SOINS INFIRMIERS EN CANCÉROLOGIE Syndromes confusionnels en cancérologie … PLAN • • • • • • Points clefs du syndrome confusionnel aigu Définition Manifestations cliniques Causes à évoquer Diagnostic Traitements et conduite à tenir POINTS CLEFS DU SYNDROME CONFUSIONNEL AIGU • Révélé par des symptômes du registre psychiatrique mais toujours d’origine organique (traduit une souffrance cérébrale). • A diagnostiquer précocement – Risques physiques (fugue,chute,traumatismes) – et psychiques (agressivité, suicide…) – Retentissement médical et familial Taux de mortalité de 10 à 65% : Urgence médicale ++ • • Associée à : – des hospitalisations plus longues – des placements plus fréquents – une perte d’autonomie. • Conduite à tenir : – chercher une cause curable et la traiter – contrôler les troubles du comportement et les troubles cognitifs SYNDROMES CONFUSIONNELS EN CANCÉROLOGIE : LA CONFUSION AIGUE • La confusion est une pathologie fréquente et sous-diagnostiquée – 10-35% des patients hospitalisés – 25 à 40 % des patients cancéreux – Jusqu’à 85 % des patients en fin de vie Le diagnostic ne serait pas fait dans plus de la moitié des cas. Définition La confusion aiguë *associe 1. Perturbations de la conscience avec trouble de l’attention 2. Modifications du fonctionnement cognitif (mémoire, orientation, langage…) et/ou perturbation des perceptions (hallucinations, illusions, interprétations) *(delirium) Installation aiguë et évolution fluctuante+++ MANIFESTATIONS CLINIQUES • Modifications – Du contact : patient perplexe, perdu, hésitant. – Des attitudes : sondes, perfusions arrachées, refus de soins, d’alimentation. – De la communication et du langage: propos décousus, bizarres, réponses à coté, inadaptées, élocution précipitée ou hésitante. – Du sommeil : inversion du cycle nycthéméral, sommeil agité, cauchemars intenses, insomnie – Sensorielles : hypersensibilité visuelle ou auditive, avec interprétations, parfois à tonalité persécutive, puis illusions visuelles (déformations des perceptions, initialement critiquées) CAUSES A ÉVOQUER • En premier lieu une cause viscérale : – globe vésical ++++ – occlusion ou sub occlusion – Infarctus, embolie • • • Anomalies hydro électrolytique : Na, K, Ca, pH, glycémie Médicaments et traitements en cours Opiacés ,Psychotropes ,Corticoïdes Certains antibiotiques Cimétidine, oméprazole Certains cytotoxiques Immunothérapie (Interferon, interleukine) Sevrage : alcool, BZD Complications médicales • Endocrino -métaboliques et nutritionnelles : – carence B1, B12, A. folique – ACTH - ADH (K. poumon), thyroïde, parathyroïde – surrénales • Neurologiques • • Infectieuses : Septicémie Hématologiques (Hb…) – tumeur primitive cérébrale, métastase cérébrale – épidurite – méningite carcinomateuse – AVC, hématome extra ou intradural – méningite, encéphalite, abcès cérébral •Facteurs favorisants : age élevé polymédication, médicaments psychoactifs peu d’interactions sociales faibles performances cognitives antérieures DIAGNOSTIC : CLASSIFICATION INTERNATIONALE DES MALADIES CIM 10(F.05) A)Obnubilation de la conscience • conscience diminuée • baisse de la capacité à focaliser et maintenir l’attention B) Altération des fonctions cognitives • mémoire (amnésie surtout antérograde) • désorientation temporospatiale • troubles du langage • interprétations, illusions, hallucinations C) Présence de troubles psychomoteurs • excitation psychomotrice : delirium hyperactif • ralentissement psychomoteur : delirium hypoactif D) Perturbation du sommeil et du rythme nycthéméral E) Début brutal avec fluctuation diurne des symptômes DIAGNOSTIC PARA CLINIQUE : LE MINI MENTAL STATE EXAMINATION DE FOLSTEIN • Le MMS (30 points maxi) – – – – – – • Date exacte et saison, lieu apprentissage verbal attention au calcul mémoire de l ’apprentissage compréhension du langage praxies constructives (copie d’un dessin) Guide de réalisation du MMS,ou