Magazine Juillet 2010 - Diasporas-News

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Diasporas
news
Gra
tui
t
N°9
La référence afro-caribéenne
Juillet 2010
Mondial
2010 :
Pari tenu
par
l'AFRIQUE
DU SUD !
L'ESPAGNE
SUR LE TOIT
DU MONDE
Politique
4
Gabon :
Cote d'Ivoire :
Burundi :
INVITE DU MOIS :
Le Défi du président
Ali BONGO.
A quand
la fin du film ?
Nuits de Cristal
à Bujumbura.
Charles Ngouane :
fait la promotion du
cameroun en France.
Dossier
Ne pas jeter sur la voie publique
14
Invité du mois
18
Société
20
SPORT
22
culture
26
Mondial 2010 : Pari tenu
par l’Afrique du sud
Q
ue n’a-t-on pas entendu avant le début de ce Mondial 2010 qui se tient pour
la première fois en terre africaine. L’Afrique du Sud, puissance économique et
militaire qui peut rivaliser aussi bien avec le club fermé des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies et les grandes nations de football,
a souffert pendant la période des préparatifs de la grand-messe footballistique d’une vaste
campagne de dénigrement.
Pendant que certaines mauvaises langues tiraient à boulet rouge sur l’inadaptation des infrastructures et le problème de délestage, d’autres tentaient de présenter la nation arc-en-ciel
comme celle de l’insécurité où les gangs des townships n’hésiteraient pas à commettre les pires
barbaries pendant le déroulement du Mondial ou encore les risques de manifestations sociales
de populations défavorisées de nature à gâcher la fête.
Et bien, à mi-parcours du Mondial qui rentre dans la phase de son apothéose, aucun incident
majeur n’a été déploré encore moins des manifestations de contestation des disparités sociales
de nature à ternir l’image du continent. Le peuple sud africain a fait taire ses différences et
différends pour prouver aux yeux du monde sa maturité et sa capacité à surpasser les difficultés
internes.
Déroutés et confondus par l’organisation exceptionnelle de ce Mondial en Afrique du Sud, ces
mêmes détracteurs tentent péniblement de corriger maladroitement le prisme de leur regard
déformés et chargés de stéréotypes. Aujourd’hui, certains se complaisent à dire que « l’Afrique
du Sud n’est pas l’Afrique.»
A quel continent faut-il rattacher le pays de Nelson Mandela d’autant plus que ce pays, désormais certifié « iso réussite » se démarque de cette autre Afrique de la guerre, de la famine,
de la dictature, de la corruption, des violences, des violations des Droits de l’Homme (…) Une
Afrique condamnée à la misère, à la mendicité et dont le sort est scellé.
Des médisances gratuites qui portent à croire que le racisme n’est pas prêt de disparaître de
nos vilaines mœurs même si le "sport roi" est considéré comme facteur de rapprochement entre
les peuples du monde et celui qui adoucit en quelque sorte les mœurs.
Il est peut-être encore trop tôt pour tirer les conclusions et les enseignements de ce premier
mondial organisé en terre africaine. Dès le coup de sifflet final mettant fin à la compétition, les
Africains auront le dernier mot.
D’ores et déjà, nous osons croire que le désintérêt ou le manque de considération à l’égard de
l’Afrique est proportionnellement lié à son poids dans le concert des continents.
C’est pourquoi, il faudra que l’Union Africaine s’aligne sur la position du président français, Nicolas Sarkozy, qui a promis de peser de tout son poids pour que l’Afrique ait au moins deux à
trois représentants détenteurs du droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
C’est à ce prix que l’Afrique se fera respecter.
Clément Yao
Edito
Diasporas
News
Numéro 9 de Juillet 2010
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Ont collaboré à ce numéro :
CLEMENT YAO
Alex ZAKA
Karim WALLY
Maud OYABI
Faustin DALLY
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Cissé SINDOU, Moussa DIOMANDE
Impression : En France
ISSN : 2105-3928
Politique
Burundi :
nuits de cristal à Bujumbura
Le spectre de l’instabilité plane de nouveau sur le Burundi. Les grenades sont de nouveau
dégoupillées à Bujumbura faisant plusieurs blessés. Pourquoi ? Un signe de mécontentement et de contestation ! Car Pierre Nkurunziza, Président de la République sortant,
reste seul en lice pour les élections présidentielles du 28 juin. L’opposition a décidé de les
boycotter après avoir dénoncé les irrégularités et les fraudes massives des élections communales du mois de mai.
L
e monde entier s'était focalisé sur le
génocide rwandais de 1994 qui, rappelons-le, avait fait plus de 800 000
morts en seulement quatre mois. Son
voisin burundais a subi le même sort et, ce,
pendant longtemps, sans que la communauté
ne s’en émeuve. Elle était plus préoccupée
par les millions de morts dus à la propagation du problème rwandais en République
Démocratique du Congo et surtout par l’intérêt que suscitait la richesse minière de cette
dernière aux yeux des grandes puissances.
La guerre civile burundaise commença en
1993 et fit plus de 200 000 victimes. Les histoires de ces deux pays sont intimement liées
et un évènement majeur dans l’un ou l’autre
engendre inéluctablement une conséquence
chez son voisin.
L’origine du clivage tutsi-hutu
Le Burundi et le Rwanda étaient composés
d'une mosaïque de royaumes constitués en
majorité de deux ethnies : les Tutsis, peuple
pasteur et aristocrate et les Hutus, agriculteurs. La distinction entre les deux groupes
n'est pas très marquée car un Hutu s’ennoblissait dès lors qu’il acquérait un troupeau.
L’histoire du continent bascule dans la seconde moitié du XIXe siècle. La référence
reste toujours la Conférence de Berlin de
1884 qui scelle le partage de l’Afrique en
diverses possessions occidentales. L’Allemagne obtient un accès à la mer sur la côte est
de l’Afrique. Elle hérite de la Deutsch Ost
Afrika c’est-à-dire la Tanganyika (l’actuelle
Tanzanie) à laquelle a été adjointe le Ruanda-Urundi (Rwanda-Burundi). Pour pacifier
les deux royaumes, les Allemands établis-
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Diasporas News
sent une base militaire et un comptoir
commercial à Usumbura (Bujumbura) en
1899. Après la défaite allemande de
la guerre 1914-18, ses colonies passent
entre les mains des vainqueurs. C’est ainsi qu’une partie du Ruanda est rattachée
à l’Ouganda (colonie britannique) tandis
que l’Urundi et l’autre partie du Ruanda
passent sous mandat belge. Outre le
Congo, l'empire colonial de Belgique
détient maintenant le Ruanda-Urundi et
un accès vers le canal de Mozambique.
C’est à cette époque que l’administration coloniale décide de favoriser l’aristocratie tutsie en confiant à son bras séculier,
c’est-à-dire l’église catholique, la mission
civilisatrice et ses deux mamelles : la santé
et l’éducation. Le colonisateur instaure aussi
un contrôle indirect en déléguant les mesures disciplinaires aux Tutsis qui détiennent le
droit de punir les Hutus. Ces derniers en sont
réduits au rôle de subalterne, corvéable à
merci. Au clivage clanique, la puissance coloniale a rajouté une dimension sociale, basée
cette fois-ci sur un critère économique : un
Hutu enrichi accède au statut de Tutsi donc à
un statut d'aristocrate et le Tutsi pauvre sera
relégué en Hutu. Cette décision arbitraire
a engendré des ressentiments hutus face à
l’arrogance des Tutsis. Mais la situation s’est
inversée. En effet, au sortir de la seconde
guerre mondiale, l’élite coloniale tutsie, plus
instruite et mieux éduquée, prend la tête des
luttes pour l’accession à l’indépendance. Le
colonisateur, affligé par tant d’insolences et
un tel revirement, décide de changer de politique d’assimilation vers les années 1950.
Les Hutus ont désormais toutes les faveurs et
les avantages octroyés autrefois aux Tutsis.
Les premières guerres civiles
L’église catholique et l’administration coloniale ne cessent d’attiser les rivalités entre communautés tutsie (15% des habitants) et hutue
(85%). Au nom de la démocratie majoritaire,
ils soutiennent vaille que vaille les Hutus plus
nombreux. Au Rwanda, plus de 200.000 Tutsis cherchent refuge hors des frontières à la
suite des massacres de 1959 qui entraînent
le renversement de la monarchie tutsie. Pour
éviter la transposition du conflit ethnique, le
voisin burundais anticipe et prend le contrôle
de l’armée et du pouvoir politique mais ne
sera pas épargné par la répression. Le prince Rwagasore, chef du gouvernement, fut
assassiné en 1961 avant l’accession du Burundi à l’indépendance en juillet 1962. Une
monarchie républicaine s’instaure alors avec
un contrôle de tous les rouages de l'État par
la minorité tutsie et son parti unique, l’UPRONA (Union pour le Progrès National). Dix ans
plus tard, le Burundi s’embrase de nouveau
; cela suite à l’arrestation et la mort du roi
Ntaré V. S’en suit une violence ethnique qui
vise à éliminer l’élite hutue, pendant un an et
qui scelle par là
même la fin de
la monarchie.
Elle provoqua
la mort d’environ 300.000
personnes
et
la fuite de
200.000 Hutus
vers les pays
frontaliers.
Dès lors, le Burundi
ne connaît qu’une succession de coups d'État.
Le Président Michel Micombero, arrivé au
pouvoir en 1972, est déposé par le colonel
Bagaza en 1976 ; lequel sera renversé en
1987 par le major Pierre Buyoya, d’origine
tutsie. Ce dernier tente de mettre en place
une ouverture démocratique en édictant une
charte d’unité nationale. Malgré plusieurs
massacres en 1988, le Burundi tient enfin sa
Constitution et l’avènement du multipartisme
en 1992.
La vague de deuxième guerre
civile et les accords d’Arusha
Le 1er juin 1993, un Hutu, Melchior Ndadaye, fut élu premier président de la République burundaise au suffrage universel. Il a
devancé le candidat de l’UPRONA, Pierre
Buyoya par un score de 65% contre 32%. Il
nomma comme chef de gouvernement Sylvie
Kinigi, une Tutsie, avec pour mission prioritaire le renforcement de l’unité nationale. Cette
cohabitation en haut-lieu ne dura que 6 mois
car l’ethnie tutsie avait toujours la main mise
sur l’armée. Le 20 octobre de la même année, le palais présidentiel fut encerclé par
les parachutistes tutsis. Le Chef de l’Etat et
six membres du gouvernement ainsi que le
président de l’Assemblée Nationale et son
Vice-président furent éliminés. Le Burundi
s’enflamma de nouveau et le bilan oscille entre 100.000 (source : HCR) et 200.000 morts
selon les rescapés.
S’ouvre alors une période d’instabilité de cinq
ans pendant laquelle pas moins de trois présidents de la République se sont succédés à la
tête de la nation. D’abord, Cyprien Ntaryamira, qui subira le même sort. Il périt avec
le président rwandais Juvénal Habyarimana,
le 6 avril 1994, par un tir de missile sur leur
avion, un Falcon 50 en approche finale de
l’aéroport de Kigali en provenance de Tanzanie. Ensuite, Sylvestre Ntibantunganya,
un rescapé de la liste noire du 20 octobre
1993, assura l’intérim avec un gouvernement
de coalition jusqu’à sa confirmation en septembre 1994. Le 25 juillet 1996, un coup
d’Etat l’oblige à se réfugier à l’Ambassade
des États-Unis et c’est encore le major Pierre Buyoya qui prend la tête de l'État. Il est
soupçonné d’être l’instigateur de l’assassinat
de Melchior Ndadaye ; aussi la communauté
internationale décrète un embargo économique sur le Burundi. Une guerre civile diffuse,
moins spectaculaire, secoue le pays pendant
encore quatre ans. C’est à cette époque que
Nelson Mandela s’implique directement avec
le soutien des chefs d’Etats voisins (comme
l’ougandais Yoeri Museveni et Benjamin
Mkapa pour la Tanzanie), pour mettre en
place les accords d’Arusha du 20 août 2000.
Son contenu englobe : la mise en place d’une
transition consensuelle de 3 ans, la sécurisation des opposants de retour d’exil, l’arrivée
de forces d’interposition pour faire respecter
les accords. L’application de cet accord de
paix commande la formation d’un gouvernement pluriethnique avec un vice-président
hutu en la personne de Domitien Ndayizeye.
Celui-ci succéda à Pierre Buyoya en avril
2003 conformément aux accords d’Arusha,
et ce jusqu’à l’organisation d’un référendum
constitutionnel et d’élections législatives, municipales en 2005.
L’avènement de Pierre
Nkurunziza.
Leader du FDD (Forces pour la Défense de la
Démocratie), sorti majoritaire au parlement
à l’issue des élections législatives, il a été élu
le 19 août 2005 Président de la République,
par suffrage universel indirect. Depuis 2003,
six des sept groupes rebelles ont déposé les
armes ; mais les Forces Nationales de Libération (FNL), groupe rebelle à majorité hutu, ne
sont jamais rentrées dans les rangs. De leur
point de vue, tant que l’armée est contrôlée
par les Tutsis, ils ne participeront pas à un
gouvernement d’union nationale. Et pourtant
l’espoir était permis après la signature, en
septembre 2006 à Dar-Es-Salam, d’un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement
et le FNL. Mais la trêve fut de courte durée
car dès le mois de juillet de l’année suivante,
les forces du FNL ont repris le maquis. Si bien
qu’en avril 2008, ils prirent position sur les
collines bordant Bujumbura. Le pouvoir politique essaye de négocier mais l’armée reste
inflexible. Le siège a duré un mois et s’est
soldé par au moins 100 morts. Finalement,
un accord de paix sera signé en décembre
2008. Agathon Rwasa, leader du FNL, rentré
de 20 ans d’exil quelques mois plus tôt, annonce le désarmement et la démobilisation
des rebelles.
Jusqu’à nos jours, la paix reste fragile et plusieurs facteurs d’instabilité restent toujours en
filigrane : les problèmes de retour des exilés,
les divers conflits régionaux de la région des
Grands Lacs et surtout les difficultés du processus électoral.
2010, année de tous les
dangers
C’est dans ce contexte que s’ouvre en 2010
le calendrier électoral : d’abord les communales (mai), ensuite les présidentielles (28
juin) et enfin les législatives (23 juillet).
L’opposition a constaté des irrégularités massives lors des élections municipales du mois
de mai et conteste les résultats. Les observateurs internationaux ne sont pas du même
avis alors que des urnes ont disparu après
une coupure d’électricité de trois heures. D’un
commun accord, les partis politiques d’opposition décident de boycotter les élections
présidentielles du 28 juin en décrétant un retrait de tous ses candidats.
