Les défaillances d’entreprises dans le monde Le Bulletin Économique N° 1230-1231 www.eulerhermes.ca/fr Défaillances : la partie émergée de l’iceberg Dossier spécial Les entreprises publiques à travers le monde Études économiques * Notre savoir au service de votre réussite * Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Sommaire Direction des Études Économiques d’Euler Hermes Group Le Bulletin Économique N° 1230-1231 Les défaillances d’entreprises dans dans le monde 3 ÉDITORIAL 4 VUE D’ENSEMBLE 8 CARTE DES DÉFAILLANCES PRÉVISIONS 2017 10 FOCUS AMÉRIQUES Du nord au sud, recrudescence des défaillances 10 Le bulletin Économique d’Euler Hermes Group est publié mensuellement par la Direction des Études économiques d’Euler Hermes Group. Il est destiné aux clients d’Euler Hermes Group, mais est aussi disponible sur abonnement pour des entreprises ou organismes extérieurs. Reproduction autorisée sous réserve de mention de la source. Se renseigner auprès de la Direction des Études économiques. Directeur de la publication et Chef Économiste : Ludovic Subran Études macroéconomiques et risques pays: Ana Boata, Stéphane Colliac, Alberto González de Aledo Pérez, Mahamoud Islam, Dan North, Daniela Ordóñez, Manfred Stamer (Économistes pays) Études sectorielles et défaillances d’entreprises : Maxime Lemerle (Responsable), Farah Allouche, Yann Lacroix, Marc Livinec, Didier Moizo (Conseillers sectoriels) Support: Laetitia Giordanella (Assistante), Ilan Goren (Gestionnaire de contenus), George Kibala Bauer, Benedetta Scotti (Assistants de recherche) Édition : Martine Benhadj Conception graphique : Claire Mabille Photo crédit : Images courtesy of Allianz, Images courtesy of Pixabay (public domain under Creative Commons CC0) Pour tous renseignements : Direction des Études économiques 1, place des Saisons 92 048 Paris La Défense CEDEX – Tél. : +33 (0) 1 84 11 50 46 – Courriel : [email protected] > Euler Hermes Group – Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 13 645 323,00 €, RCS Nanterre 552 040 594 Impression: Talesca Imprimeur de Talents – Dépôt légal novembre-décembre 2016 ; issn 1 162 – 2 881 ◾ Achevé de rédigé le 25 décembre 2016 2 11 11 12 12 13 13 13 13 14 14 Europe de l’Ouest La route est encore longue pour retrouver les niveaux de défaillances d’avant-crise 16 Royaume-Uni Les défaillances devraient augmenter de +5 % avec les premiers effets retardés du Brexit 16 Allemagne Renchérissement du coût des défaillances 16 France Retour à 60 000 défaillances pour la première fois depuis 2011 16 Italie Recul de -5 % des faillites 16 Espagne Une quatrième baisse à venir (-5 % en 2017) 17 Danemark Des statistiques en dents de scie 17 Plus à l’est Ce sont les plus petites économies qui se comportent le mieux 17 Russie Une nouvelle hausse des défaillances de +3 % se profile 17 Pologne Les défaillances devraient augmenter de +3 % en 2017 Corée du Sud et Singapour Un effet domino ? 18 Japon Les défaillances devraient augmenter de +1 %, une première depuis 2008 DOSSIER SPÉCIAL Les entreprises publiques ‘zombies’ à travers le monde, quels sont les risques ? 22 PRINCIPALES DÉFAILLANCES DANS LE MONDE Australie et Nouvelle Zélande Stabilisation en vue 24 NOS PUBLICATIONS 26 IMPLANTATIONS États-Unis Les défaillances devraient augmenter de +1 % en 2017, malgré les mesures de relance budgétaire Canada Les défaillances devraient repartir à la hausse (+2 %) en 2017 après avoir atteint des niveaux historiquement bas Amérique latine Attention aux (nombreuses) turbulences FOCUS ASIE-PACIFIQUE Les défaillances augmentent pour la troisième année consécutive en 2017 Chine Les défaillances devraient croître de +10 % en 2017, affichant ainsi une quatrième hausse consécutive Hong Kong Touché par la situation en Chine et aux États-Unis FOCUS EUROPE La baisse des défaillances sera moins imposante en 2017 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde ÉDITORIAL © Image courtesy of pixabay.com. Under CC0 Public Domain frozen-1187920 La Reine des neiges LUDOVIC SUBRAN Il vous a fallu plus d’un an pour vous sortir cette musique de la tête. Vos enfants sont enfin passés à autre chose ; ils ne commandent plus Elsa, Ana et Sven au Père Noël. J’estimais que le dernier éditorial de 2016 se devait d’être spécial, tout comme 2016 s’est avérée une année spéciale (oui, c’est un euphémisme) pour les entreprises du monde entier. Il n’y a pas lieu de s’étendre sur le sujet, vous ne croyez pas ? Tournons-nous plutôt vers l’avenir. Comment oublier vos problèmes si ce n’est en vous proposant une adaptation toute personnelle de Libérée, Délivrée (« Let it go »), la bande-son magique de la Reine des neiges ? Ces paroles peuvent très bien s’appliquer aux gestionnaires de crédit et aux directeurs financiers du monde entier ! Ils ne peuvent se laisser aller que s’ils sont assurés. Toute ressemblance avec votre bilan est totalement intentionnelle. Le chiffre d’affaires scintille dans la montagne ce soir, Aucune commande en vue. Aucune trace de liquidités visible Un royaume de solitude, où l’argent est roi La banque hurle comme cette tempête qui tourbillonne en moi. Je ne peux plus la maîtriser, Dieu sait que j’ai essayé. Qu’ils n’entrent pas, qu’ils ne voient pas. Sois le bon directeur financier que tu as toujours voulu être. Dissimule, ne ressens rien, qu’ils ne sachent pas. Eh bien, maintenant ils savent ! Vas-y ! Laisse-toi aller ! Je ne peux plus me retenir. Vas-y ! Laisse-toi aller ! Pars et incrimine le DSO. Peu importe qu’ils payent Que les coûts se déchaînent Les bénéfices ne m’ont jamais dérangé de toute manière. C’est drôle de voir comment les dettes, Peuvent tout rendre plus petit. Et les peurs qui autrefois me contrôlaient, Ne m’atteignent plus du tout Il est temps de voir ce que je peux faire De tester les limites et les dépasser Ni de bien, ni de mal, pas de règles de crédit pour moi Je suis libre ! Vas-y ! Laisse-toi aller ! Je ne fais qu’un avec le fonds de roulement. Vas-y ! Laisse-toi aller ! Vous ne me verrez jamais pleurer Je suis ici et j’y resterai Que les pertes se déchaînent. Mes pouvoirs résonnent à travers le bilan et le compte de résultat Mon âme virevolte en fractales de millions gelés tout autour Et un impayé cristallise comme une explosion de glace Je ne reviendrai jamais en arrière Le passé est passé. Vas-y ! Laisse-toi aller ! Et je m’élèverai comme le soleil à l’aube Vas-y ! Laisse-toi aller ! Le directeur financier parfait n’est plus Je me tiens ici à la lumière du jour Que les impayés se déchaînent Les défaillances ne m’ont de toute façon jamais dérangé. Une très belle année à tous ! 3 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde VUE D’ENSEMBLE Défaillances – La partie émergée de l’iceberg BENEDETTA SCOTTI, MAXIME LEMERLE + En 2016, les entreprises ont eu du mal à résister malgré le solide soutien des politiques monétaires et budgétaires accommodantes. Les fortes tensions déflationnistes et la faiblesse de la demande mondiale ont accru leurs difficultés. Après deux ans de baisse sensible, notre Indice Global des Défaillances n’affiche plus qu’un repli limité de -2 % pour 2016. + Ainsi, la tendance baissière des défaillances mondiales touche à sa fin - une évolution attribuable au fait que la croissance mondiale n’est pas parvenue à monter en régime et va demeurer sous la barre des +3 % dans les années à venir, ce qui rend les entreprises plus vulnérables aux chocs externes. Les défaillances sont en hausse dans la région Asie-Pacifique et les Amériques, et l’amélioration enregistrée en Europe marque le pas. Notre Indice Global des Défaillances devrait augmenter de +1 % en 2017. + Au niveau mondial, le retour limité de l’inflation ne devrait pas apporter un grand soutien au chiffre d’affaires des entreprises, alors que celles-ci doivent composer avec la hausse des coûts des intrants et les pressions salariales, qui s’ajoutent au durcissement des conditions de financement. + La forte augmentation (+45 %) des défaillances de grandes entreprises enregistrées sur les trois premiers trimestres de 2016 est à l’origine de nouvelles turbulences. Ces grandes défaillances provoquent un effet domino en affaiblissant davantage les fournisseurs déjà fragilisés. 4 L’Indice Global des Défaillances est revenu (seulement) 3% en deçà de son niveau d’avant-crise En 2016, les défaillances d’entreprises devraient baisser de seulement -2 %, en net ralentissement par rapport aux années précédentes La tendance baissière des défaillances d’entreprises initiée en 2010, s’est poursuivie en 2016 pour la septième année consécutive. L’Indice Global des Défaillances d’Euler Hermes, qui pondère les pays en fonction de leur PIB et représente 84 % du PIB mondial, devrait diminuer de -2 % en 2016. Pour la première fois depuis la Grande Récession, il retombera à son niveau le plus bas de 2007 et légèrement en deçà de sa moyenne d’avant-crise (-3 %). Cela étant, après deux années de recul marqué des défaillances (-14 % en 2014 et -9 % en 2015), cette tendance est en rapide perte de vitesse. Instabilité mondiale et turbulences locales Si les entreprises ont absorbé le choc 2008-2009 au niveau mondial, elles demeurent néanmoins fragiles face à l’instabilité de l’environnement macroéconomique et financier au plan mondial et aux multiples turbulences locales.. En 2016, elles ont été confrontées à trois défis: (i) le manque de vigueur persistant de l’économie mondiale, avec une croissance du PIB en termes réels de seulement +2,5 % en 2016 (contre +2,7 % en 2015); Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde © Image Allianz 106047682 (ii) le fort ralentissement du commerce mondial, la croissance en volume des exportations n’ayant jamais été aussi basse à +1,9 % (+3,1 % en 2015); (iii) une intense concurrence par les prix qui a grevé les chiffres d’affaires; et (iv) la volatilité des taux de change et des flux financiers internationaux qui a maintenu sous contraintes les conditions de financement, notamment dans les pays émergents. De plus, les entreprises ont dû composer localement avec des zones sensibles tant au niveau politique qu’économique (effondrement du marché des actions chinois en janvier, destitution de la présidente brésilienne, vote du Brexit en juin, ou encore coup d’État manqué en Turquie en juillet). L’Europe semble être épargnée par la morosité qui touche le reste du monde : les défaillances ont reculé de 5 % cette année En 2016, les défaillances devraient augmenter ou se stabiliser dans un pays sur deux, ou deux régions sur trois. L’Amérique latine va enregistrer sa cinquième hausse consécutive des défaillances (+18 %) : les entreprises ont souffert de la récession au Brésil, en Argentine et au Venezuela, ainsi que d’une détérioration brutale des termes de l’échange