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Résumé
La Chine fait face à plusieurs contraintes et limitations à sa croissance, générées par son
modèle de développement :
- La majorité de sa production nationale, basée sur sa compétitivité-prix, est remise en
cause, notamment à l’export, du fait de la hausse des coûts de production ;
- alors que ses entreprises cherchent à se repositionner, avec l’appui de l’Etat, sur des
industries à valeur ajoutée accrue et sur une économie de services, ce nouveau modèle
productif peine à émerger ;
- le système bancaire apparaît inefficace à assurer le recyclage de l’épargne et le
financement des ménages et des PME, discriminés au profit des entreprises publiques ou
des collectivités locales ; il présente des risques de défaut, de bulle et de
surinvestissement dans des équipements sous-utilisés ou des capacités excédentaires ;
- le pays connaît une dégradation environnementale d’une ampleur sans précédent, qui
pèse sur l’environnement local, national, régional et mondial et procède directement du
modèle de croissance retenu ;
- le vieillissement démographique de la population, conséquence de la politique de
l’enfant unique, mais aussi d’une évolution de la société vers un modèle de famille
nucléaire, réduira la disponibilité en une main d’œuvre nécessaire à alimenter la
croissance, notamment urbaine ;
- sans nier un large enrichissement de la population en 30 ans, la croissance des inégalités
suscite des frustrations et des tensions, qui pourraient conduire la Chine à tomber dans
le « piège du revenu moyen », voire remettre en cause de la stabilité sociale.
Ces défis pourraient conduire, s’il n’y est pas répondu, à un ralentissement plus ou moins
marqué de l’économie, à l’échelle d’une ou de plusieurs décennies ; il pourrait davantage prendre
l’aspect d’une sclérose que d’une crise brutale, à la différence du Japon des années 1990. Des
réformes sont néanmoins possibles – un certain nombre sont identifiées, voire expérimentées – pour
contrecarrer ces tendances. La Chine dispose d’atouts pour relever ces défis Certaines évolutions
sont entreprises, d’autres sont poussées par des évolutions spontanées. La question se pose moins
de l’identification des réformes que de la capacité des autorités à les appliquer de manière
volontariste, à l’encontre de cercles conservateurs qui ont intérêt au statu quo.
Parmi ces défis à relever, le vieillissement démographique constitue une spécificité : il
apparaît comme le plus lourd, le plus pénalisant, au moins sur le long terme, mais aussi comme le
plus difficile à allévier, tant il procède de causes profondes, disposant d’une forte inertie.