LES COMPTES FINANCIERS DE LA BELGIQUE
Au cours des dernières années, la Banque a entamé une rénovation en profondeur des statistiques
financières qu'elle diffuse dans le présent Bulletin. Jusqu'à présent, ont été modifiés les
chapitres XI "Finances publiques"1, XII "Globalisation des comptes annuels des entreprises non
financières"2, XV "Actifs financiers"3, XVI "Engagements des particuliers, des sociétés et des
entreprises individuelles"4, XVII "Marché des capitaux"5, XVIII "Marché Monétaire"6 et XIX
"Taux d'intérêt"7. La plupart de ces chapitres peuvent être considérés comme des parties
spécifiques d'un tout que constitue la synthèse des comptes financiers de la Belgique. Cette
synthèse, qui figure actuellement dans le chapitre XIIbis "Créances et dettes dans l'économie belge"
était progressivement devenue caduque, les concepts s'écartant fortement des concepts utilisés dans
les chapitres modifiés du Bulletin.
Les données relatives aux créances et engagements dans l'économie belge ont été révisées de
manière à assurer la cohérence de la synthèse des comptes financiers avec les statistiques publiées
dans les autres chapitres du Bulletin. Etant donné que le chapitre XII est désormais affecté aux
statistiques élaborées par la Centrale des bilans de la Banque, le nouveau chapitre consacré aux
créances et engagements dans l'économie belge portera le numéro XIII. Par ailleurs, la réforme du
schéma d'informations périodiques que les établissements de crédit sont tenus de communiquer aux
autorités de contrôle concernant leur situation financière, qui est entrée en vigueur en janvier 1993,
harmonise et complète les informations contenues dans les états comptables des différentes
catégories d'établissements. Suite à cette réforme, les tableaux des anciens chapitres XIII et XIV
seront ultérieurement refondus dans un nouveau chapitre XIV consacré aux bilans consolidés des
intermédiaires financiers. En attendant la publication des nouveaux tableaux de ce prochain
chapitre, seuls les tableaux encore pertinents des deux chapitres précités feront l'objet d'une
nouvelle numérotation et seront regroupés en un chapitre XIV provisoire désormais intitulé
"Intermédiaires financiers".
1 "Modifications apportées au chapitre XI "Finances publiques" de la partie "Statistiques" du Bulletin", Bulletin de la
Banque Nationale de Belgique, LXIIIe année, tome I, n°5, mai 1988, pp. 3-13.
2 "La Centrale des bilans : une source statistique pour l'analyse du comportement des entreprises non financières
(nouveau chapitre XII de la partie "Statistiques" du Bulletin)", Bulletin de la Banque Nationale de Belgique, LXVIe
année, n° 9, septembre 1991, pp. 3-79.
3 "Modifications apportées au chapitre XV "Actifs financiers" de la partie "Statistiques" du Bulletin", Bulletin de la
Banque Nationale de Belgique, LXIIIe année, tome II, n°1-2, juillet-août 1988, pp. 3-23.
4 "Descriptions du nouveau chapitre XVI "Engagements des particuliers, des sociétés et des entreprises individuelles"
de la partie "Statistiques" du Bulletin", Bulletin de la Banque Naitonale de Belgique, LXVIe année, n° 7-8, juillet-
août 1991, pp. 27-53.
5 "Nouveau chapitre XVII "Marché des Capitaux" de la partie "Statistiques" du Bulletin", Bulletin de la Banque
Nationale de Belgique, LXVIIe année, n° 4, avril 1992, pp. 5-29.
6 "Révision du chapitre XVIII "Marché Monétaire" de la partie "Statistiques" du Bulletin", Bulletin de la Banque
Nationale de Belgique, LXVIe année, n° 6, juin 1991, pp. 3-12.
7 "Révision du chapitre XIX "Taux d'escompte, d'intérêt et de rendement" de la partie "Statistiques" du Bulletin",
Bulletin de la Banque Nationale de Belgique, LXVIe année, n° 5, mai 1991, pp. 5-16.
La première partie de cet article présente les principes généraux qui président à l'élaboration des
comptes financiers et explique comment ces comptes s'articulent aux comptes réels de l'économie.
La deuxième partie sera consacrée à leur transposition dans le cadre de l'économie belge en
fonction de l'information disponible. Dans une troisième partie, on commentera les différents
tableaux qui seront inclus au nouveau chapitre XIII. La quatrième partie sera relative à la table des
matières du chapitre XIV provisoire. Enfin, une dernière partie sera consacrée à certains
aménagements de tableaux des chapitres XI et XV, relatifs notamment à l'introduction de nouvelles
statistiques d'agrégats monétaires.
I. PRINCIPES GENERAUX DES COMPTES FINANCIERS
Au sens large, les comptes financiers couvrent l'ensemble des créances, des dettes, des droits et des
engagements dans l'économie. Ces comptes mettent en évidence la manière dont les différents
secteurs économiques affectent leur épargne financière et auprès de quels secteurs ils trouvent les
ressources dont ils ont besoin.
