Gratuit
La référence afro-caribéenne
Ne pas jeter sur la voie publique
Po l i t i q u e 4c u l t u r e 26
So c i é t é 20
Do S S i e r 14 in v i t é D u m o i S 18
Di a s p o r a s
news
N°9
Juillet 2010
MONDIAL
2010 :
PARI TENU
PAR
L'AFRIQUE
DU SUD !
COTE D'IVOIRE :
A QUAND
LA FIN DU FILM ?
BURUNDI :
NUITS DE CRISTAL
À BUJUMBURA.
INVITE DU MOIS :
ch a r l e S ng o u a n e :
f a i t l a P r o m o t i o n D u
c a m e r o u n e n fr a n c e .
GABON :
LE DÉFI DU PRÉSIDENT
ALI BONGO.
L'ESPAGNE
SUR LE TOIT
DU MONDE
SPort 22
Edito
Que n’a-t-on pas entendu avant le but de ce Mondial 2010 qui se tient pour
la première fois en terre africaine. L’Afrique du Sud, puissance économique et
militaire qui peut rivaliser aussi bien avec le club fermé des cinq membres perma-
nents du Conseil de Sécurides Nations Unies et les grandes nations de football,
a souffert pendant la période des préparatifs de la grand-messe footballistique d’une vaste
campagne de dénigrement.
Pendant que certaines mauvaises langues tiraient à boulet rouge sur l’inadaptation des infras-
tructures et le problème de délestage, d’autres tentaient de présenter la nation arc-en-ciel
comme celle de l’insécurité où les gangs des townships n’hésiteraient pas à commettre les pires
barbaries pendant le déroulement du Mondial ou encore les risques de manifestations sociales
de populations défavorisées de nature à gâcher la fête.
Et bien, à mi-parcours du Mondial qui rentre dans la phase de son apothéose, aucun incident
majeur n’a été déploré encore moins des manifestations de contestation des disparités sociales
de nature à ternir l’image du continent. Le peuple sud africain a fait taire ses différences et
différends pour prouver aux yeux du monde sa maturité et sa capacité à surpasser les difcultés
internes.
Déroutés et confondus par l’organisation exceptionnelle de ce Mondial en Afrique du Sud, ces
mêmes détracteurs tentent péniblement de corriger maladroitement le prisme de leur regard
déformés et chargés de stéréotypes. Aujourd’hui, certains se complaisent à dire que « l’Afrique
du Sud n’est pas l’Afrique.»
A quel continent faut-il rattacher le pays de Nelson Mandela d’autant plus que ce pays, -
sormais certié « iso réussite » se démarque de cette autre Afrique de la guerre, de la famine,
de la dictature, de la corruption, des violences, des violations des Droits de l’Homme (…) Une
Afrique condamnée à la misère, à la mendicité et dont le sort est scellé.
Des disances gratuites qui portent à croire que le racisme n’est pas prêt de disparaître de
nos vilaines mœurs même si le "sport roi" est considéré comme facteur de rapprochement entre
les peuples du monde et celui qui adoucit en quelque sorte les mœurs.
Il est peut-être encore trop tôt pour tirer les conclusions et les enseignements de ce premier
mondial organisé en terre africaine. Dès le coup de sifet nal mettant n à la compétition, les
Africains auront le dernier mot.
D’ores et déjà, nous osons croire que le désintérêt ou le manque de considération à l’égard de
l’Afrique est proportionnellement lié à son poids dans le concert des continents.
C’est pourquoi, il faudra que l’Union Africaine s’aligne sur la position du président français, Ni-
colas Sarkozy, qui a promis de peser de tout son poids pour que l’Afrique ait au moins deux à
trois représentants détenteurs du droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
C’est à ce prix que l’Afrique se fera respecter.
