Vraies raisons, fausses excuses !
Près du quart des Français interrogés (24%) déclare avoir déjà inventé une excuse pour
masquer un problème sexuel ou éviter un rapport avec son ou sa partenaire. Ce comportement
est amplifié chez les femmes avec 33% de femmes concernées contre 15% chez les hommes.
L’étude Institut Lilly / IFOP 2010 montre également que dans près de 40% des cas, les personnes
ressentant un manque de désir dans leur couple (39%) ou ayant rencontré des problèmes
d’érection (38%) ont déjà inventé des excuses pour ne pas faire l’amour avec leur partenaire.
« Si les couples peuvent avoir recours à ce type d’excuses pour cacher une baisse passagère de
libido sans froisser le partenaire, ces alibis servent aussi à dissimuler un véritable problème sexuel
comme par exemple un dysfonctionnement érectile chez l’homme ou une absence d’orgasme chez la
femme. La honte, la difficulté de se confronter au problème ou l’apparente absence de solution
peuvent motiver ce mensonge » explique le Professeur Pierre Costa, chef du service urologie au CHU
de Nîmes et président de l’AIHUS.
Parmi les excuses les plus fréquentes, la fatigue est la plus citée (45%), suivie de la proximité des
enfants, parents ou voisins (35%), de préoccupations liées à l’argent ou au travail (33%), ainsi que le
mal de tête (28%) et l’excès alimentaire ou d’alcool (25%).
Si les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à
prétexter la présence des enfants (43% contre 14%) et deux fois plus
nombreuses à utiliser le mal de tête comme excuse (33% contre 17%),
les hommes (38% contre 30% des femmes) – en particulier âgés de
moins de 35 ans (41% contre 38% des femmes de moins de 35 ans) –
privilégient les préoccupations liées à l’argent ou au travail.
Du désir au plaisir… quand la « mécanique s’enraye »
Si le manque de désir dans le couple reste le problème le plus fréquemment cité (49%), il est
également plus féminin (53% des femmes contre 44% des hommes), en particulier chez les
femmes de moins de 35 ans qui déclarent plus fréquemment (56% contre 52% des femmes de plus
de 35 ans) que les autres être confrontées à ce problème.
De même, les hommes sont plus nombreux que les femmes à souligner l’existence de problème
d’éjaculation précoce (34% des hommes contre 27% des femmes) ou de dysfonction érectile (31%
des hommes contre 27% chez les femmes). Ces derniers sont particulièrement liés à l’âge
:
de 17%
chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans, le pourcentage de personnes se déclarant concernés par
les problèmes d’érection après 65 ans passe à 40%.
« Effectivement les troubles de la sexualité existent aussi bien chez la femme que chez l’homme.
Chez la femme, le trouble du désir est le plus fréquemment rencontré, ainsi que l’anorgasmie ou
l’absence d’orgasme. Chez l’homme, on rencontre fréquemment les troubles de l’érection, ainsi que
les problèmes d’éjaculation précoce, ce dernier dysfonctionnement particulièrement chez les hommes
plus jeunes » indique le Docteur Sylvain Mimoun, gynécologue-andrologue à l’hôpital Cochin à Paris.
Mais plus important encore, les différents problèmes sexuels sont corrélés entre eux.
Ainsi, les
personnes ayant rencontré un manque de désir dans leur couple sont surreprésentées dans les rangs
des individus ayant déjà eu un problème d’érection : 78% contre 49% en moyenne chez l’ensemble
des Français. De même, la proportion de personnes admettant avoir eu des problèmes d’éjaculation
précoce est deux fois plus élevée dans les rangs des personnes ayant des problèmes d’érection
(58%) que chez l’ensemble des Français (31%). Enfin, la proportion de répondants ayant des
problèmes d’érection est plus élevée chez les personnes ayant rencontré un manque de désir dans
leur couple (46%) que dans l’ensemble de la population (29%).
« Les troubles de la sexualité sont interactifs les uns avec les autres, c’est-à-dire que les troubles de
l’homme peuvent réagir sur la femme et vice et versa. Un manque de désir chez les femmes peut être
source de stress et d’angoisse chez son partenaire qui pourra alors rencontrer des problèmes
d’érection. A l’inverse, une absence d’orgasme chez la femme peut être due à une érection
insuffisante ou à un problème d’éjaculation précoce » explique le Docteur Sylvain Mimoun.