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Provence-Alpes-Côte d'Azur, Hautes-Alpes
Guillestre
maisons, celliers dits caves
Références du dossier
Numéro de dossier : IA05000920
Date de l'enquête initiale : 2000
Date(s) de rédaction : 2002
Cadre de l'étude : inventaire topographique
Auteur(s) du dossier : Olivia Pelletier, Marie-Pascale Mallé
Copyright(s) : (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Désignation
Dénomination : maison, cellier
Aires d'études : Guillestre
Localisations :
Provence-Alpes-Côte d'Azur, Hautes-Alpes
Guillestre
Historique
Il semblerait, d'après l'observation du parcellaire, que dès le 14e siècle, le bâti de Guillestre intra-muros se soit fixé dans sa
physionomie actuelle, même s'il n'en n'existe pas de trace architecturale visible mis à part le module des parcelles étroite
et en lanière du quartier neuf. Les dates portées les plus anciennes remontent en effet à la deuxième moitié du 16e siècle et
concernent des éléments d'architecture mineurs (linteaux de porte ou de fenêtre, escalier). Après cette période, il ne semble
pas y avoir eu de constructions nouvelles intra muros, mais plutôt des aménagements intérieurs ou des transformations
des façades au cours des 17e et 18e siècles. Il faut ensuite attendre les 19e et 20e siècles pour voir de nouvelles maisons
se développer dans les faubourgs de la ville. Les celliers quant à eux ont été utilisés de façon saisonnière par les habitants
de Vars, Bramousse et Ceillac possédant des vignes dans la vallée de la Durance. Ces constructions étaient utilisées par
les habitants des villages d'altitude pendant les foires à bestiaux de Guillestre. Les bâtiments attestés par les textes dès le
16e siècle ont été utilisés jusqu'à la crise du phylloxera au début du 20e siècle.
Période(s) principale(s) : 14e siècle16e siècle19e siècle
Période(s) secondaire(s) : 17e siècle18e siècle20e siècle
Description
Peu de maisons de la fin du Moyen-Age conservent leur structure d'origine. Seulement quatre escaliers en vis ont été
repérés. Il s'agit d'escaliers dans-oeuvre refaits à une période récente. L'un d'eux en marbre de Guillestre (1940 E1
252) conserve sa structure d'origine avec trois colonnettes centrales. La grande majorité des maisons construites dans
le quartier au nord de la rue Maurice-Petsche possède un étage de soubassement voûté en berceau accessible depuis la
rue par une porte à double battant. Les étages supérieurs sont desservis par un escalier droit en maçonnerie de blocage
et contremarches en bois. Des voûtes en berceau ont également été repérées à l'étage, rue Sainte-Catherine notamment.
Les maisons construites dans les faubourgs correspondent quant à elles au type de la maison urbaine à plusieurs étages
carrés et façade ordonnancée. Les celliers sont construits sur des parcelles très étroites et s'élèvent sur 3 ou 4 niveaux.
Ils comportent tous une cave enterrée qui contenait le pressoir et les tines, un niveau de logement, un petit galetas et
quelquefois une petite étable pour le mulet.
Matériau(x) du gros-oeuvre, mise en oeuvre et revêtement : galet, enduit; crépi;
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Etude détaillée des maisons et celliers
Les maisons intra-muros
La maison guillestrine telle qu'on peut l'observer aujourd'hui n'offre guère d'éléments de datation clairement identifiables,
Dans ses aspects les plus visibles, elle ne remonte pas au-delà de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, En effet,
les percements de rue, les remaniements de façades, les enduits récents et les modifications intérieures tendent à occulter
le bâti ancien, Cependant, la confrontation du repérage de terrain et l'étude des sources nous aide à mieux appréhender
l'aspect de la maison guillestine des périodes anciennes et fait apparaître des éléments de continuité.
Les premiers textes connus qui nous renseignent sur l'aspect des maisons de Guillestre datent de la première moitié du
XVIe siècle, Avant cette date, seules quelques mentions apparaissent dans le cadastre de 1469, sous la forme « unam
domum cum grangiam » (AD, 05 : CC 186). Il ne s'agit jamais de descriptions précises, mais de quelques détails donnés
à l'occasion de transactions immobilières.