Par ailleurs, les comptes financiers fournissent des informations permettant d'apprécier la liquidité
des différents secteurs, en classant les divers actifs selon leur degré de liquidité ou d'illiquidité. A
ce stade, on peut déjà distinguer les deux ingrédients constitutifs des comptes financiers : une
nomenclature des secteurs économiques et une nomenclature des instruments financiers. On y
reviendra en détail ci-après.
L'analyse des principaux canaux de financement dans l'économie et l'appréciation de la liquidité
répondent aux préoccupations des responsables de la politique économique et financière et
s'inscrivent dans le cadre de l'analyse économique moderne. En effet, la description des
financements intersectoriels permet de dégager le rôle des intermédiaires financiers et des marchés
dans le processus de collecte et de distribution de fonds. Cela peut conduire à détecter les
imperfections éventuelles des canaux de financement dans l'économie et contribuer à l'élaboration
d'une politique visant à optimaliser l'allocation des ressources financières. Les comptes financiers
permettent aussi de mesurer les effets de mesures de politique monétaire ou budgétaire comme par
exemple les conséquences de l'abaissement du taux de précompte mobilier. Enfin, ils permettent
également de formuler certaines estimations de soldes sectoriels, de revenus, de dépenses et de
prévoir les évolutions de certaines catégories d'actifs (par exemple demande de billets) ou
d'engagements.
Les comptes financiers peuvent être recensés en termes de flux bruts (somme des nouveaux actifs
et des nouveaux engagements financiers), de flux nets (différence algébrique entre, d'une part, les
nouveaux actifs et les nouveaux engagements et, d'autre part, les liquidations d'actifs et
remboursements de dettes) ou de stocks (encours des actifs et des engagements financiers à une
certaine date).
En ce qui concerne les flux, les comptes financiers dont il sera question dans le nouveau chapitre
XIII n'enregistrent que les variations nettes des actifs et passifs financiers. Ce mode de
comptabilisation en termes de flux nets est dicté par des nécessités statistiques, car, dans la plupart
des cas, on ne dispose pas des données nécessaires à l'établissement des variations brutes des
créances et engagements dans l'économie.
C'est également pour des raisons statistiques que, dans un premier temps, le nouveau chapitre XIII
ne reprendra que des données de flux et pas de données d'encours. En effet, il subsiste encore des
problèmes de valorisation pour certains encours, en particulier les créances et engagements à
l'égard de l'étranger. D'une part, ces encours doivent être calculés au départ de flux cumulés, ce qui
soulève des problèmes de revalorisation pour prendre en compte notamment les variations de cours
de change. D'autre part, une partie des actifs placés à l'étranger, celle provenant de revenus non
rapatriés, échappe à tout recensement. Par conséquent, pour ne pas retarder la publication des
statistiques de flux, on a préféré dissocier la publication des tableaux de flux et d'encours. Ces
derniers seront ultérieurement incorporés à ce chapitre XIII.
I.1 L'intégration des comptes réels et des comptes financiers
Les comptes financiers ne constituent pas un outil statistique isolé mais s'intègrent aux autres
statistiques macro-économiques fondamentales de la comptabilité nationale. On sait que celle-ci
vise à mesurer la production, les dépenses et le revenu de la Nation, ainsi que les agrégats dont ces
variables économiques sont composées. L'optique "Revenus" des comptes nationaux explique
comment le produit de l'activité économique du pays, mesuré par le produit national brut, se
répartit entre les différents secteurs économiques. Ceux-ci sont définis comme des regroupements
d'unités institutionnelles ayant un comportement économique homogène. Traditionnellement, les
secteurs retenus au niveau d'agrégation le plus large dans les comptes de l'économie réelle sont au
nombre de quatre: les ménages, les entreprises, les administrations publiques et le reste du monde,
respectivement désignés ci-dessous par les lettres h, c, g et f.
Par identité, le produit national brut est égal à la somme des revenus bruts des trois grands secteurs
intérieurs dont il est question ci-dessus:
Y = Yh + Yc + Yg
Y étant le produit national brut
Yh le revenu brut des ménages
Yc le revenu brut des entreprises
Yg le revenu brut des administrations publiques1
1 Dans les comptes nationaux, le revenu brut des administrations publiques comprend les impôts indirects, le revenu
de la propriété et les amortissements, déduction faite des subsides octoyés et des charges d'intérêts. Les impôts
directs et les cotisations de sécurité sociale sont en revanche considérés comme des transferts reçus des autres
secteurs, tandis que les prestations de sécurité sociale constituent des transferts versés aux particuliers.
Le revenu disponible d'un secteur (Yd) est égal à son revenu brut augmenté des transferts en
provenance des autres secteurs et diminué des transferts à destination des autres secteurs. Par
définition, considérés globalement, les transferts nets (T) entre les différents secteurs (y compris le
reste du monde) s'annulent.
Par ailleurs, le revenu disponible d'un secteur peut servir à sa consommation finale de biens et de
services (C) et son solde résiduel constituera son épargne brute (S). Les ménages affectent leur
revenu disponible à la satisfaction de leurs besoins de consommation, leur surplus étant épargné.
