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Cycle: Master (1ère année)
Cours 2
Année universitaire : 2011-2012
Ministère de l’enseignement supérieur et
de la recherche scientifique
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École Supérieure de Commerce d’Alger
ANALYSE DES ORGANISATIONS
Pr Kechad Rabah
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1-L’approche systémique et l’organisation
Le paradigme systémique est le produit de la théorie fonctionnaliste- structuraliste.
L’approche systémique dans les sciences sociales s’est constituée à partir de la vision
philosophique du monde développée par les philosophes, les physiciens et les astrologues.
Pour cela deux champs scientifiques jusque là hermétiquement séparés, celui des sciences
humaines et celui des sciences naturelles sont, dès lors, amenés à communiquer entre eux et à
s’enrichir mutuellement de leurs connaissances propres. Ce dialogue, ces échanges entre
disciplines, émergent dans un contexte de séisme épistémologique à l’échelle de toutes les
sciences et qu’on a qualifié, selon la terminologie de Kuhn, de changement de paradigme
porteur d’une révolution scientifique majeure. »
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La notion du système est elle-même héritée des sciences physiques et biologiques.
Comment le paradigme systémique a-t-il été transposé dans les études des
organisations ?
Pour comprendre comment le paradigme systémique s’est développé dans le domaine
des organisations, il faut se situer dans les théories du changement social. L’étude du
changement social a connu deux principales conceptions : la conception marxiste fondée sur
la logique des conflits et des crises qui créent le changement, et la logique fonctionnaliste-
structuraliste qui a présenté la société comme un ensemble tenu par l’équilibre et la stabilité.
Dans le courant fonctionnaliste l’américain Talcott PARSONS a joué un rôle
fondamental dans le développement de tout le paradigme fonctionnaliste. Henri MENDRAS
résume le courant fonctionnaliste par les postulats suivants :
- « Toute société est une structure bien intégrée d’éléments.
- Toute société est une structure relativement stable et permanente.
- Chaque élément d’une société possède une fonction, c’est-à-dire qu’il contribue au maintien
du système.
- Toute structure qui fonctionne est basée sur le consensus de ses membres autour des valeurs
fondamentales. »
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A partir de cette vision que les auteurs aient eu tenté de présenter la société comme un
système équilibré composé lui-même de sous-systèmes. La relation d’interaction entre ces
éléments constituent la force d’équilibre. Il est évident donc que le courant fonctionnaliste-
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- Anne-Marie CODUR ; l’étude des interrelations population- développement environnement ;
questions méthodologiques ; in : Population et Environnement au Maghreb ; Bruxelles ; ED.
Académia- L’Harmattan ; 1995.
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- MENDRAS (H) et FORSE (M); le changement social ;Paris ; Edition A. Colin ; 1983 ; p 129.
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structuraliste constitue une idéologie dont le rôle fondamental est de contribuer à maintenir le
système capitaliste en équilibre.
De cette vision macrosociologique, Von BERTALANFFY, à partir d’une réflexion sur
la biologie, a développé dans les années 50 la théorie générale des systèmes (T.G.S). Depuis
cette date, la théorie des systèmes s’est développée dans les différents domaines. MORIN (E)
a dit à ce sujet : « De tous les horizons, désormais, physiques, biologiques, anthropo-
sociologique, s’impose le phénomène système. Tous les objets clés de la physique, de la
biologie, de la sociologie, de l’astronomie, atomes, molécules, cellules, organismes, sociétés,
astres, galaxies, constituent des systèmes. »
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L’approche systémique développée par BERTALANFFY émane de la théorie
fonctionnaliste- structuraliste qui se distingue de l’approche analytique.
Pour mieux distinguer les deux approches, nous proposons un tableau de J. de
ROSNAY
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.
Approche analytique.
Approche systémique.
Isole : se concentre sur les éléments.
Considère la nature des interactions.
S’appuie sur la précision des détails.
Modifie une variable à la fois.
Indépendante de la durée : les phénomènes considérés
sont considérés comme réversibles.
La validation des faits se réalise par la preuve
expérimentale dans le cadre d’une théorie.
Modèle précis et détaillés, mais difficilement utilisables
dans l’action (exemple : modèle économétriques).
Approche efficace lorsque les interactions sont linéaires
et faibles.
Conduit à une action programmée dans son détail.
Connaissance des détails, buts mal définis.
Considère les effets des interactions.
S’appuie sur la perception globale.
Modifie des groupes de variables simultanément.
Intègre la durée et l’irréversibilité.
