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Au-delà des défis économiques, et au premier chef la lutte contre l’inflation, les BRI (Brésil,
Russie et Inde) doivent consolider la confiance des investisseurs. Cela passera par une
amélioration d’un cadre réglementaire encore difficile, peu favorable à l’initiative privée,
notamment des étrangers, d’indicateurs de gouvernance encore fragiles, toujours minés par
la corruption et des tensions sociales, et enfin de la performance logistique. Dans ce
contexte, les rythmes de croissance seront modérés par rapport à la précédente décennie.
L’économie brésilienne progresserait de 2,7% et 3,3% en 2013 et 2014 ; la Russie de +3,2%
et +3,8% ; et l’Inde de 6% et 7%.
Les États-Unis résistent et le Japon surprend positivement, malgré les échéances
budgétaires
Les Etats-Unis font preuve de résilience grâce au dynamisme de la consommation privée
(+0,6% au T1 2013 contre +0,5% au T4 2012) malgré l’accélération de la consolidation
budgétaire. La perspective d’une politique monétaire moins accommodante et les
incertitudes pesant sur le niveau du plafond risquent cependant de provoquer une hausse
des taux obligataires souverains. La croissance atteindrait +1,8% en 2013 et accélèrerait à
+2,7% en 2014.
Le Japon bénéficie de son côté d’une reprise plus ferme (+1,0% au T1 2013 contre +0,3%
au T4 2012) grâce à une hausse de la consommation des ménages et suite aux mesures de
relance budgétaire et d’une politique monétaire expansionniste plus agressive. L’économie
rebondirait de +1,6% (2013) avant de ralentir à +1,4% (2014), freinée par un début de
resserrement fiscal censé ramener la dette publique à un niveau soutenable.
Economie réelle et sphère financière, une déconnexion vectrice d’instabilité
Au-delà des risques sociaux (Brésil, Europe) et politiques (Moyen-Orient), s’ajoute une
hausse des incertitudes financières. La déconnexion entre l’économie réelle et la sphère
financière continue malgré des politiques monétaires de plus en plus expansionnistes. En
effet, si les variables financières se sont globalement améliorées sur le premier semestre
2013 au sein des principaux pays avancés, les évolutions demeurent très volatiles, en
dissonance avec les signaux macroéconomiques.
Afin de contenir l’afflux de capitaux lié aux politiques non conventionnelles des banques
centrales des principales économies, de nombreux pays ont choisi d’assouplir leur politique
monétaire. Les nouvelles économiques continuent malgré tout de décevoir et la croissance
reste faible au regard des moyens mis en œuvre. En effet, les pays émergents, qui
contribuent à hauteur de 2/3 de la croissance en 2013, ont enregistré une baisse de régime.
Au sein des pays avancés, la demande européenne est restée en contraction et l’activité
américaine a crû en deçà des attentes. Ce qui fait craindre que des politiques monétaires
des banques centrales moins accommodantes laisseront des traces sur le canal du crédit et
donc sur l’économie réelle.
Cette situation est révélatrice d’une inefficacité des mécanismes de transmission de la
politique monétaire qui stimule davantage la demande d’actifs financiers et la recherche de
rendement élevé à court terme que la demande de biens et services. Elle peut être
“salutaire” si elle est temporaire et qu’elle se traduit par des effets de richesses réinjectés
dans l’économie à travers la consommation (en particulier dans les pays où les ménages
actionnaires sont nombreux comme les États-Unis), ou l’investissement des entreprises
(Japon).
« Ceci est notre scénario central. Dans le cas contraire, cette déconnexion serait très
dommageable particulièrement en zone euro et au Japon. Dans le premier cas, on est face
au risque d’un cercle vicieux où faible demande et baisse des prix s’alimenteraient