URPS ML-INFOS #04 • DÉCEMBRE 2016 URPS ML-INFOS #04 • DÉCEMBRE 20166 7
1. Repérer les problèmes de la personne et
alerter le médecin traitant dans les cas
suivants pouvant induire une chute :
• Difficultés à la marche.
• Demande de canne, d’accessoires de
maintien.
• Demande spontanée de pansements,
de traitement pour la contusion.
• Problèmes de vertiges.
• N’arrive plus à rester debout seule à
la pharmacie.
• Amaigrissement : demande de
complément alimentaire. Logiquement
on réalise un bilan nutritionnel avant.
• Solution Hyper Protéïnée (HP).
• Problème d’absorption, les personnes
ne savent plus avaler.
• Lors d’une visite au domicile :
identifier les facteurs de risque de
chute.
2. Repérage de risques iatrogéniques via
l’analyse des prescriptions médicales
(nombre conséquent de médicaments,
présence de somnifères). Plus
précisément, il s’agit de l’identification
sur une même ordonnance ou sur des
ordonnances dissociées des classes
pharmacologiques suivantes :
• Psychotropes.
• Benzodiazépines.
• Neuroleptiques.
• Hypnotique + benzodiazépine.
• Principe actif à effet anticholinergique
anti-muscarinique fort (Atarax®
+++).
• ≥ 4 hypertenseurs.
RÔLE DU PHARMACIEN
• ≥ 2 antidiabétiques oraux dont 1
glinide.
• ≥ 2 antidiabétiques oraux dont 1
sulfamide hypoglycémiant.
• Absence de vitamine D sur les 3
derniers mois.
Il faudrait réaliser une concertation
médicamenteuse avec le médecin et
l’infirmier.
3. Rôle de conseil.
4. Repérer les difficultés de prise de
médicaments et évaluer l’observance.
5. Porter une attention particulière aux
demandes spontanées de crèmes pour
les pieds.
6. Etablir un plan posologique tenant
compte de la chrono pharmacovigilance.
RÔLE DE L’INFIRMIER
1. Evaluation de la situation et de
l’environnement
Au détour de ses interventions de
soins à domicile et en particulier lors
des séances de soins infirmiers ou des
séances hebdomadaires de surveillance
clinique et de prévention, l’infirmier
évalue et repère le risque de chute chez
le patient.
Lorsqu’il décèle une situation à risque,
il peut définir un plan de soins qui peut
faire intervenir d’autres professionnels
et détermine avec la personne et/
ou ses proches aidants les mesures
préventives-éducatives, la surveillance
et un suivi clinique individualisé.
2. Prise en charge globale
Son approche centrée sur la personne
humaine fait de l’infirmier libéral formé
spécifiquement à la prévention et
à l’éducation à la santé un référent
naturel pour le patient. Il assure une
coordination avec le médecin traitant
et les autres acteurs de santé pour
assurer la prévention des chutes chez la
personne âgée au domicile.
Article R4311-3
« l’infirmier ou l’infirmière a compétence
pour prendre les initiatives et accomplir les
soins qu’il juge nécessaires conformément
aux dispositions des articles R. 4311-5,
R. 4311-5-1 et R. 4311-6. Il identifie les
besoins de la personne, pose un diagnostic
infirmier, formule des objectifs de soins,
met en œuvre les actions appropriées et les
évalue ».
RÔLE DU KINÉSITHÉRAPEUTE
Les bilans du risque de chute chez la
personne âgée sont maintenant bien
connus et largement utilisés par les
Masseurs-Kinésithérapeutes-Rééducateurs
(MKR) et devraient être prescrits. Ils sont
remboursés.
Il s’agit au minimum (en fonction de
l’autonomie du patient) du TUG modifié,
du TINETTI statique et dynamique, du Test
Moteur Minimum, d’une éventuelle échelle
de Qualité de Vie en auto-questionnaire
ainsi que de la mesure de la limitation
d’amplitude de flexion dorsale des chevilles,
du test d’appui unipodal (yeux ouverts/
fermés), de ramasser un objet au sol,
d’antécédents de chutes même bénignes et
de perte de poids.
Ils permettent de déterminer l’importance
des risques et les composantes
proprioceptives, vestibulaires et musculaires
de ce risque. Ils permettront d’orienter vers
une rééducation spécifique
et/ou une prévention.
Le MKR devra également évaluer les
risques liés à l’environnement du patient et
proposer : des modifications ergonomiques
dans l’aménagement du domicile (enlever
certains meubles, les tapis, les fils…), l’achat
éventuel de systèmes d’adaptation (plots
de surélévation du fauteuil…, protection
des hanches, éclairage automatique,
modifications de la salle de bain), des aides
à la déambulation à l’intérieur et à l’extérieur
du domicile (qu’il peut prescrire).