sur fond de faiblesse des prix des matières premières et de dépréciation des devises. De son côté l’Asie-Pacifique continue de subir les effets secondaires de la transi- Graphique 1 Indice Global des Défaillances Euler Hermes et Indices Régionaux variation annuelle en % et contribution à l'Indice Global 25% 21% 20% 23% prévisions 15% 10% 5% 7% 5% 0% -2% -5% -6% 1% -2% -2% -5% Indice Asie Pacifique -9% -10% -15% -14% Indice Amérique du Nord -14% Indice Afrique et Moyen-Orient Indice Europe centrale et de l’Est Indice Europe de l’Ouest -20% Indice Amérique latine 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16p 17p Sources : Statistiques nationales, prévisions Euler Hermes Indice global des défaillances tion économique opérée par la Chine et de la poursuite de son ralentissement économique : la reprise des défaillances devrait se poursuivre en 2016, avec une hausse de +5 % de l’indice régional (après la hausse de +9 % enregistrée en 2015). Notre indice pour l’Afrique devrait connaître une nouvelle croissance à deux chiffres en 2016 (+16 % après la hausse de +12 % enregistrée en 2015) tandis que les défaillances en Amérique du Nord semblent se stabiliser. Après plusieurs années de repli régulier aux États-Unis et au Canada, les faillites devraient se stabiliser dans la mesure où les taux d’intérêt remontent. Au total, le tableau mondial des défaillances aurait été plus sombre sans le soutien apporté tout au long de l’année par les politiques économiques et monétaires. Les mesures de relance budgétaire et les politiques monétaires accommodantes ont en partie compensé les faiblesses de l’économie mondiale et les sources locales de turbulences. Plus important, le bilan mondial des défaillances aurait été orienté à la hausse sans le recul enregistré en Europe de l’Ouest. En effet, et malgré des résultats inégaux selon les pays, c’est la seule région à afficher une baisse marquée des faillites en 2016 (-5 % après la baisse de 13 % enregistrée en 2015), grâce à l’amélioration progressive de la conjoncture économique. Pour autant, le niveau des faillites en Europe de l’Ouest demeure élevé : 10 des 17 pays font encore état en 2016 d’un nombre de défaillances supérieur à la moyenne observée sur la période 2003-2007. ▶ 5 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Graphique 2 Défaillances 2016 comparées à la moyenne 2003-2007* variation en % Espagne Maroc Lituanie Chili Hongrie Bulgarie Irlande Colombie Portugal Australie République tchèque Luxembourg Italie Turquie Norvège France Singapour Belgique Finlande Estonie Chine Brésil Pologne Suisse Indice global des défaillances Suède Nouvelle Zélande Pays-Bas États-Unis Autriche Lettonie Royaume-Uni Allemagne Japon Afrique du Sud Roumanie Slovaquie Russie Canada Taïwan Corée du Sud +1% 341 272 235 231 228 222 203 124 82 72 60 54 38 37 37 26 25 17 11 11 11 3 0 pour l’Indice Global des Défaillances en 2017 -1 -3 -9 -12 -17 -19 -20 -25 -28 -36 -36 -39 -42 -42 -53 -57 -59 -69 -82 Sources : Statistiques nationales, Euler Hermes Indice Amérique du Nord Indice Asie Pacifique Indice Europe centrale et de l’Est Indice Afrique et Moyen-Orient Indice Europe de l’Ouest Indice Amérique latine Indice global des défaillances © Ice skating shoes. iceberg. image courtesy of terry matthews Les défaillances devraient croître de +1 % en 2017, la première augmentation depuis la Grande Récession provoquer des réactions en chaîne, avec l’affaiblissement des fournisseurs déjà fragilisés. En 2017, l’indice Global des Défaillances devrait progresser de +1 %, la première hausse en sept ans. Deux tendances expliquent cette augmentation. D’une part, la hausse persistante et généralisée des défaillances en Amérique latine (+12 %), en Afrique (+9 %), en Asie-Pacifique (+6 %) et en Amérique du Nord (+1 %). Selon nos prévisions, tous les pays de ces régions devraient contribuer au rebond. D’autre part, la baisse attendue des défaillances en Europe de l’Ouest (-4 %), ainsi qu’en Europe centrale et orientale (-1 %), marque le pas. Les défaillances devraient se stabiliser dans 5 des 17 pays, notamment en Allemagne où, étant donné les niveaux historiquement bas, de nouvelles baisses sont mécaniquement difficiles. Trois grands facteurs expliquent le retour du risque de crédit : (i) la croissance et les échanges mondiaux ont atteint un « plafond de verre » à respectivement +3 % pour la croissance du PIB et +4 % pour la croissance des échanges commerciaux en volume ; (ii) le relèvement des taux d’intérêt américains va durcir les conditions de financement mondiales ; et (iii) le rebond des défaillances de grandes entreprises risque de La croissance mondiale devrait se reprendre, de +2,5 % en 2016 à +2,8 % en 2017, tout en restant sous la barre des +3 %. Le commerce mondial va progresser de +3,1 % mais restera inférieur à son potentiel de croissance, progressant deux fois moins vite qu’avant la Grande Récession. La majeure partie du rebond de la croissance et des échanges mondiaux vient du changement radical de politique aux États-Unis, et de la fin de la récession dans les pays fragiles tels que le Brésil et la Russie, et de la résilience de la Chine et de l’Europe, qui sont prêtes à prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la croissance. Ce faisant, les barrières commerciales vont continuer de se multiplier, renforçant ainsi la complexité et le coût des exportations. Le Président élu D. Trump a également annoncé que les ÉtatsUnis envisageaient de prendre des mesures pour protéger certains secteurs, modifier la réglementation financière et favoriser les entreprises américaines sur le marché intérieur et à l’étranger. Ce qui pourrait changer la donne. Enfin, la grande différence entre 2016 et 2017 tient au retour de l’inflation. Les prix des matières 6 Une croissance et des échanges commerciaux encore modérés, mais l’inflation est de retour premières vont repartir à la hausse, quoiqu’à un rythme timide de +20 % à 54 USD pour le baril de pétrole en moyenne sur l’année. Par ailleurs, les mesures de relance budgétaire aux États-Unis et la poursuite des stimuli monétaires en Europe, au Japon et en Chine devraient au final entraîner un renchérissement des prix. Quelles conséquences pour les entreprises ? Après des années passées à apprendre la façon de prendre des décisions dans un environnement déflationniste (stagnation du chiffre d’affaires, bénéfices opérationnels élevés, crédit bon marché, trésorerie abondante, zéro investissement), il serait temps de tirer la sonnette d’alarme. L’inflation va doper les chiffres d’affaires, mais peser sur les bénéfices opérationnels et déprécier les actifs et la trésorerie. Le fonds de roulement des entreprises pourrait également être mis sous pression par le protectionnisme et la hausse de la demande, exerçant des tensions sur le crédit des fournisseurs sur le marché intérieur et à l’étranger, notamment lorsque les délais de paiement sont déjà longs. Les conditions de financement mondiales vont évoluer sur fond de relèvement des taux d’intérêt américains Nous estimons que les tensions inflationnistes devraient conduire à une accélération du resserrement de la politique monétaire américaine. Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Graphique 3 Défaillances en 2017 variation annuelle en % Hongrie Danemark Portugal France République tchèque Roumanie Lettonie Lituanie Slovaquie Grèce Espagne Italie Irlande Suède Belgique Colombie Bulgarie Nouvelle Zélande Australie Estonie Suisse Norvège Finlande Pays-Bas Allemagne Indice global des défaillances Autriche Japon États-Unis Canada Corée du Sud Russie Pologne Luxembourg Afrique du Sud Turquie Hong Kong Taïwan Royaume-Uni Maroc Chine Chili Brésil Singapour 1 1 1 1 2 3 3 3 3 5 5 5 5 5 8 10 12 15 15 -25 -19 -7 -7 -6 -5 -5 -5 -5 -5 -5 -5 -4 -2 -2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Indice Amérique du Nord Indice Asie Pacifique Indice Europe centrale et de l’Est Indice Afrique et Moyen-Orient Indice Europe de l’Ouest Indice Amérique latine Indice global des défaillances Sources : Statistiques nationales, prévisions Euler Hermes La Fed va abandonner l’attitude accommodante adoptée depuis un certain temps et relever ses taux à deux ou trois reprises en 2017, et encore 2 à 3 fois en 2018 pour atteindre un taux de 3 % d’ici 2019. Cette politique va se traduire par une augmentation des coûts de financement aux États-Unis et ce faisant du risque lié aux niveaux d’endettement déjà historiquement élevés. La hausse des taux d’intérêt aux États-Unis et l’appréciation du dollar devraient hélas pénaliser les entreprises des pays émergents. Les titres d’emprunt libellés en dollars devraient se faire plus rares et plus onéreux et les investissements pourraient se réorienter soit vers les pays émergents dans leur quête de rendement, soit vers les actifs de qualité. Les économies affichant des déséquilibres macroéconomiques pourraient en outre se voir contraintes de durcir leur politique monétaire, ouvrant ainsi la voie à des crises du crédit dans les pays où le coût de la dette est déjà élevé. Un vrai risque d’effet domino lié aux défaillances de grandes entreprises Au cours des trois premiers trimestres 2016, le nombre d’entreprises défaillantes affichant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions EUR a bondi de +45 % par rapport à la même période sur 2015 (192 contre 132 entreprises défaillantes). Une hausse considérable aussi en termes Graphique 4 Nombre de Défaillances et valeur cumulée du chiffre d'affaires T1-T3 2016 v.s. T1-T3 2015 par taille de chiffre d’affaires 14 > 1 milliard EUR 100-999 millions EUR 13 107 50-99 millions EUR +45% 72 71 47 29 3 T1-T3 2015 T1-T3 2016 Nombre de défaillances Source : Euler Hermes 20 T1-T3 2015 31 +27% 5 31 T1-T3 2016 Chiffre d’affaires cumulé (en milliards EUR) de chiffre d’affaires cumulé, avec un bond de +27 %, sur la même période et de +55 % pour les entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 100 millions EUR et 1 milliard EUR – une tendance préoccupante au regard des possibles répercussions en chaîne défavorables sur les fournisseurs non stratégiques. L’Europe est la région la plus exposée (70 cas de faillites importantes en Europe de l’Ouest et 50 en Europe centrale et orientale). L’Amérique du Nord a enregistré le plus grand nombre de faillites en termes de chiffre d’affaires cumulé : 29 milliards EUR sur les trois premiers trimestres 2016 (par rapport à 11 milliards EUR en Europe occidentale et 17 milliards EUR en Asie-Pacifique). À noter que la moitié des grandes entreprises qui ont déposé le bilan en Amérique du Nord opéraient dans le secteur du pétrole et du gaz. Au niveau mondial, les entreprises du secteur de l’énergie ont enregistré les plus importantes