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…et la crise
sociale
s’amplifie.
L’accord de
coopération
économique
avec Taïwan
dote la Chine
d’un glacis de
libre-échange à
ses frontières.
L’Inde
enregistre une
forte croissance,
malgré un
développement
très inégal.
L’économie
indonésienne
reste très
performante,
mais risque de
souffrir du
départ de Sri
Mulyani.
La Corée du
sud se
redresse…
A cet environnement économique instable s’ajoute une importante crise sociale.
Après trente années de croissance économique, les ouvriers chinois réclament aujourd’hui
leur part de la richesse produite. Craignant que la situation se dégrade, le gouvernement a
annoncé des hausses de salaires dans une trentaine de villes et de régions et appelle à une
amélioration des conditions de travail. Aujourd’hui, la vague de contestations s’intensifie,
mais les salaires n’atteignent toujours en moyenne que 1,50 dollars de l’heure. L’atelier du
monde a donc encore des réserves sérieuses de compétitivité, mais le scénario d’une
contamination de proche en proche des revendications – comme en Corée il y a vingt ans –
n’est pas à exclure.
La balance commerciale chinoise affiche à nouveau un excédent de 19,5 milliards de
dollars au mois de mai 2010 – son plus haut niveau depuis sept mois. Suite à la levée des
barrières douanières avec les pays de l’Association des nations du Sud-est (ASEAN),
l’accord-cadre de coopération économique signé le 29 juin 2010 entre la Chine et Taïwan
dote l’Empire du milieu d’un glacis de libre-échange à ses frontières. Les observateurs
estiment à 100 milliards de dollars l’augmentation des flux entre les deux rives du détroit,
mais chacun sait, sans le dire, que Taïwan est depuis longtemps une province économique du
continent. La reprise des exportations reflète une hausse généralisée de la demande
mondiale. En revanche, elles restent considérablement en deçà des niveaux enregistrés à la
même époque l’année dernière, qui n’était pourtant pas une année faste. Le moteur du
développement chinois est donc grippé.
Grâce à une forte consommation intérieure et une hausse des investissements fixes,
l’économie indienne enregistre une croissance de 8,6 % au premier trimestre 2010 (en
perspective annuelle). Pierre angulaire de la croissance indienne, la demande domestique
devrait permettre au pays de maintenir son élan. Les performances de l’Inde restent toutefois
très disparates. Tandis que l’industrie et les services affichent de bons résultats, l’agriculture
stagne désespérément (0,7% de croissance au premier trimestre 2010). De plus, l’état des
finances publiques laisse fortement à désirer. Les dépenses toujours trop élevées du
gouvernement creusent la dette et freinent le développement. Certes l’Inde est le pays de
toutes les promesses électorales (merci la démocratie!) et la nouvelle frontière de nos
investisseurs, mais la persistance des questions de fond (extrême pauvreté pour trois quart de
la population), le rattrapage plus que problématique des infrastructures malgré les efforts
réels du gouvernement de Manmohan Singh, et la galère des partenariats locaux réservent
l’Inde aux plus aguerris.
Avec une croissance de 5,8% au premier trimestre 2010, l’économie indonésienne
reste l’une des plus performantes de la région. Après une année difficile, les investisseurs et
entreprises étrangères semblent à nouveau séduits par l’Indonésie, dont la monnaie s’est
montrée particulièrement stable en ces périodes troublées. En revanche, des infrastructures
en déshérence et les chicaneries gouvernementales ont conduit la très talentueuse Sri
Mulyani, ministre des Finances depuis 2005, à tirer sa révérence. En effet, le problème des
acquisitions de terrain et celui d’une bureaucratie inepte transforme toute décision en
parcours du combattant, avec des résultats indignes des besoins d’un aussi grand pays. Le
départ de Sri Mulyani pour la Banque Mondiale n’est pas une bonne nouvelle.
Le gouvernement sud-coréen a su réagir rapidement et de façon efficace à la crise.
Grâce à un système bancaire solide et des finances publiques saines, l’économie du pays se
redresse vivement avec des prévisions de croissance autour de 5%, une capacité de rebond
qui n’a d’égale que sa performance stupéfiante à la sortie de la grande crise asiatique de
1998. Alimenté principalement par une forte demande chinoise, le commerce extérieur
reprend à un rythme soutenu (+35% au premier trimestre 2010). La reprise des échanges sud-
coréens pourrait également profiter aux industriels des secteurs high-tech et automobile. Le
reste de l’industrie a aujourd’hui renoué avec sa trajectoire d’avant-crise et soutient à son
tour le redressement de l’investissement, essentiel à la croissance du pays.
La croissance se renforce au Vietnam, qui enregistre une hausse de 6,2% du PIB au
premier trimestre 2010. Victime l’an dernier du pire ralentissement en des décennies