AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE : UN SPORT EXTRÊME? Le mardi 3 mai 2011 Perspectives économiques et financières 2011-2012 Yanick Desnoyers, M.Sc., économiste en chef adjoint, Banque Nationale Groupe financier, Montréal Propulsée par les pays émergents, l’économie mondiale devrait connaître une croissance encore supérieure à 4 % en 2011 en raison d’une politique monétaire qui, malgré la hausse récente de l’inflation, demeure toujours profondément en terrain accommodant. L’expansion de la production industrielle mondiale, combinée à une telle performance de l’économie en général, serait à même d’assurer une bonne tenue des prix des matières premières, tant cette année que l’année prochaine, incluant le prix des grains. Aux États-Unis, malgré un secteur du logement encore chancelant et un déficit budgétaire important, la seconde ronde des puissants stimulants macroéconomiques appliqués en 2010 devrait porter fruit. La demande intérieure américaine est en voie de connaître sa meilleure performance au cours des cinq dernières années. Un cycle haussier de richesse et de crédit s’amorce, signe que l’économie américaine entre désormais dans la phase d’expansion. Pour la première fois depuis la crise financière, l’économie américaine serait apte, en raison d’un plafonnement relatif de la productivité, à créer pas moins de deux millions d’emplois cette année. Dans un tel contexte, le cycle américain aurait donc atteint le point favorable où l’activité s’alimente désormais d’elle-même. La Réserve fédérale devrait commencer à normaliser sa politique monétaire, probablement en fin d’année. Sur le plan canadien, l’emploi a déjà, contrairement aux États-Unis, récupéré l’ensemble du terrain perdu depuis la récession, assurant une croissance plus éclatante de la demande intérieure. En 2011, l’économie canadienne devrait bénéficier d’une rotation de la demande, c’est-à-dire moins de croissance de la consommation et du secteur du logement, avec en contrepartie une bonne poussée des exportations et des investissements des entreprises. La bonne tenue de l’économie américaine devrait tirer les exportations canadiennes en dépit d’un huard élevé. Des hausses de taux d’intérêt sont à prévoir au Canada cette année, ce qui porterait le taux directeur à quelque 2 % en fin de période. Étant donné l’endettement élevé des consommateurs canadiens, le sommet des taux du présent cycle économique devrait toutefois être moindre que lors des cycles précédents. Comme presque 60 % des ménages canadiens ne possèdent aucune hypothèque, ces hausses de taux seront à même de faire ralentir la croissance de la demande intérieure sans toutefois plonger l’économie dans une récession, les termes de l’échange demeurant élevés. Tout compte fait, il faut s’attendre à une croissance enviable de l’ordre de 3 % au Canada cette année.