Dans les sources, plusieurs termes sont utilisés pour désigner l'architecture domestique. On l'a vu (cf supra), le cadastre
de 1469 distingue l'habitation (domus) des parties agricoles (grangia). Le rédacteur du cadastre de 1698 utilise quant à lui
six termes différents pour caractériser les parcelles à déclarer : maison, chambre, bâtiment, chazal, grange, écurie, cave,
Chaque terme recouvrant sans doute une fonction différente, qu'il est toutefois difficile de préciser pour chacun d'eux.
Bâtiment semble être un terme générique, commode pour désigner un ensemble comprenant plusieurs corps, Ainsi l'article
concernant la propriété de l'avocat Jacques Dalmas désigne t-il un « bâtiment consistant en maison cave grange grenier
basse cour jardin et tour» (AD, 05 : CC 187, fol. 12). Parfois, l'auteur précise «bâtiment de maison» (fol. 31) ou « bâtiment
de grange» (fol. 42, 482). Bâtiment est également utilisé indifféremment à la place de maison, Mais la plupart du temps,
ce terme désigne un édifice dont la vocation reste indéterminée.
La chambre désigne clairement une pièce d'habitation dans une maison. Elle est distinguée du reste de l'habitation dans le
cas d'un partage ou d'une location. Grange, écurie et cave peuvent désigner des parties de maison ou des bâtiments isolés.
C'est le cas en 1632 lorsque Jean Bonin, maître-maçon à Guillestre, s'engage à construire une cave, derrière la maison
Albert (Guillaume, 1916, p, 448).
Le chasal est une parcelle vide ou contenant un bâtiment démoli. En 1455, Turin Gontier acquiert une maison en ruine
(domum seu casale). En 1698 on dénombre 43 chasals dans le bourg dont 22 rien que pour le quartier de Ville-Vieille,
Même si des chasals sont dénombrés dès le XVe siècle, il semble que des maisons construites avant la fin du XVIIe
siècle aient été abandonnées entre temps. Une baisse démographique peut expliquer ce phénomène, Là encore, les textes
peuvent apporter des éléments d'explication, En effet, en 1634, une vente passée par la communauté concerne « divers
biens tombés en déshérence à la suite de la peste de 1630, et notamment d'un chasal sis au bourg» (AD, 05: 1 E 1351;
Guillaume, 1916, p. 449-450).
Elévations de façades sur la rue Petite-Fontaine, Guillestre.
L'observation de terrain révèle une architecture très modeste. Du point de vue de la taille des édifices tout d'abord.
Le module le plus simple comprend une façade étroite, à deux portes en rez-de-chaussée ou rez-de-chaussée surélevé,
correspondant à l'entrée du logis et à l'entrée de la cave ou de l'étable. Les étages sont éclairés par de modestes fenêtres
rectangulaires, une par étage, et sans organisation en travée. Le comble est percé d'une baie fenière conservant quelquefois
un treuille nommé localement «gruatte ». Ces parcelles longues et étroites, que l'on trouve très répandues dans la rue de
la Petite-fontaine et autour de la rue Sainte-Catherine, au nord de la rue Maurice Petsche, correspondent à ce que l'on
connaît ailleurs des parcelles du XIVe siècle, issues d'un processus de lotissement, à la suite d'une décision seigneuriale.
C'est ce qui caractérise les villes neuves du Moyen Age.
Il existe peu de bâtiments de grandes dimensions. On peut citer, à partir du cadastre de 1698, la propriété de la famille
Dalmas, rue Frairie (cf. dossier MAISON de notaire), celle de Joseph Paris donnant sur le rempart, à proximité de la porte
Sainte-Catherine, celle de Joseph Deville jouxtant la rue principale ou encore celle d'Abraham Garein en face de la cure.
A l'heure actuelle, seule la maison Dalmas se distingue encore des autres par un traitement particulier de son architecture,
avec son passage couvert et son bel escalier à décor de gypserie. Cette relative absence de grosse demeure s'explique
peut-être par le peu de familles nobles recensées à Guillestre. Seuls trois nobles sont mentionnés comme propriétaires au
XVe siècle. Noble Jacques Amici, notaire d'Embrun et propriétaire d'une maison jouxtant le cimetière (A.D. 05: DD 2 ;
Guillaume, 1906, p. 294). Noble Turin Gontier qui l'acquiert quelques années plus tard et apparaît dans le cadastre de
1469, ainsi que M. et P. David, qualifiés de seigneurs et dont la propriété jouxte celle de Turin Gontier (dépouillement
F. Mouthon). Les nobles semblent disparaître des archives du XVIe siècle. Les notables quant à eux, notaires, avocats,
médecins, sont un peu plus nombreux.
