INTRODUCTION
Soit Eune courbe elliptique définie sur Qet pun nombre premier. L’action de Gal Q Q sur les points de
p-torsion de Efournit une représentation
ρE,p : Gal Q Q Aut E N GL2ZpZ.
Si l’on suppose en outre que Eest sans multiplication complexe (CM dans la suite), un théorème de J.-P.
Serre ([Ser71, Théorème 2, §4.2]) dit que la représentation ρE,p est surjective pour psuffisamment grand. Bien
sûr, ce qu’on entend par « suffisamment grand » dépend a priori de la courbe elliptique Echoisie.
J.-P. Serre pose alors la question ([Ser71, §4.3]) de savoir si la notion de « suffisamment grand » peut être
rendue indépendante de E; c’est-à-dire :
Question d’uniformité de Serre. — Il existe un nombre entier P1telle que pour tout premier p P et
toute courbe elliptique EQ, la représentation ρE,p est surjective.
Serre suggère que P19 serait satisfaisant. Cependant B. Mazur et P. Swinnerton-Dyer ont exhibé une
courbe elliptique Edéfinie sur Qdont la représentation de 37-torsion n’est pas surjective ([MSD74]).
La première chose à faire pour répondre à cette question est de comprendre ce à quoi peut ressembler
l’image Im ρE,p si ρE,p n’est pas surjective. Dans tous les cas, la composée det ρE,p : Gal Q Q Z pZ
est surjective. D’autre part, Im ρE,p est contenue dans un sous-groupe maximal de GL2ZpZ: ceux-ci sont
relativement simples à répertorier(voir [Ser71, § 2]). Cinq cas se présentent alors :
(1) ρE,p est surjective,
(2) l’image de ρE,p est contenue dans un sous-groupe de Borel, ie. à conjugaison près, le sous-groupe des
matrices triangulaires supérieures,
(3) l’image de ρE,p est contenue dans le normalisateur d’un sous-groupe de Cartan déployé, ie. à conjugaison
près, le sous-groupe formé des matrices diagonales et anti-diagonales,
(4) l’image de ρE,p est contenue dans le normalisateur d’un sous-groupe de Cartan non-déployé, ie. à conju-
gaison près, le normalisateur de l’image d’un plongement Fp2GL2ZpZ,
(5) l’image de ρE,p est contenue dans un "sous-groupe exceptionnel", ie. un pullback à GL2ZpZd’un
sous-groupe de PGL2ZpZisomorphe à S4,A4ou A5.
Pour répondre affirmativement à la question de Serre, il s’agit donc de montrer que les cas 2à5ne se
produisent pas pour pplus grand qu’une constante absolue P. Le cas 5est facile à écarter : la surjectivité
du déterminant montre que l’image de ρE,p n’est jamais contenue dans le pullback de A4ou A5, J.-P. Serre
([Ser71, § 2.2]) montre que le cas de S4ne se produit pas pour p13. La situation 2a été traitée par B.
Mazur en 1978 ([Maz78]) : si p37, l’image de ρE,p ne peut être contenue dans un sous-groupe de Borel. Le
cas 4semble pour l’instant hors de portée.
Dans le cadre de ce programme, nous nous concentrons ici sur l’étude du cas 3. Pour obtenir une borne
uniforme sur p(ie. indépendante de E), on construit une courbe projective Xsplit psur Qqui paramètre les
classes d’isomorphisme de courbes elliptiques Esur Qdont la représentation de p-torsion a une image contenue
dans le normalisateur d’un sous-groupe de Cartan déployé de niveau p([Maz77b, §]). On se ramène donc à
étudier l’existence ou non de points rationnels (et non CM) sur Xsplit p.
La première avancée dans cette direction a été faite par B. Mazur ([Maz77a, III.§6]) : si p13, il n’y a qu’un
nombre fini de points Q-rationnels sur Xsplit p. Parmi lesquels, certains proviennent de courbes elliptiques avec
CM ([Maz77b]). Dans un autre article, B. Mazur monter que P37 est le plus petit candidat convenable
pour une borne uniforme ([Maz78]).
.... survey ...
L’objet de ce mémoire est d’exposer en détail l’argument donné par Y. Bilu et P. Parent (et M. Rebolledo)
pour démontrer l’énoncé suivant :