2
l'hôpital où un psychiatre l'évalue. La barrière linguistique fait l'objet d'une note au
dossier, mais jamais a-t-on demandé les services d'un interprète. Le patient rentre chez lui
ayant en main un rendez-vous de suivi chez son médecin de famille et un rendez-vous
pour une consultation d'urgence en clinique externe avec un psychiatre.
Malheureusement, le patient se jette sous les roues d'un tracteur remorque en marche et
meurt de ses blessures avant de se présenter à son rendez-vous (rapport du gouvernement
du Québec, 2005); 2) Chaque fois que c'est possible, il faut utiliser les services
d'interprètes professionnels, plutôt que ceux des membres de la famille ou d'autres non-
professionnels. Une Chinoise de 39 ans, accompagnée de son mari agissant comme
interprète, se présente à l'urgence. Malgré la présence de graves symptômes de psychose,
le mari souhaite que sa femme continue de travailler, ce à quoi elle semble donner son
accord. À cause de la barrière linguistique et en l'absence d'un interprète professionnel, il
est impossible de connaître exactement les souhaits de la patiente. Elle reçoit finalement
son congé, se retrouvant, selon ses propres exigences, soumise aux bons soins de son
mari; 3) Beaucoup de patients qui parlent une seconde ou une troisième langue
bénéficieraient des services d'un interprète qui parle leur première langue. Un couple
d'âge moyen originaire du Bangladesh consulte un médecin afin que la dépression
chronique de la femme, exacerbée par des tensions avec son mari, soit évaluée. Un
interprète parlant le bengali traduit les questions que le psychiatre pose au couple, mais
c'est seulement le mari qui y répond. Après un moment, l'interprète, qui a remarqué que
l'homme ne parle pas couramment le bengali et le fait avec un accent, demande de quelle
partie du pays ils sont tout deux originaires, pour découvrir que le couple vient de la
même région que lui. L'interprète change de langue, ce qui permet à la femme de
comprendre et de parler en son nom, interagissant ainsi directement avec des
professionnels de la santé pour la première fois depuis son arrivée au Canada 15 ans plus
tôt; 4) La responsabilité de fournir des interprètes ne doit pas revenir aux immigrants et
aux réfugiés eux-mêmes. Une Algérienne de 58 ans parlant arabe est illettrée, reçoit des
prestations d'aide sociale, a peu de contacts sociaux et ne parle pour ainsi dire ni le
français ni l'anglais. Sa demande pour suivre des cours de français au Québec est refusée
parce qu'elle ne sait ni lire ni écrire dans sa langue maternelle. Elle a besoin d'un
interprète pour obtenir des services dans les lieux publics. Quand les services d'un
interprète ont cessé d'être offerts dans son établissement de santé, elle ne s'est plus
présentée à ses rendez-vous de suivi (pour un ulcère gastroduodénal, de l'hypertension et
un trouble panique) parce qu'elle n'arrivait plus à communiquer avec ses médecins.
Compte tenu de la nature de ses problèmes (violence conjugale, séparation), il n'est pas
accepté dans sa culture qu'elle demande à l'une de ses filles d'agir comme interprète.
Propositions de solutions: 1) Accès – Les services d'un interprète doivent être offerts à
tous les patients dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais; 2) Réponse –
Un mécanisme doit être mis en place pour s'assurer les services d'un interprète en soins
d'urgence et 3) Formation – Dès le début de leur formation, les professionnels de la santé
doivent être informés des politiques et pratiques en matière linguistique dans le secteur de
la santé, ce qui inclut la collaboration avec des interprètes en milieu de travail.
Autres questions à se poser : 1) L'utilisation des services d'un interprète devra-t-elle
faire l'objet d'une politique de santé officielle (provinciale ou institutionnelle) avant que