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Les matériaux utilisés dans toutes les constructions et leur mise en oeuvre dénotent également une architecture très
modeste. Les bâtiments sont construits en blocage de moellons et de galets noyés dans un mortier de chaux. Les
encadrements des baies sont en pierre pour le logis et en bois pour les parties agricoles ou à vocation de réserve. Les
escaliers en pierre sont rares, de même que les éléments sculptés en façade.
Le parcellaire
L'analyse des textes notariés, ainsi que la reconstitution du cadastre de 1698 et sa superposition avec le plan de 1830
font apparaître plusieurs caractéristiques : un bâti serré (cf. dossier VILLE de Guillestre), des parcelles imbriquées, de
nombreux partages de propriétés, une relative permanence des fonds entre 1698 et 1830.
En 1698, l'habitat guillestrin apparaît dense et serré, avec une extension de l'habitat équivalente, dans le bourg, à celle
que l'on connaît pour le début du XIXe siècle. Entre 1469 et 1698, le nombre de parcelles bâties intra-muros a augmenté
d'une centaine. Le réseau des parcelles bâties apparaît également comme relativement complexe. Plusieurs textes des
XVIe et XVIIe siècles évoquent en effet des maisons dont les rez-de-chaussée sont imbriqués. En 1545, un échange entre
Guillaume et Barthélémy Joue indique que l'étable «dessous ladite maison passe dessous la fogaigne tirant vers la partie
un pas et demi dans la maison de Guillaume Joue» (AD. 05 : 2 Mi 136, fol. 61). Le cadastre de 1698 mentionne quant à
lui une trentaine de passages entre les différentes propriétés du bourg. Ce qui ne va pas sans créer quelques problèmes.
Le 8 février 1546, une transaction est passée devant le notaire Pierre Isnel, à propos d'un litige concernant « un passage
entre deux chasals et une pare, entre le chasal et maison desdites parties» (AD. 05 : 2 Mi 137, fol. 46).
Un autre phénomène mis en évidence par les textes est celui du partage des parcelles, détenues en commun ou bien divisées
lors de ventes ou d'échanges. Le 26 mars 1545, Esprit et Claude Girard se partagent «leurs biens meubles et immeubles
tant de l'héritage de leur père que de leur mère». Les deux frères deviennent propriétaires de la moitié de chaque parcelle
(AD. 05 : 2 Mi 136, fol. 69 verso). Les frères Guillaume et Barthélémy Joue font de même le 24 février 1547 (AD 05: 2 Mi
138, fol. 63 verso). Le 9 février 1546, Claude Blanc vend à André Delort une partie de chambre, «un canton d'une salle ».
Les travaux d'aménagement engagés pour séparer les deux habitations seront partagés par le vendeur et l'acquéreur, tandis
que l'escalier sera mis en commun (AD. 05 : 2 Mi 137, fol. 45 verso). Le 18 juin 1546, Pierre Isnel enregistre la vente
de la moitié d'une grange (AD. 05 : 2 Mi 137, fol. 146). Dans le cas des ventes, on constate que les propriétaires cèdent
souvent une partie seulement de leur bien immobilier. Ainsi, le 18 janvier 1546, Jacques Brun vend deux chambres situées
au-dessus d'un cellier qu'il conserve (AD. 05 : 2 Mi 137, fol. 18). Au mois de mars suivant, Antoine Fornier vend deux
chambres situées à Ville-Vieille. La seconde sera partagée entre deux personnes qui pourront y faire un mur et construire
une cheminée (Ibid., fol. 80 verso).
Les partages se font le plus souvent dans le sens d'un découpage vertical de J'habitation. En 1547, Jean Broyon échange
avec Jean et Antoine Laurent la moitié d'une maison à Fontloube « de haut en bas et de bas en haut» (Ibid. : 2 Mi 138). On l'a
vu (cf supra), le 24 février de la même année, les frères Joue partagent dans le sens de la hauteur la maison qu'ils possèdent
en indivis comprenant « toute la fogaigne avec la moitié de l'estable dessous ladite fogaigne » (Ibid., fol. 63 verso). Ces
nombreux partages, souvent mentionnés dans les textes du XVIe siècle, peuvent être l'indice d'un essor démographique
durant cette période précédant la peste de 1630. Les divisions continuent aux siècles suivants. Elles sont visibles à travers la
comparaison du cadastre de 1698 et celui de 1830, mais elles s'équilibrent avec les réunions de parcelles. Dans l'ensemble,
on constate donc une grande continuité entre les deux cadastres, qu'il a été relativement facile de superposer.