On redoute aujourd’hui un regain de violence et que le FNL reprenne le chemin de
la rébellion. Depuis quelques semaines, des
grenades sont régulièrement lancées dans
des quartiers animés de Bujumbura ne faisant, par miracle, que 30 blessés. Et les permanences du CNDD-FDD, le parti au pouvoir,
sont également saccagées voire incendiées.
Les autorités ont arrêté des membres du FNL
soupçonnés d’être à l’origine de ces troubles
à l’ordre public. La société civile essaye de
calmer le jeu en proposant de différer la
date des élections présidentielles du 28 juin.
Alex ZAKA
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Politique
Gabon :
le défi du Président Ali Bongo
Ali Bongo, au pouvoir depuis maintenant un an, s’est fixé comme
ambition de faire entrer le Gabon dans le 21 ème siècle. « Gabon
vert », « Gabon industriel », « Gabon des services », tel est le leitmotiv en vogue même s’il n’est pas encore affiché sur le fronton
des bâtiments publics. Le parcours sera long et semé d’obstacles
pour atteindre cet objectif ; l’essentiel n’est-il pas d’afficher la volonté et de mettre en place les moyens d’y parvenir ?
Ali Bongo Odimba (ABO) :
entre transition et rupture
C’est déjà en soi une mini-révolution que de
faire évoluer les mentalités sclérosées par
quarante années de pouvoir omnipotent de
feu Omar Bongo Odimba. Une autre est de
se débarrasser de la cour présidentielle. Le
pouvoir de feu Omar Bongo aurait-il duré
aussi longtemps sans ce clientélisme érigé en
système ? ABO aura-t-il les épaules suffisamment larges pour assumer l’héritage ?
Comment se passer des gardiens du temple,
les fidèles de Papa, compagnons de lutte qui
espéraient légitimement sinon reprendre le
flambeau au moins obtenir une parcelle du
pouvoir, après la mort du « Vieux » ? Et les
autres : les barons, ducs qui s’accrocheront
mordicus à leurs privilèges d’autrefois ? ABO
entend avoir les coudées franches pour diriger le pays. Ses relations avec Pascaline
Bongo, directrice de cabinet de son père,
se distendent ; elle a pris ses distances visà-vis de son frère dans un souci d’éviter la
fragilisation de l’unité du clan, . Elle préfère
maintenant voyager entre le Gabon, la France et les États-Unis et s’occupe désormais de
la gestion du patrimoine familial. Et puis il y
a ceux, qui, au moment de la succession ont
préféré rester au sein du Parti Démocrate
Gabonais (PDG). À leurs yeux, leur fidélité
n’a pas été récompensée en retour à sa juste
valeur. On citera l’oncle même du nouveau
Président de la République, son prédécesseur au ministère de la Défense, le général
Idriss Ngari, obligé d’étouffer ses ambitions
présidentielles ; il est devenu simple député mais s’avère indispensable car il pèse
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lourd pour contrôler toute une région du
côté de Ngouoni. L’assemblée nationale est
aujourd’hui un vaste cimetière d’éléphants :
d’anciens ministres ou hiérarques du PDG qui
fulminent d’avoir été mis à l’écart sans obtenir un maroquin alors qu’ils ont soutenu le
candidat du parti.
À la mort du président défunt, les profondes divisions et les ambitions des hiérarques
s’étalent au grand jour. En effet, les dissidents, qui ne souhaitaient pas une fois de
plus, voir un Bongo Odimba succéder à un
autre, ont préféré quitter le parti au pouvoir.
C’est ainsi que trois ministres du dernier gouvernement d’Omar Bongo Odimba sont venus gonfler les rangs d’une pléthore de candidats aux élections présidentielles du mois
d’août 2009. Parmi eux, un ancien premier
ministre, Jean Eyéghé Ndong, et le ministre
de l’Intérieur sortant, André Mba Obame. À
l’issue du premier tour, après la dénonciation d’une élection présidentielle biaisée, les
déçus du pouvoir ont rejoint les opposants
historiques. Ils forment depuis le mois de février un parti politique pour une alternance
démocratique : l’Union Nationale (UN) avec
Zacharie Mbyoto, André Mba Obame, deux
anciens chefs de gouvernement, en l’occurrence Casimir Oyé Mba et Eyéghé Ndong.
L’UN viendra étoffer le rang de l’opposition
avec l’Union du Peuple Gabonais (UPG) prônant l’alliance pour le changement et la restauration, dont la figure de proue est Pierre
Mamboundou, affaibli depuis quelques mois
par un problème de santé.
Mention spéciale à Paul Biyoghé Mba,
nommé premier ministre le 17 juillet en remplacement d’Eyéghé Ndong et reconduit en
octobre 2009, il se déclara lui-même candidat à la magistrature suprême. Aujourd’hui, il
dirige le gouvernement sensé bâtir un projet
de société pour faire entrer le Gabon dans
le 21ème siècle.
Le renouveau
Le Gabon a du mal à se débarrasser d’un
stéréotype qui lui colle depuis 40 ans : PUM,
un acronyme qui signifie Pétrole, Uranium et
Manganèse. Ce sont les trois mamelles nourricières de l’économie nationale et dans une
moindre mesure, l’exploitation des grumes.
L'Afrique n’est pas à un paradoxe près :
l’exploitation de ses matières premières depuis 50 ans a davantage profité aux pays
industrialisés ainsi qu’à une oligarchie qui
s’est succédée au pouvoir. Le peuple aspire
aujourd’hui à plus d’équité et de justice sociale. Une meilleure répartition des richesses
à l’ensemble de la population et le comblement du retard en matière d’équipements
collectifs semblent devoir être une des priorités de nos dirigeants.
Dans son discours d’investiture, ABO a fait
sienne la devise suivante « Paix, développement et partage ». Les réformes engagées
depuis 9 mois vont dans ce sens. Outre la
conjoncture actuelle, les contingences et les
pesanteurs administratives sont des paramètres avec lesquels le gouvernement doit
composer.
D’emblée, le nouveau gouvernement doit faire face à des mouvements de revendication
sociale. Le premier baptême de feu du chef
de gouvernement fut sans doute la grève
des étudiants du mois de février
dernier. Elle fait suite à un non
paiement d’arriérés de bourse. La
réaction des forces de l’ordre pour
réprimer et étouffer les aspirations
légitimes de la jeunesse a été disproportionnée ; elle fut d’ailleurs
dénoncée par l’opposition qui
déplore de nombreux blessés.
Aujourd’hui encore, il ne fait pas
bon de tomber malade au Gabon.
Le personnel médical a recommencé une grève tournante pour
une histoire de prime et d’intégration, dans
les centres hospitaliers. Déjà l’année dernière,
celle-ci a duré cinq mois. Maintenant, le mouvement fait tâche d’huile et atteint les centres
de santé de province.
C’est dans ce contexte que l'État entame une
réforme impopulaire dans la Fonction Publique. Dans sa recherche d’une efficacité et
de rigueur budgétaire, il décide de rayer de
la liste environ 2.000 pseudo-fonctionnaires
contractuels. En même temps, la journée continue, dont les bienfaits sur la productivité restent encore à prouver, est entrée en vigueur
Les réformes économiques
Les clignotants sont quelques peu alarmants :
5% de croissance moyenne, plus de 25% de
taux de chômage, le Gabon s’est engagé à
inverser la tendance par un plan quinquennal,
une sorte de feuille de route des programmes
d’investissement qui devrait toucher tous les
secteurs d’activité. Pour cela, il a un besoin de
financements. Pourquoi ne pas avoir recours à
des prêts étrangers ? Mais il mise surtout sur
des recettes d’exportation qui dépendraient
principalement du revenu pétrolier. D’autant
plus que le projet d’exploitation de fer de
Belinga avec un consortium chinois semble
prendre du retard. Il s’agit d’un investissement de 3.000 milliards d'€uros qui prévoit
un complexe industriel de traitement in-situ,
250 km de voie ferrée. Mais le Premier ministre a déclaré il y a quelques mois que « la
convention Belinga fera l’objet d’un réexamen
approfondi et juste… en cas de nécessité, des
mesures correctives seront prises ». Les ONG,
qui se sont érigées contre la construction d'un
barrage sur le site des célèbres chutes de
Kongou, ont-elles fait reculer les autorités ? Ce
serait plutôt les chinois qui auraient revu leurs
ambitions à la baisse à cause d’une conjoncture mondiale morose.
Pour les réformes économiques, il est urgent
actuellement de tabler sur une rentrée de devises conséquentes. Le mot de préférence nationale n’est jamais prononcé mais on assiste
depuis quelques mois à une sorte de nationalisation rampante dans plusieurs secteurs.
D’abord les grumes : quelle ne fut la surprise
des exportateurs et des sociétés étrangères
lorsque l'État a décrété une interdiction totale
de sortie de bois brut. En d’autres termes, les
grumes doivent être transformées sur place
avant d’être exportées. Initialement prévue
en 2012 et avec un plafond à 75%, cette
décision fût prise par le président de la République fraîchement élu, juste avant le Sommet
sur le changement climatique de Copenhague
en décembre 2009. Simple effet d’annonce
ou volonté ferme et radicale de changement
; toujours est-il que des dérogations ont été
parcimonieusement distribuées pour permettre à des initiés de liquider des stocks constitués avant le 31 décembre 2009.
Quant au pétrole, le 10ème appel d’offre
des blocs pétroliers prévu au mois de mai a
été reporté en octobre. Il s’agit de gisements
en eau profonde et l'État préfère différer le
lancement pour pouvoir diversifier ses partenaires, faire monter les enchères et peser
davantage sur les négociations. Dans le même
ordre d’idée et dans un souci de s’ouvrir à
d’autres partenaires, une délégation de la firme américaine General Electric était en visite
de prospection pour le secteur énergétique.
En effet, le Gabon s’est fixé un objectif ambitieux de 1.000 mégawatts en 5 ans.
La relation avec la France
La France redoute qu’elle ne doive faire
de la place à d’autres partenaires dans ce
joyau où les filiales de sociétés hexagonales prospéraient sans partage autrefois. A
l’instar de la réalité Djiboutienne, l’installation d’une base militaire américaine est devenue une évidence. Mais le redéploiement
des bases militaires françaises en Afrique
a épargné les Forces Françaises au Gabon
(FFG) de 1.000 hommes, présentes depuis
les années 1960. Bien au contraire, l’accent
est aujourd’hui mis sur le renforcement des
capacités avec plusieurs volets de formation
pour la gendarmerie nationale et la police.
Les échanges commerciaux franco-gabonais
tournent annuellement aux environs du milliard d’€uros. Le président Nicolas Sarkozy,
lors de sa dernière visite en février dernier,
a préparé un Plan de Partenariat Stratégique (DCP) qui marquera le renouveau de
la coopération économique entre les deux
pays. Les sujets qui fâchent, comme la bonne
gouvernance ou la lutte anticorruption et
l’enrichissement illicite, ont été survolés. Car
l’essentiel est ailleurs : il était prévu l’accompagnement d’une dizaine de PME alors qu’à
l’arrivée ce sont les mastodontes de la françafrique (MEDEF, CIAN, Bolloré, Veolia-EDF,
Total) qui sont descendus de l’avion présidentiel. L’Aide Publique au Développement
(APD) effective octroyée par la France se
réduit ou est diluée par des jeux d’écriture
comptables de sa finance publique. C’est
dans ce contexte que l’AFD a signé des accords de subventions d’accompagnement
des Investissements Directs à l’Etranger (IDE)
des entreprises françaises pour la construction d’infrastructures routières, de l’énergie
ou des NTIC. Pour le reste, l’effacement de
l’ardoise gabonaise au profit de la France
dans le cadre de l’IPPTE (Initiatives des Pays
Pauvres Très Endettés) sera alloué dans le
domaine de l’environnement et de la préservation de la biodiversité.
Un feuilleton vieux de 2003 sur la guerre des
ports en Afrique que se livraient le groupe
Vincent Bolloré et la PROGOSA (groupe Jacques Dupuydauby) va connaître son épilogue.
Il s’agit de l’arbitrage de la Banque Mondiale
via le CIRDI sur un litige de l’attribution illégale au groupe Bolloré de la concession portuaire au Gabon. C’est donc un héritage paternel que le fils devra, encore une fois, solder.
L’addition sera pour l'État gabonais et elle est
estimée à 100 millions €uros.
Alex ZAKA
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Politique
GABON 2010
Par StrategiCo.
Analyse de
risques
Notation StrategiCo: 9/14 (Risque gérable)
Président: Ali Bongo Ondimba - « ABO » (octobre 2009 )
Population: 1,5 millions (estimations 2009)
PIB (courant, 2010): 5.740 milliards CFA
Indice de développement humain (IDH, PNUD):
103ème mondial (2007), «IDH moyen », et troisième en Afrique
Contexte régional: CEMAC – Commission de la
Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale
Pays riche en termes de PIB, des progrès restent encore à faire en matière de répartition des richesses,
malgré une amélioration notable des indicateurs
de développement humain et l'accroissement du
PIB par tête à 4.206 dollars U.S en 2010 contre
4.050 dollars en 2009). Le pays a un taux d'alphabétisation parmi les plus élevés d'Afrique, avec près
de 65%. Cinquième producteur pétrolier d'Afrique
avec 12,58 millions de barils en 2009, le Gabon
pourra voir sa production remonter avec l'ouverture
de nouveaux champs. Le pays tente une diversification depuis quelques années vers le secteur minier
et manufacturier, afin de réduire sa dépendance
vis-à-vis du secteur pétrolier (environ 40% du PIB et
80% des exportations).
Perspectives économiques 2010: Après une année
2009 difficile, marquée par des « événements
douloureux » couplés d'élections, les objectifs
économiques n'ont pas pu être atteints. Un plan
d'émergence a été mis en place pour 2010, visant
à relancer l'économie par la mise en œuvre d’un
ambitieux programme d’investissement, l’optimisation du climat des affaires et l’amélioration de la
gouvernance.
La croissance en 2010 est attendue à 5,4% (contre
des prévisions initiales de 2,6%) grâce à la hausse
des cours des matières premières favorisée par
le regain de la demande dans les secteurs sidérurgique et des hydrocarbures. La croissance du
secteur hors pétrole tirée par les chantiers de la
Coupe d'Afrique des Nations 2012, les infrastructures en construction dans le cadre du cin-
8
Diasporas News
quantenaire (17 août 2010) y contribueront, ainsi
que celle des télécommunications, des transports, du
commerce et du BTP.
