Intolérances et allergies
que dit la naturopathie ?
Plus dun Français sur trois souffre dallergie et près dun sur deux
d’intolérance alimentaire. Ce chiffre aurait doublé au cours des quinze
dernières années. Quelles en sont les causes et comment pouvons-nous agir en
dehors des traitements symptomatiques proposés par la médecine classique ?
A lheure la médecine conventionnelle na jamais été autant à la pointe
du progrès, un réel fléau atteint de plus en plus de personnes pour lequel
l’allopathie semble impuissante : les maladies chroniques. Elles représentent une
réelle souffrance pour nos contemporains et sont la première cause de décès des
moins de 65 ans dans le monde.
Parmi ces affections, intolérances alimentaires et allergies tiennent le haut
du pavé et les manifestations allergiques, qui peuvent prendre plusieurs visages
comme leczéma, les rhinoconjonctivites, lasthme, lurticaire, voire les chocs
anaphylactiques, sont en constante augmentation.
Une des formes dallergie, lallergie alimentaire, touche de plus en plus la
population pédiatrique avec près dun enfant sur dix concerné. Le lait de vache
est le plus souvent en cause chez le nourrisson. De 6 mois à 15 ans, ce sont les
protéines de lœuf de poule, du poisson, de la cacahuète et du lait qui sont
responsables de 75 % des allergies alimentaires. Chez ladulte, les allergènes
sont plus variés et expriment un réel terrain allergique.
L’allergie est une activation du système immunitaire contre des molécules
ou des organismes non pathogènes alors que lintolérance est initialement un
problème dans la transformation de certaines molécules alimentaires. Lun est
en lien avec le système immunitaire, lautre avec le système digestif.
Les intolérances alimentaires
L’intolérance peut être due soit à une insuffisance denzymes digestives,
soit à une hypersensibilité à certains composés des aliments, des boissons, voire
des additifs alimentaires. Cette hypersensibilité sapparente aux allergies dans le
sens les symptômes peuvent être confondus : nausées, diarrhées, crampes
d’estomac. Les manifestations de lintolérance alimentaire sont très souvent
liées à la dose ingérée : passé une certaine quantité dun aliment allergène, le
corps réagit, alors quune simple petite particule de ce même aliment peut
générer une forte réaction dans le cas de lallergie.
L’intolérance au lactose, le sucre du lait, est courante et en constante
progression. Elle est due à une absence ou à une insuffisance de la lactase,
enzyme qui permet normalement de digérer le lactose. Les fromages étant moins
riches en lactose, ils posent donc moins de problèmes pour lintolérant.
L’intolérance au gluten, issu de certaines céréales (blé, avoine, seigle et
orge), devient également de plus en plus fréquente. Elle est compliquée à gérer
car celui-ci est présent partout (pain, pâtes, pizza, biscuits, viennoiseries,
sauces…). Il donne chez lintolérant des troubles intestinaux. A ne pas
confondre avec la maladie cœliaque, intolérance sévère entraînant une
intoxication au gluten avec des réactions immunitaires très importantes.
Il existe également des intolérances aux protéines des œufs de poule. Le
plus souvent, cest lovalbumine, protéine majoritaire contenue dans le blanc,
qui est mal tolérée. Cette intolérance peut évoluer vers une allergie aux œufs,
notamment chez les jeunes enfants, qui sont les plus vulnérables. Dans le cas de
parents atopiques, il est important dintroduire les œufs de poule le plus tard
possible dans lalimentation.
L’intolérance est plus fréquente et moins grave que lallergie. Elle évolue
souvent avec lâge. Selon la British Allergy Foundation, 45 % de la population
européenne et américaine souffriraient dintolérance. Son expression se limite
souvent à des troubles gastro-intestinaux, mais des infections ORL à répétition,
des douleurs articulaires ou des maux de tête peuvent être en lien avec des
intolérances persistantes ou mal détectées.
Au début du processus, les réactions de lorganisme sont souvent discrètes
et distantes de labsorption du ou des aliments concernés. Toutefois, il est
important de prendre en compte ce signal dalerte envoyé par notre corps qui
indique une réaction à certaines substances alimentaires ou à certains additifs.
Faute de cela, la paroi de lintestin peut sabîmer, entraîner des troubles comme
le syndrome du côlon irritable, voire laisser passer des morceaux daliments non
digérés et entraîner de vraies allergies.
L’intolérance nécessite donc une éviction totale ou partielle de laliment
incrimi pendant quelques mois afin de rendre à nouveau fonctionnel le
système digestif.
Les allergies
Les allergies alimentaires peuvent être une aggravation de lintolérance.
Alors, certaines molécules traversent une frontière normalement étanche : la
paroi de lintestin.
