En fait, estime Jean-Yves Le Naour, « la marraine de guerre fait
peur aux militaires comme aux moralistes parce qu'elle incarne la
libération des mœurs, parce qu'elle est une femme libre qui écrit à
des hommes, sans tutelle ni surveillance ». Elle rappelle à l'armée
et à la société toute entière que les hommes au combat restent
d'abord des êtres humains et non des machines à tuer, doués de
sentiments, sexués et fragiles.
Par la suite, de nombreux soldats se sont mariés ou fiancés avec
leur marraine de guerre lors de permissions ou après la guerre
comme un certain Guillaume Apollinaire.
Un exemple de marraine de guerre : La marraine de guerre
d’Apollinaire.
Madeleine Pagès est une professeur de lettres, fiancée au poète
Guillaume Apollinaire qui lui dédiera plusieurs poèmes et dont les
lettres seront réunies dans les lettres à Madeleine. Elle est née le 14
novembre 1892 à La Roche-sur-Yon et morte à Antibes le 2 mars
1965.
Apollinaire lui écrit sa première lettre
le 16 avril 1915. Le poète est alors
artilleur sur le front, dans le nord de la
France. Très rapidement, le dialogue
épistolier s'installe. Le ton est d'abord
courtois, puis vite audacieux. Le poète
se plaît à se souvenir de la beauté de
Madeleine, et lui demande très souvent
de nouvelles photographies. Ils se
déclarent finalement leur amour en
juillet puis, sans avoir revu Madeleine,
Apollinaire demande sa main à sa
mère le 10 août 1915 ; elle accepte de la
lui donner. Il ne commence à la
tutoyer que le 25 août 1915.
Les poèmes s'invitent dans les lettres, certains fort érotiques depuis
les fiançailles épistolaires (
Les neuf portes de ton corps
).
Madeleine ne se mariera pas et restera professeur de lettres.