1 Les raisons du développement de l`échange international

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Les raisons du développement de l’échange international
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Les gains théoriques de l’échange
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Un contexte favorable
L’observation statistique montre un lien évident entre le rythme de croissance de la
production des marchandises et celui des exportations (importations).
- Taux de croissance annuel de la production mondiale de marchandises et taux de
croissance annuel des exportations mondiales 1950-2006 (en volume).
OMC, Statistiques du commerce mondial - 2007
L’interprétation de cette liaison statistique est délicate car la causalité est réversible : les
exportations augmentent sous l’effet de la croissance de la production (il faut bien vendre ce
que l’on produit) mais à l’inverse, la croissance de la production est stimulée par celle de la
demande extérieure c’est à dire les exportations. L’analyse conjoncturelle privilégie toutefois
la seconde liaison, celle qui fait de la croissance des exportations un moteur de la croissance
économique.
Les gains théoriques de l’échange
L’explication libérale semble évidente : les échanges internationaux augmentent l’efficacité
des producteurs, ils permettent une meilleure utilisation des ressources. Mais elle est
contestée par tous ceux qui refusent de séparer l’économie de son environnement sociohistorique.
1) Les explications traditionnelles
- Adam Smith (1723-1790) explique l’échange entre les pays par les différences des coûts
de production (théorie des avantages absolus). Ces différences sont appréciées en
comparant les coûts absolus : un pays importe un bien si sa production nationale est plus
coûteuse que son importation.
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- David Ricardo (1772-1823), montre qu’un pays produisant avec des coûts absolus plus
élevés qu’un autre peut néanmoins participer aux échanges. Ce qui est important pour
Ricardo, ce sont les coûts relatifs (théorie des avantages comparatifs) enregistrés dans la
production d’un bien par rapport à un autre.
- Pour Eli Heckscher (1919) et Bertil Ohlin (1933) l’origine du commerce international se
trouve dans l’abondance relative des facteurs de production (théorie des dotations en
facteurs de production).
Paul Anthony Samuelson (1948) complète l’analyse en montrant que le prix des facteurs de
production a tendance s’égaliser. Comme dans chaque pays, on utilise plus le facteur
abondant, il devient rare et son prix monte...
L’échange international est un échange de facteurs abondants contre des facteurs rares : un
pays exporte des biens dont la production réclame une grande quantité du facteur qu’il
possède en abondance.
Le « théorème HOS », pour Hecksher Ohlin Samuelson, est particulièrement favorable au
libre échange puisqu’il indique que non seulement l’échange procure un gain pour tous les
pays mais qu’en plus il permet l’égalisation des rémunérations des facteurs de production
dans tous les pays participant à l’échange.
Mais cette analyse repose sur des hypothèses particulièrement fortes :
- les méthodes de production sont les mêmes partout
- les rendements sont constants
- les facteurs de production ne se déplacent pas d’un pays à l’autre...
- et elle ne permet pas de comprendre pourquoi des pays qui ont des dotations factorielles
semblables échangent des produits d’une même catégorie (l’Allemagne et la France
échangent des voitures), ni pourquoi des pays choisissent des spécialisations qui se révèlent
rapidement défavorables (toutes ne se valent pas).
Pour aller plus loin :
Voir aussi sur le présent site les articles de compléments :
Retour sur l’opposition Smith Ricardo
Les avantages comparatifs : présentation élémentaire
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Les avantages comparatifs : Ricardo et Stuart Mill
Smith, Ricardo, HOS
Sur l’encyclopédie en ligne wikipedia une présentation très réussie des avantages
comparatifs et des développements liés à cette théorie.
Les "nouvelles" théories du commerce international reviennent sur les limites qui viennent
d’être indiquées.
2) Les nouvelles théories des échanges internationaux
- Les prolongements de l’intuition ricardienne : les « différences » expliquent l’échange.
L’écart technologique devient une explication intégrant la dynamique de l’innovation.
Les pays créatifs bénéficient provisoirement d’un avantage monopolistique jusqu’à ce qu’ils
soient imités par d’autres... C’est le fondement de la théorie du cycle de vie des produits de
Robert Vernon.
