Les traitements curatifs sont de deux types : les traitements locaux
etles traitements chirurgicaux. L’objectif des traitements médicaux
locaux est d’obtenir une détersion, puis un bourgeonnement et enfin
une épithélialisation. La chirurgie est indiquée en cas d’échec des
traitements locaux, ou d’emblée selon la localisation de l’escarre
ou sa profondeur.
II. L’HYPERREFLEXIE AUTONOME (HRA)
L’hyperréflexie autonome ou HRA correspond à une hyperactivité
sympathique en réponse à des stimuli sous-lésionnels chez les
blessés médullaires ayant une lésion au dessus de T6[7], que
l’atteinte neurologique soit complète ou incomplète. Dans environ
80% des cas les stimulations nociceptives sous-lésionnelles sont
d’origine urinaire[8], il peut s’agir d’une rétention aiguë d’urines
par obstruction de la sonde à demeure ou de la prothèse endo-
uréthrale, de lithiase ou d’une infection de l’appareil urinaire.
Les manifestations d’HRA peuvent également survenir lors d’une
exploration de l’appareil urinaire comme un examen
urodynamique[9] ou une cystoscopie , notamment à l’endoscope
rigide. Les autres causes peuvent être digestives (fécalome,
infection…) mais aussi survenir lors d’un déclenchement
d’éjaculation par stimulation vibratoire pénienne ou éléctro-
éjaculation ou lors d’un acte chirurgical, comme la
néphrolithotomie percutanée[10] par exemple.
Les symptômes de l’HRA les plus classiques sont :malaise,
céphalées, sueurs ou érythème sus-lésionnels, horripilation,
obstruction nasale, augmentation de la spasticité et/ou élévation
brutale et importante de la tension artérielle. Dans les cas les plus
sévères, l’épisode d’HRA peut être responsable de convulsions,
d’hémorragie intra-cérébrale, d’arythmie cardiaque, d’œdème
pulmonaire, il peut même parfois conduire au décès du patient.
Le traitement consiste en premier lieu à traiter le facteur
déclenchant, qu’il s’agisse d’assurer en urgence la vidange vésicale
ou l’évacuation d’un fécalome par exemple. Il faut également
retirer tous les éléments de contention tels que les gaines
abdominales et les bas de contention et installer le patient debout
ou assis (diminution du retour veineux). En cas de persistance de
la poussée hypertensive, il est indiqué d’avoir recours aux
traitements médicamenteux antihypertensif tels que les inhibiteurs
calciques (nifédipine per os) ou les dérivés nitrés.
La connaissance de ce dysfonctionnement neurovégétatif spécifique
àlapopulation des blessés médullaires est indispensable à la
prévention des épisodes d’HRA et au traitement en urgence afin
d’en éviter les complications. De façon générale il est nécessaire
de diminuer les afférences nociceptives chez les patients à risque
(même s’ils présentent une atteinte complète sensitivo-motrice)
par la réalisation d’anesthésies locales, régionales, voire générales
en cas de geste invasif ou d’intervention chirurgicale, surtout sur
la sphère génito-urinaire.
III. LA SPASTICITÉ
L’apparition d’automatismes médullaires sous-lésionnels est
fréquente chez le blessé médullaire après la phase de choc spinal,
en général dans les trois mois suivant le traumatisme. Toutefois
certains patients gardent une paraplégie ou tétraplégie flasque,
notamment en cas d’atteinte vasculaire responsable de
myélomalacie.
La libération de ces réflexes médullaires est responsable de la
spasticité, qui est un des éléments du syndrome pyramidal. Elle
aété définie par Lance[4] comme un désordre moteur caractérisé
par une augmentation vitesse dépendante du réflexe d’étirement
accompagnée d’une hyperréflexie tendineuse. Elle peut parfois être
extrêmement invalidante lorsqu’elle est responsable de douleurs,
de troubles neuro-orthopédiques ou de gêne fonctionnelle.
Cliniquement, il existe plusieurs échelles d’évaluation de la
spasticité, les deux les plus utilisées sont celles d’Ashworth,
révisée par Bohannon et Smith en 1987 (Figure 1)et l’échelle des
spasmes de Penn [5]. Celle-ci permet d’évaluer l’importance des
spasmes en fonction de la fréquence horaire et des facteurs
déclenchants éventuels (stimulation nociceptive ou spontanés).
0pas d’augmentation du tonus musculaire
1légère augmentation du tonus musculaire avec
simple sensation d’accrochage ou minime résistance en
fin de course
1+ légère augmentation du tonus musculaire avec simple
sensation d’accrochage suivie d’une minime résistance
au cours de la première moitié de la course musculaire
2augmentation importante du tonus musculaire durant
toute la course musculaire mais le segment de membre
reste facilement mobilisable
3augmentation considérable du tonus musculaire le
mouvement passif est difficile
4rigidité segmentaire en flexion ou extension, le
mouvement passif est impossible
Figure 1 : Echelle d’Ashworth modifiée
La spasticité et les spasmes sont souvent responsables d’une gène
fonctionnelle en limitant le recrutement des muscles agonistes
par augmentation de la résistance des antagonistes. Ils peuvent aussi
entraîner des escarres (frottements liés aux spasmes, position
vicieuse au lit ou au fauteuil), des douleurs et des déformations
des membres le plus souvent par rétractions tendineuses.
Les objectifs du traitement de la spasticité peuvent être
doubles :
-amélioration du confort, en diminuant les douleurs, en améliorant
l’installation au fauteuil, en facilitant le nursing et notamment
l’accès au périnée pour la prise en charge vésico-sphinctérienne
et génito-sexuelle
-amélioration fonctionnelle des préhensions ou de la marche.
En cas d’apparition ou d’aggravation de la spasticité chez le blessé
médullaire, il est nécessaire de rechercher et traiter un éventuel
facteur déclenchant. En effet, elle peut être déclenchée ou majorée
par une stimulation nociceptive sous-lésionnelle, appelée « épine
irritative » ; il peut s’agir notamment d’une rétention d’urines, d’une
infection urinaire, d’une hyperactivité du détrusor non contrôlée,
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