utilisation peut être non conforme. PsP : Comment savoir si l'utilisation d'un médicament est non conforme quand vous recevez une ordonnance? Cheryl : Il n'y a pas de moyen de le savoir à coup sûr, mais il y a quand même quelques indicateurs. Par exemple, une posologie qui diffère de ce que je vois habituellement pour un médicament donné pourrait être un indice. C'est l'une des raisons pour laquelle il est très important de conseiller les patients qui arrivent avec une nouvelle ordonnance. Je commence toujours par poser des questions ouvertes au patient : « Pour quelle raison le médecin vous a-t-il prescrit ce médicament? » La réponse m'indique s'il s'agit ou non d'une utilisation conforme. PsP : Voyez-vous souvent passer des ordonnances de médicaments dont l'utilisation est non conforme? Cheryl : Ce n'est pas inhabituel. L'utilisation non conforme de certains médicaments est bien connue. D'ordinaire, il s'agit de ceux que je vois à la pharmacie. Par exemple, on peut prescrire des antidépresseurs pour le traitement de bouffées de chaleur. Souvent, la patiente n'a aucune idée de ce que le médecin lui a prescrit. Elle risque d'être surprise à la lecture de la fiche du médicament. Je veux que les patients comprennent que le médicament qu'on leur prescrit peut servir à une autre fin que celle qui figure sur la fiche d'information et que cela est bien aussi. Bien entendu, je vois parfois aussi des médicaments prescrits pour des raisons que je ne connais pas. Je veux être en mesure de répondre aux questions et de donner la bonne information aux patients. Je tiens à être honnête, à leur dire que j'aimerais prendre connaissance des indications thérapeutiques du médicament en question et que je vais faire une recherche rapide pendant qu'ils sont là. Internet est un merveilleux outil de référence pour obtenir de l'information rapidement (si toutefois on se trouve sur les bons sites). PsP : L'utilisation non conforme des médicaments sur ordonnance vous préoccupe-t-elle? Cheryl : Ma principale préoccupation est le manque d'efficacité clinique qui peut accompagner l'utilisation non conforme de médicaments d'ordonnance. Quand Santé Canada approuve un produit, c'est pour un usage particulier. Si un médecin le prescrit pour un usage différent, la procédure d'approbation n'a pas été observée. Autrement dit, les essais cliniques contrôlés qui servent à déterminer la bonne posologie, l'innocuité et l'efficacité n'ont pas eu lieu et n'ont pas été soumis aux organismes réglementaires appropriés. J'ai aussi souvent vu des médicaments dont l'utilisation est non conforme être prescrits comme tentative de contourner des autorisations antérieures, quand on sait que les critères de GSC ne seront pas satisfaits. C'est pourquoi il est important de connaître les emplois non conformes courants et de mettre les politiques administratives pertinentes en place. Un exemple? Prescrire un médicament destiné à régler des problèmes de fertilité pour perdre du poids. CINQ PsP : Si des médicaments sont couramment utilisés pour un emploi non conforme, pourquoi ces utilisations ne deviennent-elles pas « conformes »? Cheryl : Quand un médicament est sur le marché depuis longtemps, il fait souvent l'objet d'utilisations non conformes que les pharmaciens et les médecins connaissent. Mais pour une compagnie pharmaceutique, faire approuver un médicament pour une nouvelle utilisation signifie qu'elle doit passer de nouveau par toute la procédure d'approbation, avec des essais cliniques et des années de recherche. Entreprendre des études pour envisager de nouvelles utilisations liées à d'anciens médicaments n'est pas toujours rentable pour une compagnie pharmaceutique, surtout si une version générique est accessible sur le marché ou le sera bientôt. PsP : Parlons un peu des médicaments contre le cancer. Je crois qu'ils font souvent l'objet d'une utilisation non conforme. Pourquoi en est-il ainsi? Cheryl : Oui, effectivement, certains médicaments contre le cancer s'utilisent pour différents types de cancers, même quand le médicament n'a pas été approuvé pour un type de cancer donné. Les traitements contre le cancer regroupent souvent un ou plusieurs médicaments dont certains ne sont pas approuvés pour la maladie dont il est question. Il y a toujours de nombreux essais cliniques dans le monde du cancer, ce qui est une bonne chose puisque nous avons vu le taux de survie s'améliorer dans le cas de nombreux cancers, grâce à de nouveaux traitements, au cours des dix dernières années. C'est pourquoi les traitements contre le cancer changent tout le temps et ne cessent de s'améliorer. Compte tenu de l'accessibilité d'Internet, les patients et leur famille font souvent leurs propres recherches et demandent à leur oncologue d'essayer différents médicaments ou différentes combinaisons. Les oncologues se trouvent souvent aux prises avec des situations où peu d'options de traitement ont été approuvées. C'est pourquoi, comme leurs patients, ils sont plus enclins à essayer des médicaments dont l'utilisation est non conforme. PsP : Il y a de bonnes nouvelles dans ce que vous dites, mais les promoteurs de régime devraient-ils faire plus attention aux médicaments contre le cancer? Cheryl : Ces médicaments peuvent coûter très cher. Il est donc important que le bon médicament soit administré au bon patient pour la bonne maladie. De solides mécanismes, comme une autorisation préalable, doivent être en place pour s'assurer que les traitements coûteux sont utilisés comme il se doit, avec efficacité. Cela ne vaut pas uniquement pour le payeur privé. Les régimes publics ou les protocoles contre le cancer s'accompagnent souvent de critères très stricts quant au paiement des médicaments et limitent l'utilisation de ces derniers à l'indication prescrite. En tant que pharmaciens, nous savons que bon nombre de patients souffrant d'un cancer sont prêts à essayer à peu près n'importe quel médicament qui pourrait les aider. Cela dit, nous devons nous assurer que ces patients reçoivent le traitement le plus approprié selon les preuves disponibles. SIX