Les États-Unis sont jusqu’en 1970, le pays où les coûts salariaux sont indéniablement les
plus élevés, en même temps que le revenu par tête est le plus important.
Cela explique la nature des innovations qui sont à la fois intensives en capital et qui
concernent des produits destinés à une clientèle peu sensible aux prix.
Plus tard Vernon adaptera sa théorie, par exemple pour caractériser les innovations des
firmes japonaises et européennes et décrire les nouvelles caractéristiques du cycle de vie
des produits naissant au sein de ces firmes.
Dans la même perspective certains auteurs insistent sur le caractère imparfait de la
concurrence et en particulier sur la différenciation des produits.
Chaque producteur s’attache à donner de son produit une image "différente" de manière à
exploiter le goût des consommateurs pour la différence (Staffan Burenstam Linder et
Bernard Lassudrie-Duchène).
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Puisque les deux pays ont des marchés importants pour des produits d’une même catégorie,
ils doivent les différencier pour pouvoir séduire les clients étrangers.
Plus le revenu par habitant est élevé dans les deux pays plus cette recherche de différences
devient importante, elle est la condition des exportations qui sont un prolongement naturel de
la production intérieure.
- Les prolongements d’une intuition smithienne : les rendements d’échelle expliquent
l’échange.
L’ouverture extérieure est favorable si l’extension du marché permet d’augmenter la
productivité. Deux pays ayant la même dotation en facteurs peuvent améliorer leur niveau de
vie en participant aux échanges.
Les pouvoirs publics peuvent d’ailleurs intervenir pour aider une entreprise à atteindre une
taille suffisante pour affronter le marché mondial.
C’est l’économiste américain Paul Krugman qui a introduit cette idée d’une politique
commerciale stratégique permettant de faire jouer les économies externes positives (main
d’œuvre qualifiée, avance technologique, présence commerciale...).
Ainsi les avantages du "libre échange" sont souvent construits !!
Pour aller plus loin voir sur le présent site :
Les nouvelles théories du commerce international
Synthèse des théories du commerce international
Vérifications empiriques des modèles de spécialisation
Documents du cours d’économie internationale de Jean Pisani-Ferry (2002-2003, école
polytechnique) : Un survol de l’échange international en trois chapitres :
Les fondements de l’échange international
Echange et intégration internationale
Les politiques commerciales
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Un contexte favorable
Le développement des échanges après la seconde guerre mondiale a bénéficié des accords
de réduction des droits de douane obtenus par les négociations du GATT.
Cycles de négociation du GATT
Mais il ne faut pas perdre de vue que cette évolution (croissance plus rapide du commerce
que de la production) n’est pas une nouveauté, elle caractérise le développement de
l’économie mondiale depuis le début de l’industrialisation si on met de côté la période de
l’entre deux guerres.
- PIB et exportations sur le long terme (croissance annuelle en moyenne en%).
Banque mondiale séries longues
L’OMC a succédé au GATT (en janvier 1995) à la fin du dernier cycle de négociations du
GATT (Accord de Marrakech faisant parti de l’acte final de l’Uruguay-round). Cette institution
internationale (le GATT n’était pas une Institution international mais plutôt un club) poursuit
les mêmes objectifs mais avec des moyens plus importants [1] en particulier un système de
sanctions pour les États qui commettent des infractions relativement à leurs engagements.
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- On verra plus loin que la multiplication des accords commerciaux (sans même parler des
ententes régionales) est un facteur favorable au développement des échanges.
Le progrès technique en permettant de réduire le temps et le coût des transports a joué un
rôle essentiel en facilitant et en sécurisant les échanges de marchandises. Voir par exemple
La boîte qui a changé le monde article de J. Bradford DeLong consacré au "container".
Mais la proximité géographique reste un déterminant important des échanges commerciaux
comme le rappelle cet article.
De la même manière le développement des nouvelles technologies de l’information et des
communications soutient celui des échanges et la croissance très rapide du nombre de
connexions à internet va encore accélérer le processus (e.commerce et e.business).
[1] voir la présentation officielle des objectifs et des moyens de l’OMC sur le site de
l’institution
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