Les bâtiments
L'aspect extérieur des bâtiments est mal connu, les textes donnant peu de précisions à ce sujet. Les matériaux utilisés pour
la construction sont rarement cités, voire pas du tout évoqués. En ce qui concerne toitures et charpentes, il est fort probable
que le mélèze ait été utilisé comme c'est le cas à Ceillac par exemple. Quant aux murs, une vente passée devant le notaire
Pierre Isnel en 1545 parle d'une grange «avec ses causes assises chaulhes et murres, située dans le fort de Guillestre» (AD.
05 : 2 Mi 136, fol. 95). On a par ailleurs plusieurs témoignages sur des maçons installés à Guillestre et sollicités pour
des constructions. Entre 1547 et 1561, plusieurs actes concernent Mathieu de Guras, tantôt qualifié de gippier, maçon ou
encore peyrier de Guillestre. Le 10 décembre 1547, il reçoit quittance de 40 florins « pour prix d'une maison» (AD. 05:
1 E 2235 ; Guillaume, 1916, p. 409). Le 27 juillet 1705, prix-fait est passé à François Mercier et à Jean Roufin "de la
val d'Oste en Savoye, maistres massons et plâtriers", pour réparer une maison récemment acquise dans Guillestre (AD.
05: 1 E 896; Guillaume, 1916, p. 491).
Il semble qu'il n'y ait pas eu dans le bourg de construction comprenant une partie en charpente importante, du type des
fustes que l'on rencontre dans d'autres communes comme Ceillac, ou même dans certaines fermes de Bramousse.
Rien n'est précisé ni sur la forme ni sur le nombre des ouvertures.
D'après les textes et l'observation de terrain, la maison guillestrine compte au moins trois niveaux d'élévation. Le logement,
qui comprend une cuisine ou fougaigne (pièce avec le foyer), se trouve à l'étage. Certaines habitations comportent en plus
de la cuisine une ou plusieurs chambres. C'est le cas de la maison vendue le 23 juillet 1545 par Claude Marchis « contenant
deux chambres de ault en bas et de bas en ault» (AD. 05 : 2 Mi 136, fol. 120 verso-122 recto).
Le rez-de-chaussée ou rez-de-chaussée surélevé est généralement occupé par une étable, tandis que la grange est aménagée
dans le comble. Le 16 mars 1545, Guillaume et Barthélémy Joue échangent « leur maison de haut en bas et de bas en
haut contenant fogaigne, stable, grange » contre « une maison avec grange, étable et fogaigne » (AD. 05 : 2 Mi 136, fol.
61). Ces descriptions indiquent que la maison guillestrine, tout comme la ferme des hameaux, rassemble sous un même
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toit la fonction d'habitation, de stockage des denrées et du fourrage et de stabulation du bétail. Dès le XVe siècle, cette
organisation apparaît à travers la « domum cum grangiam » du cadastre de 1469.
Une cave ou un cellier peuvent également compléter les pièces annexes en sous-sol ou en rez-de-chaussée. Le 7 octobre
1545, le notaire Pierre Isnel signe un acte de vente concernant « toute une maison sive chambre de ault en ault excepté
le cellier de dessous ladite chambre lequel est réservé, situé dans les murailles de Guillestre » (Ibid. : 2 Mi 136, fol. 147
verso). De même, un inventaire dressé par le notaire Philippe Crévolin entre 1630 et 1660 mentionne une cave et une
arrière-chambre (Guillaume, 1916, p. 447). Le cadastre de 1698 quant à lui recense dix-huit caves.
Plusieurs textes mentionnent également des rez-de-chaussée occupés par des boutiques (cf dossier VILLE).
Certaines maisons pouvaient comporter quatre niveaux d'élévation. C'est ce que laisse supposer l'acte de vente passé entre
Paulet de Garganicque et les frères Richier, le 24 janvier 1545 (AD. 05: 1 E 2233). Il y est question d'une maison située sur
la Grand'Rue Droite qui comprend, en plus de la boutique du rez-de-chaussée, trois parties : une au-dessus qui correspond
au logement, une au-dessous donc en sous-sol ou plus vraisemblablement en étage de soubassement, qui correspond à
l'étable ou cellier et une au dernier niveau, c'est à dire dans le comble, qui sert de grange. Cette structure correspond à la
description de la grande majorité des édifices repérés dans la ville intramuros.