défaillances en termes de chiffre d’affaires cumulé avec plus de 15 milliards EUR sur les neuf premiers mois. Les entreprises publiques, connues sous l’acronyme SOE en anglais (pour State-owned enterprises) sont également à surveiller : elles ne sont pas à l’abri d’une faillite. Dans notre dossier spécial (voir pages 18-21), nous proposons un cadre d’analyse des SOEs dans différentes régions, allant de la Chine à l’Amérique latine selon quatre dimensions de risques. + 7 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Les défaillances vont augmenter Défaillances d’entreprises Perspectives au-dessus de leur niveau d’avant-crise 2017 T4 2016 Indice global des défaillances variation en 2016e : -2 % variation en 2017p : +1 % Forte augmentation des défaillances : plus de +3% augmentation des défaillances : entre 0 % and +3% Diminution des défaillances : entre -1% and -5% Diminution des défaillances : plus de -5 % Niveau de défaillances supérieur à la moyenne 2000-2007 * Indice régional base 100=2000 Source : Euler Hermes, notes au 16 décembre 2016 Amérique du Nord EfdSiV Indice régional* États-Unis Canada ,*+/ rmfclkZfe 00 24 636 3 089 )2ł -9% -1% rmfclkZfe ,*+0V *ł 0% 0% rmfclkZfe ,*+1g @eUZTV itXZfeRc& Brésil Colombie Chili 8 78 2 164 428 450 62 % 25% 15% 176% 18% 24% -6% 11% 2015 Évolution 2016e Nombre Évolution +ł 1% 2% Amérique latine 2015 Évolution 2016e Nombre Évolution Europe centrale et de l’Est Évolution 2017p 12% 15% 0% 12% Indice régional* Russie Turquie Pologne République tchèque Roumanie Hongrie Slovaquie Bulgarie Lituanie Lettonie Estonie 262 10 086 13 701 747 2 191 10 269 35 509 622 737 1 987 797 376 -1% 7% -13% -9% -9% -50% -27% -11% 12% 18% -16% -12% -2% 7% -10% 5% -9% -20% -24% -10% -5% 20% -10% 4% Évolution 2017p -1% 3% 5% 3% -6% -5% -25% -5% 0% -5% -5% 0% Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde en 2017 dans 6 pays sur 10 et rester dans plus de la moitié des pays analysés Europe de l’Ouest Afrique & Moyen Orient ,*+/ EfdSiV rmfclkZfe @eUZTV itXZfeRc& Allemagne France Royaume-Uni Italie Espagne Pays-Bas Suisse Suède Norvège Belgique Autriche Danemark Finlande Grèce Portugal Irlande Luxembourg +/+ 23 123 63 198 19 887 14 722 4 818 6 006 4 519 6 426 4 462 9 762 5 150 4 029 3 068 362 4 382 1 049 902 )+-ł -4% 1% -12% -6% -24% -21% 7% -10% -7% -9% -5% 0% -12% 8% -4% -10% 3% rmfclkZfe ,*+0V rmfclkZfe ,*+1g )/ł -4% -5% -3% -5% -15% -17% 2% -6% 5% -7% 3% 60% -5% 3% -18% 3% 10% ).ł 0% -7% 5% -5% -5% 0% 0% -2% 0% -2% 1% -19% 0% -5% -7% -4% 3% 2015 Évolution 2016e Nombre Évolution Indice régional* Afrique du Sud Maroc 124 1 962 5 934 12% -5% 18% 16% 0% 8% Évolution 2017p 9% 5% 8% Asie Pacifique 2015 Évolution 2016e Nombre Évolution Indice régional* Chine Japon Australie Corée du Sud Taïwan Singapour Hong Kong Nouvelle Zélande 62 3 237 8 812 8 079 720 162 189 305 2 322 9% 24% -9% 22% -14% 23% 17% 13% -6% 5% 20% -3% -7% -23% 27% 2% 0% -8% Évolution 2017p 6% 10% 1% 0% 3% 5% 15% 5% 0% 9 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde FOCUS AMÉRIQUES Du nord au sud, recrudescence des défaillances + La baisse continue des défaillances en Amérique du Nord arrive à son terme : les faillites devraient se stabiliser en 2016, aux États-Unis et au Canada, avant de croître modérément en 2017 (+1 % et +2 % respectivement). + Aux États-Unis, les entreprises vont bénéficier des mesures du Président D. Trump destinées à relancer l’activité (domestique) à court terme, mais elles seront pénalisées par les mesures pesant défavorablement sur le financement et le commerce international. + En Amérique latine, les défaillances continueront de progresser pour la sixième année consécutive, à un rythme supérieur à +10 % (+12 % en 2017) pour afficher un nombre record de faillites depuis 2000. L’économie semble progressivement retrouver le chemin de l’expansion, mais les entreprises restent à la peine et seront confrontées à de nouvelles turbulences en provenance des États-Unis. États-Unis Les défaillances devraient augmenter de +1 % en 2017, malgré les mesures de relance budgétaire Les entreprises américaines ont connu une année 2016 contrastée. D’un côté, les entreprises américaines ont bénéficié de marchés boursiers florissants, du dynamisme de la consommation des ménages en biens et services (+2,6 % en moyenne annuelle jusqu’au troisième trimestre), et des conditions de financement accommodantes plus longtemps que prévu. En effet, la politique monétaire de la Fed s’est avérée moins agressive qu’escomptée, puisqu’elle n’a procédé qu’à un seul relèvement des taux. D’un autre côté, le secteur de l’énergie et toutes les activités liées ont été durement touchés par la faiblesse des prix du pétrole tout au long du premier semestre de l’année, même si leur renchérissement a ensuite permis une consolidation des bilans et Graphique 5 Défaillances dans le secteur de l'énergie aux États-Unis 50 Nombre de faillites Dettes détenues par les entreprises déclarées en faillite (milliards USD) 40 +1% 30 défaillances en Amérique du Nord en 2017 20 10 0 T1 2015 T2 2015 T3 2015 T4 2015 T1 2016 T2 2016 T3 2016 Sources : Haynes & Boone, Euler Hermes 10 Euler Hermes une stabilisation des créances. Ainsi les dépôts de bilan des entreprises nord-américaines du secteur énergétique ne se sont normalisés qu’au troisième trimestre, après 34 défaillances au deuxième trimestre et un passif cumulé de 43 milliards USD. De manière plus générale, les entreprises américaines ont continué d’enregistrer une importante diminution de leurs profits mesurés en termes réels (-4,2 % sur les trois premiers trimestres 2016 comparés à la même période en 2015), reflétant une insuffisance de productivité et les pressions sur les salaires. Cette contraction des marges a aussi abouti à un durcissement des conditions de financement malgré la politique accommodante de la Fed. De fait, les défaillances se sont stabilisées et ont atteint leur « niveau naturel » après six années de baisse. Nous prévoyons une hausse de +1 % des défaillances aux États-Unis en 2017. Les mesures de relance budgétaire promises par le Président Trump devraient dynamiser l’économie. Néanmoins, tous les secteurs ne devraient pas bénéficier de manière égale de la baisse générale de l’impôt sur les sociétés de 15 % et des dépenses d’infrastructures, qui pourraient raisonnablement s’élever à 500 milliards sur la prochaine décennie. Par ailleurs, l’appréciation du billet vert va pénaliser les entreprises exportatrices, et tous les secteurs – et pas seulement les plus endettés comme le secteur des machines et équipements - pâtiront du resserrement monétaire. De plus, les mesures protectionnistes feront des ga- Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde gnants, l’industrie métallurgique par exemple, qui tireront parti des taxes à l’importation élevées imposées à leurs concurrents étrangers, mais aussi des perdants, notamment les entreprises textiles, qui pourraient se voir imposer des tarifs d’importation pouvant aller jusqu’à 32 %. Canada Les défaillances devraient repartir à la hausse (+2 %) en 2017 après avoir atteint des niveaux historiquement bas Selon nos prévisions, le nombre de défaillances au Canada devrait se stabiliser en 2016 et progresser de +2 % en 2017. À l’instar des ÉtatsUnis, après quatorze années de repli continu, les défaillances se sont stabilisées à un peu plus de 3 000 cas par an depuis 2012. Ce niveau historiquement bas laisse un peu de place pour une petite hausse des faillites d’autant que la démographie des entreprises s’est accélérée (+200 000 entreprises sur les dix dernières années, à 2,6 millions). Les défaillances sont reparties à la hausse en 2016, mais uniquement dans les régions productrices de pétrole (Saskatchewan, Manitoba, Colombie britannique). En 2017, malgré le rétablissement progressif du secteur énergétique, trois dynamiques négatives devraient se conjuguer pour conduire à une augmentation d’ensemble des défaillances : la faiblesse des exportations, le ralentissement des créations d’emplois et le durcis- sement des conditions de prêts destiné à ralentir le marché immobilier et freiner les niveaux d’endettement hypothécaire. Amérique latine Attention aux (nombreuses) turbulences L’indice des défaillances pour l’Amérique latine a déjà augmenté de plus de +90 % depuis 2014, du fait essentiellement de la récession au Brésil. Dans ce pays, les défaillances vont continuer de progresser en 2017 (+15 %) quoiqu’à un rythme plus modéré qu’en 2016 (+24 %). Le pays ne devrait sortir de la récession que graduellement en 2017, avec un PIB progressant de façon très marginale de +0,6 %. Les petites entreprises (+25 % de défaillances en 2016), les moyennes entreprises (+7 %) mais aussi les grandes entreprises (+18 %), davantage exposées au commerce international, vont continuer de subir les effets du choc des années précédentes (récession économique de -3,8 % en 2015 et -3,5 % en 2016). La position plus accommodante adoptée par la Banque centrale (deux baisses des taux d’intérêt au cours des deux derniers mois) qui fait suite à la modération des tensions inflationnistes pourrait assouplir les conditions de financement pour les entreprises. Néanmoins la nouvelle politique américaine affectera assurément les entreprises brésiliennes, ne serait-ce qu’à à court terme déjà via les taux de change. + Graphique 6 Défaillances d'entreprises en Amérique du Nord données annuelles, base 100 en 2006 350 États-Unis Canada Brésil prévisions 300 250 200 144 150 127 100 50 0 © Image Allianz 1386600763 47 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16p 17p Sources : Statistiques nationales, prévisions Euler Hermes 11 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde FOCUS ASIE-PACIFIQUE Les défaillances augmentent en 2017 pour la troisième année consécutive + En 2017, aucun des pays de la région Asie-Pacifique ne devrait connaître un recul des défaillances. L’indice régional enregistrera une hausse pour la troisième année consécutive (+6 %) avec une nouvelle augmentation marquée en Chine (+10 %). + Cette hausse des défaillances aurait certainement été plus prononcée si les politiques monétaires et budgétaires accommodantes n'étaient pas venues l'atténuer. La région doit faire face, en particulier, aux conséquences de la morosité des échanges mondiaux, déjà à l’origine d’une série de grandes défaillances, notamment dans le secteur du transport maritime. Un phénomène exacerbé par la multiplication des mesures protectionnistes. + Sur le plan structurel, la région doit s’adapter au rééquilibrage, quelque peu chaotique, de l’économie chinoise. Tandis que les fabricants de biens de consommation bénéficieront de l’essor de la classe moyenne chinoise, les fournisseurs de matières premières