Le budget 2010 est en hausse de 35% en dépenses
par rapport à 2009, passant ainsi à 2.096 milliards.
Le pétrole représente encore 54% des ressources,
estimées à 1719,1 milliards CFA (+38% par rapport à 2009). La masse salariale augmente de 4%
à 384,5 milliards CFA. Le déficit, de près de 377
milliards CFA, sera financé par des emprunts en
hausse de 24%, essentiellement liés à l'infrastructure (à 73% du total, soit 278 milliards CFA).
oublier que les aspects dynastiques du pouvoir ou
le fils a tout de même succédé au père. De même, la
chose publique est caractérisée par des liens étroits
entre le pouvoir, les affaires et l'armée.
L'opposition tente depuis 2009 de s'unir et s'est regroupée sous l'UN, Union Nationale. Lors d'élections
législatives partielles de juin 2010 pour remplacer
les députés ayant perdu leur mandat en quittant
le PDG, AMO (André Mba Obame) et Jean Eyeghe Ndong ont reconquis leurs sièges. Il n'est pas
certain que le front de l'opposition résiste aux ambitions personnelles de chacun. Cependant, malgré
une machine bien huilée au pouvoir, les choses ont
changé au Gabon, avec une société civile bien organisée et proche de la population.
Risques 2010 :
Ils sont essentiellement politiques avec des implications régionales, les aspects ethniques s'étendant au
delà des frontières du pays. Les grèves dans le secteur public et pétrolier, sont également un facteur
de risque en 2010. Enfin, l'impact de la hausse des
salaires dans la fonction publique, puis dans le secteur privé, reste à évaluer, le SMIG a été en effet
porté à 150.000 CFA depuis janvier 2010, contre
80.000 précédemment.
Situation politique: La scène politique est plutôt
calme depuis les élections du 30 août 2009 qui ont
vu l'arrivée d'ABO et les législatives partielles de
Pour en savoir plus, consulter StrategiCo.
juin 2010 pour remplacer les députés ayant quitté
le parti au pouvoir, PDG (Parti démocratique du
StrategiCo. 17, Rue Doudin
Gabon) et un siège au sénat. Le président Bongo
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a vu son parti renforcé par ces partielles, conserindépendant d’analyse de risques en Afrique, créé en 2005.
vant sa majorité. Ali Bongo semble s'inscrire dans la
continuité de la politique de son père
tout en y apportant une touche
de modernité. Par
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interdit les sacs en
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Crise ivoirienne :
A quand la fin du film ?
La situation en Côte d’Ivoire illustre bien ce qu’on peut qualifier de théâtralisation de la vie politique. Depuis
2005, le feuilleton ivoirien n’a pas fini de livrer ses secrets et de surprendre le monde sensé. Aujourd’hui, ce
qui importe aux yeux de l’opinion, c’est la fin du film.
L
e chef de l’Etat ivoirien, Laurent
Gbagbo, confiait dans les colonnes
d’un confrère qu’il est un accroc des
films westerns, et qu’avant d’aller se
coucher, il se régale à regarder un DVD de
Sergio Leone, Clint Eastwood, John Wayne,
Cecil B. Retenant de ce hobby que « les grandes batailles ne s’engagent qu’à la fin.»
Une confidence en apparence anodine mais
qui dénote l’état d’esprit de la crise ivoirienne. Depuis 2005, on est bien dans une
espèce de théâtralisation de la vie politique
en Côte d’Ivoire. Dans le rôle principal, bien
sûr, Laurent Gbagbo himself, qui est à la fois
le concepteur du scénario et le réalisateur. Le
second rôle est évidemment joué par Soro
Guillaume Kigbafori, cosignataire de l’APO
– Accord politique de Ouagadougou – et le
troisième rôle, revient à l’opposition toutes
tendances confondues. Le peuple, spectateur
par la force des choses, s’impatiente depuis
cinq longues années de voir enfin la fin du film.
Un long métrage qui a déjà connu deux héros tragiques. L’un, déchu par coup d’Etat en
1999 et en lice pour la prochaine échéance
présidentielle, et l’autre assassiné dans des
circonstances non encore élucidées lors des
événements de septembre 2002, à
l’origine du « western macaroni »
ivoirien. Sans compter les nombreuses
victimes comptabilisées
pendant
la guerre et les
manifestations de
contestation.
A bien regarder,
les Accords de
Marcoussis ont été
la source d’inspiration d’un scénario
catastrophe changeant au gré des circonstances et des ambitions politiques affichées. Les
rôles ont été plusieurs fois redistribués par le
chef d’orchestre alors qu’au sortir de la conférence de Kléber, théoriquement, ce dernier
avait été dépouillé
de l’essentiel de
ses prérogatives.
Celles-ci avaient
malicieusement été
concentrées aux
mains d’un Premier
ministre de consensus. La suite de
l’histoire est bien
connue aujourd’hui.
Après quatre années de tergiversations, Marcoussis
a été remplacé par
l’APO au grand
dam de Paris. Pendant ce temps, beaucoup d’eau a coulé sous
les ponts. On retiendra la façon dont le Premier Ministre de consensus, Seydou Elimane
Diarra, a été très rapidement décrié par le
camp présidentiel puis désavoué avant d’être
débarqué. Ensuite, ce fut le tour de Charles
Konan Banny de faire les frais de sa naïveté
et d’un « tandem » dont il ne maîtrisait ni les
tenants ni les aboutissants malgré un soutien
aveugle de Paris à sa personne.
Adaptant le scénario au nouveau contexte,
Laurent Gbagbo, a fini par trouver la solution
miracle à Ouagadougou grâce à la médiation
de Blaise Compaoré pourtant considéré sur
les bords de la lagune Ebrié comme le faiseur
de guerre et de paix dans la sous région.
Après la signature de l’APO en mars 2006,
cet accord a failli voler plusieurs fois en éclats.
A chaque épisode, on remanie et on remet
des pièces de rechange de sorte à obtenir
un semblant d’harmonie gouvernementale. La
dernière affaire en date, a été la dissolution
du gouvernement et de la CEI – Commission
électorale indépendante –. Schématiquement, on essaie toujours de respecter un certain équilibre au vu des accords, mais dans le
fond, il ne reste plus grand-chose au consensus
national.
Tous les efforts déployés pour créer les conditions idoines à l’organisation des élections sont
en train d’être anéantis. Avant la fin de l’an9
Diasporas News
Politique
sur la sellette, Désiré Tagro, ministre de l’Intérieur FPI, pourtant considéré comme un des
intouchables du dispositif de Laurent Gbagbo
pour la conservation du pouvoir, et le Premier
ministre Guillaume Soro, même si pour l’heure
à son cabinet à la Primature, ses collaborateurs minimisent sa citation directe dans une
affaire de corruption estimée à plusieurs millions d’euros. Une enquête parlementaire très
appuyée par le président de l’hémicycle ivoirien qui n’est rien d’autre que le Pr. Mamadou
Coulibaly, un des maillons forts du régime en
place, pourrait voir le jour dans les semaines
à venir pour situer les responsabilités. Une situation qui laisse penser que le parti au pouvoir fait lui aussi le ménage en son sein après
la première vague d’arrestations de certains
barons de la filière café-cacao proches du régime. Même si d’aucuns parlent d’une manœuvre dilatoire du pouvoir pour retarder la date
électorale, force est de reconnaître que cette
opération n’est pas de nature à créer l’union
sacrée autour de Laurent Gbagbo.
Dans l’expectative du calendrier électoral, le
feuilleton à rebondissements ivoirien continue
donc de livrer ses secrets sans que l’on ne sache vraiment la fin de l’épilogue qui, à coup
sûr, réserve des surprises.
Le suspense continue donc de faire palpiter
le cœur des populations, spectatrices, malgré
elles, de scènes parfois honteuses et déshonorables.
Clément Yao
née en cours, il n’est même pas certain qu’une
liste électorale définitive soit disponible. Car
la bataille de l’identification des populations
n’est toujours pas terminée. Le camp présidentiel soupçonne l’opposition et l’opérateur
technique français, la Sagem, d’avoir
trafiqué la liste électorale provisoire.
Malgré l’assurance donnée par des
sondeurs, payés rubis sur l’ongle, créditant Laurent Gbagbo vainqueur
dans tous les cas de figures imaginés,
le camp présidentiel redoute que la
vérité des urnes ne soit pas celle escomptée.
Cette affaire de liste électorale non fiable a pris ces dernières semaines, une
telle proportion dans le débat national
que le risque d’un clash entre pouvoir
10
Diasporas News
et ex-rebelles est devenu grand. L’opération «
mains propres » lancée par Laurent Gbagbo
pour ausculter les dérives au sein de l’administration ivoirienne, ne se limitera pas qu’aux
fonctionnaires de petits calibres. Ont été mis
Politique
Guinée-Conakry :
1er tour des élections présidentielles
La nuit du 2 juillet 2010 : toute la fierté de l’Afrique était
portée par les jeunes Black Stars du Ghana au Soccer City
de Johannesburg. Tout le continent africain a pleuré l’élimination de leur dernière équipe en lice, commenté le penalSékouba Konat
ty raté d’Asamoah Gyan, à la fin des prolongations d’un
palpitant Uruguay-Ghana. Bref, c’est encore une histoire
de main mais après tout c’est du jeu ! Pendant ce temps-là, les Guinéens retombent plus
vite sur terre que le reste du monde…
En effet, c’est très tard cette nuit-là que Ben Sékou Sylla, le président de la Commission
Electorale Nationale Indépendante (CENI) proclame officiellement les résultats provisoires du premier tour des élections présidentielles.
A
insi, le second tour se jouera, le
18 juillet 10, entre Cellou Dalein
Diallo de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG),
qui arrive largement en tête avec près de
40% des voix, contre l’opposant historique
Alpha Condé représentant le Rassemblement
du Peuple de Guinée (RPG) qui culmine à
20,67%. Pour le reste, le podium est complété
par Sidya Touré du parti libéral, l’Union des
Forces Républicaines (UFR) avec 417 261 de
suffrages exprimés soit 15,60%. Rappelons
que ce scrutin se voulait être le plus ouvert
possible ; il y a donc une pléthore de candidats : une vingtaine ! Et pourtant, le ticket
d’entrée était très cher : la CENI a fixé le
montant de la caution électorale à 100.000
USD contre seulement 11.000 €uros en 2003.
Ce qui a eu pour effet de limiter le nombre de
candidats car la Guinée dénombre une centaine de partis politiques pour une population
de 10 millions d’habitants. Laisser s’exprimer
toutes les sensibilités, certes, mais lorsque plus
de la moitié des postulants n'a pas pu dépasser 1% soit environ 25.000 voix, elle affaiblit
la démocratie plus qu’elle ne la renforce. Qui
a voté pour le candidat malheureux El Hadj
Bouna Kéita (RPG) ? Bon dernier, il totalise
1.779 voix ! Donnera-t-il une consigne à ses
électeurs pour soutenir le professeur Alpha
Condé, au second tour ?
Le taux de participation de 77% témoigne
d’un engouement collectif. Le peuple guinéen
a attendu plus 50 ans pour pouvoir exprimer
librement ses choix même si l’avènement du
12
Diasporas News
multipartisme remonte à une vingtaine d’années.
La soif de citoyenneté
Sékou Touré, le père de l’indépendance se
transforma très vite en dictateur. Il dirigea
en despote le pays depuis l'indépendance
jusqu’à sa mort en 1984, le mot « élection
» n’avait aucune existence légale en Guinée
; la population vivait sous la menace d’une
police acquise à la cause du despote et les
opposants étaient mis au secret. Vînt ensuite
le règne de Lansana Conté, jusqu’à sa mort en
2008. Bien que des élections aient été organisées en 1993 et 1998, au nom de l’ouverture démocratique, les résultats étaient courus
d’avance : ils favorisaient toujours le pouvoir
en place. Au crépuscule de sa vie, l’apparition
du vieux général se faisait plus rare. Affaibli
par un problème de santé, il était plus enclin
à se reposer dans sa résidence. Les rumeurs
de coup d'État vont bon train ; ce qui n’empêche pas le pouvoir de réprimer toute manifestation comme ce fut le cas lors de la grève
générale de 2006 et surtout de janvier 2007
qui a fait une trentaine de morts. En 2008, le
pays est exsangue ; les deux dictateurs ont
laissé en héritage un pays en ruine. Comment
la Guinée, avec un potentiel aussi riche, ne
peut-elle pas se dépêtrer d’une telle situation
? L’exploitation de matières premières, notamment la bauxite, mais aussi l’or, le diamant
ou le fer, n’empêche pas celle-ci de rester en
queue de classement des Nations-Unies relatif à la richesse des nations.
Le capitaine Dadis Camara, le
chef de la junte
Chassez le naturel et il revient au galop ! A
l’annonce du décès de Lansana Conté, profitant de la vacance du pouvoir et de la valse
hésitation de la classe politique à prendre les
choses en main, un phénomène arrive au pouvoir. Là, surgi de nulle part, arrive un groupe
de sous-officiers dirigé par le Capitaine Dadis Camara. Dès leur arrivée au pouvoir, ils
ont promis que la transition sera rapide et
qu’ils remettront le plus vite possible le pouvoir aux mains des civils. Au bout de quelques
semaines seulement, la junte a mis en coupe
réglée le pays. La communauté internationale
décide de mettre le pays sous embargo, en
guise de sanction, tant que le retour à l’ordre
constitutionnel n’est pas rétabli.
La manifestation de l’opposition dans le stade
du 28 septembre fait basculer la donne : au
mois de septembre dernier, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles, embroché et violé
des femmes pour réprimer dans le sang ce
meeting que le pouvoir en place avait interdit.
Le bilan s’est soldé par au moins 150 morts.
En dépit de la création d’une commission d’enquête indépendante initiée par le gouvernement, l’ONU avait aussi diligenté une autre
commission pour faire la lumière sur l’échelle
des responsabilités des membres de la junte
qui devront inéluctablement être traduits devant la Cour Pénale Internationale. Au fur et
à mesure de l’avancée de l’investigation onusienne, l’entourage proche du capitaine Dadis
Camara et lui-même se sentent menacés par
les révélations à venir. Parmi eux, le lieutenant
Aboubacar Chérif Diakité alias Toumba, aide
de camp du capitaine Dadis Camara, devrait
être entendu par ladite commission. Ce dernier ignore sa convocation d’audition et refuse
de porter tout seul le chapeau qui lui semble
trop grand pour lui. C’est ainsi que Toumba a
tenté de mettre fin aux jours de l’homme fort
de la Guinée le 3 décembre 2009. En effet,
le capitaine Dadis Camara est allé lui-même
chercher son ancien aide de camp dans sa
caserne alors que celui-ci refusait toute convocation malgré l’injonction de ses supérieurs
hiérarchiques. Il a alors tiré sur le capitaine
Dadis Camara à bout portant. Atteint d’une
balle en pleine tête et jugé dans un état critique, il sera finalement évacué au Maroc.