Il existait également des étables séparées des maisons. Outre le cadastre de 1469, les archives du notaire Pierre Isnel
entre 1545 et 1547 et les muanciers au cadastre de Guillestre pour les années 1564 et 1573 mentionnent quatorze granges
(grangia) dont quatre situées dans le quartier de la rue Frairie. Le 9 février 1546, Pierre Isnel traite la vente d'une "grange
et stable tout ensemble" (A.D. 05 : 2 Mi 137, fol. 45). En 1830, vingt-neuf écuries sont encore mentionnées dans le bourg
(cf ci-dessous: tableau n°II). Plus de la moitié d'entre elles se situe dans la moitié nord-est de la ville. Les autres sont
disséminées dans le quartier entre l'actuelle rue Maurice-Petsche et la porte du SaintEsprit, le plus ancien de la ville. Deux
seulement sont signalées au nord-ouest de la place.
L'organisation intérieure
Quant à l'organisation intérieure des maisons, elle est encore plus mal connue que leur aspect extérieur, car peu décrite
dans les textes et peu lisible sur le terrain. Seul un dépouillement systématique des inventaires après décès et des prix-
faits en permettrait une meilleure connaissance.
L'étude de terrain a cependant permis de repérer des éléments signalés dans les sources. Une quarantaine d'étables voûtées,
en rez-de-chaussée ou étage de soubassement, ont ainsi pu être visitées. Elles se répartissent de manière assez uniforme
sur tout le territoire du bourg. Une seule a été repérée au sud du Rif-Bel. Il s'agit de grands espaces (jusqu'à 14 m de
profondeur), voûtés en berceau à pénétration ou voûtés d'arêtes, la plupart du temps sur au moins deux travées en largeur
et en profondeur. Dans ce cas, la retombée se fait sur un pilier central (AA 181, AA 212, AA 208). La voûte enduite
et construite en blocage de petits moellons et de galets conserve très souvent des traces de coffrage. Ces étables sont
accessibles depuis la rue par une porte à double battant à linteau en bois droit ou cintré (AA 100, 102, 103).
Village. Placette. Parcelle 2001 AA 103 : élévation nord-est.
Les exemples les plus anciens reposent sur des coussinets en pierre moulurés. Certains de ces rez-de-chaussée conservent
des râteliers attestant leur vocation agricole jusqu'à des périodes récentes.
Village. Rue Sainte-Catherine. Parcelle 2001 AA 181 : détail d'un chapiteau sculpté au rez-de-chaussée.
La parcelle 2001 AA 181 conserve un rez-de-chaussée particulièrement intéressant dont les voûtes d'arêtes retombent sur
une colonne centrale en pierre marbrière de Guillestre à chapiteau sculpté de têtes humaines et de motifs décoratifs. Il en
est de même pour la parcelle AA 129 (cf. dossier FERME, rue des Pénitents). L'étable s'accompagne parfois d'une arrière
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pièce voûtée en berceau. A l'angle de la rue des Pélerins et de la Placette (2001 AA 107 ; cf. dossier FERME) une maison
conserve à la fois une cave et un cellier voûtés d'arêtes en sous-sol, une étable voûtée en berceau en rez-de-chaussée et
une petite piéce aveugle contenant l'arche à grains, à l'arrière de la cuisine, elle-même voûtée. L'inventaire des meubles,
dressé à la requête de Jacques Assaud et d'Esprit Gauthier, par le notaire Philippe Crévolin, entre 1630 et 1660, évoque
une telle disposition. En effet, une « arrière chambre » contenant deux arches (coffres-réserves à nourriture) se trouve à
côté de la cave (Guillaume, 1916, p. 447).
A l'étage, les pièces d'habitation sont petites et peu nombreuses. Elles comportent rarement des cheminées. Ces dernières
lorsqu'elles sont conservées sont très simples, à hotte droite en plâtre.
Des voûtes en berceau ont été repérées à l'étage, rue Sainte-Catherine notamment (AA 192, AA 195), mais cette structure
semble avoir été relativement rare.
