
- Avant-propos -
rapport a été diffusé en septembre 2002. Le présent rapport présente les
conclusions du deuxième groupe, présidé par Dominique Plihon, que je
remercie vivement ainsi que ses rapporteurs pour l’ampleur et la qualité du
travail accompli. Les trois autres groupes achèveront leurs travaux au cours du
4ème trimestre 2002, et le Commissariat général du Plan établira une synthèse
des conclusions des cinq groupes.
Au cours des dernières années, la recherche de la rentabilité financière a
souvent pris appui sur l’indicateur très imparfait de la rentabilité sur fonds
propres, le fameux ROE, qui était supposé devoir être proche de 15 %. Le
rapport confronte plusieurs indicateurs de rentabilité économique ou financière.
Il en retrace les évolutions en France et aux États-Unis, en utilisant à la fois la
comptabilité nationale et la comptabilité des entreprises. Il tente d’élucider les
causes de ces évolutions, en faisant la part de la baisse des taux d’intérêt, des
inflexions de productivité et des tensions sur le partage du revenu. Il intègre
l’ensemble de ces constats empiriques dans une vision théorique de transition
vers un nouveau régime de croissance, fondé sur un ensemble d’institutions et
d’arrangements permettant de recréer une cohérence entre les nouvelles formes
de la technique, de la concurrence et de la finance. Les convulsions actuelles
des marchés boursiers s’interprètent alors comme des effets de la reconstitution
des primes de risque dans un contexte de stabilité approximative des taux
d’intérêt : elles devraient déboucher à terme sur de nouvelles références
boursières, qui se substitueront à la convention du 15 %.
Mais la finance n’est pas une planète à part. Elle interagit fortement avec
l’ensemble des évolutions économiques et sociales. La nouvelle configuration
de rentabilité et de risque qui va progressivement s’établir n’est pas importante
seulement pour les détenteurs de portefeuilles boursiers. La croissance,
l’emploi, les revenus en dépendent aussi.
Les excès de la période récente créent une situation propice à un équilibre plus
satisfaisant entre les différentes parties prenantes au développement des
entreprises. Les actionnaires en font partie, mais leur pouvoir doit être mieux
encadré et contrebalancé par celui d’autres acteurs, par nature plus attentifs aux
perspectives à long terme, notamment les salariés, le management et les
créanciers. Le nouveau régime de croissance appellera de nouvelles régulations.
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