La transition du général Sékouba Konaté
Un homme émergea alors au moment où les
rivalités entre militaires s'exacerbaient ; ce
qui risquait à tout moment de faire basculer
le pays dans une guerre civile. Il s’agit du ministre de la Défense de la junte, le général
Sékouba Konaté. De réputation effacée, intègre, on avait l’impression qu’il ne voulait pas
assurer la transition. Mû par les circonstances
exceptionnelles, le sens du devoir et des responsabilités, il a fini par accepter son statut.
La tâche n’était pas une sinécure car il a fallu
mater toute velléité de rébellion dans les casernes, ménager la susceptibilité des proches
du capitaine Dadis Camara dont l’avenir politique est incertain et surtout mettre en place un
gouvernement d’union nationale avec les civils.
Les accords de Ouagadougou du 15 janvier
2010 scellent les dispositions pour amener la
Guinée vers le rétablissement de la démocratie. Ils contenaient la désignation du Premier
Ministre qui sera appelé à former un gouvernement ainsi que la fixation des échéances
électorales. Ce sera encore le président burkinabé qui a joué les missi dominici mais il faut
voir en coulisse la main des Etats-Unis, et de la
France qui se sont concertés plusieurs fois sur
le sol marocain. D’ailleurs, le général Sékouba Konaté s’est à maintes reprises déplacé à
Casablanca, pour s’enquérir de la santé de
son patron mais aussi peut-être pour rencontrer les émissaires américains et français.
L’élection présidentielle
En pareilles circonstances et après des décennies de disette démocratique, une réaction
épidermique ou quelques provocations pouvaient déclencher des incidents graves. A la
fin de la campagne, on a déploré seulement
Alpha Condé
Cellou Dalein Diallo
une confrontation violente dont ont été victimes les partisans de Cellou Dalein Diallo de
l’UFDG. Ils auraient été agressés par des colleurs d’affiches du candidat Sidya Touré. Le
bilan faisait état de deux morts.
La CENI avait initialement prévu de proclamer
les résultats provisoires au plus tard 72 heures après la fermeture des bureaux de vote.
Le fait que la Cour Suprême ait octroyé à la
CENI un délai supplémentaire de deux jours
a fait monter d’un cran le suspense. Les étatsmajors des plusieurs candidats rivalisaient de
déclarations et de communiqués sur des suspicions ou irrégularités et autres bourrages
d’urnes qui auraient émaillé le scrutin du dimanche 27 juin, alors que ce retard incombe
plus à un problème de logistique c’est-à-dire
au rapatriement de procès-verbaux vers la
capitale.
La plupart du temps, le vivier électoral des
partis politiques en Afrique est assuré en
majorité par l’ethnie du candidat. Une base
électorale nationale se conquiert, dans un
deuxième temps, par une notoriété si le postulant à la magistrature suprême a déjà occupé une fonction ministérielle voire de chef
de gouvernement. Le résultat du 1er tour des
élections présidentielles guinéennes ne déroge
pas à cette règle. Cellou Dalein Diallo, chef
de file de l’UFDG est d’origine peule, ethnie
qui constitue 40% de la population. Tandis
qu’Alpha Condé, du RPG, un vieux briscard
de l’opposition, est malinke (environ 35% de
la population).
Ce ne sont pas des perdreaux de l’année.
Ils font partie tous les deux du sérail. Le premier a déjà occupé des postes ministériels du
temps du Président Lansana Conté. Il a hérité aujourd’hui de la présidence du parti de
Mamadou Bâ, un opposant de Sékou Touré
décédé en mai 2009. Quant à Alpha Condé,
c’était un exilé de l’époque Sékou Touré qui
l’avait condamné à mort. Il est rentré en Guinée vers les années 1990. Il a déjà goûté
aux affres des geôles guinéennes pour avoir
contesté les résultats des élections présidentielles de 1998 alors qu’il était en ballotage
favorable contre le président sortant Lansana
Conté.
Moins de 24 heures après la proclamation
des résultats du premier tour, chaque candidat y allait de son couplet sur les irrégulari-
Sidya Touré
tés qui ont entaché le scrutin. Mais c’est Sidya
Touré de l’UFR, ancien premier ministre de
1996 à 1999, arrivé en troisième position,
qui conteste officiellement les résultats. Il dénonce une fraude massive et une falsification
des résultats en faveur d’Alpha Condé avec
la complicité de l’Organisation Internationale
de la Francophonie (OIF), chargée d’appuyer
la CENI. Ses propos sur l’antenne de RFI sont
sans équivoque : « Nul ne peut ignorer que les
résultats ont changé la nuit après une manipulation informatique des procès-verbaux ». La
CENI, elle-même, a reconnu à demi-mot l’existence de cas de fraudes et a déjà transmis les
auteurs des faits entre les mains de la justice.
Les candidats ont légalement le droit de saisir
la Cour Suprême dans un délai de huit jours.
Pour autant, le second tour aura-t-il bien lieu
le 18 juillet ? Dans ce cas de figure, le professeur Alpha Condé pourra-t-il refaire son
retard et obtenir suffisamment de reports de
voix pour l’emporter? En tout cas, il y va de
l’intérêt de la Guinée d’achever la transition
au plus vite en rendant le pouvoir aux civils et
de s’atteler à la lourde tâche du redressement du pays.
Amadou Lamine THIAM
GUINÉE : REPORT DU SECOND TOUR DE
L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
Vendredi dernier un responsable de la
CENI (commission électorale nationale indépendante) a annoncé le report du second
tour de l'élection présidentielle.
Notons que quelques jours avant, le Président de la transition le Général Sékouba
Konaté avait menacé de démissionner suite
à des accusations de fraudes portées à son
encontre par des manifestants.
Souhaitons dans cette affaire que soient
respectées les règles de la démocratie.
La communauté internationale suit de très
près l'évolution de ces élections historiques.
13
Diasporas News
Dossier
Le Franc CFA :
Encore un symbole du lien gênant entre la France et ses anciennes colonies. Faut-il en finir avec 70 ans de CFA ? Plusieurs chefs d'État le réclament haut et fort mais veulent-ils accepter et assumer, toute proportion
gardée, des taux d’inflation incontrôlables comme en Zimbabwe (plus
de 1.000%) ?
L
a zone « Franc » n’est pas une création
ex-nihilo de l’ancienne puissance coloniale, inventée à dessein pour ligoter
financièrement les pays d’Afrique à la
veille dePrésident
leur accession
à l’indépendance. Sa
Mohamed Sambi
naissance remonte à 1939 : à la veille de la
seconde guerre mondiale, la France a décrété
©Chefs Etat_UMEOA
l’inconvertibilité du Franc et la mise en place
de contrôle des changes, exception faite d’un
espace géographique, c’est-à-dire les colonies
françaises avec toutefois des règles de protection communes. Au fil du temps, la dénomination change mais le sigle « CFA » est arrivé
jusqu’à nous. Dès la fin des hostilités, le fameux
franc des Colonies Françaises d'Afrique (CFA)
est lancé le 26 décembre 1945, qui est aussi
une date de la première réforme monétaire
française d'après guerre. Il s’est ensuite mué en
franc de la Communauté Financière Africaine
(CFA) après l’indépendance. Malgré quelques
ajustements des règles de fonctionnement,
cette zone monétaire est régie par plusieurs
principes immuables : la convertibilité de la
monnaie garantie par le Trésor français ; la
mise en commun des réserves de change sur un
compte d'opérations ; les parités fixes définies
par rapport au franc français (et l’€uro) ; la
libre transférabilité des capitaux à l'intérieur
de la zone. Les pays du Maghreb, l’Indochine,
la Guinée de Sékou Touré ainsi que la République de Djibouti ont tôt fait de s’émanciper
14
Diasporas News
pour une souveraineté monétaire au moment
où ils obtiennent leur indépendance. La Mauritanie et Madagascar sont sortis de la zone
Franc en 1973 après avoir dénoncé les accords de coopération signés avec la France.
Quant au Mali, il en est d’abord sorti en 1962
avant de revenir dans ce système monétaire
en 1984.
Aujourd’hui, hormis la
Principauté de Monaco,
les DOM-TOM, 14 États
africains en font toujours
partie. Ces derniers sont
subdivisés en deux unions
monétaires : d’une part
l’UMOA pour la zone
Ouest (huit pays : Bénin,
Burkina, Côte d'Ivoire,
Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et
d’autre part la BEAC pour la zone Afrique
Centrale (six pays : Cameroun, Centrafrique,
Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad).
L’une des bizarreries du système est que chaque franc CFA n'est utilisable que dans sa propre zone ; le transfert ne peut se faire que
par voie bancaire et donc sous contrôle. Le
commerçant camerounais ne pourra pas payer
son lot de bazin au marché de Bamako avec
les billets qu’il a emmené pour son voyage
d’affaires !
Outre la définition que donnent les économistes, de la monnaie, c’est-à-dire une unité de
compte, un moyen d’échange et une réserve
de valeur ; elle symbolise à la fois la souveraineté et l’indépendance. Tout au long de
l’histoire, battre monnaie était l’apanage et le
fait du prince. Transposer cette définition à une
nation c'est définir sa capacité à se prendre en
charge elle-même et à gérer son budget voire
son économie comme bon lui semble. Toute la
polémique et les critiques sur l’appartenance
des anciennes colonies à la zone Franc, quand
© Christine Lagarde_Ministre Finance France
bien même elles aient obtenu leur indépendance, résultent de ce constat.
Aujourd’hui, après 50 ans d’indépendance, des
voix s’élèvent en Afrique non pour renverser
la table mais tout du moins, pour remettre en
cause l’iniquité d’un tel système. « Ne serait-il
pas temps, un demi-siècle après le départ des
derniers commandants de cercle, que l’Afrique
francophone acquiert enfin son indépendance
monétaire – en d’autres termes- qu’elle se débarrasse du franc CFA ? » déclare le président
Abdoulaye Wade, lors de la commémoration
de l’indépendance du Sénégal au mois d’avril
dernier ; une manière sans équivoque de dénoncer des décisions unilatérales imposées par
Paris que l’on juge humiliantes. Ce qui a valu
une réplique de la France par son ministre de
l’Economie et des Finances, Christine Lagarde :
« Ce n'est pas à la France de déterminer si le
système actuel est approprié ou non. S'il faut
en sortir ou pas. Cette époque est révolue.
C'est aux États concernés de prendre leurs responsabilités… »
Les grandes dates du CFA
Depuis 1945, la France est la locomotive de
ce système monétaire. Ses décisions de politique monétaire s’imposent ipso-facto aux pays
membres. En 1948, au moment de l’application du plan Marshall pour la reconstruction
européenne, le franc métropolitain a été dévalué. Du coup, le CFA est passé de 2 à 1,70
Francs. L’arrivée du nouveau Franc en 1960
fixe 1 franc pour 50 Francs CFA, une parité
fixe jusqu’au « grand chambardement » de
1994 [voir encadré]. En 1999, au moment
de l’avènement de l’€uro, les pays de la zone
Franc sont dans l’expectative quant au sort qui
leurs sera réservé. Finalement la mort du Franc
français n’a pas entraîné celle de l’union monétaire. La France s’est engagée à garantir la
convertibilité du CFA qui est désormais arrimé
à l’Euro pour une cotation de 1 €uro contre
655,95 FCFA.
Alors que demander de plus ?
a fallu rembourser ses emprunts, le continent
africain n’était plus solvable dans la mesure
où la situation économique internationale s’est
encore aggravée à cause du second choc pétrolier en 1979.
Ceux qui étaient hors zone Franc ont été les
premiers touchés et ont dû immédiatement dévaluer leur monnaie ; tandis que les Etats membres bénéficiaient un tant soit peu du bouclier
Cette garantie de convertibilité
du franc CFA est assortie d’une
double contrainte : d’abord, les
pays membres sont tenus de
confier au moins 50% de leurs
réserves de change à la Direction du Trésor français, ensuite
une réunion annuelle des ministres des Finances de la zone
Franc les contraint à un droit
de regard de la France sur la
gestion budgétaire de chaque
pays.
Au lendemain des vagues d’indépendance, nul ne voulait pourtant dénoncer la perversité de
la zone Franc. Elle avantageait
l’ancienne puissance coloniale
dans la mesure où elle préservait un espace économique qui
© Pays Membres_Zone Franc
lui permettait de perpétuer son
monopole sur ses colonies : ex©Chefs Etat_UMEOA
ploiter les matières premières
et y écouler ses produits finis.
Mais dès le premier choc pétrolier de 1973, la mécanique s’est
de la convertibilité qui leur a permis d’amortir
enrayée : la balance commerciale du continent
le choc. Encore une minute monsieur le bourse détériore car il est obligé d’importer son
reau ! La cavalcade du surendettement contipétrole, libellé en dollar, tandis que ses cultunuait jusqu’au jour où les fourches caudines de
res d’exportation se vendent mal sur le marché
la Banque Mondiale et du FMI débarquèrent
international. De surcroit, la France, principal
pour imposer les plans d’ajustements structudébouché, est incapable d’absorber l’essentiel
rels du début des années 1980. La potion est
de leur exportation. Plutôt que de mettre en
très amère car même une dévaluation de la
place des réformes structurelles c’est-à-dire
monnaie ne suffit plus pour relever le continent.
faire des économies pour adapter ses capaLes bailleurs de fonds préconisent la réduction
cités de développement, l’Afrique s’est lourdedes déficits publics, la libéralisation des prix,
ment endettée. Et aux yeux du système finanle contrôle de crédit. Devant l'effondrement
cier international, la zone Franc constituait un
des cours du cacao, le président Houphouëtfilet de sécurité. D’autant plus qu’à l’époque,
Boigny, par dépit ou bravade, avait annoncé
les pétrodollars coulaient à flots, les Clubs de
la cessation du paiement de sa dette en 1987.
Londres et de Paris exigeaient peu de gaLa Côte d'Ivoire, jusqu'alors l'un des pays les
rantie et mêmes les banques commerciales
plus stables d'Afrique, est devenu le théâtre
pouvaient prêter aux États africains. Lorsqu’il
de manifestations estudiantines et de troubles
sociaux provoqués par les conséquences de
plan d’austérité. Mais aucun pays n’est épargné ! Pourquoi ne se sont-ils tous pas déclarés
en faillite pour constituer un bloc et peser davantage sur les bailleurs de fonds ?