industrielles (Australie, Indonésie et Malaisie) et de produits semi-finis (Taïwan, Singapour et la Corée du Sud) vont continuer de souffrir. Graphique 7 Prévisions des défaillances en Asie-Pacifique variation annuelle en % Singapour 15% 2% 10% Chine Hong Kong 5% 0% 5% Taïwan 27% 3% Corée du Sud -23% Japon -8% Australie -7% -20% -10% Sources : Statistiques nationales, prévisions Euler Hermes 12 1% -3% Nouvelle Zélande -30% 20% 0% 2017 0% 2016 0% 10% 20% 30% +6% défaillances en Asie-Pacifique en 2017 Chine Les défaillances devraient croître de +10 % en 2017, affichant ainsi une quatrième hausse consécutive Les perspectives demeurent défavorables en termes de défaillances d’entreprises. Ces dernières devraient augmenter pour la quatrième année consécutive en 2017 (+10 %), après +20 % attendu en 2016. Tout d’abord, la croissance de la demande devrait légèrement ralentir. En 2016, le PIB chinois a progressé de +6,7 %, soit davantage que prévu initialement grâce, principalement, à une politique de relance budgétaire de grande ampleur. En 2017, la croissance devrait marquer le pas, à +6,2 %, sous l’effet de la croissance modérée des investissements privés et des exportations. Par ailleurs, le risque de crédit devrait rester élevé du fait du fort endettement des entreprises (170 % du PIB en 2016), du niveau élevé des créances douteuses et contraction du marché immobilier. Enfin, les surcapacités pour les matériaux de base devraient continuer de poser problème. Les nouvelles commandes demeureront probablement limitées, reflétant la faiblesse de la demande et un renforcement des mesures protectionnistes à l’étranger. Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde © Image Allianz 82627840 Hong Kong Touché par la situation en Chine et aux États-Unis Les effets de la baisse de la demande privée chinoise se feront particulièrement sentir à Hong Kong, qui est une des destinations favorites des consommateurs chinois pour le shopping. Le secteur du commerce de détail sera le plus touché. En outre, le régime monétaire pourrait conduire à un resserrement des conditions monétaires dans les mois à venir. En effet, la Banque centrale devrait durcir sa position dans le sillage de la Réserve fédérale américaine. Nous anticipons une hausse des défaillances de +5 % en 2017 après une stabilisation en 2016. Corée du Sud et Singapour Un effet domino ? La Corée du Sud risque bien d’affronter un renversement de tendance des défaillances. Alors que les faillites devraient y baisser de -23 % en 2016, elles devraient repartir à la hausse (+3 %) en 2017 après huit années de baisse continue. Les entreprises devraient, en effet, subir les effets de l’atonie de la croissance du commerce mondial et de défaillances importantes, comme Hanjin Shipping qui, avec un chiffre d’affaires de 5,7 milliards USD, constitue la plus importante faillite en 2016. La réactivité du gouvernement, qui a soutenu les entreprises, notamment les PME, a permis de contenir les répercussions jusqu’à présent. À Singapour, les défaillances devraient s’accélérer en 2017 (+15 % contre +2 % en 2016). Les politiques de soutien ont permis de protéger le secteur privé de l’impact négatif de la défaillance d’acteurs majeurs, tels que Searights (transport maritime) et Swiber (énergie). Jusqu’à présent. Japon Les défaillances devraient augmenter de +1 %, une première depuis 2008 Une période de huit années de recul devrait prendre fin en 2017, avec une remontée de +1 % des faillites. Le pays a largement bénéficié d’une politique monétaire très accommodante qui permet aux entreprises, plus particulièrement les PME, de refinancer leur dette à des conditions avantageuses. De plus, la croissance du PIB devrait progressivement s’améliorer, soutenue par la reprise de la consommation privée et une politique budgétaire favorable. Néanmoins, trois éléments devraient empêcher une nouvelle baisse des faillites (qui sont déjà à des niveaux historiquement bas): (i) la faiblesse des nouvelles commandes à l’exportation ; (ii) la persistance des pressions déflationnistes, les prix des producteurs s’étant encore contractés en 2016 ; (iii) la faible marge de manœuvre de la politique budgétaire, alors que la dette publique avoisine les 250 % du PIB. Australie et NouvelleZélande Stabilisation en vue En 2017, les défaillances vont se stabiliser tant en Australie qu’en Nouvelle-Zélande, après avoir reculé de -7 % et -8 % respectivement en 2016. En Australie, des disparités régionales importantes persistent. D’un côté, les régions touchées par la chute des prix des matières premières, notamment l’Australie-Occidentale et le Queensland, où les défaillances demeurent orientées à la hausse, tandis que certains états sont en plein essor immobilier et affichent une forte diminution des défaillances. Des risques subsistent dans le secteur de la construction. Quant à la Nouvelle-Zélande, le secteur laitier reste sous pression, mais l’économie dans son ensemble continue de bien résister, soutenue par des taux d’intérêt bas, le tourisme et des flux migratoires nets positifs. + 13 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde FOCUS EUROPE La baisse des défaillances sera moins imposante en 2017 + La tendance au repli des défaillances d’entreprises reste de mise en Europe de l’Ouest et en Europe centrale et orientale (-4 % et -1 % respectivement en 2017), dans la lignée des prévisions économiques qui tablent sur une croissance modérée mais constante, et sur des conditions de financement accommodantes dans la zone euro. + Malgré cette amélioration générale, les défaillances demeurent de 27 % supérieures à leur moyenne d’avant-crise en Europe de l’Ouest (31 % en Europe centrale et orientale). + Le tableau régional masque encore des situations hétérogènes selon les secteurs et les pays. Les défaillances vont se stabiliser dans 5 des 17 pays d’Europe occidentale en 2017, et augmenter dans quelques grandes économies comme la Pologne, la Russie et le Royaume-Uni. -4 % défaillances en Europe de l’Ouest en 2017 Graphique 8 Évolution des défaillances en Europe de l'Ouest prévision 2017 comparée à la moyenne 2003-2007 (axe x) et comparée à l'estimation 2016 (axe y), en % 10% 8% Détérioration 6% 4% Luxembourg 2% Suisse Norway Finlande 0% -30% Pays-Bas -10% ••• -50% 30% 10% 100% 50% ••• Autriche Allemagne 200% 300% -2% Suède Belgique Stabilisation Prévision 2017 comparée à 2016 en % Royaume-Uni Irlande -4% Italie Espagne -6% -8% -10% Prévision 2017 comparée à la moyenne 2003-2007 en % Sources : Statistiques nationales, prévisions Euler Hermes 14 Portugal Amélioration France Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde 1 pays sur 2 ne devrait connaître qu’une évolution limitée des défaillances en 2017 © Image Allianz 98354891 Europe de l’Ouest : la route est encore longue pour retrouver les niveaux de défaillances d’avant-crise En 2017, le contexte macroéconomique et financier demeure favorable s’agissant de l’évolution du risque de défaillances. La zone euro devrait connaître une croissance économique de +1,6 % grâce à la conjonction de trois grands facteurs. La demande domestique, tout d’abord : la consommation des ménages, dopée par la reprise de l’emploi et la modération des prix, devrait continuer de progresser régulièrement. Cette tendance contribuera au recul des défaillances dans les secteurs tels que la distribution, qui a déjà signé une baisse de -11 % en moyenne dans l’ensemble de l’Europe en 2016 ; elle soutiendra également la reprise du secteur de la construction, qui concentre généralement environ 20 % du total des défaillances de la région. Deuxième facteur: le rythme des échanges commerciaux, sur fond de dépréciation de l’euro autour de 1,05 USD en 2017 qui devrait soutenir les exportateurs européens. Enfin, les réformes structurelles favorables, la poursuite de la politique d’assouplissement quantitatif menée par la BCE et l’assouplissement de la politique bud- gétaire vont soutenir la croissance des PME. Des risques pèsent sur ces prévisions, en raison notamment du calendrier politique qui pourrait saper la confiance. Les incertitudes quant aux perspectives politiques dans les principaux pays (Italie, France, Allemagne, Pays-Bas et Hongrie) pourraient peser sur le climat des affaires et la volonté d’investir, ralentissant ainsi la reprise tant attendue des investissements privés. Dans ce contexte, Euler Hermes table sur une baisse de -4 % de l’indice des défaillances en Europe en 2017, après les -5 % enregistrés en 2016. Cette baisse constitue une décélération marquée par rapport à 2015 (-13 %). En pratique, la moitié des pays de la région ne devraient connaître qu’un changement limité côté défaillances, un statu quo en partie compensé par une chute prononcée dans l’autre moitié des pays. S’agissant de la première moitié, la tendance à la stabilisation peut s’expliquer par des facteurs mécaniques : un nombre déjà peu élevé de défaillances (qui limite de fait toute nouvelle baisse notable), et la vigueur de la démographie des entreprises (qui préfigure un nombre accru de défaillances puisque le taux de survie des jeunes entreprises est inférieur à celui des entreprises bien établies). C’est le cas dans des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas où les défaillances sont retombées sous leur moyenne d’avant- Graphique 9 Nombre d’entreprises en Europe variation en % entre 2012 et 2014 Pays-Bas 22 Allemagne 14 France 11 Suisse 9 Royaume-Uni 8 Luxembourg 7 Belgique 5 Autriche 4 Norvège 3 Suède 2 Finlande 1 Danemark 0 Espagne 0 Portugal -1 Irlande -3 Italie -3 Grèce -4 Sources : Eurostat, Euler Hermes crise, tandis que le nombre d’entreprises a augmenté plus vite que les marges bénéficiaires. Pour certains pays, la (quasi) stabilisation des défaillances s’explique par d’autres facteurs. Ainsi, en Belgique, la faible baisse des défaillances (-2 % en 2017) est essentiellement attribuable au manque d’accélération du PIB. Tel est également le cas en Norvège (0 %), où les défaillances demeurent de 37 % supérieures à leur moyenne d’avant-crise, le pays ayant été touché de plein fouet par la baisse des prix du pétrole. ▶ 15 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde © Image courtesy of pixabay.com. Under CC0 Public Domain gherkin-935126 ; berlin-1653002, milan-1826515 ; paris-843229 ; ▶ Le deuxième groupe de pays se compose de la France et de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal, dont les défaillances demeurent à des niveaux supérieurs à ceux d’avant-crise. En 2016, l’Espagne et le Portugal ont enregistré 341 % et 82 % de faillites en plus qu’avant la crise. La situation est déjà moins extrême en Italie (38 %) et en France (27 %), où la baisse est soutenue par le redressement des marges des