examen de l'état mental, de Folstein Mini Mental State Examination http://membres.lycos.fr/papidoc/35mmsfolsteinscore.html – – – – Score de 0 à 17 : confusion sévère Score de 18 à 23 : confusion légère Score > 23 : normalité Score > 27 : sujet à niveau socio-culturel élevé DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL LES ASPECTS PSYCHIATRIQUES • • • • Un délirium hypoactif peut prendre l ’allure d ’un syndrome dépressif Un délirium hyperactif peut évoquer des troubles caractériels L’existence d’hallucinations ou d’éléments persécutifs peut faire évoquer un trouble psychotique, schizophrénique ou paranoïaque Certains troubles peuvent aussi prendre une allure pseudo confusionnelle : – Troubles anxieux : attaque de panique – Troubles dépressifs : mélancolie anxieuse ou délirante – Difficultés de communication, d ’élocution ou de compréhension majeures TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : PRINCIPES GÉNÉRAUX -1 1. Traiter rapidement les symptômes pour éviter le cercle vicieux lié à l’agitation 2. Ne pas transférer en psychiatrie 3. Éviter les associations multiples : un ou deux produits sédatifs à doses élevées sont plus efficaces et d’une toxicité plus prévisible que plusieurs produits à dose insuffisante. 4. Le syndrome confusionnel peut persister après correction du traitement étiologique 5. Penser aux origines médicamenteuses • • Suspecter tout médicament introduit récemment Mais en l ’absence d ’anomalie métabolique, conserver le traitement de base ancien (antalgique, BZD) TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : PRINCIPES GÉNÉRAUX -2 1. Organisation de la prise en charge soignante Chambre tranquille, suffisamment éclairée (tombée de la nuit) Mise à disposition de repères personnels Éviter de placer à proximité des objets « dangereux » Éviter les moyens de contention (dans la mesure du possible) Limiter à un ou deux référents 2. Approche relationnelle Donner des explications, repères, écouter Présence constante (famille)en limitant le nombre de visites Éviter les hyper stimulations (bruit, lumière) Après l ’épisode confusionnel, ou pendant les périodes lucides (journée) Information du patient : expliquer ce qui lui est arrivé Rassurer sur ses capacités intellectuelles Prévenir le patient et sa famille du risque de récidive TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : PRINCIPES GÉNÉRAUX - 3 • La présence de troubles cognitifs ne dispense pas d ’apporter une information et la répéter (aspect fluctuant des troubles). • Un refus de soins respecté (nécessaire assistance à personne en danger). • Attention aux traitements antalgiques « à la demande » chez un patient confus qui n’est parfois pas en état de formuler cette demande. Ne pas réduire le traitement antalgique si la cause de la douleur n ’a pas été traitée. TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS Halopéridol (HALDOL°) Loxapine (Loxapac°), Chlorpromazine (Largactil°), Olanzapine (Zyprexa°) Lorazepam (Temesta) Midazolam (Hypnovel°) TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS HALOPÉRIDOL (HALDOL°) Solution buvable Haldol « faible » : 0,5 mg/ml, 1 mg = 40 gttes Haldol « normal » : 2 mg/ml, 1 mg = 10gttes Haldol fort : 20mg/ml, 1mg = 1 gtte (Hop Psy) Comprimés : 1mg – 5mg et 20 mg Solution injectable une ampoule : 1 ml = 5 mg TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS HALOPÉRIDOL (HALDOL°) Confusion modérée voie orale possible Haldol° « normal » sol. buvable 2 mg/ml 1 à 3 mg en 2 à 3 prises/jour, à adapter de 12h en 12h voie orale impossible Haldol injectable à 5mg 2,5 mg en IM ou IVL une à deux fois par 24 heures Confusion avec troubles importants du comportement * Voie IV ou IM avec titration jusqu’au contrôle de l’agitation Haldol° solution injectable : 1 mg IV en 1’ à répéter toutes les 30’ jusqu’au contrôle de l’agitation, ou 2,5 mg IM à répéter toutes les 45 à 60 ’ (bien