30 ans plus tard, l’Afrique observe aujourd’hui,
avec un certain cynisme et une délectation
contenue, la propagation de la crise européenne en disant « l’Europe
va enfin comprendre les plans
de rigueur que la communauté
internationale nous a infligé
pendant de longues années ».
L’intervention du FMI en Grèce,
où elle peut encore emprunter
sur le marché financier à 9%,
provoque déjà une émeute
alors que la population du
continent noir a subi sans broncher des mesures drastiques
de remboursement des services de la dette avec des taux
d’intérêt (taux de base bancaire) de l’ordre de 25%. Ceci
dit, les deux unions monétaires
c’est-à-dire l’UMEOA et la
BEAC sont des exceptions car
il existe une quarantaine de
monnaies différentes pour 53
pays en Afrique. La politique
monétaire est un instrument
parmi tant d’autres de l’assainissement et de la relance
d’une économie. Car force est
de constater que : d’une part, les pays de la
zone franc sont toujours classés parmi les plus
pauvres du monde ; d’autre part, les taux de
croissance comparés des pays appartenant à
la zone Franc et le reste sont plutôt en défaveur des premiers. Les bon élèves comme le
Mali, le Sénégal et le Bénin, peinent à atteindre une croissance annuelle de 5% de leur PIB
alors que la moyenne continentale ou subsaharienne est de 7,5%.
L’avenir de la zone Franc
Après 65 ans de franc CFA, économistes, intellectuels, politiques et même le citoyen de base
aspirent à s’affranchir de la zone Franc. Un
demi-siècle d’indépendance n’a pas eu raison
d’elle ; avoir un bout de sparadrap monétaire
15
Diasporas News
Dossier
qui pend sur sa souveraineté semble inconcevable pour les pays membres. Revendiquer
l’indépendance de la gestion de sa politique
monétaire par les seules UMOA et BEAC : oui,
pourquoi pas ! Encore faut-il avoir le courage
politique de s’en séparer. Aujourd’hui, le fait
Le grand chambardement
ou la dévaluation de 1994
Depuis le début des années 1980, les pays africains
vivaient au-dessus de leurs moyens. La situation économique ne fait que s’aggraver. Au bout de 15 ans
de laisser-aller, les pays de la zone Franc finirent
par accepter, non sans réticence, la dévaluation
du franc CFA. Elle a été imposée douloureusement
par les institutions financières internationales pour
relancer leur économie par des mesures politiques
libérales.
Face à une telle conjoncture, les multinationales installées dans la zone Franc réduisent très fortement
leur trésorerie en CFA. Ce n’est pas faute d’avoir mis
des garde-fous tels que les contrôles des changes
; mais la fuite de capitaux continue, de plus belle,
vers les banques françaises. La BCEAO et la BEAC
ne rachètent plus les billets changés hors de la zone
Franc. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase
fut sans doute les subterfuges utilisés par les opérateurs économiques et quelques hommes politiques
pour contourner le contrôle des changes. Les Francs
CFA transitent par la City de Londres sous forme de
transfert de capitaux ou carrément par transport de
billets de banque. Les anglais échangent les CFA
auprès de la banque de France qui est obligée de
les accepter.
Le ministre de la Coopération Michel Roussin, a buté
sur la fronde des vieux éléphants de la Françafrique. Feu Omar Bongo, qui l’invectivait sans ménagement : « Qui es-tu, toi, pour parler au nom de la
France ? » ou bien il ne lui donnait plus du « Monsieur
le Ministre » mais l’appelait carrément par son nom
« Roussin ».
Le dénouement de la dévaluation s’est tenu à Dakar
pour des tractations qui ont duré trois jours. Les représentants des bailleurs de fonds et de la France
ainsi que les ministres des finances faisaient le pied
de grue pendant la réunion des 14 chefs d'États.
Dévaluer oui, mais à quel pourcentage ? Et quelles
sont les mesures d’accompagnement pour juguler
l’effondrement du pouvoir d’achat et par là même
éviter à la population de descendre dans la rue ?
Tels étaient les point d’achoppement. La dévaluation
de 50 % du franc CFA a été finalement obtenue
avec une contrepartie de 3 milliards de CFA que la
France est allée négocier avec le FMI.
16
Diasporas News
d’appartenir à une union monétaire confère
une stabilité financière et monétaire. Sur une
longue période 1960-2004, l’inflation moyenne tourne autour de 8% pour la zone Franc
alors qu’elle est de 76% pour les autres pays
subsahariens. La zone franc est avant tout un
amortisseur surtout en période de crise financière mondiale où les cours des matières premières évoluent de manière erratique. La CEDEAO et la CEMAC gagneraient davantage
à renforcer leur coopération pour s’acheminer
vers une zone économique régionale avec de
véritables échanges. Elle exigerait un effort
de tout un chacun pour respecter des critères
de convergence notamment en matière de déficit budgétaire, de réformes structurelles dans
l’administration (douane, impôts…). Elle pose
également la question de l’indépendance du
continent noir. Sans une organisation économique régionale et à l’échelle du continent, l’Afrique subira encore et pour longtemps l’asymétrie d’une relation économique. Parler d’une
seule voix pour négocier avec les occidentaux
et les BRIC (Brésil, Inde, Chine) qui viennent exploiter nos ressources naturelles et nous vendre
leurs marchandises ; tel sera l’aboutissement
d’une véritable indépendance !
Alex ZAKA
Invité du mois
Charles NGOUANE
directeur de l’office du tourisme
camerounais pour l’Europe à Paris
« La France constitue traditionnellement le plus grand marché
émetteur de touristes pour le Cameroun »
A
rrivé à Paris en 2009 en remplacement de Robert TCHABDA, admis à
faire valoir ses droits à la retraite
au Cameroun, Charles NGOUANE
nous parle de son travail.
Diasporas news : On imagine
que le tourisme est l’un des
enjeux majeurs du développement économique du Cameroun. Que représente ce
secteur dans l’économie du
pays ?
Charles NGOUANE : Charles NGOUANE :
Merci de m’avoir posé une telle question. Je
voudrais vous dire d’entrée de jeu que le tourisme est un secteur que le président de la République Paul BIYA, dans son programme des
grandes ambitions au Cameroun, a considéré
comme la 6ème priorité des secteurs devant
être développés pour lancer l’économie du
pays. Toutefois, depuis les indépendances le
tourisme a toujours été pris en compte comme
un secteur de développement économique
par nos dirigeants. C’est d’autant vrai que,
depuis quelque temps ce secteur a connu une
récession comme tous les secteurs mais avec
l’aide d’organismes internationaux tels que le
FMI et la Banque mondiale, le Cameroun a retrouvé une certaine crédibilité financière. Dès
lors, nombre d’investisseurs venus des USA,
Hong Kong et Dubaï frappent aux portes du
pays. Mettant en pôle position le secteur du
tourisme camerounais. Je puis donc vous dire
que, aujourd’hui l’économie camerounaise se
développe en comptant sur le tourisme qui
est un secteur prioritaire développé grâce à
la volonté de politique générale du chef de
l’Etat camerounais.
D.N. : Cette volonté du Président Paul BIYA s’est traduite
par la création d’un ministère en charge du Tourisme,
n’est-ce pas ? Que fait donc ce
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Diasporas News
ministère pour vulgariser la
destination du Cameroun ?
C.NG : Comme je le disais, depuis les indépendances le secteur du tourisme s’est développé au travers d’une administration qui
a connu certainement une évolution. Dès le
début, c’était un bureau, puis un office, ensuite un commissariat général ; qui devint une
délégation générale et après un secrétariat
d’Etat au Tourisme. Et depuis 1999, on a créé
un ministère du Tourisme pour s’occuper des
activités touristiques du pays. En marge de ce
ministère il y a eu la Société camerounaise
du tourisme (SOCATO), chargée de la commercialisation des produits touristiques. Qui a
vite été liquidée pour mauvaise gestion. Par la
suite, il a été de plus en plus question de créer
un office national du tourisme qui ne va pas se
substituer au ministère mais sera là comme un
maillon essentiel pour capitaliser les efforts de
celui-ci dans la mise sur pied de la politique
de promotion touristique. Et donc installé au
niveau national, l’office pourrait avoir des représentations internationales. C’est donc fortement attendu par le peuple camerounais.
D.N. : Quelle idée pour les
autorités
camerounaises
d’implanter un office de tourisme en France ?
C.NG : Votre question est pertinente. Ce n’est
pas le mimétisme qui est à la base de la
création d’un office de tourisme camerounais
en France. Mais c’est la volonté du gouvernement du Président BIYA, qui veut faire du secteur du tourisme un levier de développement.
C’est un premier pas de l’idée qui consistait à
créer des structures à travers le monde. Nous
Par conséquent je rends compte à Yaoundé
tout comme à Paris. A l’époque, notre service
était logé dans les locaux de l’Ambassade
à Auteuil. A en croire mon prédécesseur Robert TCHABDA, c’est à cause de l’exiguïté
des locaux que nous nous sommes installés au
26, rue de Longchamp . Ce n’est donc pas
pour des difficultés qu’on aurait déménagé .Il
est important par ailleurs d’indiquer que les
locaux qu’occupent nos services sont désormais la propriété de l’Etat camerounais qui
les louait au début de notre installation. Alors,
nous n’avons pas connu de difficultés. Néanmoins la seule difficulté pour nous, c’est qu’il
nous faut beaucoup de moyens pour faire
la promotion de notre pays. Car malgré la
concurrence qui est rude dans le secteur du
tourisme, le Cameroun est admiré par de
nombreux africains et même européens du
fait de sa présence régulière dans les foires
et salons.
D.N. : Que faites-vous pour
améliorer vos services afin
d’attirer le maximum de touristes au Cameroun ?
C.NG : Cela ne relève pas de moi, bien qu’il
me revienne de mettre les décisions en pratique. C’est l’Ambassade qui met tout en place
pour faciliter la venue des touristes au Cameroun. Avec la mise en place des services
express de délivrance des visas en 24H, les
touristes qui veulent se rendre au Cameroun
n’éprouvent plus de difficultés. Nous travaillons
avec les Tours Opérateurs en France, Belgique,
Italie, et d’autres pays. Nous leur demandons
de nous faire venir les listes de leurs réseaux
.Entre temps un touriste au Cameroun dépense
1500, voire 3000 euros soit 1000000 ou
2000000 FCFA. Ce n’est pas une mince affaire, nous devons donc les encourager.
étions déjà conscients de créer le Bureau d’information touristique du Cameroun. D’ailleurs
un texte avait été mis sur pied pour maintenir
l’office du tourisme pour l’Europe, au 26, rue
de Longchamp, dans le 16ème arrondissement de Paris, dans le but de faire connaître
le Cameroun à travers le tourisme, la France
constituant traditionnellement le plus grand
marché émetteur de touristes pour le pays.
D.N. : Avez-vous déjà rencontré des difficultés dans l’exercice dans vos activités ?
C.NG : A ma connaissance non. L’office du tourisme pour l’Europe à Paris dont je suis le directeur général est un service technique rattaché à la chancellerie du Cameroun en France.
D.N. : On sait que sur le marché mondial du tourisme la
concurrence est rude. Quels
sont les produits touristiques que vous offrez et qui
font la différence avec les
autres ?
C.NG : C’est une question intéressante. La
particularité du Cameroun est qu’on l’appelle l’Afrique en miniature, d’où d’ailleurs le
slogan : « Toute l’Afrique en un pays ». Ce
qui veut dire que tous les produits touristiques
des pays environnants se retrouvent au Cameroun. C’est ça la difficulté pour le Cameroun
de pouvoir dégager un produit spécifique.
Mais des études ont été réalisées, elles montrent que nous nous positionnons favorablement par rapport à nos concurrents, et nous
faisons l’effort pour éviter la concurrence dé-
loyale. Je prends l’exemple de l’écotourisme
ou le culturel. La culture du nord au sud et de
l’est à l’ouest est intacte. Au Cameroun nous
avons gardé nos traditions. Des peuples perpétuent leurs chefferies, on y trouve encore
un musée, un palais et le sultanat de Foumban
qui sont un attrait pour les touristes. Pour le
safari, nous avons certainement beaucoup de
concurrents mais pour le balnéaire, un partenariat a été signé avec les pays du Golfe
pour la construction du plus grand complexe
hôtelier touristique jamais réalisé en Afrique.
Ce qui va déclencher un véritable déclic, mais
l’Etat a déjà lancé un appel aux investisseurs
pour pouvoir investir dans des campements
touristiques et hôtels délaissés.
D.N. : Vos bilans et perspectives…
C.NG : En 2009 nous avons connu de la
morosité. Une année qui a séché les poches
des touristes, ce qui a fait qu’on n’ avait pas
passé le nombre de 400.000 touristes sur les
500.000 prévus. En 2010 nous envisageons
d’atteindre les 500.000 visiteurs ; et à l’horizon 2012 on vise les 3 millions de touristes
avec la prospection des pays nord-américains
et asiatiques.
D.N. : Nous sommes à la fin de
notre entretien. Vos impressions sur le magazine Diasporas News…
C.NG : La première fois que j’ai vu ce magazine ce sont les titres qui m’ont intéressé. Les
informations qui sont traitées sont celles qu’on
voudrait connaître. Ce qui me fait penser que
ce magazine est vraiment proche des diasporas vivant en France comme son nom l’indique.
Tout ce que j’ai vu dans Diasporas News me
va droit au cœur, un travail digne d’intérêt, je
ne peux que vous encourager à faire plus.
Faustin Dali
19
Diasporas News
Société
Changement
climatique :
« The heat is on » [la sécheresse est à nos portes] : titre on ne peut plus
alarmiste de la 3ème édition du Global Media Forum (GMF) qui s’est déroulée du 21 au 23 juin 2010 à Bonn en Allemagne. Il s’agit d’un symposium, sur les changements climatiques et le rôle des médias, placé
sous l’égide la Deutsche Welle (DW), la radio-télévision nationale.
L
e GMF est devenu une référence dans
le pays. Il essaye de mettre en perspective les grandes tendances du monde
globalisé. Les deux premières éditions
étaient placées sous le signe de la construction
de la paix et la prévention des conflits. Lors
2010 : " médias et les fléaux planétaires ".