entreprises et les importantes mesures de relance budgétaire. L’Irlande devrait selon nous renouer avec une tendance baissière (-4 %) alors que l’économie irlandaise va poursuivre sa croissance économique (+3 %) l’année prochaine. L’augmentation des faillites irlandaises enregistrée en 2016 s’explique surtout par des facteurs statistiques (nombreuses sont les banques à avoir assaini leurs comptes en procédant à d’importantes mises sous séquestre). La Grèce devrait également enregistrer une baisse des faillites en 2017 (-5 %), grâce à la sortie de la récession du pays, la levée du contrôle des capitaux et la recapitalisation progressive des banques. Royaume-Uni Les défaillances devraient augmenter de +5 % avec les premiers effets retardés du Brexit En 2017, le Royaume-Uni sera le seul grand pays européen à afficher une hausse notable (+ 5%) des faillites. Certes, les défaillances ont diminué de -3 % en 2016, pour la cinquième année consécutive, car l’économie britannique a finalement bien résisté suite au vote en faveur du Brexit. Le renversement de tendance reste attendu. Il sera principalement attribuable aux conséquences du ralentissement économique (le PIB ne devrait progresser que de +1 %) et à la dépréciation de la livre sterling (le taux de change effectif réel a diminué de 12 % depuis le mois de juin), dont le corollaire est une hausse des prix des intrants et une contraction des marges. De plus, l’incertitude va peser sur les investissements, comme en témoignent les flux de capitaux et les opérations de fusions/acquisitions après le vote du Brexit (-50 % en novembre 2016 par rapport à l’année précédente). 16 Allemagne France Renchérissement du coût des défaillances Après la baisse de -2 % attendue en 2016 qui doit leur permettre d’atteindre un niveau historiquement bas (22 750 cas), les défaillances d’entreprises devraient se stabiliser autour de 23 000 cas en 2017. Cela mettra un terme à une tendance baissière de 7 années. Certes l’économie continue de croître à un rythme régulier, mais sans nouvelle accélération (nous anticipons une croissance du PIB de +1,7 % en 2017 et 2018) alors que les bénéfices des entreprises sont retombés sous leur moyenne de long terme. La baisse des marges, l’accélération du nombre de nouvelles entreprises et enfin le renchérissement du coût des faillites (26 milliards EUR sur douze mois à fin août 2016) vont se conjuguer pour accroître la pression sur les entreprises allemandes. Retour à 60 000 défaillances pour la première fois depuis 2011 En France, les défaillances d’entreprises ont baissé de -5 % en 2016 et devraient reculer de -7 % en 2017. Les perspectives de croissance se sont améliorées depuis 2015 (+1,3 % en 2016), idem pour les marges des entreprises (de 29,8 % à fin 2013 à 31,6 % au deuxième trimestre 2016) qui ont été soutenues par des réductions d’impôts ciblées et de meilleures conditions de crédit – notamment dans le secteur de la construction, où les défaillances ont diminué de 10 % en 2016. Le nombre total de défaillances est cependant toujours 25 % plus élevé que le niveau d’avant-crise et les disparités régionales et sectorielles subsistent. Les secteurs liés au tourisme (transports, hébergement) ne bénéficient pas pleinement des bonnes nouvelles (seulement -1,8 % d’une année sur l’autre en 2016), notamment en Îlede-France. Italie Recul de -5 % des faillites Les entreprises italiennes se redressent malgré la faible dynamique économique (+0,9 % en 2016 et +0,6 % en 2017). Le taux de marge des entreprises est remonté à 41,4 % sous l’impulsion de la baisse des prix de l’énergie et de conditions de financement favorables. La politique monétaire accommodante orchestrée par la BCE a conduit à une baisse significative des taux d’intérêt des prêts aux entreprises, et ce, même si les PME qui sont le pilier de l’économie italienne, continuent de se voir imposer des conditions plus strictes. L’amélioration de la rentabilité stimule les investissements des entreprises (+2,2 % sur les quatre derniers trimestres connus). Nous anticipons un recul des défaillances de -5 % en 2016 et en 2017 sur fond de résorption ordonnée des vulnérabilités dans le secteur bancaire. Cela étant, les entreprises italiennes restent exposées à une crise de confiance liée à l’instabilité politique persistante : le nombre de défaillances demeure 40 % supérieur à la moyenne enregistrée avant la crise. Espagne Une quatrième baisse à venir (-5 % en 2017) Après une hausse de +3,3 % en 2016, la croissance du PIB espagnol devrait s’établir à +2,3 % en 2017. La consommation privée ralentira légèrement (+2,4 % en 2017 contre +3,1 % en 2016), le recul du chômage marquant le pas en 2017 et les prix remontant. La nécessité de procéder à des ajustements budgétaires pour résorber le déficit de la sécurité sociale estimé à plus de 2 milliards EUR devrait conduire le gouvernement à augmenter les impôts sur les sociétés. Les défaillances devraient néanmoins continuer de diminuer, pour une raison purement statistique, quoiqu’à un rythme moins soutenu (-5 % en 2017 contre -15 % en 2016). En effet, le nombre de sociétés qui font faillite sur une année donnée en Espagne est encore 3,5 fois plus élevé qu’avant la crise. Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde © Image courtesy of pixabay.com. Under CC0 Public Domain torres-730997 ; copenhagen-1209572 ; moscow-city-1568042 ; warsaw-1743565 Danemark Des statistiques en dents de scie Les défaillances ont augmenté de +60 % en 2016, cette forte hausse est due à des raisons exceptionnelles. Tout d’abord, la hausse du taux de faillites enregistré pour une nouvelle forme d’entreprise (Iværksætterselskab) instaurée en 2014. Plus important encore, la résorption des retards accumulés par l’administration fiscale du fait de problèmes informatiques qui ont faussé les statistiques des deux/trois dernières années (avec des chiffres artificiellement bas). Le contre effet (à la baisse) devrait être visible dès 2017, avec un recul des faillites estimé à -19 %. Plus à l’est : ce sont les plus petites économies qui se comportent le mieux En Europe centrale et orientale, notre indice régional des défaillances a confirmé le recul amorcé en 2015, avec une baisse de -2 % en 2016 qui devrait être suivie d’un nouveau repli de -1 % en 2017. Pour autant, ce tableau régional masque deux tendances divergentes. Les défaillances vont croître dans les principales économies de la région (Russie, Turquie et Pologne), tandis que les pays baltes et d’Europe centrale vont enregistrer une nouvelle baisse des défaillances. Russie Une nouvelle hausse des défaillances de +3 % se profile Après deux années de récession (-3,7 % en 2015 et +0,6 % en 2016), la Russie devrait enregistrer une légère croissance de +1 % malgré le maintien des sanctions. Cette amélioration est due à la timide hausse des prix du pétrole. Les entreprises vont bénéficier de conditions de financement plus favorables, grâce à un assouplissement de la politique monétaire et à la reprise de la demande intérieure. Après deux années de baisse prononcée, la consommation des ménages devrait croître de +1,5 %, tirée par le reflux de l’inflation, même si l’effet de base jouera un rôle important. Malgré ces signaux positifs, la reprise est trop faible pour inverser la tendance des défaillances, du moins à court terme. Nous estimons que les défaillances vont rester orientées à la hausse, quoiqu’à un rythme plus modéré (+7 % en 2016 et +3 % en 2017). Pologne Les défaillances devraient augmenter de +3 % en 2017 En Pologne, la tendance à la baisse touche à sa fin : les défaillances vont augmenter de +5 % en 2016 et de +3 % en 2017. Ce renversement de la tendance est d’abord lié à la croissance du PIB qui s’essouffle (de +3,6 % en 2015 à +2,8 % en 2016), alors que la consommation est désormais le seul levier de croissance, avec le recul des investissements en 2016. Il s’explique aussi par les difficultés persistantes du secteur de la construction (qui trouvent leur source dans l’effondrement des investissements) et par les tensions déflationnistes (-0,8 % en 2016 et +0,5 % en 2017). + +3% défaillances en Pologne et en Russie en 2017 Graphique 10 : Défaillances d'entreprises par secteur (sélection de pays européens) Comparaison entre 2015 et 2016 en %, variation au cours des 12 derniers mois avec les données disponibles au 1er décembre Agriculture Industrie manufacturière et services publics Construction Commerce Transport Services Autres TOTAL PAYS Espagne -49 % -28 % -32 % -21 % -26 % -15 % -10 % -22 % Pays-Bas -35 % -10 % -17 % -28 % -16 % -15 % -27 % -17 % Royaume-Uni -19 % -6 % -15 % -15 % -22 % -15 % 3% -14 % Belgique -18 % -14 % -16 % -7 % 7% -9 % — -7 % Suède -21 % -6 % -8 % -15 % -16 % -10 % 44 % -7 % Allemagne 19 % -9 % -3 % -7 % -10 % -5 % -3 % -6 % France 4% -3 % -10 % -5 % 1% -1 % -8 % -4 % Italie 0% 3% -6 % -10 % -4 % 2% 0% -3 % -20 % 3% 11 % -7 % -1 % 4% 4% 3% Irlande — 0% 45 % -12 % -35 % 63 % -51 % 3% Russie -19 % 1% 9% 4% -2 % 12 % 24 % 4% Variation moyenne par secteur -16 % -6 % -4 % -11 % -11 % 1% -3 % -6 % Norvège Sources : Statistiques nationales, Euler Hermes 17 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde DOSSIER SPÉCIAL Les entreprises publiques ‘zombies’ à travers le monde, quels sont les risques ? BENEDETTA SCOTTI, YANN LACROIX + Plus de 160 des 2000 plus grandes entreprises du monde entier peuvent être techniquement définies comme entreprises publiques (ou SOEs pour ‘State-owned enterprises’ en anglais). Ces entreprises peuvent avoir un fort impact sur l’économie nationale ou se limiter à un petit nombre de secteurs stratégiques. + Euler Hermes a analysé ces SOEs selon quatre dimensions de risques (taille, dette, efficience, stratégie de sortie) et opéré une distinction entre les SOEs susceptibles d’être une source de risque systémique (comme les SOEs chinoises des secteurs de la métallurgie et des produits chimiques), et celles qui peuvent constituer un moteur de développement industriel et de prospérité (comme les SOEs du secteur de la pétrochimie dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe). Comme la dette des entreprise publiques n’est pas consolidée au niveau de la dette publique officielle, la dette de ces SOEs (comme Petrobras au Brésil et Pemex au Mexique) pourrait ajouter 7 à 8 points de pourcentage au ratio dette publique/PIB. C’est la raison pour laquelle l’absence de stratégie de restructuration ou de privatisation de ces SOEs contribue à l’incertitude qui pèse sur la conjoncture mondiale. De manière générale, les SOEs chinoises présentent le profil de risque le plus élevé, suivies par celles du Brésil et de Russie. Les SOEs des pays du Conseil de Coopération du Golfe présentent un profil de risque de faible