Clément Yao
Di a s p o r a s
News
NUMÉRO 9 DE JUILLET 2010
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IMPRESSION : EN FRANCE
ISSN : 2105-3928
MONDIAL 2010 : PARI TENU
PAR L’AFRIQUE DU SUD
Politique
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Di a s p o r a s
Ne w s
LES PREMIÈRES GUERRES CIVILES
L’église catholique et l’administration colonia-
le ne cessent d’attiser les rivalités entre com-
munautés tutsie (15% des habitants) et hutue
(85%). Au nom de la démocratie majoritaire,
ils soutiennent vaille que vaille les Hutus plus
nombreux. Au Rwanda, plus de 200.000 Tut-
sis cherchent refuge hors des frontières à la
suite des massacres de 1959 qui entraînent
le renversement de la monarchie tutsie. Pour
éviter la transposition du conit ethnique, le
voisin burundais anticipe et prend le contrôle
de l’armée et du pouvoir politique mais ne
sera pas épargné par la répression. Le prin-
ce Rwagasore, chef du gouvernement, fut
assassiné en 1961 avant l’accession du Bu-
rundi à l’indépendance en juillet 1962. Une
monarchie républicaine s’instaure alors avec
un contrôle de tous les rouages de l'État par
la minorité tutsie et son parti unique, l’UPRO-
NA (Union pour le Progrès National). Dix ans
plus tard, le Burundi s’embrase de nouveau
; cela suite à l’arrestation et la mort du roi
Ntaré V. S’en suit une violence ethnique qui
vise à éliminer l’élite hutue, pendant un an et
sent une base militaire et un comptoir
commercial à Usumbura (Bujumbura) en
1899. Après la défaite allemande de
la guerre 1914-18, ses colonies passent
entre les mains des vainqueurs. C’est ain-
si qu’une partie du Ruanda est rattachée
à l’Ouganda (colonie britannique) tandis
que l’Urundi et l’autre partie du Ruanda
passent sous mandat belge. Outre le
Congo, l'empire colonial de Belgique
détient maintenant le Ruanda-Urundi et
un accès vers le canal de Mozambique.
C’est à cette époque que l’administra-
tion coloniale décide de favoriser l’aristo-
cratie tutsie en conant à son bras séculier,
c’est-à-dire l’église catholique, la mission
civilisatrice et ses deux mamelles : la santé
et l’éducation. Le colonisateur instaure aussi
un contrôle indirect en déléguant les mesu-
res disciplinaires aux Tutsis qui détiennent le
droit de punir les Hutus. Ces derniers en sont
réduits au rôle de subalterne, corvéable à
merci. Au clivage clanique, la puissance colo-
niale a rajouté une dimension sociale, basée
cette fois-ci sur un critère économique : un
Hutu enrichi accède au statut de Tutsi donc à
un statut d'aristocrate et le Tutsi pauvre sera
relégué en Hutu. Cette décision arbitraire
a engendré des ressentiments hutus face à
l’arrogance des Tutsis. Mais la situation s’est
inversée. En effet, au sortir de la seconde
guerre mondiale, l’élite coloniale tutsie, plus
instruite et mieux éduquée, prend la tête des
luttes pour l’accession à l’indépendance. Le
colonisateur, afigé par tant d’insolences et
un tel revirement, décide de changer de po-
litique d’assimilation vers les années 1950.
Les Hutus ont désormais toutes les faveurs et
les avantages octroyés autrefois aux Tutsis.
Bu r u N D i :
Le monde entier s'était focalisé sur le
génocide rwandais de 1994 qui, rap-
pelons-le, avait fait plus de 800 000
morts en seulement quatre mois. Son
voisin burundais a subi le même sort et, ce,
pendant longtemps, sans que la communauté
ne s’en émeuve. Elle était plus préoccupée
par les millions de morts dus à la propaga-
tion du problème rwandais en République
Démocratique du Congo et surtout par l’inté-
rêt que suscitait la richesse minière de cette
dernière aux yeux des grandes puissances.
La guerre civile burundaise commença en
1993 et t plus de 200 000 victimes. Les his-
toires de ces deux pays sont intimement liées
et un évènement majeur dans l’un ou l’autre
engendre inéluctablement une conséquence
chez son voisin.