Médicalement, elles se distinguent des intolérances par le fait quelles font
réagir notre système immunitaire, qui fabrique des anticorps spécifiques (IgE)
pour lutter contre les intrus. Ici, les réactions sont immédiates alors que, dans le
cas des intolérances, elles sont, le plus souvent, différées.
Les conséquences peuvent être également beaucoup plus graves, voire
fatales avec des complications comme les œdèmes ou les chocs anaphylactiques.
Les symptômes sont plus nombreux. Ils peuvent être respiratoires (nez qui
coule, éternuements, toux), cutanés (gonflement des lèvres, de la langue,
urticaire, démangeaisons cutanées, eczéma) ou intestinaux (diarrhées, coliques,
crampes).
Allergies et système immunitaire
A l’instar dune armée, le système immunitaire sert à défendre lintégrité du
territoire quest notre corps. Les barrières physiques sont les premières lignes de
défense. Les principales sont la peau, les flores intestinale et vaginale, qui
protègent les muqueuses, ou encore le mucus, qui tapisse larbre bronchique.
Mais ces premières barrières peuvent être franchies de façon accidentelle.
C’est ce qui se passe lorsque lintestin devient poreux à cause dune mauvaise
alimentation ou dintolérances non prises en compte. Ce passage « d’étrangers »
va activer le système immunitaire.
Pour vérifier une réaction allergique, on peut faire doser les lymphocytes
(cellules du système immunitaire) IgE, qui fabriquent les anticorps (ou
immunoglobulines).
Dans le cas dune intolérance persistante, le système immunitaire finit par
réagir et sécréter une autre forme danticorps appelés IgG, dles similitudes
avec les manifestations allergiques, les risques de complications en moins.
Les antigènes, responsables des réactions allergiques, également appelés
allergènes, peuvent être des protéines daliments, mais aussi dautres substances
comme le pollen, la poussière, voire certains médicaments qui ne sont pas
reconnus par notre système de défense.
Certaines cellules du système immunitaire, au contact avec lallergène,
libèrent des granules tels que lhistamine, responsable des manifestations que
sont les rougeurs, les démangeaisons ou les irritations des yeux par exemple.
Les cas extrêmes de réactions allergiques peuvent entraîner des formes
graves dasthme ou encore des œdèmes. Lexpression la plus sévère est connue
sous le nom de choc anaphylactique avec, au dernier grade, un œdème
pulmonaire qui peut être fatal.
Les pathologies allergiques sont le reflet dun mauvais équilibre dans les
mécanismes de régulation du système immunitaire. Ce système, qui permet
normalement didentifier les particules étrangères à lorganisme, est très
finement géré et régulé. Différentes causes peuvent interférer avec ces
mécanismes de contrôle. Par exemple, une insuffisance de contacts avec les
agents infectieux ou une mauvaise flore intestinale oriente chez le nourrisson
son système immunitaire vers la voie de lallergie. De plus, l’activation de notre
système de défense entraîne de façon physiologique une réaction inflammatoire
(via lhistamine par exemple). Cette inflammation permet douvrir les voies de
circulation à nos « gendarmes » pour rendre leur travail plus efficace. La
conséquence de cette dilatation des tissus et vaisseaux sanguins est une rougeur,
une chaleur et une douleur. Dans des conditions normales, linflammation cesse
une fois la tâche des « soldats » achevée. Elle ne pose problème que si elle nest
pas finement régulée.
Il faut souligner que notre système immunitaire a été programmé il y a des
milliers dannées dans un contexte alimentaire les fruits et légumes étaient
largement plus présents dans notre ration alimentaire. Or ceux-ci possèdent
l’antidote à lincendie quest linflammation grâce à leurs antioxydants, qui
neutralisent les radicaux libres générés dans le processus inflammatoire.
Or nous savons aujourdhui que cest linflammation chronique qui
entretient le terrain allergique.
Les causes des allergies
Il est important de ne pas confondre les causes des allergies et leurs
conséquences que peuvent être eczéma, rhinite ou asthme.
Les différents allergènes comme les pneumallergènes (acariens, poils
d’animaux, pollens, moisissures) ou les trophallergènes (molécules
alimentaires), voire certains médicaments et allergènes professionnels comme la
farine pour les boulangers, initialisent la manifestation allergique mais nen sont
pas la cause.
C’est parce que les barrières sont déficientes, comme dans le cas dune
perméabilité intestinale, que ces substances peuvent anormalement pénétrer dans
notre organisme et générer une réaction du système immunitaire. Aussi, un bout
d’aliment mal digéré ou un microbe créent les mêmes réactions au niveau du
système immunitaire. Dans ces conditions, les protéines de l’aliment conservent
leur identité génomique, dont l’une des fonctions de la digestion est justement
de la détruire. Aussi, le système immunitaire, qui « lit » ces gènes, identifie la
molécule comme l’ennemi à abattre. Ensuite, l’inflammation entretient les
perturbations immunitaires responsables des différentes formes dallergie.
