2
solides au travail en économie appliquée dans des différents domaines. La spécialisation
devient mauvaise lorsqu’elle encourage l’éloignement des questions fondamentales de la
science économique et lorsqu’ elle oblige à la constitution des pôles des savoirs spécifiques de
notre science. Dans la plupart des cas si éloignés les uns des autres qu’ils n’arrivent plus à
communiquer. C’est le cas aujourd’hui.
Les questions fondamentales de la science économique sont celles qui donnent une
explication théorique générale du système capitaliste ou de la société marchande2. Il est bien
connu qu’il existent grosso modo quatre grandes courantes de la pensée économique qui ont
donnée les arguments les plus solides: la théorie classique, la théorie néoclassique, la théorie
marxiste et la théorie keynésienne. L’un des derniers efforts, peu être le plus important, dans
l’explication d’une société marchande, a été donné par la théorie néoclassique, notamment par
la démonstration de l’existence d’un équilibre général3.
Le constat actuel, assez partagé pour la plupart des économistes, est le suivant : l’étude
de ces quatre théories générales est devenue l’objet d’étude de l’histoire de la pensée
économique et les études des théories (ou marchés) spécialisées est devenue la théorie
économique contemporaine. Il y a donc une déconnexion entre les spécialités et l’histoire de
la pensée économique. Par conséquent, ce n’est pas seulement la théorie économique
contemporaine qui devient des spécialisations ou sous disciplines mais aussi l’histoire de la
pensée économique, mais cette dernière est considérée hors l’ensemble des sous disciplines
qui conforment la théorie économique contemporaine.
Ce constat marginalise les théories générales du débat économique contemporain et,
par conséquent, des économistes consacrés à leur étude. Ce marginalisation a plusieurs
conséquences comme celles qui sont mentionnées dans les articles du supplément de la revue
History of Politcal Economy de 2002 : la disparition de l’enseignement des théories générales
dans les programmes universitaires d’économie et la notable réduction des travaux de
recherche qui sont associés à cette problématique.
Cette réalité inquiète les jeunes doctorants en histoire de la pensée économique à
l’heure actuelle. Néanmoins, ce constat de marginalisation, si malheureux soit-il, ne doit pas
nous décourager dans nos carrières professionnelles. En nous interrogant sur cette
problématique, nous nous demandons pourquoi notre « spécialisation » est elle relevante et
fondamentale pour l’étude de la science économique en général.
2 Les théories économiques des systèmes non capitalistes sont aussi concernées par le débat.
3 Nous avons fait abstraction des courantes hétérodoxes qui sont associées à ces quatre théories générales, par
exemple la théorie postkeynésienne, la théorie neoricadienne (ou sraffienne), la théorie du circuit, les théories
neomarxistes, etc.