… mais « le ciel est
haut et l’empereur
est loin ».
La SEPA a
multiplié ces
derniers temps
les mesures
incitatives et
contraignantes…
… mais elles
risquent de rester
lettres mortes.
Du côté des
entreprises
chinoises,
l’argument « vert »
est un bon outil
marketing.
Autre aspect du
développement
durable en Chine :
les conditions de
travail.
Autre obstacle à la mise en application des normes
environnementales : un réseau de 2000 Bureaux de Protection de
l’Environnement (EPB) répartis sur tout le territoire et chargés de mettre en
pratique au niveau provincial et local la politique environnementale. Les
bureaux sont financés par les gouvernements locaux, ce qui rend délicat
l’application des sanctions. On retrouve le vieux problème de l’exécution des
règles nationales au niveau local.
Pour tenter de peser sur la scène politique, la SEPA multiplie les
mesures incitatives et contraignantes. En juillet 2007, elle publiait sa politique
du « crédit vert », en partenariat avec la China Banking Regulatory
Commission et la People’s Bank of China. Cette mesure devait permettre de
lier l’éligibilité des entreprises pour les prêts bancaires à leur performance
environnementale. Dans les faits, les banques locales n’en ont pas tenu
compte, entre autres parce que très peu de banques ont des politiques
environnementales indépendantes. Aujourd’hui, seules deux des trois grandes
banques nationales – China Development Bank et China Eximbank – ont
adopté des standards de financement environnementaux.
En février 2008, la SEPA a annoncé deux autres mesures : les
entreprises dans les industries lourdement polluantes (énergie, acier, ciment,
aluminium etc.) doivent souscrire à une police d’assurance pollution ; pour
celles qui souhaitent être introduites en bourse ou émettre de nouvelles
actions, elles doivent passer un contrôle de leurs normes environnementales.
Dix entreprises chinoises se sont vu recaler à l’examen de passage, dont la
China Coal Energy Co., deuxième producteur de charbon en termes de
production.
La promotion de la SEPA au rang de ministère, fin mars 2008, devait
lui attribuer l’aura qui lui faisait défaut et renforcer ses pouvoirs. Mais le coup
est manqué : le nouveau Ministère de Protection de l’Environnement (MEP),
s’il en a le titre, n’a toujours pas la main sur les agences locales de protection
de l’environnement, vivement critiquées. Le MEP a hérité de l’appellation
ironique de « tigre de papier » de son aïeule la SEPA, et sa politique « verte »
risque fort de rester lettre morte.
Pour les entreprises en revanche, l’argument « vert » est de plus en
plus utilisé pour le marketing. China Mobile a ainsi lancé dernièrement sa
« Green Initiative » pour réduire chez ses sous-traitants la quantité de
matériaux utilisés et réduire la consommation énergétique des équipements.
L’attrait des nouveaux consommateurs chinois pour l’environnement pourrait
en faire aussi un marché alléchant. 70% des consommateurs chinois
préfèreraient acheter des produits et des services issus d’entreprises
« vertes », contre 42% aux Etats-Unis et moins de 30% en France, en Grande
Bretagne, en Allemagne et au Japon (étude Ipsos/MORI, 2007). Mais pour
l’instant, rares sont les entreprises chinoises qui publient des rapports sur leur
politique en matière de « responsabilité sociale ».
Depuis son entrée dans l’« économie socialiste de marché », la Chine
est aussi tristement célèbre pour ses conditions de travail : ateliers clandestins,
travail des mineurs, esclavage, non respect des règles de sécurité. Le dernier
scandale en date : l’été dernier, la découverte – savamment orchestrée par la
police locale – d’une centaine d’esclaves dans les briqueteries du Shanxi.