L’ORIGINE DU CLIVAGE TUTSI-HUTU
Le Burundi et le Rwanda étaient composés
d'une mosaïque de royaumes constitués en
majorité de deux ethnies : les Tutsis, peuple
pasteur et aristocrate et les Hutus, agricul-
teurs. La distinction entre les deux groupes
n'est pas très marquée car un Hutu s’enno-
blissait dès lors qu’il acquérait un troupeau.
L’histoire du continent bascule dans la se-
conde moitié du XIXe siècle. La référence
reste toujours la Conférence de Berlin de
1884 qui scelle le partage de l’Afrique en
diverses possessions occidentales. L’Allema-
gne obtient un accès à la mer sur la côte est
de l’Afrique. Elle hérite de la Deutsch Ost
Afrika c’est-à-dire la Tanganyika (l’actuelle
Tanzanie) à laquelle a été adjointe le Ruan-
da-Urundi (Rwanda-Burundi). Pour pacier
les deux royaumes, les Allemands établis-
Le spectre de l’instabilité plane de nouveau sur le Burundi. Les grenades sont de nouveau
dégoupillées à Bujumbura faisant plusieurs blessés. Pourquoi ? Un signe de méconten-
tement et de contestation ! Car Pierre Nkurunziza, Président de la République sortant,
reste seul en lice pour les élections présidentielles du 28 juin. Lopposition a décidé de les
boycotter après avoir dénoncé les irrégularités et les fraudes massives des élections com-
munales du mois de mai.
NUITS DE CRISTAL À BUJUMBURA
5
Di a s p o r a s
Ne w s
qui scelle par
même la n de
la monarchie.
Elle provoqua
la mort d’en-
viron 300.000
personnes et
la fuite de
200.000 Hutus
vers les pays
frontaliers.
Dès lors, le Burundi
ne connaît qu’une succession de coups d'État.
Le Président Michel Micombero, arrivé au
pouvoir en 1972, est déposé par le colonel
Bagaza en 1976 ; lequel sera renversé en
1987 par le major Pierre Buyoya, d’origine
tutsie. Ce dernier tente de mettre en place
une ouverture démocratique en édictant une
charte d’unité nationale. Malgré plusieurs
massacres en 1988, le Burundi tient enn sa
Constitution et l’avènement du multipartisme
en 1992.
LA VAGUE DE DEUXME GUERRE
CIVILE ET LES ACCORDS D’ARUSHA
Le 1er juin 1993, un Hutu, Melchior Nda-
daye, fut élu premier président de la Répu-
blique burundaise au suffrage universel. Il a
devancé le candidat de l’UPRONA, Pierre
Buyoya par un score de 65% contre 32%. Il
nomma comme chef de gouvernement Sylvie
Kinigi, une Tutsie, avec pour mission prioritai-
re le renforcement de l’unité nationale. Cette
cohabitation en haut-lieu ne dura que 6 mois
car l’ethnie tutsie avait toujours la main mise
sur l’armée. Le 20 octobre de la même an-
née, le palais présidentiel fut encerclé par
les parachutistes tutsis. Le Chef de l’Etat et
six membres du gouvernement ainsi que le
président de l’Assemblée Nationale et son
Vice-président furent éliminés. Le Burundi
s’enamma de nouveau et le bilan oscille en-
tre 100.000 (source : HCR) et 200.000 morts
selon les rescapés.
S’ouvre alors une période d’instabilide cinq
ans pendant laquelle pas moins de trois prési-
dents de la République se sont succédés à la
tête de la nation. D’abord, Cyprien Ntarya-
mira, qui subira le même sort. Il périt avec
le président rwandais Juvénal Habyarimana,
le 6 avril 1994, par un tir de missile sur leur
avion, un Falcon 50 en approche nale de
l’aéroport de Kigali en provenance de Tan-
zanie. Ensuite, Sylvestre Ntibantunganya,
un rescapé de la liste noire du 20 octobre
1993, assura l’intérim avec un gouvernement
de coalition jusqu’à sa conrmation en sep-
tembre 1994. Le 25 juillet 1996, un coup
d’Etat l’oblige à se réfugier à l’Ambassade
des États-Unis et c’est encore le major Pier-
re Buyoya qui prend la tête de l'État. Il est
soupçonné d’être l’instigateur de l’assassinat
de Melchior Ndadaye ; aussi la communauté
internationale décrète un embargo économi-
que sur le Burundi. Une guerre civile diffuse,
moins spectaculaire, secoue le pays pendant
encore quatre ans. C’est à cette époque que
Nelson Mandela s’implique directement avec
le soutien des chefs d’Etats voisins (comme
l’ougandais Yoeri Museveni et Benjamin
Mkapa pour la Tanzanie), pour mettre en
place les accords d’Arusha du 20 août 2000.