Les étages sont desservis dans la majorité des cas par un escalier droit en maçonnerie de blocage et contremarches en
bois, situé à droite ou à gauche de la façade. Cinq escaliers en vis ont été repérés (AA 107, 137, 43, 47, 171), dont un
seul au nord de la rue Maurice-Petsche. Deux d'entre eux, refaits à une période récente, se trouvent dans une tourelle en
demi-hors-oeuvre, en façade (AA 47, 137 ; fig. 10, Il ; cf. dossier VILLE de Guillestre : fig. 8). Un autre est construit
dans l'angle saillant de la parcelle AA 171, entre la rue Petite-Fontaine et la rue Sainte-Catherine. Le quatrième escalier
en vis est d'un intérêt tout particulier (AA 43). Il a été repéré dans la Première Grand'Rue, dans une maison par ailleurs
très modifiée. Contrairement aux autres escaliers, il se trouve en milieu de parcelle. Il est en mortier et la vis s'enroule
autour d'un noyau central constitué de trois colonnettes à chapiteau sculpté, disposées en triangle. Ces escaliers datent
probablement de la fin du XVIe siècle. On trouve la mention d'un escalier en vis dans une vente du 9 février 1546, entre
Claude Blanc et André Delort. Détail intéressant, cette vis appartient en commun aux deux propriétaires qui se partagent
la maison (AD. 05 : 2 Mi 137, fol. 45 verso). Un autre exemple de l'usage commun d'un escalier concerne Jean Baptiste.
Celui-ci possède une cave sous la boutique d'Esprit Brun et partage en indivision avec André Richand les degrés qui y
mènent (AD. 05 : CC 187, fol. 154 v). On retrouve jusqu'au XIXe siècle l'usage collectif de l'escalier, notamment dans
plusieurs grosses maisons de la rue Maurice-Petsche.
Il reste à signaler la présence de deux passages desservant des maisons privées. Le premier concerne la maison de Jacques
Dalmas, il est encore visible aujourd'hui (2001 AA 8 ; cf dossier MAISON de notaire). Le second est signalé dans un
échange du 12 avril 1459, passé entre les consuls de Guillestre et Turin Gontier. Ce dernier reçoit une parcelle confrontant
le passage allant à sa maison, « passata domus ejusdem Turini ... et uno pilhono lapideo subtus dictam passatam, juxta
carreriam publicam » (AD. 05 : DD 2 ; Guillaume, 1906, p. 295).
La réalité archéologique de l'architecture antérieure au XIXe siècle est très difficile à cerner. Les maisons dont parlent
le cadastre de 1469 et les actes notariés du XVIe siècle ont été très remaniées et les vestiges architecturaux anciens sont
très ténus.
Village. Placette. Parcelle 2001 AA 103 : détail du coussinet sculpté.
Quelques linteaux en pierre, sculptés en accolade, ont été repérés, ainsi que des coussinets moulurés. Des éléments sculptés
sur des piliers d'étable, les escaliers en vis déjà mentionnés, des dates portées de la seconde moitié du XVIe siècle sont les
éléments archéologiques encore visibles les plus anciens de l'habitat guillestrin. Dans l'ensemble, rien qui remonte au-delà
du XVIe siècle. Les XVIIe et XVIIIe siècles n'ont pas laissé beaucoup plus de vestiges matériels. Tout au plus quelques
éléments de structure (cf. maison du notaire Albert). La plus grande permanence se lit donc sans doute dans le parcellaire.
Les celliers
Comme dans d'autres sites fortifiés de l'Embrunais, les celliers sont nombreux à l'intérieur des remparts de Guillestre. Ils
apparaissent dans les textes à partir du XVe siècle. En 1469, Turin Gontier déclare un cellier dans la ville, évalué à 94
deniers et confrontant à la rue, à la maison de J. Reymond, forgeron, à celle de P. Salvi et à la maison ou cloître à l'arrière
(domum et claustre de retro) [dépouillement Fabrice et Nathalie Mouthon]. Un acte de partage passé entre Esprit et Claude
Girard, le 26 mars 1545, mentionne deux celliers situés dans la ville : le premier partagé entre les deux frères confronte
le second qui appartient à Michel Girard. Ce dernier jouxte d'une part les fortifications et d'autre part une grange-étable
appartenant à Paulet de Garganicque (A.D. 05 : 1 E 2233 et 2 Mi 136, fol. 69 verso). Le 7 juillet 1556, Antoine Assault,
marchand de Guillestre vend « un cellier avec son treuil garni comme vis, pierre, albre (sic), tout ensembles dans le fort
de Guilhestre » (AD. 05 : 1 E 2238 ; Guillaume, 1916, p. 413). S'il semble qu'au XVIe siècle certains celliers aient été
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