L’origine de lallergie alimentaire répond donc à la double équation : mauvaise
digestion + perméabilité intestinale. Aussi, la vraie question est : quest-ce qui
rend cette frontière déficiente ?
Continuer de consommer des aliments ou substances pour lesquels le corps
envoie un signal dintolérance abîme la paroi intestinale, qui peut devenir
anormalement perméable à cause de linflammation occasionnée. Une
alimentation industrielle (riche en additifs), raffinée (pauvre en fibres), la
surconsommation de produits laitiers ou la consommation régulière de certains
médicaments peut également rendre lintestin poreux en altérant la flore
intestinale et en irritant la muqueuse, qui finit également par s’abîmer.
Ces franchissements répétés sont la cause première des allergies tant chez
l’enfant que chez ladulte, cause pourtant souvent méconnue de la médecine
conventionnelle.
Les jeunes enfants sont plus vulnérables aux risques dallergies car ils
possèdent, jusquà environ un an, une perméabilité physiologique de lintestin
afin doptimiser lassimilation des aliments ingérés. Ainsi une mauvaise
digestion et une diversification alimentaire prématurée lui seront préjudiciables.
Certains nourrissons peuvent même présenter une allergie au lait maternel si des
allergènes transmis par lalimentation de la maman y sont présents.
Quant aux manifestations ORL de type rhinites allergiques, elles sont la
signature dune perméabilité des muqueuses respiratoires, qui pourront laisser
passer des allergènes tels pollen, poussières ou acariens. Néanmoins, des
réactions allergiques d’origine alimentaire peuvent également entraîner des
manifestations ORL à travers laction de l’histamine.
En perturbant le système immunitaire, dautres facteurs non spécifiques tels
que le stress, le tabagisme ou les substances polluantes et irritantes interviennent
également dans les risques dallergies.
Les facteurs génétiques, sur lesquels nous avons peu dinfluence en
médecine causale, donneront une prédisposition au terrain atopique (allergique).
Ainsi, si les deux parents dun enfant sont allergiques, celui-ci aura 50 % de
chances de développer une pathologie de type allergique contre 30 % avec un
seul parent ou de 5 à 15 % si aucun parent nest atopique. En conséquence,
l’hygiène de vie ainsi que les modes alimentaires devront être les plus rigoureux
possibles pour les enfants dallergiques.
Un mode de vie à revoir
Le mode de vie semble être le principal facteur de cette croissance
inquiétante car nos gènes nont pas évolué, ou très peu, sur les 10 000 dernières
années.
Le régime à loccidentale est le premier en cause. De plus, la
surconsommation de charcuteries, viandes rouges et fromages, riches en acides
gras saturés, au détriment de bons gras insaturés (poissons, huiles végétales non
raffinées et non chauffées) joue un le délétère sur linflammation. Au
contraire, les bonnes graisses permettent de moduler la réponse inflammatoire et
agissent de façon favorable sur la qualité des membranes cellulaires.
L’environnement du nouveau- est également à évaluer. Le passage par
les voies basses lors de laccouchement permet un premier ensemencement de la
flore intestinale du nouveau-né. Il est donc important que la maman possède
elle-même un bon écosystème intestinal. Lallaitement maternel, quant à lui,
permettra de transférer des immunoglobulines au bébé et de créer un
ensemencement secondaire de la flore intestinale. Aussi, une naissance par
césarienne ou un allaitement artificiel dès la naissance nécessiteront des apports
de probiotiques pour enfants afin de combler ces déficiences de la flore. Il serait
judicieux que la future maman, surtout si elle est allergique, consomme
également, pendant la grossesse, des probiotiques et limite sa propre
consommation de produits allergisants tels que les produits laitiers.
Les blocages dinfections par des milieux trop aseptisés ou les
survaccinations ne permettraient pas au système immunitaire de bien
s’équilibrer.
Quelques solutions
En plus dune alimentation saine riche en végétaux, la naturopathie
préconise des compléments micronutritionnels pour soutenir la fonction
intestinale. Ils doivent être conseillés de façon personnalisée par un
professionnel de la santé compétent. Par exemple, la L-glutamine contribue à la
réparation de la muqueuse intestinale et les probiotiques neutralisent certains
agents pathogènes et dégradent les antigènes alimentaires. Selon leur
composition, les probiotiques diminueraient les symptômes chez des sujets
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