
Chambres d’agriculture n° 1021 - Mars 2013
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DOSSIER
2008, la FED a procédé à plusieurs
reprises à un «assouplissement quantita-
tif» (quantitative easing, QE1 en 2008, QE2
en 2010), mesure «non conventionnelle»
consistant à acheter des titres détenus par
les banques – notamment des titres
publics – en échange de liquidités, de
façon à maintenir le plus bas possible les
taux d’intérêt. Ce sont ces liquidités qui
doivent en principe être utilisées pour
accorder des crédits aux entreprises et
aux ménages, afin de soutenir l’investis-
sement et la consommation(1). La quantité
de monnaie ainsi émise – appelée égale-
ment «base monétaire» – est passée de
820 à 2600 milliards de dollars entre 2008
et 2010. C’est pourquoi de nombreuses
critiques ont été adressées depuis à la
FED, soulignant le caractère inflationniste
de sa politique d’assouplissement moné-
taire. Or les tensions inflationnistes ne se
sont toujours pas concrétisées. En
revanche, le regain de croissance a permis
de réduire la progression du chômage,
progression qui avait été fulgurante dès le
déclenchement de la crise, le nombre
d’emplois détruits ayant atteint près de
9 millions entre 2007 et 2010.
L’autre dimension de la politique écono-
mique américaine a été le stimulus budgé-
taire pratiqué par l’Administration Obama.
Diminution de certains prélèvements,
accroissement des dépenses. Le déficit
budgétaire s’est du même coup creusé, se
fixant désormais à un peu moins de 9 % du
PIB. Des mesures visant à contenir ce défi-
cit ont été prises à partir de 2009, portant
essentiellement sur les dépenses, en raison
des tensions entre l’exécutif américain et la
Chambre des Représentants, à majorité
Républicaine depuis les élections de mid-
term de novembre 2010. Ce creusement
du déficit budgétaire fédéral s’est répercu-
té sur le montant de la dette de l’Etat amé-
ricain, laquelle est passée de 67 % du PIB
en 2007 à 105 % à la fin de l’année 2012
(graphique 2).
Premier débiteur du monde…
en voie de réindustrialisation
Dans un tel contexte, la dernière élection
présidentielle a été dominée par le thème
de la réduction du déficit (falaise fiscale,
signifiant que, s’il n’y avait pas eu accord le
31 décembre 2012, les hausses d’impôts et
les réductions automatiques de dépenses
auraient entraîné un choc fiscal de 4 points
de PIB, donc une récession de l’économie
américaine) et de la dette des Etats-Unis. Si
le débat fut moins virulent qu’en 2010, lors
du scrutin à mi-mandat, en raison des posi-
tions tranchées adoptées par le Tea Party,
le problème reste entier : comment dimi-
nuer la contrainte pesant sur l’Etat fédéral
en matière de déficit et de dette ? Car les
conditions de financement du déficit et de
la dette pourraient se complexifier, notam-
ment du fait de la dégradation de la note
américaine par les agences de notation. Si
l’impact de la perte du triple A n’a pas eu
jusqu’ici de répercussions trop importantes,
les Etats-Unis doivent toutefois adopter une
stratégie destinée à réduire les dépenses
et/ou augmenter les recettes fiscales.
département du Trésor américain2065
en % du PIB en % du PIB
Dette fédérale américaine et solde budgétaire
4
2
0
-2
-4
-6
-8
-10
-12
120
100
80
60
40
20
0
Graphique 2
Solde budgétaire (échelle de gauche)
* Estimation en 2012
Dette (échelle de droite)
20012000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 20102009 2011 2012
1. Une fois la croissance retrouvée,
la Banque Centrale revend ces titres
et procède ainsi à une destruction
de monnaie initialement créée.
OCDE899
en %
Taux de croissance du PIB américain
en volume
6
5
4
3
2
1
0
-1
-2
-3
-4
Graphique 1
2,3
1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 20082006 2010 2012
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