tolérés jusqu’à 30 mg) Après obtention du contrôle relais par voie orale *voie orale en général impossible TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS ALTERNATIVES À L’HALOPÉRIDOL (HALDOL°) Efficacité insuffisante voie orale possible : Ajout de Temesta° 0,5 mg à 1 mg toutes les une à deux heures jusqu ’au contrôle de l ’agitation Surveillance FR et conscience toutes les 30 minutes puis toutes les heures, TA et T° toutes les 8 H voie orale impossible, ou échec Haldol + Temesta : Hypnovel ® débuté par 0,5 à 1 mg / h SC ou IV prescription sur 12 h renouvelable) Attention au risque d’accumulation TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS AUTRES MÉDICAMENTS Loxapine (Loxapac°), solution buvable (1gtte = 1mg, solution injectable (1 amp = 50 mg) : action rapide sur l’agitation Chlorpromazine (Largactil°), solution buvable (1 gtte = 1 mg, solution injectable (1 ampl = 25 mg) : sédatif, moins bonne tolérance cognitive? Olanzapine (Zyprexa°) : moins efficace sur l’agitation, mais et mieux toléré (plan cognitif) TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS AUTRES MÉDICAMENTS Lorazepam (Temesta): cp sécable 1 mg ou 2,5mg action rapide ,demi-vie : 12 h(non modifiée par insuffisance rénale) anxiolytique Midazolam (Hypnovel°) Ampoules injectables à 1 et 5 mg action rapide demie vie : 2 à 3 heures modifiée l ’âge et métabolisme rénal et hépatique Posologie très variable suivant la susceptibilité individuelle et l’effet recherché (sédation) TRAITEMENTS ET CONDUITE À TENIR : MÉDICAMENTS EFFETS SECONDAIRES DES NEUROLEPTIQUES 1- Augmentation des effets dépresseurs de la morphine 2- Dystonies précoces **(contractures, spasmes (visage, yeux) salivation, déglutition, torticolis...) ; augmentée par l ’angoisse ; 3- Syndrome parkinsonien (akinésie, hypomimie, tremblements des extrémités, perte du balancement des bras, hypertonie plastique, roue dentée) 4- Déambulation anxieuse (akathisie) : impossibilité de rester dans la même position, impatiences , apparition précoce, dose dépendante ; diminuer la dose ou ajouter de faibles doses de BZD 5-Effets anticholinergiques : Hyperthermie Syndrome malin 6-Effets cardiovasculaires **traitement : tropatenine (Lepticur°) 10 mg IVL La toxicité neurologique des nouveaux antipsychotiques est très diminuée La voie orale est elle possible ? Oui Haldol® 2mg/ml (1mg =10 gtes) Dose initiale 1 à 3 mg soit X à XXX gtes/j en 2 prises (Peut atteindre 30 mg =300 gttes) A moduler de 12 h en 12 h en fonction de la symptomatologie Haldol® Solution Injectable à 5mg/ml Non Le patient est agité, sans abord veineux disponible Le patient dispose d’un abord veineux, ou la pose de celuici est réalisable Haldol® Solution Injectable à 5mg/ml Haldol® Solution Injectable à 5mg/ml 1 mg IV en injection lente 1 mn A répéter toutes les 30 mn si besoin jusqu'à contrôle de l’agitation ½ à 1 Ampoule de 5mg IM A répéter toute les heures si besoin jusqu'à contrôle de l’agitation Insuffisance ou échec de réponse à l’Haldol® Patient moins agité mais toujours anxieux Non Associer Hypnovel® Débuter par 0.5 à 1 mg/h SC ou IV PSE sur 12 h renouvelable Voie orale possible ? Oui Associer Temesta® 0.5 à 1 mg PO à répéter toutes les 4 heures CONCLUSION • La recherche du delirium doit être un élément systématique de l ’examen clinique, et doit rester une préoccupation constante devant tout contact avec des patients, surtout à haut risque. • Recherche insistante devant des perturbations du caractère ou du comportement d’installation brutale, fluctuantes, non expliquées (agressivité, refus de soin, fugue, cris nocturnes, somnolence diurne…) CONCLUSION • Recherche et traitement étiologiques ne doivent faire négliger – ni l ’information et la réassurance du patient, ainsi que l ’information prudente, si elle est possible, de son entourage. – ni le traitement symptomatique de l’angoisse, de l’agitation, des troubles du sommeil.