Celui-ci s’est affiné au vu des dernières actualités du second semestre 2009. Et c’est ainsi
que cette année le curseur était placé sur le
thème du changement climatique. Comme tous
les ans, plus de 1.500 participants, originai-
Le panel est composé de personnes d’horizons
divers : des représentants des médias, des
politiques, des scientifiques, des ONG, des industriels. Sans oublier le soutien inconditionnel
de la ville hôte ainsi que du gouvernement de
la Rhénanie du Nord-Westphalie. Le continent
africain était fortement représenté par des
experts et une cinquantaine de journalistes
spécialisés en environnement. Ils sont pour la
plupart recommandés par l’ambassade ou le
consulat de la République Fédérale d’Allemagne dans chacun de leur pays.
Pourquoi le thème des changements climatiques ?
de son discours de clôture de l’année dernière
monsieur Erik Betterman, le Directeur Général
de la DW-Radio, avait annoncé le thème de
res de plus de 95 pays, ont planché pendant
trois jours au Centre International de Conférence de Bonn, l’ancienne capitale fédérale.
Le thème est fédérateur pour plusieurs raisons.
D’abord, il existe une prise de conscience mondiale du danger de l’émission de gaz à effets
de serre, du réchauffement de la planète et
ses conséquences au cours de ce siècle. De prime abord, l’enquête Synovate en partenariat
avec la DW enfonce une porte ouverte. Il s’agit
d’un sondage à l’échelle mondiale d’un panel
de 13.000 personnes de 18 pays différents
pour percevoir la menace du changement climatique global et de ses conséquences. Mais
les résultats indiquent que les préoccupations
ne sont pas tant l’émission de gaz à effets de
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20
Diasporas News
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serre mais la prise de conscience que depuis
quelques années, il y a une augmentation de
la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes (inondation, sécheresse, hiver
rigoureux…). Et 70% des personnes interrogées estiment qu’il faut modifier notre comportement pour préserver notre environnement
pour le futur.
Tout le monde se souvient de l’échec du Sommet de Copenhague en décembre 2009.
Jamais une conférence sur le climat n’avait
réuni autant de chefs d’Etat et aucun accord ni
consensus n’avait été trouvé à l’issue de deux
semaines de débats. Les grands de ce monde
avaient juste convenu de lancer une vaste réflexion pour l’année 2010 avant le prochain
Sommet prévu au mois de décembre à Cancun.
C’est en vue de cette réunion que le président
mexicain et la chancelière Angela Merkel se
sont rencontrés au mois d’avril dernier à Bonn
afin de préparer une réunion " de la dernière
chance " et d’éviter ainsi deux échecs consécutifs. De voir la DW organiser une conférence
sur le climat est dans la continuité de la volonté
allemande de porter les questions de l’environnement au premier plan de ses préoccupations internationales.
Trois jours semblent insuffisants pour faire un
tour d’horizon exhaustif d’un aussi vaste sujet
mais l’intérêt du GMF 2010 tient au fait qu’il
essaye de lancer des pistes de réflexion pour
une recherche de solutions globales. Les tendances centrales ont été exposées en séance
plénière tandis que des ateliers permettaient
d’affiner les différents thèmes avec des spécialistes et des experts.
Adaptation aux changements climatiques et
réduction de la pauvreté ; développement et
sauvegarde de la planète : " le Nord est-il capable d’aider le Sud au sein d’un modèle global ? " ; les sources d’énergie alternatives de
long terme. Ce sont ces trois grandes idées, on
ne peut plus consensuelles, qui ont fait l’objet
de débats dans la salle de conférence principale.
Yves de Boer, le Secrétaire exécutif de la
Convention-Cadre des Nations-Unies sur le
Changement Climatique (UNFCCC) est un
fervent activiste de la lutte contre le réchauffement climatique,a tenu à honorer de sa
présence l’ouverture de la session. C’est sans
aucun doute une dernière marque de soutien
à toutes les bonnes initiatives car il finira son
mandat à la fin du mois de juin après avoir
posé sa démission en février dernier, à la suite
de l’échec du Sommet de Copenhague. Pourtant, il a encore lancé une mise en garde, il
y a quelques mois, en déclarant que "si nous
assistons à un autre échec à Cancun, cela entraînera une grave perte de confiance sur l'efficacité de ce processus ". Il pense plutôt que
c’est un processus irréversible et qui aboutira
tôt ou tard. Selon lui, " il faudra probablement
attendre le rendez-vous suivant, en Afrique du
Sud fin 2011, pour aboutir à un traité légalement contraignant…" En attendant, l'objectif
est de proposer des solutions concrètes et applicables : une aide aux pays les plus exposés
au dérèglement climatique, des transferts de
technologies vertes ou encore la lutte contre la
déforestation (environ un cinquième des émissions mondiales de gaz à effets de serre).
Tandis qu' Erik Bettermann, le Directeur Général de la DW-Radio insiste, lui, sur la centralité du rôle des journalistes comme relais
d’informations : " il est du devoir des médias
de transmettre, avec la plus grande objectivité
et neutralité possible, les grands enjeux de la
planète… et surtout celui sur les changements
climatiques… "
Monsieur Werner Hoyer, Ministre d’Etat adjoint chargé des Affaires Etrangères tient à
faire passer le même message à l’endroit des
journalistes avant de rajouter que la solution
passe par un renforcement de leurs capacités
comme le préconise l’académie DW en offrant
la possibilité de formation dans plusieurs pays.
Il déclare enfin que " la stabilité climatique est
essentielle pour l’économie mondiale ; ce qui
conforte notre engagement en matière de politique étrangère ". Tous les participants se souviendront de l’intervention d’un gamin de 12
ans, le dénommé Félix Finkbeiner. Il a subjugué
son auditoire, haranguant son public, micro à
la main, pour asséner une vérité, somme toute
évidente, à l’endroit de tous les adultes présents : " il ne s’agit pas de sauver uniquement
l’ours polaire, mais également notre avenir ". Il
porte la casquette d’ambassadeur de " Plant
for the planet ", une ONG qui lance le défi de
planter un million d’arbres dans chaque pays
du monde.
Les solutions pour l’Afrique
Quant aux différents débats organisés dans
les ateliers, nous nous sommes intéressés sur les
problématiques de développement socioéconomique et les conséquences engendrées par
les changements climatiques en Afrique. Quelle sera l’après-pétrole ? C’est un débat intéressant d’une séance plénière de la deuxième
journée. En d’autres termes, quelles seront les
sources d’énergie du futur qui permettront
d’atteindre un objectif, aussi modeste soit-il,
d’un réchauffement de la planète en dessous
de 2°C en 2020 ? La solution de facilité est
de se tourner vers les biocarburants ; mais ils
ont un inconvénient majeur dans la mesure où
ils accaparent d’énormes surfaces de terres
arables au détriment des cultures vivrières
indispensables pour l’autosuffisance alimentaire du continent. De plus, la production des
biocarburants nécessite également de l’eau en
abondance pour l’irrigation. Parmi les solutions
innovantes, on citera l’exemple d’un projet de
géothermie au Kenya qui permettra à terme
de fournir de l’électricité à une population
d’une agglomération de taille moyenne.
L’installation d’un parc géant de panneaux solaires dans le désert du Sahara a été évoquée.
Une société allemande est parmi la pionnière
dans le domaine. Il s’agit de capter l’énergie
solaire, de la transformer en électricité et ensuite d’en exporter une majeure partie vers
l’Europe. Pour l’instant les coûts semblent assez
rédhibitoires, notamment le transport pour traverser la Méditerranée.
La cérémonie de clôture
En pareille circonstance, après trois jours de
conclave, les esprits divaguent un peu, on perçoit le stress des maîtres de cérémonie pour
essayer de respecter la ponctualité. Et c’est
dans ces moments-là qu’un intervenant, haut
fonctionnaire de l’Unesco un peu zélé, monopolise le temps de parole pendant plus de 20
minutes. C’est ainsi que le Secrétaire d’Etat allemand chargé de l’Education et la Recherche,
21
Diasporas News
Sport
L'ESPAGNE SUR LE
Georg Schütte fut d’une concision millimétrée
dans son discours. Le mot de la fin reviendra
à Christophe Lanz, le Directeur Général de
la DW-Télévision : "vous journalistes, relais
d’information et d’opinion, vous devriez être
rigoureux, efficaces car de vous dépendra
la prise de conscience et de connaissance de
toute la population de la planète sur le phénomène des changements climatiques ".
Par Alex ZAKA
Deutsche-Wele ou DW
[la voix de l’Allemagne]
Le paysage audio-visuel est très disparate en Europe ;
chaque pays a sa spécificité. La DW n’a pas d’équiva-
La 19ème Coupe du monde s'est achevée ce dimanche 11 juillet,
voyant l'Espagne rafler la mise après un parcours extraordinaire et
malgré une défaite lors de leur premier match. Un mondial rempli,
comme souvent, de moments forts, d'émotions, de tristesse et de
joie. En commençant par la surprise uruguayenne renouant avec un
passé glorieux mais trop longtemps oublié des experts, en passant
par le quart de finale dramaturgique du Ghana, qui a failli devenir
la première équipe africaine à se qualifier pour les demies-finales,
cette première Coupe du monde sur le sol africain a eu son lot d'histoires et de suspense. Diasporas-News revient, pour vous, sur les
moments forts du plus grand événement sportif de la planète.
Début compliqué
Contrairement à ses précédentes éditions, cette Coupe du monde 2010 a eu beaucoup de
mal à se lancer. Le niveau des matches a déçu la plupart des experts, qui attendaient bien
plus d'un tournoi de cette envergure. D'ailleurs, les fameuses Vuvuzelas (trompette traditionnelle d'Afrique du Sud) faisaient, au début, bien plus parler d'elles que le niveau de jeu et
les performances des 32 équipes qualifiées. Si bien que les favoris ont eu beaucoup de mal
à s'affirmer.
lent en France ; elle ressemble davantage à la structure de la BBC anglaise.Elle est en effet, subdivisée en
deux branches : la radio (DW-R) et la télévision (DW-T).
Depuis le transfert de la capitale fédérale à Berlin, la
DW-T a suivi l’administration centrale ; tandis que la
DW-R est restée sur les rives du Rhin à Bonn. Financée
à 100% par les eniers de l’Etat, son budget est voté
annuellement à la Bundestag. De ce fait, les deux directeurs généraux sont nommés par la majorité parlementaire.
Quelle est sa vocation ?
La DW est tout entier tournée vers l’étranger. C’est l’organe de communication de l’Allemagne à l’étranger car
elle émet et diffuse ses émissions dans plusieurs langues
(une trentaine) sauf en allemand. Laurent Tiassou, journaliste togolais qui travaille pour le desk français explique que " la DW-R a une approche différente de RFI ou
la BBC dans le traitement de l’information du continent
africain… on essaye d’approfondir, d’analyser plutôt
que de se contenter d’éléments factuels". Ce qui fait que
la règle d’or dans la ligne éditoriale est de prendre son
temps et d’obtenir un témoignage sur place c’est-à-dire
dans le pays concerné. En cela, la DW-R recrute énormément de correspondants en Afrique et forme annuellement des journalistes à la DW-Akademie.
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Diasporas News
Les matches de poule ont été marqués par un manque de rythme, et surtout par des erreurs
techniques inhabituelles pour un mondial. L'intérêt augmenta sensiblement avec les matches
à élimination directe. Les moments intenses de ces rencontres de groupe furent rares, mais
quelques formations ont surpris autant que d'autres ont déçu. Malgré un niveau de jeu relativement faible, quelques pages d'histoire se sont écrites. Comme les premières victoires
de la Grèce et de la Slovénie en Coupe du monde. D'autres sélections ont marqué l'histoire
parfois même en dehors du terrain. C'est ainsi que l'équipe de France s'est ridiculisé non
seulement par leurs résultats catastrophiques (un match nul, deux défaites, un seul but inscrit)
mais surtout par leur comportement qui a fait du bruit dans le monde entier. En refusant de
s'entraîner avant leur dernier match
contre l'Afrique du Sud, les Bleus
pensaient se montrer solidaires
face à l'exclusion de Nicolas Anelka
suite à ses propos injurieux envers
Raymond Domenech. Un parcours
chaotique qui se terminera par une
dernière place du groupe A. L'Afrique du Sud quant à elle, n'a pas
réussi à se sortir de ce groupe A,
et est devenue bien malgré elle,
le premier pays organisateur à ne
pas se qualifier pour les huitièmes
de finale.
TOIT DU MONDE :
était temps de laisser la
place aux matches à élimination directe, où tout le
monde espérait un sursaut
de suspense et d'intensité.
L'Afrique à la trappe
Cette première phase fut également marquée
par la défaite de l'ultra favori espagnol face
à la Suisse (1-0). La Roja a eu toutes les peines du monde à se sortir du groupe H, finissant malgré tout à la première place devant
le Chili. Le groupe de la mort, composé du
Brésil, de la Côté d' Ivoire, du Portugal et de
la Corée du Nord n'a connu aucune surprise.
Brésiliens et Portugais se qualifiaient facilement, pendant que les Ivoiriens ont déçu, comme la plupart des nations africaines d'ailleurs.
C'est le cas de l'Algérie, incapable d'inscrire
le moindre but en trois matches, ou du Cameroun de Paul Le Guen défait trois fois en
autant de rencontres. Le Ghana était la seule
équipe du continent présente en huitième. Les
surprenants américains, eux, se sont qualifiés
à l'ultime seconde en marquant dans les arrêts de jeu face à l'Algérie, empochant dans
le même temps la première place du groupe
devant l'Angleterre. Et le champion du monde
en titre dans tout ça ? Les Italiens inquiétaient
déjà avant le début de la compétition. Et ses
doutes se sont confirmés. Comme la France, les
joueurs de Marcello Lippi ont fini derniers de
leur groupe et pour la première fois, les deux
finalistes de la précédente édition s'arrêtaient
dès le premier tour. L'histoire étant écrite, il
L'Uruguay, premier du
groupe A, était le premier
à entrer en piste, face à la
Corée du Sud. On connaissait les principaux atouts de
la Céleste : Diego Forlàn et
Luis Suarez. Et c'est grâce
au deuxième que les hommes de Tabarez ont fait la
différence (bien aidé sur le
premier but par la fébrilité
du gardien Coréen.) Le but
de la victoire est une pure merveille : une
frappe enroulée à l'entrée de la surface qui
heurte le poteau avant de finir sa course au
fond des filets. Rien à dire. Les Uruguayens,
champion du monde en 1930 et 1950 ne
sont pas si loin de renouer avec leur glorieux
passé. Restait à savoir qui serait leurs adversaires, le Ghana ou les États-Unis ?