à modéré. Dans les économies avancées, comme l’Italie et la France, les SOEs peuvent être considérées comme étant à faible risque. Graphique 11 Poids des entreprises publiques dans les économies nationales, à partir du Forbes Global 2000 80% 70% Japon 60% Venezuela Inde % d'actifs dans le PIB 50% 40% Émirats Arabes Unis Russie Chine Colombie 30% Brésil Nombre d’entreprises Arabie Saoudite 20% 60 France 25 Italie 10% 10 Mexique 3 0% 0% 5% Sources : Forbes, Euler Hermes 18 10% 15% % du chiffre d'affaires dans le PIB 20% 25% 30% 35% Quels risques liés aux SOEs? Un cadre d’analyse à quatre dimensions Être sous le contrôle d’un État ne fait pas obstacle à un succès économique au plan mondial. Sur les 2 000 plus grandes entreprises cotées à travers le monde (classement Forbes), plus de 160 peuvent être techniquement considérées comme des entreprises publiques ou SOEs, à savoir des entreprises dont l’État détient directement plus de 50 % du capital social. Loin d’être des acteurs marginaux, ces SOEs peuvent avoir un impact significatif – positif ou négatif - sur les économies. Opportunité ou risque pour les finances publiques ? Tout dépend du nombre de facteurs de risque. Nous en avons identifié quatre : (i) le poids relatif des SOEs dans l’économie (en fonction de leur nombre, de leur taille et de leur prédominance dans les différents pans de l’économie), (ii) leur niveau d’endettement (mesuré par le rapport entre dette et capitaux propres), (iii) leurs inefficiences (à savoir la ca- Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Graphique 13 Dette en années de cashflow par secteur entreprises publiques contrôlées par SASAC Chimie 9,4 Métaux et exploitation minière 8,0 Construction 7,3 Énergie/Services publics 4,8 Transport 4,1 Ferrioviaire 2,5 Pétrol et gaz 1,9 Aéronautique 0,7 Automobile 0,7 Télécommunication 0,2 Pharmacie 0,2 Sources : SASAC, Bloomberg, Euler Hermes pacité des SOEs à générer un chiffre d’affaires, de la trésorerie et des bénéfices au regard de leur niveau d’endettement) et (iv) l’existence d’une stratégie de sortie (l’État est-il enclin et/ou en mesure de se désengager). Un poids important dans l’économie combinée à des inefficiences, à un niveau élevé de dette et à l’absence d’une stratégie de sortie, à l’image de la Chine, sont associés à un risque élevé. À l’inverse, une taille modeste, une solide performance, un faible niveau de dette et l’existence d’une stratégie de sortie, comme c’est le cas dans les économies avancées, diminuent le profil de risque des SOEs (voir graphique 12). pourquoi les SOEs chinoises performent systématiquement moins bien que leurs homologues privées. Nombre d’entre elles (baptisées les entreprises zombies) sont maintenues en vie artificiellement par Pékin, car elles sont moins aptes à s’adapter rapidement aux chocs défavorables (comme la baisse des prix des matières premières début 2015). Même la rentabilité des SOEs chinoises de premier plan s’est détériorée. L’analyse des SOEs cotées contrôlées au niveau central par la Commission de surveillance et d’administration des actifs de l’État (State-owned Assets Supervision and Administration Commission - SASAC) montre qu’au cours des trois dernières années leur dette cumulée a augmenté au rythme moyen de +9 % l’an, tandis que le chiffre d’affaires a progressé de moins de +1 % l’an. Les chiffres sont particulièrement préoccupants pour les SOEs dans les secteurs en forte surcapacité et faible rentabilité, où les tensions de trésorerie rendent l’endettement difficilement supportable. C’est le cas dans le secteur des produits chimiques et de la métallurgie, qui auraient besoin de respectivement 8 à 9 années de capacité d’autofinancement (CAF) pour rembourser leur dette, toutes choses égales par ailleurs. ▶ Graphique 12 Les quatre dimensions du risque Entreprises Publiques Chine : la dette croît à un rythme plus rapide que le chiffre d’affaires et la rentabilité Fortement endettées, peu rentables et potentiellement systémiques, les 150 000 SOEs chinoises couvrent tous les secteurs, de l’aéronautique au tourisme, et elles constituent une charge financière de plus en plus lourde pour Pékin, et un obstacle à la transition de la Chine vers une économie de marché. Les SOEs demeurent indiscutablement une source majeure d’investissements. Sur les dix premiers mois de 2016, les investissements nominaux des SOEs ont augmenté de +20,5 % par rapport à la même période sur l’année précédente, sous l’impulsion des mesures de relance budgétaire, contre une progression de +8 % pour le total des investissements. Toutefois, ils obéissent souvent à des objectifs sociaux/politiques (comme garantir l’emploi) © Image Allianz 106646578 plutôt qu’à des objectifs financiers. Cela explique Poids relatif dans l'économie Absence de stratégie de secours Source : Euler Hermes Niveau d'endettement Inefficacités Economies avancées (Italie et France)• Amérique latine (Brésil et Mexique)• Exportateurs de pétrole (pays du CCG)• Chine Russie Légende : Le poids relatif dans l'économie est calculé d'après le nombre d'entreprises publiques, leur taille (en termes de chiffres d'affaires) et leur pervasiveness sur différents secteurs Le niveau d'endettement est basé sur l'effet de levier (% de dette dans les fonds propres) L'absence de stratégie de secours est basée sur le souhait ou la capacité des États à se retirer des entreprises publiques sans causer de perturbations majeures Le niveau d'inefficacité est basé sur la capacité à générer du chiffre d'affaires, du cash-flow et des profits selon le niveau d'endettement. 19 Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Euler Hermes 150 000 Graphique 14 Restructuration des entreprises publiques chinoises - Possible arbre décisionnel Est-ce une grande entreprise en termes de salariés ? entreprises publiques en Chine Soutien probable Est-ce un secteur stratégique ou innovant ? Soutien probable OUI NON Est-ce un secteur avec des surcapacités ? Exemples : Ressources stratégiques, Télécoms, Défense, Haute technologie, secteurs à fortes valeurs ajoutées (Aéronautique, Automobile) OUI NON Est-ce un secteur fortement endetté ? Soutien peu probable Exemples : Sidérurgie, Charbon, Industrie maritime, Construction Soutien peu probable Exemples : Machines et équipement, Matériaux de construction, Bois et Papier OUI NON Soutien peu probable des autorités (mais possible soutien du marché) Exemples : Tourisme, Commerce Zone de faillite Source : Euler Hermes ▶ À ce jour, la Chine a traité le problème des SOEs en difficulté principalement par le biais d’efforts de consolidation et d’introduction partielle en Bourse des entreprises les plus importantes (ce qui a involontairement alimenté la bulle spéculative sur les marchés boursiers qui a éclaté en août 2015). En septembre 2016, Pékin a également annoncé la création d’un fonds de restructuration de 350 milliards CNY financé par le gouvernement. Cette initiative fait écho aux directives émises en juillet 2016, appelant à la restructuration des SOEs opérant dans les secteurs de la fabrication d’équipements, de l’ingénierie de construction, de l’énergie électrique, de l’acier et du fer, des métaux non ferreux, du transport maritime, des matériaux de construction, du tourisme et des services de transport aérien. Le processus de désengagement de l’État et de liquidation ordonnée des entreprises en difficulté demeure encore flou. Cela s’ajoute au risque considérable auquel exposent les SOEs, avec une dette qui a explosé pour atteindre +80 % du PIB (estimations FMI). Mexique et Brésil : des réformes sont nécessaires pour réduire la dette et restaurer la rentabilité Moins systémiques que les SOEs chinoises (en raison de leur concentration dans les secteurs stratégiques) mais fortement endettées et moins 20 efficientes, les SOEs au Mexique et au Brésil posent question depuis longtemps. De fait, les deux pays ont mené des programmes ambitieux de privatisation dans les années 1980 et 2000. Cependant, le Mexique et le Brésil sont toujours confrontés à de grandes entreprises publiques affaiblies par des pratiques de gestion fortement dictées par des considérations politiques plutôt que par des considérations de développement stratégique. Au Brésil, c’est le cas de Petrobras (pétrole et gaz) et d’Eletrobras (services publics d’électricité), les deux plus grandes entreprises publiques fédérales non financières. Ces deux sociétés ont vu leur rentabilité décliner ces dernières années, notamment Eletrobras (-40 % pour la marge d’exploitation en 2015), pénalisée par une baisse des prix d’électricité imposée par le gouvernement en 2012. Parallèlement, leur niveau d’endettement a fortement augmenté entre 2007 et 2015 (de 30 % à 115 % pour Eletrobras et de 30 % à 190 % pour Petrobras), pour passer de 2 % à 9 % du PIB. Bien que cela puisse se traduire par une hausse de 9 points de pourcentage de la dette publique brésilienne (de 74 % à 83 % du PIB), le gouvernement n’a pas élaboré de stratégie d’atténuation des risques liés à ses principales SOEs. En revanche, les efforts de restructuration ont partiellement atténué les risques liés à Pemex, le géant du pétrole et du gaz, qui est encore détenu à 100 % par le gouvernement mexicain. En avril 2016, le gouvernement a ainsi injecté 4,2 milliards USD dans la société, laquelle doit mettre en place des mesures d’austérité pour résorber sa dette. En- tre 2007 et 2015, la dette de Pemex avait augmenté de 3 % à 7 % du PIB, tandis que son chiffre d’affaires était passé de 5 % à 2 % du PIB. C’est la dimension stratégique de Pemex qui rend peu probable le désengagement du gouvernement dans un proche avenir. En 2013, le gouvernement avait lancé un programme de réforme visant à libéraliser partiellement le secteur de l’énergie afin d’accéder aux technologies étrangères et de mieux faire face à la baisse de la production et des réserves de pétrole. Le gouvernement va plus certainement soutenir Pemex autant que de besoin, mais avec l’objectif de transformer cette source de risque systémique en un actif stratégique rentable. Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Russie : un poids croissant pour l’économie, mais un risque atténué par une bonne performance Malgré les vastes programmes de privatisation menés ces vingt dernières années, les principales entreprises russes demeurent fermement contrôlées par le Kremlin, des géants du secteur de l’énergie, comme Rosneft et Gazprom, aux établissements financiers, comme VTB Bank. En fait, le poids des SOEs russes dans l’économie nationale ne cesse de croître. En 2015, le chiffre d’affaires des SOEs russes publiées dans Forbes Global 2000 représentait 19 % du PIB russe contre 15 % en 2008. Plus important encore, une partie substantielle de leur chiffre d’affaires est généré en Russie (jusqu’à 100 % pour des entreprises comme RusHydro). Cette forte dépendance à l’économie domestique rend les SOEs potentiellement vulnérables aux chocs internes. Force est de constater que malgré les difficultés économiques sur le marché intérieur, les SOEs russes demeurent en moyenne financièrement efficaces, avec une croissance continue du chiffre d’affaires et un ratio d’endettement sous la barre des 50 %. Cette performance limite les risques liés à leur poids croissant dans l’économie et peut expliquer pourquoi, malgré des annonces répétées de privatisations imminentes pour assainir le budget de l’État, seules quelques mesures partielles ont été prises à ce jour (à l’image de la vente de 11 % du capital de la compagnie d’extraction de diamants Alrosaut, en 2016). Cette réticence de Moscou à s’ouvrir aux investisseurs étrangers contribue en revanche à limiter les options de sortie et à détériorer le profil global de risque des SOEs russes. ploitant des ressources naturelles abondantes et bon marché, avec l’objectif de passer d’un modèle centré sur le pétrole à un modèle économique diversifié. Pays du Conseil de Coopération du Golfe : des acteurs systémiques et efficaces qui se développent à l’international Économies avancées : des acteurs solidement implantés maintenus sous contrôle Le poids des SOEs reste prépondérant dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Il suffit de penser à des compagnies de pétrole et de gaz comme Saudi Aramco, dont la valeur boursière est estimée à 3 000 milliards USD, ou Kuwait National Petroleum, dont le chiffre d’affaires représentait plus de 80 % du PIB du Koweït en 2014. En fait, dans les pays du CCG, la présence de l’État demeure solide dans diverses industries, comme les services aux collectivités, les compagnies aériennes, le secteur bancaire, les produits chimiques et les télécommunications. Toutefois, les SOEs du CCG tendent à être gérées comme des entreprises privées et sont dans l’ensemble financièrement efficaces, à l’image de SABIC, une des plus grandes entreprises de produits chimiques au monde : contrôlée à 70 % par le fonds d’investissement public d’Arabie saoudite, SABIC affiche des marges d’exploitation 20 fois supérieures à Sinochem, la plus importante entreprise de produits chimiques chinoise, avec un ratio dettes/fonds propres égal à un cinquième de celui de Sinochem. SABIC est le parfait exemple de la capacité des pays du CCG à favoriser les entreprises opérant dans des secteurs à forte valeur ajoutée en ex- Dans certaines économies avancées, l’État continue de jouer un rôle d’entrepreneur, quoique généralement limité à quelques secteurs stratégiques ou de services publics comme l’énergie, les chemins de fer et les services collectifs. Dans des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni, la participation de l’État constitue souvent une solution d’urgence à l’instar du sauvetage de General Motors aux États-Unis et de la Royal Bank of Scotland au Royaume-Uni. Au contraire, en Italie et en France, la stratégie de l’État consiste à conserver des parts du capital des grandes compagnies opérant dans les secteurs évoqués plus haut. Certes, le poids est alors loin d’être négligeable : Poste Italiane, la seule entreprise publique italienne cotée affiche une dette qui équivaut à 3,5 % du PIB italien, tandis que la dette d’EDF et d’Aéroports de Paris représente 3 % du PIB français. Cela étant, ces entreprises, partiellement privatisées ou susceptibles de l’être, tendent à poursuivre des stratégies d’entreprises privées axées sur les résultats. Une approche qui permet d’établir des comptes financiers sains qui atténuent les risques auxquels sont exposées les finances publiques. + Graphique 15 Niveau de dette de quelques entreprises publiques sélectionnées dette moyenne en % de fonds propres (entre 2012-2015) Sinochem 132% Petrobras 110% Eletrobrás 72% State Grid Corporation of China 61% Transneft 53% SABIC 40% Gazprom 26% Sources : Bloomberg, Euler Hermes © Image courtesy of pixabay.com. Under CC0 Public Domain ski-lifts-1209812 21 Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Euler Hermes J A N VI E R FÉVRIER MARS AVRIL MA I Date Pays Société États-Unis Russie Canada Russie Russie France Royaume-Uni Roumanie Slovaquie Roumanie Suède Canada Suède Italie Turquie États-Unis Australie Canada États-Unis États-Unis Chine Royaume-Uni Turquie Russie Russie Turquie Russie Brésil Italie Allemagne Russie Canada Russie Royaume-Uni Australie Belgique Roumanie Allemagne Pays-Bas Allemagne Italie Italie Turquie Japon États-Unis Italie Danemark Pays-Bas Pologne Taïwan Japon Slovaquie Corée du Sud Australie Allemagne Roumanie France États-Unis États-Unis États-Unis États-Unis Roumanie France Turquie Roumanie États-Unis Pays-Bas États-Unis Allemagne Pologne Pays-Bas Turquie Italie Allemagne Allemagne Australie France États-Unis États-Unis Australie Australie Turquie Turquie Roumanie Royaume-Uni Royaume-Uni Japon Turquie France Turquie Corée du Sud Italie Canada Australie Chaparral Energy, Inc. Umps Oao Connacher Oil And Gass Ltd Prodtrejjd Ooo Rmz Ao Continentale Nutrition Bfp Wholesale Ltd C.E.T. Govora Sa Provit Sk, S.R.O. Mazza Construct Srl Kncgroup Ab Ben Moss Jewellers Western Canada Ltd Knc20 Nm Sweden Ab Cordioli E C. S.R.L. Ucgul Corapcilik San Tic A.S Peabody Energy Corporation Arrium Ltd Pacific Exploration & Production Corporation Ultra Petroleum Corp. Sunedison, Inc. Zhejiang Ship Building Co., Ltd. Polestar Print Holdings Real Hipermarketler Zinciri A.S Janpz Im.D.I.Mendeleeva Oao Npkc Formoza-AlTair Ooo Begendik Magaza Isletmeleri Tic.Ve San A.S Btk Zao Maralog Distribuicao S/A Ce.Di. Sisa Sicilia S.P.A. Fly Türk Gmbh Mir Mjagkojj Igrushki Ooo Firstonsite Restoration L.P Volkhovneftekhim Ooo Gajan Holdings Ltd (Austin Reed) Lync Energy Ltd Engineering Steel Belgium Prospectiuni Sa Firestixx Holz-Energie Gmbh Brova Holding Bv Hdm Gmbh Cantine Brusa - Societa' Per Azioni Societa' Agricola Consortile Cooperativa Siglabile Aps Umt Yapi Insaat Malzemeleri Nakliyat Taahhut San. Ve Tic. Ltd Sti Japan Logistic Cooperative Association Aspect Software Parent Inc. Ce.Di. Sisa Centro Nord Spa F Group A/S Tsn Thuiszorg B.V. Nomi Spółka Akcyjna W Upadłości Likwidacyjnej Chien Shing Stainless Steel Co., Ltd. Nisshoku Co.,Ltd. Ie Group, A.S. Dow Industrial Co.,Ltd Australian Careers Network Ltd Pfeifer Gmbh Stg Steel Srl Evolution Voyages Paragon Offshore Plc Republic Airways Holdings Inc. Noranda Aluminum Holding Corporation Horsehead Holding Corp. (2016) Interagro Sa Groupe Cauval Kurum Demir Sanayi Dis Ticaret A.S. Interagro Srl Sfx Entertainment, Inc. UnLtd Sports Group Bv Hancock Fabrics, Inc Walsum Papier Gmbh Partner Steel Spółka Z.O.O. Pdc B.V. (Paradigit) Dempas Demirayak Gida Tur. Isletmeciligi Gruppo Edom S.P.A. Esw-Röhrenwerke Gmbh Maple Bank Gmbh Global Intellectual Holdings Pty Ltd Hibiki Rcs Capital Corporation Verso Corporation (2016) Queensland Nickel Pty Ltd Om (Manganese) Ltd Gold Teknoloji Marketleri San. Ve Tic. Doga Organik Gida Ve Tarim Urun. Uretim A.S Societatea Complexul Energetic Hunedoara S.A. Buk (Realisations) Ltd A Levy Tsukiji Jitsugyo K.K. Benlioglu Yapi Malzemeleri Insaat Taah Ltd Sti Avenir Telecom Metro Elektronik Kuyumculuk Dis Tic. A.S Kyungdong Civil Engineering & Constructi Lames Spa Primus Telecomunications Canada Inc. Australian Careers Network Ltd Dernier chiffre d’affaires (en millions EUR) 292 172 157 144 140 96 94 91 79 70 64 58 56 56 52 5 000 3 944 1 880 755 700 397 309 283 193 190 180 180 167 165 160 154 142 139 130 83 82 68 68 64 58 56 51 50 445 394 344 266 259 117 82 79 69 56 53 52 51 51 1 324 1 192 1 100 403 395 380 375 357 314 250 250 233 105 102 81 80 78 68 56 55 1 863 1 148 413 359 196 174 151 131 128 106 90 88 87 82 79 72 53 Activité Énergie Construction Énergie Agroalimentaire Métallurgie Agroalimentaire Agroalimentaire Matières premières Agroalimentaire Construction Services Commerce Services Métallurgie Services Matières premières Métallurgie Énergie Énergie Electroniques Autres equipements de transport Papier Commerce Chimie Services Commerce Équipement ménager Services Commece Services Équipement ménager Construction Chimie Commerce Énergie Métallurgie Services Matières premières Services Matières premières Agroalimentaire Agroalimentaire Services Énergie Electroniques Agroalimentaire Équipement ménager Services Commerce Métallurgie Agroalimentaire Construction Métallurgie Services Construction Métallurgie Services Énergie Transport Métallurgie Matières premières Agroalimentaire Équipement ménager Métallurgie Agroalimentaire Services Services Commerce Papier Services Équipements/Machines Agroalimentaire Équipement ménager Métallurgie Services Services Agroalimentaire Services Papier Matières premières Métallurgie Commerce Agroalimentaire Énergie N/A Commerce Matières premières Services Informatique et télécom Commerce Construction Construction automobile Services Services 23 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Études Économiques d’Euler Hermes Group Conjoncture et risques économiques Le Bulletin Économique N°1224-1225 Le Bulletin Économique Les dossiers Les dossiers www.eulerhermes.com www.eulerhermes.com octobre 2016 Été 2016 Spécial Atlas Les Bulletins Économiques et autres publications Le Bulletin Économique N° 1229 septembre 2016 N° 1226-1227 Printemps 2016 Le Bulletin Économique N° 1228 www.eulerhermes.com www.eulerhermes.com Le tour du monde en huit cartes Pare-chocs publics pour le marché automobile La croissance, à quel prix ? En 2016, la croissance mondiale ralentira à +2,4 %, son plus bas niveau depuis la crise de 2009 La guerre des étoiles de l’export Le sommeil de la Force Études économiques Études économiques Études économiques Études économiques * Notre savoir au service de votre réussite * Notre savoir au service de votre réussite * Notre savoir au service de votre réussite * Notre savoir au service de votre réussite * * * Déjà parus : N° 1211-1212 ◽ Les défaillances d’entreprises dans le monde Le ver est dans le fruit Délais et retards de paiement, impayés et défaillances d’entreprises : nos prévisions pour 2015 N° 1213 ◽ Les dossiers Le recouvrement de créances à l’international Le Bon, la Brute et le Truand N° 1214 ◽ Conjoncture et risques économiques Ce n'est pas parce qu'on écrit des contes de fées qu'on croit aux loups-garous ! N° 1215 ◽ Les dossiers Que nous mijote le commerce mondial ? Douze pays livrent leur recette pour relever l’export N° 1216 ◽ Conjoncture, risques économiques et secteurs internationaux Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit N° 1217-1218 ◽ Conjoncture, risques économiques et secteurs internationaux Croissance en