Son contenu englobe : la mise en place d’une
transition consensuelle de 3 ans, la sécurisa-
tion des opposants de retour d’exil, l’arrivée
de forces d’interposition pour faire respecter
les accords. L’application de cet accord de
paix commande la formation d’un gouver-
nement pluriethnique avec un vice-président
hutu en la personne de Domitien Ndayizeye.
Celui-ci succéda à Pierre Buyoya en avril
2003 conformément aux accords d’Arusha,
et ce jusqu’à l’organisation d’un référendum
constitutionnel et d’élections législatives, mu-
nicipales en 2005.
L’AVÈNEMENT DE PIERRE
NKURUNZIZA.
Leader du FDD (Forces pour la Défense de la
Démocratie), sorti majoritaire au parlement
à l’issue des élections législatives, il a été élu
le 19 août 2005 Président de la République,
par suffrage universel indirect. Depuis 2003,
six des sept groupes rebelles ont déposé les
armes ; mais les Forces Nationales de Libéra-
tion (FNL), groupe rebelle à majorité hutu, ne
sont jamais rentrées dans les rangs. De leur
point de vue, tant que l’armée est contrôlée
par les Tutsis, ils ne participeront pas à un
gouvernement d’union nationale. Et pourtant
l’espoir était permis après la signature, en
septembre 2006 à Dar-Es-Salam, d’un ac-
cord de cessez-le-feu entre le gouvernement
et le FNL. Mais la trêve fut de courte durée
car dès le mois de juillet de l’année suivante,
les forces du FNL ont repris le maquis. Si bien
qu’en avril 2008, ils prirent position sur les
collines bordant Bujumbura. Le pouvoir poli-
tique essaye de négocier mais l’armée reste
inexible. Le siège a duré un mois et s’est
soldé par au moins 100 morts. Finalement,
un accord de paix sera signé en décembre
2008. Agathon Rwasa, leader du FNL, rentré
de 20 ans d’exil quelques mois plus tôt, an-
nonce le désarmement et la démobilisation
des rebelles.
Jusqu’à nos jours, la paix reste fragile et plu-
sieurs facteurs d’instabilité restent toujours en
ligrane : les problèmes de retour des exilés,
les divers conits régionaux de la région des
Grands Lacs et surtout les difcultés du pro-
cessus électoral.
2010, ANNÉE DE TOUS LES
DANGERS
C’est dans ce contexte que s’ouvre en 2010
le calendrier électoral : d’abord les commu-
nales (mai), ensuite les présidentielles (28
juin) et enn les législatives (23 juillet).
L’opposition a constaté des irrégularités mas-
sives lors des élections municipales du mois
de mai et conteste les résultats. Les obser-
vateurs internationaux ne sont pas du même
avis alors que des urnes ont disparu après
une coupure d’électricité de trois heures. D’un
commun accord, les partis politiques d’op-
position décident de boycotter les élections
présidentielles du 28 juin en décrétant un re-
trait de tous ses candidats.
On redoute aujourd’hui un regain de vio-
lence et que le FNL reprenne le chemin de
la rébellion. Depuis quelques semaines, des
grenades sont régulièrement lancées dans
des quartiers animés de Bujumbura ne fai-
sant, par miracle, que 30 blessés. Et les per-
manences du CNDD-FDD, le parti au pouvoir,
sont également saccagées voire incendiées.
Les autorités ont arrêté des membres du FNL
soupçonnés d’être à l’origine de ces troubles
à l’ordre public. La société civile essaye de
calmer le jeu en proposant de différer la
date des élections présidentielles du 28 juin.
Alex ZAKA
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