Seule équipe africaine présente en huitième,
le Ghana pouvait compter sur le soutien de
tout un continent. Fort d'un collectif parfaitement rôdé, les ghanéens démarraient la
rencontre tambour battant face à l'une des
nations émergentes du football. Et Teddy
Prince Boateng annonçait tout de suite la couleur en marquant dès la 5ème minute. Mais
les Américains sont avant tout connus pour ne
jamais rien lâcher. Et encore une fois ils ont
fait honneur à leur réputation et ont réussi à
arracher les prolongations sur un penalty de
Landon Donovan à la 62ème minute. Mais les
Ghanéens attaquaient ces 30 minutes supplémentaires avec une envie incroyable. Et Gyan,
à la 95ème, envoyait les siens en quarts de
finale pour la première fois grâce à un but
tout en puissance. La prestation du gardien
Richard Kingsson est largement à souligner
car, le troisième gardien de Wigan est l'un
des principaux artisans de cette qualification
historique. Le Ghana rejoignait ainsi le Cameroun et le Sénégal, seules nations africaines
à s'être qualifiées pour les quarts de finale
d'une Coupe du monde.
Le troisième huitième de finale opposait les
Pays-Bas à la Slovaquie, l'équipe qui a éliminé les champions du monde italiens. Les
Hollandais n'ont pas brillé, mais sont sortis
sans difficulté du piège tendu par la Repre.
Deux buts de Sneijder et Robben ont suffit
pour prolonger la série d'invincibilité des
Oranje (2-1).
Le Brésil quant à lui, se débarrassait sans
problème du Chili dans un match sans grand
suspense (3-0).
Au terme d'un match très engagé, l'Espagne
éliminait le Portugal, avant d'affronter le Paraguay en quarts de finale. Les Sud-Américains, tombeurs du Japon, se qualifiant ainsi
pour leur premier quart de finale.
Les arbitres font le show
Les arbitres furent à nouveau au cœur du
débat en Afrique du Sud. Surtout après les
matches Argentine-Mexique et l'Allemagne-
23
Diasporas News
Sport
Angleterre. Ces deux matches ont été faussés par des erreurs flagrantes d'arbitrage
qui ont forcément changé la physionomie des
matches. Et c'est loin d'être normal au stade
Bref
Caster Semenya Championne du Monde
du 800m pourra à nouveau courir après
de nombreuses polémiques autour de sa
morphologie.
Des experts médicaux ont enfin conclu
qu'elle pourrait reprendre la compétition
en tant qu'athlète féminine. Heureux dénouement pour Sémenya !
Cette décision ne peut que remplir de joie
les Sud Africains qui avaient mal pris toute
cette suspicion autour de la jeune femme.
Bref
SUSPENSION DE L'ÉQUIPE NATIONALE DE
FOOTBALL PAR LE PRÉSIDENT NIGERIAN,
GOODLUCK JONATHAN.
L'équipe nationale nigérianne est suspendue pour une période de 2 ans suite à
son élimination, dès le premier tour, de la
Coupe du Monde de Football.
En vue d'une réorganisation totale du Football au Nigéria.
Précisons néanmoins que la position de la
FIFA à ce sujet est claire : pour elle un pays
quel qu'il soit n'a pas à s'ingérer sur le plan
politique dans le fonctionnement d'une fédération.
Affaire à suivre !
Suite à cet ultimatum lancé par la FIFA, le
Président nigérian Jonathan GOODLUCK
est revenu sur sa décision de suspendre
l'équipe nationale de football après son
élimination de la Coupe du Monde,
24
Diasporas News
des huitièmes de finale. Carlos Tévez donnait
l'avantage aux Argentins d'une tête à bout
portant, mais « Carlito » était hors-jeu d'environ 1m50 ! Dès lors les Mexicains se devaient
de faire le jeu et de s'exposer au contre. Résultat 3-1 pour l'Albiceleste... Merci l'arbitre.
Mais le but refusé à Steven Gerrard a été
encore plus préjudiciable pour les Anglais.
Menée 2-0 par des Allemands irrésistibles, la
sélection de Fabio Capello est tout de même
parvenue à réduire l'écart, avant d'égaliser
à 2 partout, sur une superbe frappe de Steven Gerrard. La balle s'écrasait sur la barre
avant de rebondir 50cm derrière la ligne de
but. Tout le monde a vu la sphère rentrer, sauf
l'homme en noir. Les deux équipes auraient dû
rentrer aux vestiaires dos à dos. Mais au lieu
de ça, l'Allemagne comptait toujours un but
d'avance à la pause, grâce à l'arbitre. Conséquences : les Anglais ont entamé la deuxième
mi-temps tête en avant, prêt à tout défoncer.
Seulement, les contres sont parfaitement exploités par la Mannschaft et l'incontournable
Klose. Score finale 4 buts à 1. L'Angleterre
peut se sentir flouée car à 2-2 à la mi-temps,
le match aurait pu (dû ?) prendre une toute
autre tournure. Ce qui a aussitôt relancé le
débat sur la mise en place de la vidéo dans
le football, pour aider les arbitres à prendre
les bonnes décisions. La FIFA a annoncé que
ce serait la dernière Coupe du monde avec ce
système d'arbitrage, mais rien n'indique que
la vidéo sera instaurée...
Des quarts de finale prometteurs...
Les quarts de finale promettaient un grand
spectacle, avec un Pays-Bas-Brésil des plus
explosifs et un Allemagne-Argentine attendu
de tous. Les Brésiliens menaient rapidement
au score grâce à Robinho, mais allaient totalement perdre le fil du match après la
pause. Les Pays-Bas parvenaient à égaliser
suite à une sortie ratée de Julio César, avant
de prendre l'avantage grâce à un but de
Sneijder. Felipe Melo, responsable de l'égalisation hollandaise, bouclait la déroute brésilienne en se faisant expulser pour un mauvais
geste. A la surprise générale, le Brésil se fait
sortir en quart de finale, comme en 2006 et
peut nourrir de nombreux regrets tant la Seleçao a dominé la rencontre jusqu'à l'égalisation néerlandaise. Toujours présent lors des
grands évènements, l'Allemagne avait fort à
faire face à l'Argentine de Diego Maradona.
Après avoir passé 4 buts à l'Angleterre, les
hommes de Joachim Löw ont récidivé face à
Lionel Messi et ses coéquipiers. En marquant
à la 3ème minute, Thomas Müller mettait les
siens sur de bons rails. N'étant dangereux que
sur des coups d'éclats individuels, les Argentins peinaient à se procurer des occasions. De
l'autre côté, les Allemands étaient diabolique
d'efficacité. Trois contres, trois buts. Score final
4-0. El Pibe de Oro rentrait à la maison en
emportant avec lui son orgueil et sa vanité.
L'Allemagne était supérieure dans tous les domaines et s'offrait une deuxième finale consécutive après celle de 2006.
De son côté l'Espagne avait l'occasion de se
hisser pour la première fois de son histoire en
demi-finale. Pour cela il fallait se défaire des
surprenants Paraguayens dans un match complètement fou. Cardozo obtenait le premier
penalty de l'histoire du Paraguay en Coupe
du monde, pour une faute de Piqué. Mais Iker
Casillas détournait le tir. Dans la foulée, sur le
contre ce sont les Espagnols qui obtenaient un
penalty. Converti une première fois par Xabi
Alonso, la sentence est finalement donnée
à retirer pour une intrusion trop rapide des
joueurs hispaniques dans la surface. Le joueur
du Real Madrid s'élance une deuxième fois,
mais voit son tir détourné par Villar. Un scénario hallucinant surtout lorsqu'on regarde au
ralenti le penalty paraguayen : 4 joueurs sont
déjà dans la surface lorsque Cardozo frappe
le ballon... le penalty aurait dû être redonné
! Et c'est finalement David Villa le buteur de
Valence et néo-barcelonais, qui délivrait la
Roja sur une frappe qui cognait les deux montants, avant
de finir au fond des filets. En plus de se qualifier pour leur
première demi-finale, les Espagnols gagnaient 4 matches
d'affilés pour la première fois en Coupe du monde.
La dernière équipe africaine en lice jouissait d'un tirage plus
facile en héritant de l'Uruguay, pour le premier quart de
finale de son histoire. Un match très plaisant à suivre, avec
deux équipes joueuses. Muntari donnait l'avantage aux
Black Stars avant que Diego Forlàn n'égalise d'un magnifique coup franc. La décision se ferait lors des prolongations.
Une prolongation qui restera dans les annales. A la 123ème
minute, alors que les tirs aux buts se profilaient, les Ghanéens bénéficiaient d'un dernier coup franc. Suarez détournait des deux mains une tête ghanéenne et offrait ainsi un
penalty inespéré à l'ultime seconde. Asamoah Gyan avait
l'occasion d'envoyer son équipe au paradis mais frappait la
barre ! Et c'est finalement l'Uruguay qui se qualifiait pour la
première fois depuis 40 ans en demie finale de mondial, la
seule équipe inattendue à ce stade.
gabarits
espagnols. Des fautes
énormes, étrangement sanctionnée
par l'arbitre (Van
Bommel, comme
à son habitude,
ne doit pas finir
le match) qui ont
rendu le match très haché et plutôt difficile à suivre. Plusieurs occasions de part
et d'autre, mais c'est l'Espagne qui avait
pris l'initiative du jeu. Mais par à coup,
les Oranje parvenaient à se montrer
dangereux notamment deux face à face
raté par Robben. Au bout des prolonga-
tions, après de nombreuses occasions
espagnoles, c'est comme un symbole,
Andrés Iniesta, le meilleur joueur de
l'Espagne, qui offre le Graal à la Furia Roja sur un caviar de Fabregas. Et
voilà les Champions d'Europe en titre,
qui s'offre le titre suprême. C'est la
victoire du beau football. Cette Coupe du monde africaine a été une vraie
réussite, et la meilleure équipe pratiquant le meilleur football l'a emporté.
Vive le football, et vive l'Afrique.
Sébastien Béquerel
Après les gros matches de l'Allemagne, les experts se disaient que la tâche serait ardue pour les Espagnols. Mais
grâce à une maitrise impressionnante, et à une tête de Puyol
pleine de rage sur corner, la sélection de Vicente del Bosque
s'offrait l'occasion de remporter son premier titre mondial.
Dans l'autre demi-finale, les Pays-Bas ne laissaient pas passer la chance de jouer leur troisième finale en Coupe du
monde. Von Bronkhorst marquait le plus beau but du mondial d'une frappe magistrale à 30m, en pleine lucarne. Les
Hollandais réalisaient finalement le break, avant de voir
Maxi Perreira réduire l'écart, mais la messe était déjà dite
(3-2). Une finale inédite donc, puisqu'aucune des deux équipes, que ce soit l'Espagne ou les Pays-Bas, n'a été championne du monde. En attendant, la finale, l'Allemagne s'est
consolée en empochant la troisième place aux dépends de
l'Uruguay.
Une finale à l'image du mondial
Cette 19ème finale de Coupe du monde a finalement accouché d'un coucou. ON s'attendait à voir un match débridé, avec des occasions, des buts, bref un spectacle que l’on
n’avait pas vu jusque là. Mais les Hollandais avaient décidé
de tout faire pour rendre le match impossible aux petits
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Diasporas News
Culture
Le salon du Labo Ethnik
Plateforme de référence pour les
créateurs venus d'ici et d'ailleurs.
Yvette Tai-Coquillay a déposé ses valises le week-end du 18
Juin dernier dans les beaux locaux de l'espace du Blanc Manteau au Marais pour sa quatrième édition du Salon Labo Ethnik
de la mode. Rencontre avec une précurseur de l'avenir du métissage et amoureuse du chiffon.
C
omme Joséphine Baker, elle a
deux amours : Paris mais aussi
son pays. « Je suis très attachée
à mon pays et à ma culture »,
Yvette Tai est née et a grandi à Kinshasa d'un
père chinois et d'une mère congolaise. À 12
ans, elle quitte le Congo pour s'installer en
France. Après son bac, vient le moment de
choisir son domaine. Dans un premier temps
elle se tourne vers le tourisme, puis plus tard,
la médiation culturelle. Pourtant, son rêve secret de petite fille était de travailler dans la
mode. Les écoles de stylisme et l'accès au mi-
lieu restant définitivement inaccessibles, c'est à
contrecœur qu'elle décide d'abandonner son
rêve, mais pas pour longtemps. Elle s'est fait
cette promesse à elle-même se disant qu'un
jour elle créera ses propres évènements, ses
propres défilés, pour les faire partager avec
ses contemporains.
Après des mois de travail d'une intensité absolue, le rêve est bel et bien devenu réalité.
Yvette suit désormais son petit bonhomme de
chemin avec le Labo Ethnik, qu'elle a imaginé
il y a quatre ans.
L'idée de créer ce « laboratoire des tendances » lui est venue en partie grâce au majestueux couturier africain Alphadi -futur parrain
du Labo Ethnik-, rencontré au Niger pour le
Fima* mais également grâce au travail qu'il
avait fait avec France Culture (une annexe du
Ministère des Affaires étrangères qui soutient
la création africaine). Sur place, elle découvre des jeunes créateurs de talent et se rend
très vite compte du potentiel énorme qui regorge en Afrique, mais aussi aux Caraïbes, au
Moyen-Orient ou en Asie.
Comme tous les exilés d'Afrique vivant en Europe, elle a souvent le mal du pays. Lorsqu'on
lui demande comment elle fait pour ne pas
se détacher de ses racines, sa réponse est
très claire « Je sais d'où je viens et où je vais,
grâce au labo Ethnik ! Cette grande famille
m'a permis et me permet encore de me rapprocher des miens. En côtoyant les créateurs
de toutes origines, en allant en Afrique de
temps en temps comme je peux, chez moi à
Kinshasa... Toutes ces choses me permettent
de ne pas oublier mon parcours ».
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Diasporas News
Un parcours qui est récompensé en attirant
encore plus de passionnés de la mode tous
les ans, lorsqu'elle transforme durant tout un
week-end les murs de l'espace du Blanc Manteau en un bouillonnement d'échanges incessants avec ses créateurs d'ici et d'ailleurs :
Johannesbourg, Fort de France, Tokyo, Niamey, Shanghai, Islamabad, Montpellier, Nairobi, Buenos Aires....
Définitivement, ce laboratoire incite à réfléchir sur la relève créative de demain. Toutes
ces influences sont de véritables opportunités
de découvrir les matériaux et les matières de
demain : marketing ethnique, équitable, bio et
d'en rencontrer les acteurs dans une ambiance
de métissage magistral.