En dehors de la rééducation spécifique
incluant un travail de renforcement
musculaire, d’entretien des amplitudes
articulaires, proprioceptif et vestibulaire,
de l’équilibre et de la marche en terrain
varié, de doubles tâches, de recherche de
compensation des déficits – déficiences
– incapacités et du ralentissement
psychomoteur, il apprendra obligatoirement
à la personne âgée à se relever du sol.
Il diminuera ainsi la crainte de la chute à
l’origine de nombreux désordres pratiques
et posturaux, sociaux et limitera les risques
vitaux liés à une station prolongée au sol.
Il reverra également les transferts (se lever
d’une chaise, d’un lit en permettant une
adaptation vaso-motrice…). L’éducation
thérapeutique est un plus.
Au-delà des aspects techniques, le MKR
a un rôle social primordial car il passe
du temps avec la personne âgée, il doit
redonner confiance et encourager le patient
dans sa reprise d’autonomie, proposer un
véritable entrainement/entretien et se voit
souvent être un coordinateur de soins,
le lien avec l’entourage (éducation) et les
différents intervenants sociaux.
Possibilité de prescription d’aide à la
déambulation (canne, déambulateur, …).
RÔLE DE L’ORTHOPHONISTE
Essentiellement un rôle d’alerte du médecin
traitant.
Mais également, maintien et adaptation
des fonctions de communication chez
les personnes atteintes de maladies
dégénératives.
Le médecin peut prescrire un bilan
orthophonique ; pas uniquement pour des
troubles du langage :
• Séance de 45mn
• Recherche auditive et visuelle
• Questions sur une éventuelle chute
• On marche en discutant donc on regarde
la démarche
• Repérage des troubles de la déglutition,
repérage des fausses routes.
Possibilité de réaliser une rééducation de
ces troubles.
RÔLE DE L’ORTHOPTISTE
Les pathologies oculaires de la personne
âgée (DMLA, cataracte, glaucome) peuvent
entraîner des troubles du champ visuel
central et/ou périphérique. Associées à
des difficultés d’orientation du regard et
de coordination œil/tête, la détection des
obstacles (entre autre) devient périlleuse.
Rééducation des troubles de la motricité
oculaire, renforcement de la coopération
sensori-motrice du capteur visuo-
oculaire, renforcement des coordinations
oculocéphalique et oculomanuelle, et de la
coopération œil / vision / mouvement.
Evaluer les répercussions de la sénescence
sur les activités quotidiennes.
RÔLE DU CHIRURGIEN-DENTISTE
La malnutrition et la dénutrition sont des
facteurs de risques avérés des chutes et
de l’aggravation de leurs conséquences.
La santé orale prend alors toute son
importance. Le «Bien Manger» participe
au «Bien Vieillir», tant dans la qualité
de vie que dans son retentissement sur
l’état général. Un mauvais état dentaire,
des édentations non compensées, des
prothèses mal adaptées, une sécheresse
buccale, des gencives douloureuses, sont
autant d’éléments néfastes à la mastication,
premier acte de la digestion, qui auront donc
un retentissement sur les choix alimentaires.
Nos patients âgés, souvent fatalistes face à
la dégradation de leur état bucco-dentaire,
présentent souvent un besoin en soins non
satisfait ; il est donc nécessaire de proposer
des soins bucco-dentaires parallèlement à
toute prise en charge nutritionnelle dans la
prévention des chutes.
RÔLE DU BIOLOGISTE
Les conséquences physiologiques de l’âge
peuvent modifier certains paramètres, le
biologiste peut ainsi interpréter les résultats
en fonction de l’âge du patient.
Il faut également tenir compte de l’anémie
qui ne doit pas être considérée comme une
conséquence du vieillissement.
La surveillance biologique du patient âgé se
fait en complément des bilans cliniques et
environnementaux qui sont fait par les autres
professionnels de santé ou les proches.
Pour évaluer les conséquences de la chute
(en relation avec la durée de séjour au
sol), il sera fait un dosage des CPK et de la
créatinine sérique.
Il est conseillé de surveiller :
• La déshydratation extracellulaire :
élévation hémoglobine, hématocrite,
protidémie, urée, créatinine élevée,
natrémie normale.
• La déshydratation intracellulaire :
hypernatrémie.
• La glycémie, l’albumine et la pré-
albumine dans le cadre de la dénutrition.
• Le dosage de Vitamine D (pris en
charge dans le cadre de l’évaluation des
personnes âgées sujettes aux chutes
répétées).