Les marraines de guerre

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Les marraines de guerre
Les marraines de guerres sont des femmes ou des jeunes femmes
qui entretiennent une relation ou un échange épistolaire avec des
soldats du front sans famille. Elles envoyaient des lettres mais aussi
des colis, des cadeaux et même des photographies. Elles avaient le
rôle de soutenir moralement et psychologiquement les soldats du
front.
Les marraines de guerre voient le jour en 1915 avec la
création le 11 janvier de la première association des marraines de
guerre par Marguerite De Lens: La Famille du Soldat. Elle bénéficie
notamment du soutien de la publicité gratuite de L'Écho de Paris.
Par la suite, une autre association voit le jour : Mon Soldat, fondée
par Madame Bérard et soutenue par Alexandre Millerand, ministre
de la guerre.
Au départ les marraines de guerre sont vues positivement car elles
apportent soutiens et amour aux soldats délaissés. Par la suite après
de nombreuses critiques elles vont être vues comme de « vieilles
filles » qui séduisent les hommes. Par conséquent, peu à peu, les
marraines de guerre ne sont plus vantées dans la presse comme
l'incarnation du patriotisme et de l'Union sacrée mais dénigrées.
L’armé évoque des risques d'espionnage : des agents allemands se
feraient passer pour des marraines de guerre afin d'obtenir des
informations sur les mouvements et la position des régiments. Les
lettres adressées sous initiales sont jetées au rebut. Le ministre des
Postes donne des consignes strictes.
En fait, estime Jean-Yves Le Naour, « la marraine de guerre fait
peur aux militaires comme aux moralistes parce qu'elle incarne la
libération des mœurs, parce qu'elle est une femme libre qui écrit à
des hommes, sans tutelle ni surveillance ». Elle rappelle à l'armée
et à la société toute entière que les hommes au combat restent
d'abord des êtres humains et non des machines à tuer, doués de
sentiments, sexués et fragiles.
Par la suite, de nombreux soldats se sont mariés ou fiancés avec
leur marraine de guerre lors de permissions ou après la guerre
comme un certain Guillaume Apollinaire.
Un exemple de marraine de guerre : La marraine de guerre
d’Apollinaire.
Madeleine Pagès est une professeur de lettres, fiancée au poète
Guillaume Apollinaire qui lui dédiera plusieurs poèmes et dont les
lettres seront réunies dans les lettres à Madeleine. Elle est née le 14
novembre 1892 à La Roche-sur-Yon et morte à Antibes le 2 mars
1965.
Apollinaire lui écrit sa première lettre
le 16 avril 1915. Le poète est alors
artilleur sur le front, dans le nord de la
France. Très rapidement, le dialogue
épistolier s'installe. Le ton est d'abord
courtois, puis vite audacieux. Le poète
se plaît à se souvenir de la beauté de
Madeleine, et lui demande très souvent
de nouvelles photographies. Ils se
déclarent finalement leur amour en
juillet puis, sans avoir revu Madeleine,
Apollinaire demande sa main à sa
mère le 10 août 1915 ; elle accepte de la
lui donner. Il ne commence à la
tutoyer que le 25 août 1915.
Les poèmes s'invitent dans les lettres, certains fort érotiques depuis
les fiançailles épistolaires (Les neuf portes de ton corps).
Madeleine ne se mariera pas et restera professeur de lettres.
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