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comme on avait admis qu’il était essentiel de renforcer les moyens permettant le respect et
l’exercice de ces droits, la coopération technique s’est rapidement développée en matière
de droits fondamentaux en général, et de travail des enfants en particulier.
L’emploi était le deuxième domaine d’action renforcée. Le Sommet social avait
recommandé une action plus large et plus intégrée pour promouvoir l’emploi dans le cadre
de la stratégie nationale de développement. Cela a bientôt donné lieu à une série
d’examens complets de la politique de l'emploi. Dès 1996, ces examens ont analysé
différents aspects de la question de l’emploi dans plusieurs pays, et ont proposé des
stratégies cohérentes de promotion de l’emploi pour chacun d’entre eux. Ces examens ont
été effectués par le BIT, et entrepris en collaboration avec d’autres organes du système des
Nations Unies. Ils ont montré qu’en matière d’emploi, il n’existait pas de stratégie
universelle. Il fallait faire une analyse approfondie de la nature du problème dans chaque
pays, et déterminer les politiques susceptibles d’y apporter une solution. Dans certains
pays, le chômage des diplômés augmentait, dans d’autres, les qualifications faisaient
défaut. Dans les économies en développement ou en transition, l’emploi du secteur formel
stagnait tandis que le travail informel progressait. Dans de nombreux pays à revenu
intermédiaire, des mesures devaient être prises pour améliorer la qualité des emplois, et
remédier à la faiblesse des relations professionnelles et à la dégradation des possibilités de
création d’emplois dans le cadre du processus de développement. Pour faire face à ces
problèmes, on a élaboré des stratégies nationales appuyées par des recherches sur les
principaux obstacles. Par exemple, les rapports réguliers sur l’emploi dans le monde ont
porté sur des domaines clés de l’élaboration de politiques, tels que la flexibilité du marché
du travail et le rôle de la formation et du perfectionnement des qualifications.
Le troisième domaine impliquait l’intégration des domaines des droits au travail, l’emploi,
la protection sociale et les puissants mécanismes de dialogue social de l’OIT, afin
d’atteindre un objectif consolidé de travail décent pour tous. C’est sur cet objectif que
portait le rapport de 1999 présenté à la Conférence internationale du Travail par
Juan Somavia, le Directeur général du BIT qui venait d’être élu. L’objectif de travail
décent renvoyait à la création d’emplois productifs et aux aspirations des gens en matière
de participation, de voix et de sécurité. Il comprenait donc les trois domaines mis en
évidence au Sommet social. Le concept de travail décent englobait l’objectif de l’emploi,
mais ne s’y limitait pas. Le travail décent devait permettre une réduction de la pauvreté, et
constituait un moyen d’intégration et d’inclusion sociale très important. A partir de ce
moment, c’est devenu le maître mot des activités de l’OIT, dont le programme de travail
était élaboré en fonction de cette notion.
Copenhague plus 5 et la Déclaration
du Millénaire
En 2000, au moment de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, il était évident
que les progrès accomplis en vue d’atteindre les objectifs du Sommet social avaient été
lents ; dans certains pays, on avait même constaté une régression. La crise financière en
Asie, qui s’était déclenchée en 1997 pour se poursuivre en 1998, avait montré la
vulnérabilité des pays d’Asie de l’Est, dont les modèles de croissance semblaient pourtant
solides. L’Amérique latine avait connu des crises économiques successives, et la plupart
des espoirs de développement économique pour l’Afrique ne s’étaient pas concrétisés. La
série de crises financières avait mis au jour la fragilité de l’environnement économique
mondial et l’incapacité des différents pays à se protéger des effets de contagion propres
aux marchés financiers de plus en plus mondialisés.