14 VALEUR MÉDICALE AJOUTÉE Services des Urgences Mesurer l'INR aux urgences Syndromes hémorragiques graves Le pôle URMARS 1 du Groupement hospitalier Edouard Herriot à Lyon accueille 70 000 patients par an. Aux urgences, la prise en charge des patients sous anticoagulants est critique car, chez eux, les complications hémorragiques peuvent engager un pronostic vital. Pr Karim Tazarourte Centre de médecine hyperbare, Pôle URMARS, Groupement hosp., Edouard Herriot, Lyon DES RISQUES D’HÉMORRAGIES GRAVES Les patients traités par des anticoagulants courent des risques de complications hémorragiques graves, voire mortelles. « Il est donc primordial pour nous d’identifier ces patients car certains symptômes qui n’auraient pas beaucoup d’importance chez d’autres personnes, comme des maux de têtes ou des maux de ventre, sont chez eux des symptômes d’alerte », explique le Professeur Karim Tazarourte, chef de service des Urgences et du Centre de médecine hyperbare, Groupement hospitalier Edouard Herriot, à Lyon. [1] URMARS : Urgences-Réanimation MédicaleAnesthésie- Réanimation-SAMU UN DIAGNOSTIC PARFOIS DIFFICILE Quand l’hémorragie engage le pronostic vital, le patient est en état de choc et l’intervention est immédiate. « Mais les hémorragies peuvent parfois être plus difficiles à diagnostiquer, comme les hémorragies digestives, les hématomes du psoas qui se manifestent par des douleurs abdominales ou les hémorragies intra-médullaires qui se manifestent par des troubles atypiques de la marche. Nous faisons alors de l’imagerie pour détecter au plus vite le saignement », précise le Pr Tazarourte. « Les hémorragies intracrâniennes présentent une particularité. En effet un tout petit saignement, qui serait normalement traité par une surveillance simple, peut entraîner chez les patients sous AVK des troubles neurologiques majeurs et un coma. Nous devons donc faire des scanners cérébraux à des patients qui ont des symptomatologies parfois très frustes. » de vitamine K, permet de restaurer immédiatement la coagulation. « À ce stade, il est impératif pour nous de mesurer l’INR avec le CoaguChek® XS Pro afin de vérifier l’efficacité du traitement antidote que nous venons d’administrer et l’adapter, le cas échéant. Une autre mesure de l’INR est réalisée entre 4 et 6 heures plus tard. » TOTALEMENT SÉCURISÉ La biologie délocalisée évite une prise de sang et l’envoi de l’échantillon au laboratoire. Elle apporte une réponse rapide, au lit du patient, avec un processus parfaitement sécurisé. UN TRAITEMENT IMMÉDIAT… « Nous venons de démontrer dans une étude réalisée avec le Dr Bernard Vigué que, lors d’hémorragies intracrâniennes, si l’INR est surveillé, abaissé et maintenu à moins de 1,5 dans les 6 heures suivant la réversion du traitement, la mortalité des patients est divisée par 3 », conclut le Pr Tazarourte. En cas d’hémorragie, le traitement AVK des patients est immédiatement remplacé par un traitement antagoniste. L’administration d’un concentré de complexes prothromboniques, appelés CCP, injecté conjointement à 10 mg [ 2 ] Tazarourte K et al, Crit Care. 2014 Apr 24;18(2):R81. doi: 10.1186/cc13843. • 10 000 BIO - N° 94 - JUIN 2015 MAG_10MBIO_94_TELEBIO_24P_BAT4_FINAL_29052015.indd 14 01/06/2015 12:05