
mt, vol. 17, n° 4, octobre-novembre-décembre 2011 337
1 Introduction
1.1 Thème et objectifs des recommandations
Thème des recommandations
Ces recommandations de bonne pratique (RBP)
ont été élaborées par l’Association française pour le
développement des approches spécialisées des trou-
bles du comportement alimentaire (AFDAS-TCA) avec
la participation de la Fédération française de psychia-
trie (FFP) et de l’unité 669 de l’Inserm, dans le cadre
d’un partenariat méthodologique, logistique et fi nan-
cier avec la Haute Autorité de Santé (HAS). Ce travail a
été fait à l’initiative de l’AFDAS-TCA et de la Direction
générale de la santé qui avaient saisi la HAS pour rédi-
ger des RBP sur ce thème.
L’anorexie mentale est un trouble du comporte-
ment alimentaire (TCA) d’origine multifactorielle :
facteurs personnels de vulnérabilité psychologique,
biologique et génétique, et facteurs d’environnement,
familiaux mais également socioculturels (importance
de l’image du corps dans nos sociétés). Cette maladie
est défi nie selon les critères diagnostiques des clas-
sifi cations internationales (CIM-10 et DSM-IV-TR ; cf.
annexe 1).
Les cas d’anorexie mentale répondant aux critères
diagnostiques du DSM-IV-TR sont relativement ra-
res : prévalence en population générale de 0,9 à 1,5 %
chez les femmes et de 0,2 à 0,3 % chez les hommes. La
forme subsyndromique, ne répondant pas strictement
aux critères diagnostiques (CIM-10 et DSM-IV-TR), est
plus fréquente.
Les critères diagnostiques font actuellement l’ob-
jet de nombreuses discussions concernant en par-
ticulier la place des formes mineures et l’association
de plusieurs troubles alimentaires. Les conduites
anorexiques et boulimiques sont souvent associées,
simultanément ou successivement. Cependant, si
près de la moitié des patients anorexiques réunissent
à un moment ou un autre les critères diagnostiques
de la boulimie, la réciproque n’est pas vraie. Compte
tenu de la complexité du champ, ces RBP sont cen-
trées sur l’anorexie mentale, avec crises de boulimie
et/ou conduites de purge ou sans (type restrictif).
Ces RBP concernent également l’anorexie mentale
subsyndromique qui mérite une prise en charge
similaire.
L’anorexie mentale se caractérise par la gravité po-
tentielle de son pronostic :
– risque de décès (suicide, complications soma-
tiques) : il s’agit de la maladie psychiatrique qui en-
gendre le taux de mortalité le plus élevé, jusqu’à
10 % dans les études comportant un suivi de plus de
10 ans ;
– risque de complications somatiques et psychiques
nombreuses : défaillance cardiaque, ostéoporose,
infertilité, dépression, suicide, etc. ;
– risque de chronicité, de rechute et de désinser-
tion sociale (cf. annexe 2).
La guérison est possible même au bout de plusieurs
années d’évolution.
L’approche pluridisciplinaire justifi ée par la né-
cessité d’aborder les dimensions nutritionnelles,
somatiques, psychologiques et familiales pose le
problème de l’articulation des différents interve-
nants au sein d’un projet de soins global au long
cours.
Objectifs des recommandations
Les objectifs de ces RBP sont d’aider à :
– repérer plus précocement l’anorexie mentale ;
– améliorer l’accompagnement du patient et de
son entourage ;
– améliorer la prise en charge et l’orientation ini-
tiale des patients ;
– améliorer la prise en charge hospitalière
lorsqu’elle est nécessaire et la prise en charge post-
hospitalière.
Les axes prioritaires d’amélioration de la qua-
lité des soins défi nis pour ce travail, en lien direct
avec les préoccupations des professionnels et des
représentants d’associations de patients, sont les
suivants :
– repérage et diagnostic précoces, prenant en
compte les populations les plus à risque, les signes
d’alerte et les critères diagnostiques les plus perti-
nents, ainsi que la recherche d’alliance avec le patient
et son entourage, souvent diffi cile du fait des mécanis-
mes de déni1 ;
– modalités d’orientation et de prise en charge am-
bulatoire des patients (adressage, nécessaire pluridis-
ciplinarité et dispositifs spécialisés, en particulier en
termes d’hospitalisation de jour) ;
– indications et modalités d’hospitalisation à temps
plein (critères de gravité, contrats thérapeutiques et
place de l’hospitalisation sous contrainte).
1 Déni : refus par le sujet de reconnaître la réalité d’une perception
traumatisante.
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