Observatoire sociologique du changement (CNRS-Sciences Po)
Centre de recherche en éducation de Nantes (université de Nantes)
Séminaire « Educ-Elites » Transformation des modes de production scolaire des élites
« Cadre : une profession d’élite ? »
Lundi 22 octobre 2007, 17h-19h
Institut d’Etudes Politiques de Paris
Salle François Goguel
56, rue des Saints-Pères, 75007 Paris
contact : Hugues Draelants [email protected]
L'objectif du séminaire « Educ-Elites » 2007-2008 reste, comme l’année dernière,
celui d'examiner les changements dans les modes de production scolaire des élites,
aussi bien du point de vue des choix et des projets des élèves et de leurs familles que
des instances publiques et privées chargées d'assurer cette formation. En aval de ces
questions, le séminaire continue également de s’intéresser au devenir des élites
scolaires et aux catégories et professions d'élite. La thématique qui sera abordée lors
du premier trimestre de cette année porte sur la problématique des élites dans la
société. La séance inaugurale du séminaire, organisée à Paris le lundi 22 octobre
2007 (de 17h à 19h), sera ainsi consacrée à la catégorie professionnelle des cadres et à
la question de savoir s'ils font ou non partie de l'élite, en fonction de quels critères, de
quelles évolutions, et aussi de quelles divisions internes. Les communications
présentées par Olivier Cousin et par Luc Rouban nous éclaireront sur ces
questions.
Les cadres font-ils partie de l’élite ?
Olivier Cousin, CADIS/EHESS/Université V. Segalen Bordeaux 2
Poser la question sous cet angle renvoie en premier lieu à la définition polysémique
de la notion d’élite et à celle de l’hétérogénéité de la catégorie des cadres.
Formellement et au sens strict du terme, les cadres n’en font pas partie. En effet, la
catégorie des cadres recouvre en son sein une pluralité d’acteurs dont les positions
dans la division sociale du travail sont extrêmement diverses. Les cadres se
subdivisent en cadres intermédiaires (anciennement cadres moyens dans les
nomenclatures de l’INSEE), en cadres supérieurs, en cadres dirigeants. Cette
catégorie regroupe les cadres de la fonction publique, dont les enseignants font
partie, et les cadres d’entreprise, comme elle est composée de cadres dit autodidactes
ou de promotion et de cadre diplômés des écoles d’ingénieurs. Bref, sauf à étendre la
notion d’élite à tous les individus occupant une position hiérarchique, être cadre ne
signifie pas appartenir à l’élite.
Cependant, cette question permet de souligner quelques spécificités concernant cette
catégorie, en particulier le poids du diplôme dans la gestion des parcours. Plus
précisément elle offre l’occasion de s’interroger sur l’introduction de la volonté de
récompenser la performance et distinguer les salariés en fonction de leur mérite. En
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Centre de recherche en éducation de Nantes (université de Nantes)
Séminaire « Educ-Elites » Transformation des modes de production scolaire des élites
nous focalisant sur les cadres d’entreprise (hors fonction publique) nous verrons que
les cadres diplômés bénéficient d’un traitement particulier et, en ce sens, constituent
une catégorie à part qui sans être à proprement parler identifiable à une élite parvient
à maintenir sa spécificité.
Olivier Cousin est sociologue, chargé de recherche au CNRS,
CADIS/EHESS/Université Victor Segalen Bordeaux 2. Après avoir mené des travaux
dans le champ de la sociologie de l’éduction, il développe des recherches dans le
domaine de la sociologie du travail s’intéressant en particulier au sens et à la place du
travail pour les acteurs dans un contexte de changement des formes d’organisation du
travail. Il a récemment conduit des recherches auprès des cadres d’entreprise.
Dernière publication : Les cadres. Grandeur et incertitude, Paris, L’harmattan, 2004.
Les cadres ou l’instrumentalisation dans l’autonomie
Luc Rouban, Cevipof – Sciences po
Au-delà des problèmes légitimes de définition des « cadres » comme des « élites », on
peut s’interroger sur le sens de l’évolution sociale des cadres à partir de deux
perspectives.
La première est celle de la sociologie politique afin de savoir si les cadres se
distinguent des membres des professions intermédiaires (techniciens, agents de
maîtrise). L’enjeu est de savoir si l’on assiste à la banalisation sociale des cadres et à
l’émergence d’une vaste catégorie moyenne partageant les mêmes valeurs, la même
sociabilité et les mêmes choix politiques. Il faut également, par symétrie, étudier ce
qui les distingue des élites dirigeantes (patrons de l’industrie et du commerce dans le
secteur privé, hauts fonctionnaires dans la fonction publique).
Une seconde perspective est celle de la sociologie du travail qui conduit à s’interroger
sur la relation au travail des cadres. Est-elle similaire là encore à celle des catégories
intermédiaires ou bien à celle des élites dirigeantes ? On pourra en particulier
soulever la question de savoir quelles sont les conséquences d’une généralisation des
modes de gestion modernistes (le management) au sein de la fonction publique de
l’État, creuset des élites politiques mais aussi économiques.
Luc Rouban est directeur de recherche au CNRS (CEVIPOF – Sciences po). Ses
travaux portent sur la sociologie politique des élites et des cadres ainsi que sur
l’évolution des fonctions publiques. Il a notamment publié Les cadres au travail (en
co-direction avec A. Karvar), La Découverte, 2004 et La politique en France et en
Europe (en co-direction avec P. Perrineau), Presses de Sciences Po, 2007.
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