NAISSANCE ET VELOPPEMENT DE L’ÉTAT-PROVIDENCE
qL’État-gendarme, quelle réalité ?
Lexpression État-providence apparaît au cours de la seconde moitié du XIXescle puis-
qu’elle est employée, pour la première fois, par un dépu libéral en 1870, Émile Olivier.
Cependant, lexpression est péjorative, car elle dénonce la prétention de lÉtat à se substi-
tuer à la providence divine. Seul le marché peut réguler léconomie et lÉtat ne doit avoir
pour seules fonctions que ses missions galiennes : la fense de la propr prie
contre les agressions intérieures (domaine de la police et de la justice) ou extérieures
(domaine de larmée).
Néanmoins, la réali montre que l’État est toujours intervenu et que son rôle a dépas
les limites du simple État-gendarme en pratiquant des politiques protectionnistes ou en
prenant en charge, directement ou indirectement, des investissements difficilement ren-
tables pour le secteur privé (infrastructures), mais indispensables à la collectivi, ainsi que
dans le domaine de léducation, afin de fournir une main-d’œuvre suffisamment qualifiée
pour faire face aux besoins de l’industrie.
qL’émergence de l’État-providence
L’idée dÉtat-providence est le produit dun processus historique qui va aboutir à lidée
de conscience sociale. Sil est difficile de
dater précisément lapparition des notions
de solidari et de cohésion sociale, cer-
tains énements comme la révolution de
1848 favorisent l’émergence de la ques-
tion de linjustice sociale.
Peu à peu, on se rend compte que la
pauvreté, dont on peut par ailleurs regret-
ter l’existence, n’est pas une nécessité
indispensable à l’équilibre de la société,
mais un véritable danger pour l’ordre
social. Il faut donc définir de nouveaux
droits qui permettent aux plus démunis de
se prémunir contre les risques que fait
courir la société.
Ce droit social apparaît pour la première fois dans lAllemagne de Bismarck qui met en
place des lois sociales entre 1883 et 1889.
78
DE L’ÉTAT-GENDARME
À L’ÉTAT-PROVIDENCE
33
Les théoriciens libéraux affirment qu’en économie de marché, l’État doit se
contenter d’assurer ses missions régaliennes ; c’est ce qu’on a appelé l’État-
gendarme. Mais dans la première moitié du XXesiècle, l’intervention économique
et sociale s’estveloppée : l’État-gendarme fait place à l’État-providence.
La loi de Wagner
L’économiste allemand Adolphe Wagner
(1835-1917) a, le premier, montré
l’augmentation inévitable des dépenses
publiques dans les pays industrialisés.
En effet, le développement et l’urbani-
sation impliquent une augmentation
des besoins collectifs (éducation, infra-
structures, par exemple), ce qui suppo-
se des investissements que seul l’État
peut financer, car leur rentabilité, à
court terme, est nulle.
LES FONDEMENTS DE L’ÉTAT-PROVIDENCE
qL’irrésistible montée de l’État-providence
Au cours de la première moitié du XXesiècle, les assurances sociales se développent dans
les pays industrialisés. Mais la crise des années trente et lœuvre théorique de Keynes vont
conduire à un renouvellement de la conception de lÉtat-providence. En 1942, est publié le
plan Beveridge qui propose un système de Sécurité sociale fortement influencé par la théo-
rie keynésienne. Dans ce plan, on trouve les fondements du Welfare State, qui seront mis en
œuvre après la Seconde Guerre mondiale. Au cours de la période des Trente Glorieuses, on
assiste à une croissance régulière des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires
(impôts et cotisations sociales), et à la mise en place dun système de protection sociale.
Cependant, la crise économique des anes soixante-dix marque la fin de l’âge dor de
l’État-providence, qui est progressivement remis en cause dans tous les pays veloppés.
Le renouveau des théories libérales accentue le pnone. Néanmoins, l’importance
croissante de besoins collectifs ne permet pas denvisager un retour à un « État minimal »,
et oblige les pouvoirs publics à prendre en charge des secteurs entiers de léconomie et de
la socié (éducation, santé…).
qLes différentes formes de l’État-providence
On peut distinguer trois formes de l’État-providence.
Sous la première forme (aux États-Unis, au Canada, en Australie), il est qualif de
« libéral » et encourage le marché en garantissant un minimum de bien-être pour les
plus défavoris en subventionnant les projets privés dassurance sociale.
Sous la deuxme forme (en France, Autriche, Allemagne, Italie), il est qualifié de corpo-
ratiste et pvoit une intervention de lÉtat pour se substituer au marché, si celui-ci ne
peut assurer le bientre à la population.
Enfin, le dernier modèle (dans les pays scandinaves) peut être qualifié de social-démo-
crate, car il vise à instaurer légalité des conditions entre les différents membres de la société.
Il faut rechercher les causes des différents gimes d’État-providence dans l’histoire
des pays, notamment dans l’interaction entre la mobilisation des cagories les plus
défavorisées (la classe ouvrière) et les forces politiques de ces pays.
79
Évolution des dépenses et recettes publiques
des pays de l'OCDE en % du PIB
Recettes
Dépenses
50 %
55 %
45 %
40 %
35 %
30 %
25 %
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 200
5
ÉQUILIBRES BUDTAIRES DES PAYS DE LOCDE
Depuis 1970, les budgets des
principaux pays industrialisés sont
devenus presque systématiquement
déficitaires. Les dépenses publiques
se sont alourdies en % du PIB,
notamment du fait de la hausse des
dépenses de Sécurité sociale,
tandis que la hausse de la part des
prélèvements obligatoires dans le
PIB ne suffisait pas pour boucler le
financement des dépenses.
Note : il y a une rupture de séries en
1995.
Source : OCDE ; www.politique-economique.info/docs/Fiche-dette.htm.
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