La validation des faits se réalise par comparaison du
fonctionnement du modèle avec la réalité.
Modèles insuffisamment rigoureux pour servir de base aux
connaissances, mais utilisables dans la décision et l’action.
Approche efficace lorsque les interrelations sont non linéaires
et fortes.
Conduit à un enseignement pluridisciplinaire.
Conduit à une action par objectifs.
Connaissances des buts, détails flous.
L’approche systémique a envahi les sciences sociales dans les différents
domaines : économie, sociologie, histoire …etc. MENDRAS a développé cette vision
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MORIN (E ) ; la méthode, Tome 1 ; la nature de la nature, Paris, Points Seuil ; 1981 in : CODUR
(A.M) ; op.cit ; p 135.
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- ROSNAY de, j. ; le Macroscope, vers une vision globale, Paris ; Ed.le Seuil ; 1975 in : ibidem ; p
138.
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tout au long de son ouvrage consacré au changement social afin de relier le niveau
microsociologique au macrosociologique dans une vision systémique globale.
Depuis les deux dernières décennies du siècle passé, l’approche systémique a connu
un développement important. La chute du communisme et le développement de la
mondialisation a permis aux partisans de la vision systémique (qui ne sont que les
capitalistes) de présenter le monde d’aujourd’hui comme un grand ensemble composé de
sous-ensemble d’où toute défaillance d’un sous-système provoque un déséquilibre néfaste.
Paradoxalement que celui-ci puisse paraître, la vision mécaniste reprend sa place dans la
vision actuelle comme si nous sommes au début du XX siècle.
En effet : « l’idée qu’il fallait prendre en compte, non pas le système économique seul
en le supposant clos, mais également les interactions qu’il entretient avec les autres systèmes
sociaux et écologiques a fait son chemin depuis la réflexion menée au début des années 70
par le club de Rome. Celui-ci, au travers du modèle réalisé par Forrester et Meadows, mettait
pour la première fois en évidence les risques de désarticulation croissante entre régulations
des trois systèmes à l’échelle planétaire : système économique, système social et
écosystème. »
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Qu’en est-il de l’étude des organisations ?
Sans doute, toute la sociologie des organisations occidentale était d’essence
systémique. Le management, de par son histoire et son lieu de naissance a constitué l’outil de
rationalisation et de régulation des organisations pour l’édification du capitalisme. Pour cela,
l’adoption de la vision systémique s’insère parfaitement dans cette logique. Les différentes
écoles de pensée organisationnelle ont été développées à partir de la conception de
l’organisation comme un système qui doit fonctionner dans la régularité en dehors de tout
conflit ou crise. La recherche de l’équilibre interne et externe constitue la préoccupation
centrale des différents auteurs en organisation.
Le paradigme systémique est l’intégration des différents paradigmes sus-développés
dans une vision globale. L’organisation en sa qualité d’entité complexe faisant appel aux
différentes variables (sociologique, psychologiques, techniques…etc.) ne pourra pas être
approchée par une seule vision.
LAFLAMME (M) précise que : « Avec l’essor de ces trois courants, le besoin d’une
nouvelle méthodologie favorisant une interaction dynamique des sciences de base devient de
plus en plus impérieux. En raison de son objet même qui consiste à intégrer les éléments
constitutifs en un tout, l’approche systémique fournit ce commun dénominateur permettant de
rallier les diverses disciplines pertinentes au management. »
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- CODUR (A.M) ; op.cit ; pp 141-142.
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En s’inspirant de LAFLAMME, nous proposons le schéma suivant :
Ce schéma donne une idée plus précise sur ce paradigme qui n’est, en fin de compte,
qu’une synthèse des différents courants de pensée.
Aujourd’hui, le langage utilisé par les différents auteurs adoptant ce paradigme est
très significatif. Les concepts les plus utilisés dans l’analyse organisationnelle et managériale
sont :
L’adaptation ;
La contingence ;
L’interaction ;
L’équilibre ;
L’ajustement ;
L’intégration ;
La stabilité ;
Le regroupement…etc.
Tous ces concepts démontrent que le paradigme systémique ne soit que la fonction
technique et méthodologique du courant fonctionnaliste- structuraliste.
L’organisation, dans la conception systémique, est un système décomposé en plusieurs sous-
systèmes. Le rôle du management est d’assurer l’intégration de ces différents sous-systèmes
La pensée classique
(1900-1930)
École des relations
humaines et science des
comportements (1930-
1970).
Écoles modernes et science
de la gestion ( 1945-1970)
L’approche système (1970-….).
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