Les administrations publiques engagent des dépenses (paiement des fonctionnaires, achats de biens
et services au secteur des entreprises, ...). Par convention, les entreprises n'ont pas de
consommation finale, mais seulement une consommation intermédiaire de biens et de services:
elles utilisent les biens et les services produits par d'autres entreprises pour assurer leur propre
production, et cette consommation intermédiaire n'est pas prise en compte dans la comptabilité
nationale, pour ne pas occasionner de doubles comptages.
Comme on l'a vu ci-avant, l'économie ne se limite pas aux secteurs intérieurs. Ainsi, d'une part, les
entreprises écoulent sur les marchés étrangers une partie de leur production: ce sont les
exportations de biens et services (X). D'autre part, l'ensemble des secteurs intérieurs peuvent
trouver sur ces marchés des ressources nécessaires pour satisfaire leurs besoins de consommation,
intermédiaire ou finale: ce sont les importations de biens et services (M). Les exportations nettes
constituent donc, pour le reste du monde, l'équivalent du concept de consommation pour le marché
intérieur.
Finalement, on peut définir la capacité de financement d'un secteur (ou son besoin de financement)
(FCR) comme la différence positive (négative) entre son épargne brute et ses dépenses
d'investissements (I). Pour les entreprises et les administrations publiques, ces dernières sont
relatives aux dépenses d'infrastructures nécessaires à la poursuite de l'activité (bâtiments,
matériel,...). Pour les ménages, il s'agit des investissements en logements. Ordinairement, le
secteur des ménages dégage une capacité de financement, les secteurs des entreprises et des
administrations publiques dégagent des besoins de financement. Si la somme des capacités et des
besoins de financement des secteurs intérieurs est positive, l'économie dispose pas identité
comptable d'un excédent vis-à-vis du reste du monde.
Généralement, toute opération de dépense (consommation, investissement) ou de répartition
(revenus et transferts) prise en compte par les données de la comptabilité nationale est associée à
une opération financière, un mouvement de fonds. Ainsi, par exemple, les entreprises rémunèrent
la force de travail et les apports en capitaux que les ménages ont mis à leur disposition. Dans
l'économie réelle, cela se matérialise par le paiement de rémunérations et d'intérêts, et par
l'attribution de dividendes. Dans la sphère financière, ce mouvement prendra la forme d'un
transfert financier des entreprises aux particuliers (diminution des actifs financiers des entreprises
ou augmentation de leur endettement; augmentation des actifs financiers des particuliers ou
réduction de leur endettement). Dans cette mesure, on peut considérer que les opérations
financières dans l'économie constitueront l'autre face des opérations enregistrées dans la sphère
réelle.
Tableau 1 - Comptes réels et financiers
Ménages Entreprises Administrations
publiques Reste du
monde Total
Comptes réels
Opérations Yh Yc Yg Y
de répartition 1- Th - Tc - Tg - Tf 0
Ydh Ydc Ydg Ydf Yd =Y
Opérations - Ch - Cg - (X - M) - C - (X - M)
sur biens et services - lh -lc -lg - 1
FCRh FCRc FCRg FCRf 0
Comptes financiers
Formation d'actifs financiers FAh FAc FAg FAf FA
Nouveaux engagements - FLh - FLc - FLg - FLf - FL
Solde financier FCRh=NFSh FCRc=NFSc FCRg=NFSg FCRf=NFSf 0
1Les transferts courants et les transferts en capital - c'est-à-dire ceux qui sont en principe destinés à
financer des investissements ou des placements - sont traités différemment dans les comptes nationaux.
Les premiers affectent les revenus disponibles des différents secteurs, tandis que les seconds modifient
leur patrimoine. Pour la simplicité de la présentation, le présent tableau n'opère pas cette distinction de
telle sorte que les transferts en capital sont implicitement incorporés au revenu disponible.
Ce sont les concepts de besoins et de capacités de financement qui établissent la charnière des
comptes réels et financiers. Si un secteur dégage un besoin de financement (FCR négatif), cela
signifie que ses dépenses ont été supérieures aux revenus qui lui ont été versés par les autres
secteurs. Ceci n'est évidemment possible que si au moins l'un de ces autres secteurs a enregistré
une capacité de financement (FCR positif). Dans la sphère financière, la capacité de financement
des secteurs et surplus se traduira par une formation d'actifs financiers (FA)-supérieure à leur
constitution de nouveaux engagements (FL). Les soldes financiers positifs permettront d'assurer le
financement des secteurs en déficit qui, eux, vont devoir contracter de nouveaux engagements pour
un montant supérieur à leur constitution d'actifs financiers.
Considérant que la différence entre la variation des actifs et celle des engagements financiers d'un
secteur est par définition égale à son épargne financière nette (NFSi = FAi - FLi), on peut en
conclure que la capacité de financement d'un secteur est égale "in fine" à son épargne financière
nette: l'adéquation entre les opérations réelles et les opérations financières est ainsi établie.
FCRi = NFSi = FAi - FLi
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