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problèmes spécifiques rencontrés par ces pays sur la scène commerciale internationale». Le traitement des
pays en développement et son évolution au sein du GATT et l'OMC est un sujet politique et économique que
l'auteur analyse sur le plan juridique en mettant, par exemple, l'accent sur la continuité entre les principes
fondamentaux de l'Accord général de 1947 qui a prévalu à la naissance du GATT et les principes consacrés
par les différents accords annexés à l'accord instituant l'OMC. A l'instar de nombreuses institutions et
organisations internationales toujours en activité aujourd'hui, le GATT est issu de la Seconde Guerre mondiale.
Les gouvernements américains et européens étaient conscients que les mesures protectionnistes édictées
durant la crise des années 1930 avaient au final davantage aggravé qu'amélioré la situation économique.
Une aggravation qui avait été une des causes de la guerre. C'est dans ce contexte qu'est donc négocié cet
Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce dont l'objectif visait à la libéralisation des échanges
internationaux. Une libéralisation qui devait se réaliser progressivement via les trois principes fondamentaux
du GATT qui en constituent toujours la colonne vertébrale : la libéralisation des échanges internationaux de
marchandises par l'interdiction des restrictions quantitatives et la consolidation des tarifs douaniers ; la non-
discrimination ; la réciprocité. En ce qui concerne la libéralisation des échanges, quelques exceptions ont
été prévues à l'interdiction des restrictions quantitatives, notamment pour l'agriculture qui constitue toujours
aujourd'hui un point de friction entre les pays en développement et les pays développés au sein de l'OMC. Les
premiers reprochant aux seconds de protéger leur agriculture en la subventionnant, ce qui permet d'ailleurs
à ces derniers d'exporter des produits agricoles à des prix compétitifs mais artificiels dans les pays en
développement. Cette exception est un bel exemple d'entorse à la philosophie libérale qui est de mise à
l'Organisation mondiale du commerce.
Libéralisation internationale des échanges
Dès les premières années du GATT, des exceptions ont également été prévues pour les pays en
développement dont l'économie n'était pas au niveau de celles des pays développés. En d'autres termes, il
s'agissait de ne pas appliquer des règles égales à des marchés qui n'étaient pas égaux. Comme le déclara
le représentant de l'Inde en 1954 à la IXe session des parties contractantes du GATT, «equality of treatment
is only equitable among equals». L'évolution du statut des pays en développement au sein du GATT s'est
déroulée durant les années 1950 et 1960 sur fond de décolonisation. Nombre de nouveaux Etats étaient
d'anciennes colonies, et les métropoles, essentiellement européennes, ont été davantage sensibles à accorder
à ces pays un traitement favorisé. A la différence des Etats-Unis qui ont toujours prôné haut et fort le libre-
échange sans frontières. Au fil des années, un traitement différencié s'est donc institué avec les pays en
développement. Mais comme l'explique Philippe Vincent, au final, «la dualité des normes applicables aux pays
en développement s'était révélée insatisfaisante pour toutes les parties. Les pays du Nord reprochaient à leurs
partenaires du Sud de se comporter en 'free riders', bénéficiant des dispositions les plus favorables du système
commercial international sans faire eux-mêmes de concessions ni ouvrir leurs marchés à la concurrence
internationale. Les pays en développement, quant à eux, critiquaient les politiques protectionnistes des pays
développés, notamment dans les secteurs textiles et agricoles. Elles les empêchaient d'occuper les parts
de marché auxquelles ils auraient légitimement pu prétendre dans le cadre d'une application stricte du libre-
échange». La situation va évoluer au début des années 1980 avec l'arrivée au pouvoir de gouvernements
conservateurs aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne qui vont faire souffler un vent néo-libéral sur leurs pays et
les institutions internationales. Sur fond de crise économique. En 1989, la chute du mur de Berlin allait ouvrir un
boulevard au «libéralisme pur et dur». Et le nombre de pays en développement qui continuent à appliquer des
politiques commerciales restrictives ne cesse de diminuer. «La signature des accords de Marrakech clôturant
les négociations de l'Uruguay Round allait marquer le point d'orgue de la libéralisation internationale des