roue libre ? N° 1219 ◽ Les dossiers L’auto dans tous ses états N° 1220-1221 ◽ Les défaillances d’entreprises dans le monde Défaillances d’entreprises : Volte-face N° 1222 ◽ Conjoncture et risques économiques Les 7 nains de la croissance mondiale N° 1223 ◽ Secteurs internationaux Que les jeux des secteurs commencent — Les Jeux Olympiques ont déjà démarré pour les entreprises N° 1224-1225 ◽ Spécial Atlas Le tour du monde en huit cartes N° 1226-1227 ◽ Conjoncture et risques économiques La croissance, à quel prix ? N° 1228 ◽ Les dossiers Pare-chocs publics pour le marché automobile N° 1229 ◽ Les dossiers La guerre des étoiles de l’export — Le sommeil de la Force N° 1230-1231 ◽ Les défaillances d’entreprises dans le monde Défaillances – La partie émergée de l’iceberg À paraître : 24 N° 1232 ◽ Conjoncture et risques économiques * Euler Hermes La minute de l’économie N www.eulerhermes.fr/etude-economique Economic Insight Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Weekly Export Risk Outlook N http://www.eulerhermes.com/economic-research/economic-publications/Pages/Weekly-Export-Risk-Outlook.aspx Country Report Mise à jour décembre 2016 N http://www.eulerhermes.com/economic-research/economicpublications/Pages/economic-insights.aspx ◽Five Vitamin C’s for the Chinese Winter >décembre 2016 ◽Italy : The show must go on >décembre 2016 ◽Renewable energy : Seeing the full half of the COP >novembre 2016 ◽Afri-can or Afri-can’t? 10 Myths to debunk on Africa >octobre 2016 ◽2016-17: Tectonic shifts and risk of local tremor >octobre 2016 ◽Russia-Turkey-Iran : Why the Caspian Sea region is not the Bermuda Triangle of business >octobre 2016 ◽Three Asian Tigers caught in a (Chinese) Typhoon >août 2016 ◽The Olympics : A false (economic) start for Brazil >juillet 2016 ◽Worldwide DSO : Paying the penalty for low growth >juillet 2016 Industry Report N N http://www.eulerhermes.com/economic-research/countryrisks/Pages/country-reports-risk-map.aspx ◽Angola ◽Australie ◽Bosnie & Herzegovine ◽Chili ◽Colombie ◽Équateur ◽Éthiopie ◽Gabon ◽Guatemala ◽Islande ◽Italie ◽Lettonie ◽Lituanie ◽Mali ◽Myanmar ◽Mozambique ◽Namibie ◽Ouganda ◽Panama ◽Qatar ◽Suède ◽Thaïlande Global Sector Report Mise à jour dd février 2016 N http://www.eulerhermes.com/economic-research/sector-risks http://www.eulerhermes.com/economic-research/sector-risks ◽Europe’s Chemical Sector >septembre 2016 ◽US Oil >février 2016 ◽US Retail >février 2016 ◽US Household equipment >février 2016 ◽France agrifood >novembre 2015 ◽US agrifood >novembre 2015 ◽Germany agrifood >octobre 2015 ◽Construction in France >octobre 2015 ◽Construction in Germany >octobre 2015 ◽ Aéronautique ◽ Agroalimentaire ◽ Automobile ◽ Chimie ◽ Construction ◽ Énergie ◽ Électronique grand public ◽ TIC ◽ Biens d’équipement ◽ Métallurgie ◽ Papier ◽ Industrie pharmaceutique ◽ Distribution ◽ Textile ◽ Transport 25 Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde Implantations Siège social : Euler Hermes Group 1, place des Saisons 92 078 Paris La Défense - France Tél. : + 33 (0) 1 84 11 50 50 www.eulerhermes.com > Afrique du Sud Euler Hermes – South Africa > Bulgarie Euler Hermes Bulgaria The Fris 32A Cradock Avenue, Rosebank2196 Tel. : +27 10 59348 01 2, Pozitano sq, > Finlande Euler Hermes SA Suomen sivuliike “Perform business Center” Mannerheimintie 105 Sofia, 1000 00280 Helsinki Tel. : +359 2 890 1414 Tel. : +358 10 850 8500 > Allemagne Euler Hermes Deutschland Niederlassung der Euler Hermes SA Canada Euler Hermes North America Insurance Company Friedensallee 254 1155, René-Lévesque Blvd West > France Euler Hermes France SA Euler Hermes Collection Euler Hermes World Agency 22763 Hambourg Suite 2810 1, place des Saisons Tel. : + 49 40 8834 9000 Montréal (Québec) H3B 2L2 F-92048 Paris-La-Défense Cedex Tel : +1 514 876 9656 / +1 877 509 3224 Tel. : +33 1 8411 5050 22761 Hambourg > Chili Solunion > Grèce Euler Hermes - Hellas Credit Insurance SA Tel. : +49 40 8834 9000 Av. Isidora Goyenechea, 3520 16 Laodikias & 1-3 Nymfeou Str. Santiago Athènes Grèce 11528 Tel. : +56 2 2410 5400 Tel. : +30 210 6900000 Tel. : +49 331 27890 000 > Chine Euler Hermes Consulting (Shanghai) Co., Ltd > Hong Kong Euler Hermes Hong Kong Services Ltd Euler Hermes Rating GmbH Unit 2103, Taiping Finance Tower, No.488 12 Taikoo Wan Road Friedensallee 254 Middle Yincheng Road, Pudong New Area, Taikoo Shing 22763 Hambourg Shanghai, 200120 Hong Kong Tel : +49 40 8834 640 Tel. : +86 21 6030 5900 Tel. : +852 3665 8901 > Arabie Saoudite Contacter Émirats Arabes Unis > Colombie Solunion > Hongrie Euler Hermes Europe SA Euler Hermes Aktiengesellschaft Gasstraße 27 Euler Hermes Collections GmbH Zeppelinstr. 48 14471 Potsdam Suites 403-11, 4/F, Cityplaza 4, Calle 7 Sur No. 42-70 Magyarrorszagi Fioktelepe > Argentine Solunion Edificio Fórum II Piso 8 Kiscelli u. 104 Medellín 1037 Budapest Av. Corrientes 299 Tel. : +57 4 444 01 45 Tel. : +36 1 453 9000 Tel. : +54 11 4320 9048 > Corée du Sud Euler Hermes Korea > Inde Euler Hermes Services India Pvt. Ltd > Australie Euler Hermes Australia Pty Ltd Rm 1700, 17/F Jongro Tower Building, 6, 5th Floor, Vaibhav Chambers Jongro 2-Ga, Jongro-Gu Opposite Income Tax Office Allianz Building Seoul 110-789 Bandra Kurla Complex 2 Market Street Tel. : +822 733 8813 Bandra (East) C1043AAC CBA, Buenos Aires Mumbai 400 051 Sydney, NSW 2000 Tel. : +61 2 8258 5108 > Autriche Acredia Versicherung AG > Danemark Euler Hermes Danmark, filial of Euler Hermes Europe S.A. Belgien Amerika Plads 19 > Indonésie PT Asuransi AllianzUtama Indonesia Himmelpfortgasse 29 2100 Copenhague O Allianz Tower 32nd floor 1010 Vienne Tel. : +45 88 33 33 88 Credit Insurance Division Tel. : + 43 5 01 02 1111 Kawasan Kuningan Persada Super block 2 Euler Hermes Collections GmbH, Zweigniederlassung Österreich > Émirats Arabes Unis Euler Hermes c/o Alliance Insurance PSC Handelskai 388 501, Al Warba Center Tel. : +62 21 2926 8888 1020 Vienne P.O. Box 183957 Tel. : +43 1 90 22714000 Dubaï Tel : +97142116000 > Bahreïn Contacter Émirats Arabes Unis Jln. H.R. Rasuna Said, Jakarta Selatan 12980 > Irlande Euler Hermes Ireland Allianz House > Espagne Solunion Elm Park > Belgique Euler Hermes Europe SA (NV) Avda. General Perón, 40 Dublin 4 Edificio Moda Shopping Tel. : +353 (0)1 518 7900 Avenue des Arts – Kunstlaan, 56 Portal C, 3ª planta 1000 Bruxelles 28020 Madrid Tel. : +32 2 289 3111 Tel. : +34 91 581 34 00 > Brésil Euler Hermes Seguros de Crédito SA > Estonie Contacter Finlande Avenida Paulista, 2.421 – 3º andar Jardim Paulista São Paulo / SP 01311-300 Tel. : +55 11 3065 2260 > États-Unis Euler Hermes North America Insurance Company 800 Red Brook Boulevard Owings Mills, MD 21117 Tel. : +1 877 883 3224 26 Tel. : +91 22 6623 2525 Merrion Road Euler Hermes Le Bulletin économique N° 1230-1231 | Les défaillances d’entreprises dans le monde > Israël ICIC > Nouvelle Zélande Euler Hermes New Zealand Ltd 2, Shenkar Street Tower 1, Level 11 > Roumanie Euler Hermes Europe SA Bruxelles Sucursala Bucuresti 68010 Tel Aviv 205 Queen Street Str. Petru Maior Nr.6 Tel. : + 97 23 796 2444 Auckland 1010 Sector 1 Tel. : +64 9 354 2995 011264 Bucarest > Thaïlande Allianz C.P. General Insurance Co., Ltd. Tel. : +40 21 302 0300 323 United Center Building > Italie Euler Hermes Europe SA Rappresentanza generale per l'Italia > Oman Contacter Émirats Arabes Unis Tel. : +39 06 8700 7420 Phone : +886 2 5550 0590 30th Floor > Russie Euler Hermes Credit Management OOO Silom Road > Pays-Bas Euler Hermes Nederland Office C08, 4-th Dobryninskiy per., 8, Tel. : +66 (0)2 264 8612 Pettelaarpark 20 Tel : +7 495 981 28 33 ext. 4000 Via Raffaello Matarazzo, 19 00139 Rome > Taïwan Euler Hermes Taïwan Services Limited > Japon Euler Hermes Japan Branch Office P.O. Box 70571 10th Fl., New Otani Garden Court, Tel. : +31 (0)73 688 99 99 / 0800 385 37 65 5201 CZ’s-Hertogenbosch 4-1 Kioi-cho, Chiyoda-ku, Bangrak, Bangkok 10500 Moscou, 119049 > Singapour Euler Hermes Singapore Services Pte Ltd > Tunisie Contacter Italie 12 Marina View > Turquie Euler Hermes Sigorta A.S. Tokyo 104-0094 Euler Hermes Bonding #14-01 Asia Square Tower 2 Büyükdere Cad. No : 100-102 Tel. : +81 3 3538 5403 De Entree 67 (Alpha Tower) Singapour 018961 Maya Akar Center Kat : 7 Esentepe P.O. Box 12473 Tel. : +65 6589 3700 34394 Şişli/İstanbul > Koweit Contacter Émirats Arabes Unis 1100 AL Amsterdam > Lettonie Contacter Finlande > Philippines Contacter Singapour > Lituanie Contacter Finlande > Pérou Contacter Solunion Colombie > Malaysie Euler Hermes Malaysia Branch Level 28, Menara Allianz Sentral > Pologne Towarzystwo Ubezpiecze Euler Hermes SA Jalan Tun Sambanthan, Al. Jerozolimskie 98 > Suède Euler Hermes Sverige filial 50470 Kuala Lumpur 00-807 Varsovie Döbelnsgatan 24 Tel. : +603 22721387 Phone : +48 22 363 6363 Box 729 > Maroc Euler Hermes Acmar 37, bd Abdelattif Ben Kaddour > Portugal COSEC - Companhia de Seguro de Créditos, S.A. 20 050 Casablanca Av. da Republica, nº 58 Tel. : +212 5 22 79 03 30 1069-057 Lisbonne Tel. : +31 (0)20 696 39 41 Tel : +90 212 2907610 > Slovaquie Euler Hermes Europe SA, pobocka poist'ovne z ineho clenskeho statu > Uruguay Contacter Argentine 2012:Plynarenska 7/A 821 09 Bratislava Tel. : +421 2 582 80 911 > Vietnam Contacter Singapour > Sri Lanka Contacter Singapour 101 34 Stockholm Tel. : +351 21 791 3700 > Mexique Solunion Torre Polanco 11590 Mexico D.F. Tel. : +52 55 52 01 79 00 > Suisse Euler Hermes SA Zweigniederlassung Wallisellen Euler Hermes Reinsurance AG Richtiplatz 1 >Qatar Contacter Émirats Arabes Unis Postfach 8304 Wallisellen Tel. : +41 44 283 65 65 Mariano Escobedo 476 Piso 15 Col. Nueva Anzures Tel. : +46 8 555 136 00 > République tchèque Euler Hermes Europe SA, organizacni slozka Tel. : + 41 44 283 65 85 (Reinsurance AG) Molákova 576/11 > Norvège Euler Hermes Norge 186 00 Prague 8 Tel. : +420 266 109 511 Holbergsgate 21 St. Olavs Plass >Royaume-Uni Euler Hermes UK 0130 Oslo 1 Canada Square Tel. : +47 23 25 60 00 Londres E14 5DX P.O. Box 6875 Tel. : +44 20 7512 9333 27 Le Bulletin Économique est publié mensuellement par la Direction des Études Économiques d’Euler Hermes Group 800 Red Brook Boulevard, Owings Mills, MD 21117 e-mail: [email protected] - Tel. : 877-883-3224 Le présent document reflète l’opinion de la Direction des Études Économiques d’Euler Hermes Group. Les informations, analyses, prévisions, contenues dans ce document sont fondées sur les hypothèses et les points de vues actuels de cette Direction et sont de nature prospective. Dans ce contexte, la Direction des Études Économiques d’Euler Hermes Group n’a aucune obligation de résultat et sa responsablilité ne peut être engagée à ce titre. Ces analyses sont d’ailleurs susceptibles d’être modifiées à tout moment. www.eulerhermes.ca/fr Le Bulletin économique