Diasporas-News : Pourquoi
avoir choisi « Labo Ethnik »
comme nom du salon ?
Yvette Tai-Coquillay : Labo comme laboratoire pour analyser, rechercher, étudier les
tendances, les matières, les cultures mais avant
tout les mélanges. Pour toutes ces cultures et
qui modifient les choses. Je suis moi-même métissée de mère congolaise et de père chinois
eurasien et ce métissage là j'ai envie de le
partager avec le monde. J'ai choisi de mettre
sur pied le Labo Ethnik sur Paris car cela fait
26 ans que j'y suis et que j'aime le côté cosmopolite de cette ville. J'aime les mélanges qui
peuvent en découler, je pense que c'est d'une
richesse symbolique énorme et que cette richesse se doit d'être exploitée.
DN : Quand est- ce que vous
vous êtes dit qu'il fallait que
vous arrêtiez le tourisme
pour vous consacrer uniquement à la mode et aux événements autour de la mode ?
Y T -C : C'est au fur et à mesure de la vie. A
chaque évènement où j'allais, je voyais des
défilés, des expos, les choses se sont déroulées et développées avec la maturité, elles
sont venues à moi. Il y a aussi une chose qui
me dérangeais lorsque je voyais des défilés
de mode dans des discothèques, je ne comprenais pas le rapport entre la mode et le
monde de la nuit, pour moi ce n'est pas dans
ces lieux qu'ils pouvaient faire leur promotion. Et en les côtoyant régulièrement je me
suis rendue compte qu'ils avaient du mal à se
promouvoir, quand j'entends les discours des
créateurs européens, ce n'est pas le même
en fait, je me suis dit que les afro-caribéens
font des belles choses sauf qu'ils ne sont pas
Alvina Karamoko, Laura de Souza, Yvette Taï-Coquillay,
François Coquillay, Alex Rotin, Djoe Joseph Dunoyer
mis en avant comme ils le devraient. Cela me
faisait mal de voir qu'ils ne savaient pas se
vendre. Je pense qu'ils son mal instruits au
départ, je voudrais dire aux couturiers africains, qu'avant d'animer des spectacles, ils
devraient déjà commencer par trouver votre
clientèle pour pouvoir vendre.
D N: Avez-vous un message à
faire passer aux jeunes couturiers africains qui choisissent de faire leurs défilés
dans des boîtes de nuit ?
Y T -C : Si l'objectif du couturier est de vendre
son travail en tant qu'animateur et égailler
une soirée ça peut être intéressant pour lui...
Si ce créateur là a pour objectif d'ouvrir une
boutique demain, de faire connaître son travail et de vendre ses créations, c'est à dire
avoir une marque réelle ou ouvrir une boutique, ce n'est pas dans une boite de nuit que
cela se passe. Tout dépend de la démarche
du créateur. En présentant mon point de vue
à certains créateurs africains, certains m'ont dit
qu’ils préféraient continuer à faire comme ça...
En posant la question à
d'autres créateurs européens, pour eux c'est «
d'abord la marque »,
trouver des clients, vendre, il faut être dans
le commercial, gagner
le marché, avoir des
beaux tissus, des belles
confections, des belles finitions, il faut trouver les
budgets, des prospects...
Vous savez je ne suis pas
dans l'esprit de faire des
défilés de mode tous les
jours. Un bon créateur
peut faire juste un défilé
par an, si il a assez d'argent, c'est suffisant, le
principal pour un créateur n'est pas de se faire
connaître mais de vendre, trouver des salons
et des magasins pour
diffuser les pièces. Le
principal c'est le client,
et ensuite la presse pour
qu'il puisse en vivre.
DN : Pensez-vous qu'il y a un
manque financier au créateur afro-caribéen de base
pour qu'il puisse gagner le
marché ?
Y T -C : Il faut que le créateur afro-caribéen
se rende compte qu'il faut suivre les collections, automne/hiver printemps/été et il faut
travailler en faisant évoluer son travail et
se démarquer par rapport à ça. Cela dit, je
conçois que pour certains créateurs cela peut
être difficile en termes financiers de suivre les
collections. Dans le Labo Ethnik, nous voulons
présenter des créateurs mais pas seulement
africains, le labo est ouvert à tous les créateurs, toutes nationalités confondues. On est
vraiment dans un domaine de métissage. Mais
il y a malheureusement beaucoup de créateurs africains qu'on refuse, même s'ils font
des vêtements plutôt charmants, car ils sont
restés bloqués au milieu des années 80. les
couturiers africains doivent comprendre que si
ils veulent réussir en France, il faut qu'ils es-
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Diasporas News
Culture
sayent de s'intéresser un peu plus au nouvelles
tendances, parce que les robes bustiers à la
Mamie Watta en forme de sirène, avec le sac
assorti aux mêmes couleurs que le chapeau,
que les chaussures, ce style là est un style que
l'on estime dépassé et révolu depuis des années ! Il faut remettre leur créations au goût
du jour, nous sommes en 2010 maintenant.
DN : On dirait que vous entrez
en guerre contre certains
couturiers africains...
Y T -C : Pas du tout ! Nous recherchons des
créateurs plus créatifs, qui soient plus modernes, plus urbains, plus contemporains, des
créateurs qui soient capables de faire comme
Galiano ou Gaultier à ses débuts...Quand ils
touchent au wax, au tissu ethnik, au raphia...
qu'ils soient capables de faire des choses aussi belles. Notre objectif est de faire en sorte
que demain, on ne dise plus « c'est toujours
les européens qui savent inventer... » Les créateurs africains se contentent d'habiller leurs
premières dames, qui sont très belles, mais il
faut qu'ils puissent commencer à habiller leurs
stars africaines, mais aussi les européens ! Les
européens attendent de nous voir « oser » des
28
Diasporas News
choses surprenantes avec le tissu wax.
DN : Il y a toujours eu un
décalage entre l'Occident
et l'Afrique. L'urbanisme làbas n'est pas le même ici, c'est
donc normal que leur mode
soit si vieillotte. Cela dit, on
ne peut pas leur demander de
se calquer complètement sur
la mode occidentale ?
Y T -C : Et là se trouve leur problème ! Ils cherchent tous à habiller leurs mamans ! Nous
avons remarqué que les jeunes filles africaines
s'intéressent de plus en plus jeunes à la mode
occidentale, c'est aussi pourquoi notre tranche
d'âge se trouve entre 20-45 ans, de style
plutôt branché. Moi aussi je préfère voir ma
mère dans un beau pagne bien attaché plutôt
que dans un tailleur Chanel, elle est dix mille
fois plus belle en pagne ! Je ne parle pas des
créateurs de la génération de nos mères, je
m'adresse aux jeunes créateurs africains qui
se collent à la jeunesse. Je parle de la mode
de demain, du commerce de la mode de demain en Afrique, les tendances, on parle de
tendances et on parle de la mode du futur.
DN : A vous entendre, on voit
que vous prenez la mode au
sérieux...
Y T -C : Non, c'est la vie que je prends au
sérieux, au contraire, la mode m'apporte une
certaine légèreté. Elle est faite pour délirer
et je pense que les créateurs afro-caribéens
ne délirent pas assez avec la mode. Et puis
pour aller plus loin, je ne pense pas que ce
soit juste la mode, j'aime aussi voir les artistes
peintres délirer dans leur peintures, faire sortir des cauris, des masques dans leur peinture.
Il se passe la même chose au niveau de l’art
. Aujourd'hui un galeriste ne voudra plus un
tableau de masques africains ! Par contre, il
aura peut être plus de chances d'être impressionné par le travail d'un peintre qui prend
des risques et qui bouscule les codes avec
folie.
DN : Pensez-vous que nous
sommes trop renfermés sur
notre culture ?
Y T -C : Exactement ! On dirait que c'est justement une partie de cette culture qui fait que
si on s''en éloigne, on sera peut-être « moins
africain ». On a peur, et du coup on s'accro-
che à cette vieille culture qui est due aussi à
l'éducation, et c'est comme cela que l'on passe
à côté de plein de choses. Je pense qu'il faut
qu'il y ait une véritable révolution culturelle
africaine. Certains créateurs africains le font
déjà, certains artistes plasticiens le font déjà,
mais il en manque quand même une grande
partie. Quand je vois les œuvres d'africains
revisitées par des européens, je trouve ça
beau mais dommage pour nous autres. Il faudrait que les africains aillent un peu plus loin
dans l'esclavage, plus loin dans les blessures,
plutôt que de rester dans le gentil, le rétro,
le consensuel car nous savons que les choses
sont plus dramatiques que ça. Au Labo Ethnik,
nous sommes persuadés que plus les créateurs
se lâcheront, plus leurs pièces seront magnifiques. Il faut aller un peu plus au fond des choses. Malheureusement il y en a beaucoup qui
manquent de moyens, et c'est aussi une réalité. Mais le wax et un tissu fabuleux, il reste
quand même des millions de choses à faire
avec cette matière. Et là, on s'amusera encore
plus avec leurs créations.
DN : Que voudrez-vous que le
Labo Ethnik devienne dans les
années à venir ?
Y T -C : Qu'on reste encore quelques années
sur Paris, car nous avons encore plus de créateurs qui se joindront à nous, et puis demain,
le faire voyager pourquoi pas ? Mais d'abord
dans un premier temps rester encore un peu
sur Paris. C'est un laboratoire qui est fait pour
les parisiens.
J'aimerais ensuite que le laboratoire devienne
une référence pour la mode internationale
mais aussi à Paris, ou tous les jeunes créateurs
du monde se donneront rendez-vous retrouveront pour tester leur créations les plus folles.
DN : Avez-vous l'intention de
vous implanter en Afrique ?
Y T -C : Alors ce ne sera pas le Labo Ethnik
mais « Afrik Events », l'organisateur du Labo
Ethnik ! Au départ c'était une association que
j'ai crée dans le but de donner de la visibilité
aux créateurs de mode internationaux. Mais
j'ambitionne qu'elle devienne une agence
évènementielle, qui créera des évènements
pour les partenaires africains pour lancer leur
produits, lancer leur marque, créer demain un
festival si il le faut …
Gastronomie
Brochettes d’agneau Djansan
Pour 4 Personnes
***INGREDIENTS
Découpez la viande en petits cubes réguliers, mettez-la dans un
saladier.
Salez, poivrez puis badigeonnez
500 G de gigot d’agneau désossé.
Marinade.
½ botte de persil
2 Cubes de bouillon culinaire
2 oignons moyens
10 gousses d’ail
50 G de grains de pépé
70 G de gingembre frais
60 G de djansan
Poivre noir
Sel
20 cl d’huile de tournesol
Accompagnement.
Bananes plantains frites.
***PREPARATION
la viande de la marinade.
Couvrez, puis laissez mariner 1
heure à temperature ambiante.
Préparez le barbecue.
Grattez le gingembre à l’aide
d’un couteau afin de retirer la
peau.
Coupez-le grossièrement.
Lavez le persil, épluchez et lavez
les oignons et les gousses d’ail.
Réunissez tous les ingredients dans
un mixeur, ajoutez les cubes de
bouillon, les graines de djansan et
de pépé péalablement lavées.
Mixez jusqu’à l’obtention d’une
purée. Ajoutez l’huile en dernier.
Piquez la viande sur de petites
brochettes et saisissez-les vivement sur le barbecue chaud. Laissez cuire 10 minutes, en retournant
de temps en temps et servez bien
chaud avec des bananes plantains frites.
Bon appétit
Danielle EBENGOU
Maud Oyabi
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Diasporas News
Horoscope
Bélier
Sur le plan sentimental vous vivez des
moments agréables avec votre partenaire. Les célibataires vous ne savez
sur quel pied danser. Au niveau des
activités tout vous réussi, profitez-en.
Pensez à vous changer les idées pour
ne pas tomber dans la morosité.
Taureau
L'amour et l'amitié sont au beau fixe,
vous êtes comblée. Célibataires c'est à
vous de jouer. Vous n'avez pas le cœur
au travail même si vous assurez. Vous
êtes pleine de vitalité ce moi-ci mais
n'en faites pas trop tout de même!!
Cancer
Balance
Capricorne
Sur le plan sentimental c'est le bonheur
mais vous avez néanmoins quelques
soucis au travail, cela peut assombrir
quelque peu votre quotidien. Célibataires: ne soyez pas si désagréable
avec lui! Vous vous sentirez stressée
mais votre énergie vous permettra de
faire face.
Respectez les désirs de votre partenaire,
il n’y a pas que vous. Célibataires vous
hésitez à vous engager. Vous rêvez de
vacances ! Attention à votre santé, montrez – vous raisonnable.
Ce mois-ci vous privilégiez les amitiés,
l’atmosphère est détendue. Célibataires vous charmez sans vous en rendre
compte. Vous avez envie de vous évader pour échapper à la pression. Vous
êtes au four et au moulin, n’en faites
pas trop !
Lion
L’amitié et l’amour sont au rendez-vous.
Agréable surprise pour les célibataires
en milieu de mois. Ne négligez pas les
opportunités qui se présenteront. Vous
êtes heureuse et cela se voit !
Gémeau
Vous commencez d'humeur plaisante
puis vous vous assombrissez! Vous avez
envie de vous détendre, vous pensez
aux vacances. Soyez plus mesurée
dans vos activités pour rester en forme
et éviter les baisses d’énergie.
Vierge
Vous vivez sur un petit nuage ce moisci. Célibataires ne faites pas les timides vous y gagnerez. Votre esprit est
aux vacances, vous « flottez ». Ménagez-vous, n’en faites pas trop.
Scorpion
C’est la totale harmonie avec votre
conjoint. Célibataires profitez de l’instant présent. Votre personnalité vous
attire la sympathie des autres. Quelques soucis digestifs, faites attention à
votre alimentation.
Sagittaire
Vous êtes attentionnée avec votre
entourage. Célibataires vous vous
donnez à fond ! Le moral est au
beau fixe, attention néanmoins aux
dépenses inconsidérées. Attention
aux excès, reposez-vous !
Verseau
Vous avez envie de calme et vous ne
vous montrez pas trop bavarde. Célibataires soyez plus douces ! Profitez
des vacances pour vous détendre. Un
peu de stress vous démoralise.
Poissons
Vous n’êtes jamais contente, faites attention ! Célibataires ne vous énervez
pas ! Le moral est au beau fixe mais
faites en sorte d’aller dans la bonne
direction. Prenez le temps de souffler.
Jeux : SUDOKU
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3
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7
6
9
9
7
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5
4
4
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Diasporas News
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